ZOO
120 pages
Français
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Description

Un couple accompagné d’une amie s’en prennent violemment à cinq minorités qu’ils croisent dans leur soirée : un gay, une handicapée, un moine bouddhiste, un arabe et deux migrants. Un chien paiera les frais de ce parcours alcoolisé à six heures du matin. Ce roman met l’accent sur les préjugés, les mauvaises pensées, les travers de l’individu. Nous sommes peut-être bien plus proches de l’animal féroce et sauvage que de l’être humain spirituellement élevé. Drôle et méchant.

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Informations

Publié par
Publié le 08 avril 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 978-295650290
Langue Français

Extrait

Frédéric Huet Zoo - roman féroce -
©, Frédéric Huet, 2018 ISBN : 978-2-9565029-0-6
1 Le gay
- Qui va élever le gosse ? Un enfant, ça a besoin de repères et pas de deux hommes qui portent des jeans serrés pour înir à quatre pattes dans la paille. - Mais il y a des personnes très sentimentales. Arrête un peu.
Il s’agit d’un couple accompagné d’une amie. Ils discutent dans un quatre-quatre acheté à crédit. Le moteur de la voiture ronronne et le portail du garage s’ouvre lentement. C’est un samedi soir. Le couple a laissé sa îllette chez la grand-mère. Elle dort là-bas cette nuit pendant qu’ils sont de sortie. Il est 23h10.
Assise à l’arrière. Céline, la copine du couple, veut aller dans un bar homosexuel qu’elle connait bien parce qu’elle s’y rend parfois avec des copines lesbiennes. Suzie, la femme du couple, est partante. Elle apprécie les homosexuels tant qu’ils ne se tapent pas son mari. Quant à Gérard, eh bien, voilà ce qu’il croasse :
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- Ça s’appelle comment ton bar ? La Cage? J’ai hâte d’y être. Rien que le nom, ça me met l’eau à la bouche. Ça doit être une sorte de zoo où on met un boa autour du cou ? - Non, ça s’appelle le Pam et tu es super méchant là. Au volant, Suzie s’allume une cigarette avant de faire remarquer : - Elle est facile celle-là, oui. Gérard clame en attachant sa ceinture de sécurité : - Je n’ai pas les moyens d’être subtil ce soir. Suzie lâche alors d’une mine désolée : - Ils en bavent assez comme ça les pauvres, c’est pas la peine d’en rajouter. S’ils doivent subir ton sarcasme, ils ne sont pas sortis de l’auberge. Gérard lui rétorque, l’air railleur : - Ils disent pas plutôt du placard, ma choupinette ? Céline s’énerve à l’arrière du quatre-quatre : - Arrête, je te dis. Ils ont droit à une vie comme tout le monde. Le droit à l’indiérence, tu connais ? Mais tu es refoulé ou quoi ? Suzie ouvre sa fenêtre pour y recracher la fumée de sa cigarette, d’éviter d’incommoder les autres : - C’est pas toujours facile de vivre aux grands jours ce qu’on est. Face aux propos de Suzie, Gérard ironise : - Ah les grandes phrases démagos... C’est alors que Suzie tapote avec ses doigts sur le volant, au rythme de la musique : - Fais ton malin, c’est ça.
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L’autoradio crache une musique disco super agressive. Céline s’emballe. - Mets la musique plus forte, Suzie. J’adore ce morceau. Gérard renchérit sur son siège : - Mais le gamin, il ne demande que la force des bras de son père pour le bercer et la douceur des mains de sa maman pour lui sécher les larmes. Suzie qui a monté le son, se réjouit : - Tu sais m’attendrir, tu as les mots justes, Gérard. Céline commente : - Il a les mots justes, au fond c’est qu’un sale connard. Un ours mal léché comme on dit. Si tu les aimes pas, Gérard, dans ce cas je vois pas l’intérêt de venir avec nous. On va pas te trainer comme un boulet, non. - Mais si je veux venir. Je vais pas vous laisser toutes seules avec des lesbiennes. Céline éructe à l’adresse de Gérard : - Je te préviens, pas de violence. Ni verbale ni physique. Sinon, moi je rentre en taxi, je vous plante. La remarque refroidit le couple. Après un lourd silence, Suzie miaule : - Tu me promets de te tenir à carreau ? Gérard, d’un ton allègre, lui brame : - Ai-je déjà frappé quelqu’un ? Je suis de nature plutôt paciîque. Un peu cru parfois mais paciîque. Je meurs d’envie d’aller dans ton bar, Céline.
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*
11 degrés Celsius dans la nuit étoilée. C’est nuit de pleine lune. Le quatre-quatre se gare à cent mètres du Pam. Le trio marche à toute vitesse engoncé dans des manteaux.
Céline pousse la porte du bar et Gérard se met prestement à regarder autour de lui comme s’il était dans un musée. Dans le bar, il aperçoit un homme au long cou, habillé de noir et blanc, qui lui fait penser à une girafe parce que ce dernier essaie de regarder au-dessus des épaules des autres sans y arriver. A côté de cette girafe, il y a un vieux monsieur au visage émacié et des cheveux très noirs, pareil à un étourneau, qui sourit en sirotant un pastis. Gérard se demande si celle-ci le drague. Près de lui, une femme en manteau de vison, au nez pointu et retroussé qui lui rappelle une fouine, bouscule ses deux accompagnatrices : Suzie et Céline. Gérard intrigué pense que cet acte n’est pas accidentel. Mais pas la peine d’en faire une photo, ce spectacle n’a rien d’exceptionnel. Ces gens, avec leurs visages et leurs comportements, sont semblables à ceux de clients d’un bar ordinaire. Il ne se passe rien d’innommable ou de saugrenu dans le lieu. Ni viol, ni tuerie, ni pornographie. Il y a juste un peu plus d’hommes et moins de femmes. Rien d’autre.
6
Céline a commandé trois gin tonic à une crevette, un homme très în qui se tient derrière le comptoir. Pendant ce temps-là, un client demande à Gérard posté près du bar, toujours en observation : - On dirait que tu découvres le lieu ? Il s’agit d’un rugbyman à la carrure imposante, très costaud. On dirait un mammouth. -C’est la première fois que je viens. - On s’amuse pas mal ici, c’est vrai. La conversation prend vite un tour plus direct. - Mais y a que ça, non ? - Quoi, des sales pédés ?!! Détrompe-toi. C’est pas toute la faune. Certains accompagnent seulement des amis. - Tu le vis bien, toi ? - Tu es un peu indiscret, dis-moi… Mais oui, ça ne me pose pas trop de problèmes d’en être. Dans les vestiaires, parfois, j’ai la gaule en matant de sacrés spécimens à poil, mais je camoue avec une serviette pour ne pas me faire remarquer. Chasser le naturel et il revient au galop. Il faut relativiser : c’est dur, cruel sauf que dans certains pays ils vous enterrent vivants. On n’a pas trop à se plaindre ici. - Mais personnellement, je me suis toujours demandé : il n’y en a pas un qui fait l’homme et l’autre la femme chez vous ? Suzie écarquille les yeux en entendant son mari. - Mais ça te regarde pas des choses comme ça… Gérard !!!
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Le rugbyman réplique très à l’aise : - Pourquoi ça t’intéresse, bonhomme ? Dis-moi. Gérard est tout à coup troublé : - Euh… c’est juste que je me demandais… ça doit être un peu serré quand tu fais ça... Suzie en soupire, consternée : - Pardonnez-lui monsieur. A peine entré, que déjà il ne sait plus ce qu’il dit. Viens Gérard, on s’en va dans un coin. Elle murmure à Céline : - Céline, dis-lui de nous suivre. Il ne sait pas se tenir. Il est collé au comptoir avec l’autre. C’est n’importe quoi tout ça. Gérard mugit au rugbyman : - Je suis hétéro, moi. Le jeune rugbyman se lève alors de son tabouret et agrippe le rebord du bar. - J’ai bien compris, mec. Il porte un jean slim. On lui voit les formes, le dessin de ses fesses. Il cambre en se basculant sur le comptoir et en exagérant. Il grommelle : - Ce que tu vois là, ça te plait pas ? Suzie lève les yeux au ciel : - Je rêve. Gérard ramasse une brochure gay sur le comptoir et lui tapote le postérieur avec. Suzie s’énerve : - Mais Gérard ! Ça va pas ! Céline lui saisit subitement le bras pour le stopper : - On t’avait dit de te tenir à carreau, tout à l’heure. T’es pas net hein ?!
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Gérard s’extrait des gries de Céline et assène un coup vif sur le postérieur du rugbyman. Le mammouth basculé sur le comptoir se retourne et demande à Gérard : - Dis, tu aimes le poppers ? Gérard ignore ce qu’est le « poppers ». Il interroge : - C’est de la drogue, c’est ça ? - En quelque sorte. Ça fait tourner la tête comme un derviche tourneur. Le mammouth tire alors de sa poche une îole, en dévisse le bouchon et la présente à Gérard. - Ça va te faire des frissons. Tu vas voir, mon lapin. Gérard saisit la îole et la plante sous son nez. Ses tempes se contractent. Il devient rouge comme une écrevisse. - Waouh ! Mais c’est fort, ton machin. Suzie s’agite dans son coin décontenancée par ce qu’elle voit. Elle soue à un client planté à côté d’elle : - Ça y est. Mon mari part en vrille.
Certains leur jettent des regards à la dérobée, mais se remettent vite à discuter entre eux sans vraiment se formaliser. Des scènes de ce genre, ils en voient souvent. C’est plutôt la fête dans ce bar. Surtout à minuit. Soulignons que les vautours qui se sont retournés ont regardé de manière très appuyée Gérard. C’est qu'il faut bien le constater : Gérard est beau gosse. Belle
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gueule viril, corps trapu et musclé. On dirait un pitbull. Suzie glisse à l’oreille du Pitbull : - Tu me fais honte, voilà. - Je pensais que vous étiez venues pour vous amuser, Céline et toi. - Sois un peu responsable. Tu as un enfant. Et elle s’appelle Lucie. - Vous, les gonzesses, vous êtes lourdes. Le rugbyman barrit comme le mammouth qu’il est : - C’est un peu pour ça que je suis pédé ! Gérard s’esclae : - Ah je te comprends mieux maintenant, toi. Mais j’aurais jamais cru ça possible, comprendre un type de ton espèce, tu vois. - On s’étonne tous les jours des humains. Céline commente en aparté à Suzie : - Regarde, ils se parlent comme s’ils étaient en train de se lier pour une histoire de... Suzie : - De fesse. N’aies pas peur de le dire. On înit les verres et on s’arrache. C’est juste pathétique. Gérard hurle dans le bar : - Tournée générale. Suzie : - En plus de draguer un mec, il rince tout le bar maintenant. Non, mais j’hallucine ! Gérard aboie à ses deux acolytes : - On va pas crever millionnaire. Manquerait plus que ça. Suzie a le visage eondré. - Il rigole, rassure-toi, tempère Céline.
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- De toute façon, c’est hors de question qu’ils fassent un truc ensemble. Il nage où là, Gérard ? Dans la mare aux canards ? - Moi je le trouve plutôt beau gosse ce mec, bien foutu et tout. Très masculin aussi. Je sortirais bien avec s’il était pas gay. Arrête d’être jalouse comme ça, voyons. - C’est ça, je suis jalouse. Mais c’est mon mec, bordel ! Suzie se met soudain à crier : - Je suis jalouse. C’est ça. Je suis jaloux d’un rugbyman qui veut se taper mon mec. Et se faire mettre ! Les vautours se retournent en entendant Suzie. Mais lourde déception pour elle, ils ne la regardent pas du tout. Elle n’intéresse personne. Puisqu'ils regardent encore et toujours le pitbull prêt à se faire dévorer par leur bec. Il représente de la bonne chair fraïche pour un festin nuptial. La musique est très forte. On sent bien l’excitation dans l’air. C’est l’heure de sortir en boïte, forcément. Suzie braille en regardant les clients autour d’elle : - Je vous emmerde tous. Vous entendez. Vous êtes qu’une bande de gonzesses. C’est qu’une étable à pédés, ici. Ça pue la chaleur d’invertis. Gérard se détourne du rugbyman pour interpeller Suzie : - Hé oh, Suzie, arrête un peu. Qu’est-ce qui te prend ? Transformée en chatte hérissée, Suzie lui jette à la îgure :
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