La Javanaise
1 page
Français

La Javanaise

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
1 page
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Louis Salles — Le Parnasse contemporain, IILa JavanaiseSur un îlot désert, planté de sycomores,Non loin des grands palais écroulés de Memphis,En remontant le Nil dans ma cange, je fisL’achat d’une ...

Informations

Publié par
Nombre de lectures 54
Langue Français

Extrait

Louis SallesLe Parnasse contemporain, II
La Javanaise
Sur un îlot désert, planté de sycomores, Non loin des grands palais écroulés de Memphis, En remontant le Nil dans ma cange, je fis L’achat d’une Indienne à deux pirates maures.
Oh ! l’adorable fille ! Aux tentes du désert Sa jeunesse avait pris, dans des lignes antiques, La sévère beauté des figures bibliques, Se penchant près le puits qu’ombrage un palmier vert.
Dans des membres d’acier, aussi chaud que la lave, Le sang faisait cabrer sa sauvage fierté ; Sous un sourire amer drapant sa nudité, La grâce ennoblissait le pagne de l’esclave.
Au soleil d’Orient son épaule ondoyait Sous les baisers de l’air, comme un bronze liquide ; De longs cheveux dorés sur sa gorge solide Roulaient ; ainsi qu’un jonc son torse se cambrait.
Quand le couchant ombrait les lauriers de la grève, Et qu’ondulaient au loin les plaines de maïs, Fatma semblait ouïr les échos du pays, Et, se laissant porter sur les ailes d'un rêve,
Elle suivait des yeux les ibis au long col, A l’horizon pourpré poursuivant leur voyage ; De ses belles forêts croyant voir un mirage, Son âme vers le ciel aussi prenait son vol.
Alors, au son du fifre et du tambour de basque, En arabe chantant des hymnes inconnus, Une écharpe roulée autour de ses bras nus, Elle dansait parfois une danse fantasque.
Aux ailes de son nez pendillaient trois sequins, Ses pieds d’enfant traînaient sur le sol ; nonchalantes, Ses poses s’endormaient ; des paillettes ardentes Flambaient dans le fond noir de ses yeux africains.
Tout à coup, bondissante ainsi que la panthère, Montrant dans un souris la neige de ses dents, Elle faisait sonner les anneaux résonnants De ses pieds qui frappaient en cadence la terre.
Après l’accès fiévreux, hélas ! ce jeune cœur Sur le sable altéré répandait bien des larmes ; L’ombre vague des nuits la berçait par ses charmes, Et peut-être évoquait un fantôme vainqueur.
Sans avoir effleuré ses lèvres de grenade, Vierge je l’ai remise aux jungles de Java, En lui disant : Adieu, belle étrangère ! va Rêver à tes amours au pied de ta cascade.
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents