Saint-Cyr de Rayssac—Le Parnasse contemporain, III
Le Moïse de Michel-Ange
Comme il fut triste et beau le destin de Moïse ! Pour lui, Dieu fut terrible et les hommes ingrats, Et sans se plaindre un jour sa douleur s’est soumise ; Et jamais vers le ciel il n’a tendu les bras,
Lui qui sans récompense a servi d’entremise Entre la foudre en haut et les crimes en bas, Lui, qui marcha trente ans vers la terre promise Sachant au fond du cœur qu’il n’arriverait pas.
Oh ! ce chemin sans but de la terre impossible, Cette route complète et ce seuil invisible, Quelle horrible pensée et quel amer tableau !
Que nous faut-il donc croire et qu’est donc le génie ? S’il coûte le bonheur, ce n’est qu’une ironie, Mais s’il coûtait l’espoir ce serait un fléau.