C est maintenant ou jamais
123 pages
Français

C'est maintenant ou jamais

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Description

Au travers de ses dix nouvelles, Léa Hutton nous parle des relations humaines, de leur complexité, qu'elles soient amoureuses, amicales ou professionnelles. Mettant en scène des personnages aussi différents qu'attachants, l'auteur illustre la capacité des hommes à surmonter les épreuves et les défis imposés par la vie. Du mari violent à la perte d'un être cher, en passant par l'accueil d'un réfugié, la retraite anticipée ou encore l'adoption, comment reprendre les rênes de sa vie ? Mais surtout, comment être heureux ?
Des textes sensibles et émouvants sur le parcours d'hommes et de femmes à un tournant de leur vie : et si c'était maintenant ou jamais ?

Informations

Publié par
Publié le 19 août 2019
Nombre de lectures 3
EAN13 979-102623165
Langue Français

Extrait

Léa Hutton
C'est maintenant ou
jamais !

© Léa Hutton, 2019
ISBN numérique : 979-10-262-3164-6
Courriel : contact@librinova.com
Internet : www.librinova.com

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une
utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par
quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est
illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L335-2 et suivants du Code de
la propriété intellectuelle.





À David, mon fils, le plus grand amour de ma vie. Chapitre 1
Le malade imaginaire

François est conseiller en immobilier. Il ne travaille pas cloîtré dans un bureau et
assis derrière un ordinateur. Il est sans cesse en train de faire visiter des logements.
Jadis, il aimait son boulot, sa vie, sa famille, ses amis, évidemment, moi, sa femme.

Le problème de François, c’est qu’il est très malade.

Il a subi une appendicectomie il y a 13 mois et depuis, il est malade. Un rien le cloue
au lit. Il a toujours mal quelque part en fait. Pour vous donner une idée, les trois
derniers mois, il a attrapé la lèpre, la grippe aviaire et 4 cancers. Son cas s’aggrave
depuis les derniers jours. D’ailleurs, nous ne faisons plus l’amour depuis qu’il pense
qu’il est peut-être atteint du sida.

C’est pourtant simple, François est hypocondriaque. Il se diagnostique toutes sortes
de maladies, sauf celle qu’il a vraiment : l’hypocondrie.

Au début, il se contentait de surveiller son pouls, vérifier sa respiration, prendre sa
température corporelle, examiner sa peau, son ventre, ses oreilles, ses ongles,
inspecter le blanc de son œil… la liste est encore longue.

Ces petits bobos, ces inquiétudes morales me faisaient sourire, puis son état a
commencé à m’inquiéter. Après la troisième hospitalisation qui s’est soldée par des
bilans médicaux appropriés et rassurants, il s’est quand même persuadé que les
médecins n’avaient pas fait correctement leur travail. Nous avons depuis consulté sept
psychologues et rien n’y fait. Notre vie à deux, si belle, si paisible… est devenue un
véritable calvaire au quotidien.

François m’épuise. Lui, si jeune, si plein de vie, il voit à présent la mort partout. Il se
comporte comme un assoiffé qui ne parvient pas à étancher sa soif. Plus je le rassure,
plus il angoisse et plus il déprime.
Nous vivons un cauchemar. Je suis à bout de nerfs, fatiguée et amaigrie. Sa famille
si présente a fini par jeter l’éponge. Ses collègues le pensent aliéné, nos amis se
moquent de lui et nos voisins, pourtant compatissants au début, ont pris leur distance.

Pour tout le monde, François est fou. Je vous le dis, il ne l’est pas. Je ne suis en
train de prendre son parti parce que je suis sa femme, je le dis parce que sa souffrance
est réelle, et aussi parce que je le connais.

Je crois avoir tout essayé… essayé de l’aider, de l’apaiser, de l’écouter, de le
calmer, de le confronter, de l’amadouer, de me fâcher, de le blesser… mais sa maladie
l’emporte toujours. Elle gagne du terrain… et le terrain est à présent miné et minant.

Vous le comprendrez, la vie à deux est donc devenue insupportable et douloureuse.François, mon beau François. Si intelligent, si fort, est devenu si vulnérable et si faible.

La semaine dernière, j’ai eu un gros rhume avec 40 degrés de fièvre. Il se plaignait
d’avoir la même chose, pourtant il n’avait aucune hausse de température, aucune
congestion nasale. D’ailleurs, Il semblait même en pleine forme. Ça ne l’a pas empêché
de passer la journée à se lamenter.

Après avoir bu du sirop pour son rhume inexistant, il a avalé de travers et s’est mis à
tousser. Cette toux s’est soudainement transformée en pneumonie. À force de stresser,
il a fini par avoir des maux de tête. Pour lui, c’était forcément une méningite. Et comme
il a oublié à quelle heure il avait pris son dernier cachet d’aspirine, il m’a annoncé le
plus sérieusement du monde qu’il avait un début d’Alzheimer.

Ce soir, j’ai donc préparé une surprise à mon amoureux. Une surprise de taille pour
son anniversaire. J’avais bien entendu invité tous nos amis et notre famille.
Évidemment, aucune des personnes invitées ne s’est pointée. Ils m’ont tous remercié
pour l’invitation et avaient déjà un truc de prévu, comme par hasard, le même soir.

Il faut dire que l’année dernière, François a rendu sa fête d’anniversaire inoubliable.
Il avait refusé de manger un morceau de gâteau, car il avait peur que la graisse du
glaçage au chocolat ne se dépose sur ses vaisseaux sanguins pour ensuite boucher
ses artères.
J’aurais préféré qu’ils pensent tous qu’il était simplement au régime, mais c’était plus
fort que lui, François, leur a annoncé qu’il était diabétique.
— Je ne comprends pas, tu manges sainement et dans la famille, nous n’avons pas
d’historique de diabète, lui avait dit sa mère prenant François dans ses bras.
Je me suis contentée de fermer les yeux et de prier silencieusement pour qu’il la
mette en veilleuse une fois pour toutes.

Le problème, c’est qu’en étant dans ses bras, Isabelle, sa mère, l’a complimenté sur
son pull en cachemire à col en V, histoire que tout le monde sache qu’il venait d’elle.
C’est à peine si elle n’a pas montré le ticket de caisse de chez Éric Bompard. Je m’en
souviens encore. Ce jour-là, pour attirer une attention particulière sur le pull, Isabelle
n’a rien trouvé d’autre que de parler à François du grain de beauté qu’il a dans le cou,
en le flattant.

François a couru se regarder dans la salle de bain. En en ressortant, il nous a
informés qu’il devait subir une biopsie pour son grain de beauté. Il ne s’est pas arrêté
là. Non ça aurait été trop beau: il a rajouté qu’il était déjà certain qu’il s’agissait d’un
mélanome.

Tout le monde a éclaté de rire en pensant à une blague. Tout le monde sauf moi. Je
savais qu’il le pensait vraiment. J’avais humblement envie de lui crier de se taire. Il était
en train de tout gâcher avec ces maux imaginaires.
Le lendemain, son frère lui envoyait par SMS le numéro d’un psychiatre reconnu.
Je précise que je suis en couple avec François depuis 10 ans et qu’il a ce grain de
beauté depuis que je le connais.

Ce soir, c’est donc le grand soir. J’ai tamisé les lumières du salon, allumé des
bougies, mis le DVD de notre mariage. On pleure à chaque fois tellement c’est beau et
émouvant. Ce fut l’une des plus belles journées de notre vie. Un moment magique !
Nous avons ri aux larmes lorsque l’oncle Charlie a essayé de faire du break dance et
qu’il a fait tomber Tatie Huguette sur la table à dessert. Qu’est-ce qu’on s’est bien
amusés.
C’est aussi la dernière fois que les parents de mon mari ont été heureux ensemble.

J’ai tout préparé, y compris un gros bol de pop-corn sans sel. Nous sommes côte à
côte. À chaque fois que je trempe mes doigts dans le bol, je le vois, du coin de l’œil,
grimacer. Il meurt peut-être d’envie de me demander si je me suis lavée les mains ?

Ne faisons pas durer le suspense inutilement.
Je lui tends un cadeau, SON cadeau.
— C’est pour moi ?
— Ouvre-le, tu seras content
— C’est trop gentil mamour.
Il pose rapidement ses lèvres sur les miennes… juste assez pour ne pas choper la
mononucléose.

François déballe précieusement le paquet et sort des petites pantoufles bleues en
laine et une échographie.
Il me regarde. Il regarde les pantoufles. Il me regarde, il regarde les pantoufles. Il
pousse un cri de joie.
— On va avoir un bébé ? Oh ouiiiii un bébé !
Il s’est extasié tout seul pendant 15 bonnes minutes. Il a même sauté comme un
gamin sur le canapé. On peut dire qu’il est fou de joie.
O

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