Le Vampire John William Polidori Traduit par Henri Faber 1819 Introduction La superstition sur laquelle est basée la nouvelle que nous offrons au public, est singulièrement répandue dans tout l’Orient. Parmi les Arabes elle paraît, de temps immémorial, avoir été générale. Elle ne se communiqua cependant à la Grèce qu’après l’établissement du Christianisme , et même elle ne s’y est modifiée, sous des formes fixes, que depuis la séparation des rites latin et grec ; époque où l’idée devint commune, parmi les Grecs, que le corps de quiconque suivait le rite latin ne pouvait se décomposer si on l’ensevelissait dans leur territoire. Leur crédulité n’alla qu’en augmentant, et de là résultèrent toutes ces narrations merveilleuses, auxquelles ils ajoutent encore foi maintenant, de morts sortant de leurs tombeaux, et, pour recouvrer leur force, suçant le sang de la beauté à la fleur de l’âge. Bientôt même cette superstition trouva cours, en subissant quelques légères variations, dans la Hongrie, en Pologne, en Autriche et en Lorraine, où on supposait que les Vampires s’abreuvaient chaque nuit d une certaine portion du sang de leurs victimes qui maigrissaient progressivement, perdaient leur vigueur, et s’éteignaient bientôt; tandis que leurs bourreaux s’engraissaient de leur dépouille, et que leurs veines à la fin s’engorgeaient tellement de sang, qu’il s’échappait de leur corps par divers passages, et même par les pores de leur peau.
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