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ITALIE

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Extrait

Giacomo Leopardi
À l’Italie (1818)
Traduit de l'italien en vers français par Auguste Lacaussade
A L’ITALIE (1818) Je vois tes monuments, tes arcs, ô ma patrie ! Les temples, les palais qu’éleva ton génie, Je vois tes murs, les tours qu’habitaient nos aïeux : Je ne vois plus leur gloire ! Et vainement mes yeux, Éblouis du passé, cherchent des jours prospères Le glaive et le laurier ceints jadis par nos pères ! Gloire, glaive, laurier, comme un rêve effacé, Il ne reste plus rien d’un illustre passé. Maintenant désarmée et la poitrine nue, En quel abaissement tu parais à ma vue, Toi si grande autrefois ! Hélas ! quelle pâleur ! Quelle navrure au flanc ! quelle immense douleur ! Je le demande au ciel, au noir destin, au monde, Dites-le-moi : d’où vient cette chute profonde ? Et, le pire des maux par le sort infligés, Ses bras, ses nobles bras de chaînes sont chargés ! Sans voile, les cheveux épars, assise à terre, Désespérée et seule en sa détresse amère, Le front sur les genoux, ainsi que Niobé Veuve d’un peuple mort à ses côtés tombé, Muette, elle pleure… Oui ! pleure, ô mon Italie ! Pleure sous les affronts ta gloire ensevelie ! Pleure, toi qui devais, sous les cieux irrités, Surpasser tes grandeurs par tes calamités ! Et même quand tes yeux seraient deux sources vives, Quelles larmes jamais lavant ton déshonneur, Quels pleurs pourraient suffire à pleurer ton malheur ! A tant d’abjection faut-il que tu survives !… Tu fus reine et maîtresse ; esclave désormais, Aux fers de l’étranger, eh quoi ! tu te soumets ! Eh ! qui parle de toi sans dire : elle fut grande, Et grande elle n’est plus ! Que l’avenir lui rende L’éclat de son passé, jamais ! — Pourquoi ? pourquoi ? Qu’as-tu fait de ta force antique, réponds-moi, O mère ! Qui brisa ton glaive et t’a trahie ? Pour purger d’étrangers ta demeure envahie, N’as-tu plus ta valeur et tes armes ! l’amour, Le dévoûment vengeur de qui te doit le jour ! N’as-tu pas des aïeux l’exemple, et ta souffrance ! As-tu tout abdiqué, tout, jusqu’à l’espérance ! Quel pouvoir ou quel art plus sacrilège encor A su te dépouiller de ta couronne d’or ? D’un tel faîte comment et si bas descendue ! Es-tu donc à toujours et pour jamais perdue ! Quoi ! t’ouvrir le tombeau, te fermer l’avenir ! L’ingrate humanité perd donc le souvenir ! Des regrets et des pleurs ! — Maudites soient nos larmes Et maudits nos soupirs efféminés ! Des armes ! Des armes ! donnez-moi des armes ! seul j’irai ! Et seul je combattrai pour elle, et je mourrai !… Fais que mon âme, ô ciel ! — notre cause est la tienne ! Embrase à ses fureurs toute âme italienne !
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