Léon Valade La Saint-Jean Le Parnasse contemporain : Recueil de vers nouveaux, Alphonse Lemerre (Slatkine Reprints), 1866 (1971) (pp. 282-282).
LA SAINT-JEAN
Timide, il me souvient qu’un jour je l’ai menée Sur la terrasse haute au splendide coup d’œil, Où jadis un château gothique sous l’orgueil De ses tours a tenu la plaine dominée.
C’était en juin, le mois le plus doux de l’année, Le soir de la Saint-Jean… Les étoiles, au seuil Du ciel bleu, surgissaient pâles et comme en deuil, La plaine de grands feux s’étant illuminée.
Sur les hauteurs, avec des rougeurs de tison, D’autres brasiers lointains enfumaient l’horizon : Et le fleuve, au milieu, déroulait ses méandres ;
Et, tandis qu’à mon bras pesait un bras peureux, Sans ombre scintillaient des fanaux amoureux Vers les blondes Héros invitant des Léandres.