Honorat de Bueil Œuvres complètes Sur la maladie de sa maîtresse La fièvre de Philis tous les jours renouvelle…
SUR LA MALADIE DE SA MAITRESSE. Sonnet.
La fièvre de Philis tous les jours renouvelle, Et l’on voit clairement que cette cruauté Ne peut venir d’ailleurs que du Ciel, irrité Que la terre possede une chose si belle.
Son visage n’a plus sa couleur naturelle, Il n’a plus ces attraits ny cette majesté Qui regnoit tellement sur nostre liberté Qu’il sembloit que les cœurs n’étoient faits que pour elle.
Faut-il que cette ardeur consume nuit et jour Celle qui d’autre feu que de celuy d’amour Ne devoit point souffrir l’injuste violence ?
Ô dieux ! de qui le soin fait tout pour nostre bien, Si mon affliction touche vostre clemence, Ou donnez-lui mon mal, ou donnez-moy le sien.