Extrait du livre "La passion de la liberté"
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Description

Publié aux éditions castelroussines la Bouinotte.

Informations

Publié par
Publié le 05 mai 2021
Nombre de lectures 973
Langue Français
Poids de l'ouvrage 21 Mo

Extrait

Le général Bertrand La passion de la liberté
Éditions La Bouinotte 26, rue de Provence - 36 000 Châteauroux www.la-bouinotte.org 2018
Coordination éditoriale :Gilles Boizeau Conception graphique :Isabelle Fomproix
Chantal GERBAUD
Le général Bertrand La passion de la liberté
Aux habitants du département de l’Indre
« Heureux le peuple dont les rois sont philosophes et dont les philosophes sont rois. »
Platon
« Il faut toujours avoir à la main deux règles : l’une est de ne rien faire que ce que t’inspire la raison. L’autre de changer d’avis… mais toujours pourvu que le motif de ton changement soit une raison probable de justice et de bien public ou quelque raison approchante et non la satisfaction ou l’honneur qui t’en pourrais revenir. »
Marc-Aurèle
Notes de lecture manuscrites issues des papiers personnels de Bertrand (A.D. Indre).
Avant-propos ouis-Philippe a accepté en amitié, fidèle à ses idées. Mais le décrire de faire revenir le cer- seulement fidèle n’est-ce pas un peu réduc-cueil de Napoléon en teur, le montrer soumis, sans personnalité France en 1840, son propre ? La légende napoléonienne qui cdievuilxegproanurdsLérameddveiolohmmeservicerquiaeéssdiuelefdnadéquieuxuragdeeadsnlaerlgévxmuemdêlimisndé.esirtamxmuodhhoccuaesisau,asnpulia,ticnectdeissdiartâisogn gouvernement lui a permet de magnifier le rôle de l’Empereur, offert les Invalides. cantonne ceux qui l’ont accompagné à un Aux côtés de l’Empereur, depuis 1847, ses rôle subalterne. Or Bertrand, s’il a bien été lui qui l’avait Duroc, puis Bertrand. Duroc est mort sur le champ de bataille la Révolution française tout au long de sa vie. de Bautzen en 1813, il avait tout juste 40 Il a su reconnaître le génie militaire de Napo-ans. Le héros mort jeune a laissé son nom léon, mais voir aussi en lui celui qui avait dans les mémoires. À Paris, il a une station renoncé à défendre les libertés fondamen-de métro à son nom. Bertrand a eu la tales et dont les échecs militaires avaient chance de vieillir et de mourir dans son lit ramené la dynastie des Bourbons sur le à 71 ans. Tous deux ont été des hommes trône. Bertrand est un homme lucide qui a intelligents, intègres, braves, désintéressés. souvent tenu tête à Napoléon, et qui a Pourtant le nom de Bertrand, qui a survécu réussi le tour de force de continuer à 23 ans à Napoléon, est moins connu, et défendre sa postérité tout en analysant les bien souvent seule la fidélité qui le raisons de sa chute. conduisit jusqu’à Sainte-Hélène reste l’élé- Les fastes de l’Empire n’ont pas séduit ment qui le caractérise. Bertrand qui est toujours resté un Berrichon Ah ! fidélité, le mot est lancé : oui Ber- simple et honnête, né et mor t à Châ-trand c’est le fidèle des fidèles, celui qui est teauroux. Son ascension sociale et parti à l’île d’Elbe, qui est resté près de l’Em- professionnelle est due beaucoup plus à la pereur à Sainte-Hélène. Bertrand, c’est celui possibilité nouvelle offerte par la Révolution qui s’efface devant le maître, reste dans aux jeunes gens dynamiques et intelligents l’ombre. de progresser, qu’à l’Empire lui-même. En Mais ne serait-il que cela ? effet, ses études et les débuts de sa carrière Oui, Henri-Gatien Bertrand a été fidèle, militaire se passent avant les débuts de l’Em-dans le malheur comme dans la gloire, à celui pire et, après la mort de Napoléon, son qu’il avait décidé de suivre et qui était son mandat de député sous la Monarchie de bienfaiteur. Oui, la fidélité est un trait de Juillet est ensuite un moment de prise de caractère de Bertrand, fidèle en amour, fidèle décisions tranchées en faveur des libertés.
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Son dernier voyage aux États-Unis, à 70 ans, et nous savons ce que nous leur devons. Il est une recherche, jamais en repos, des pos- s’agit aujourd’hui de remettre la vie de Ber-sibilités qu’offre l’avenir. trand dans un contexte historique qui va de Bien au-delà de la vision commode et la fin de l’Ancien Régime à la Monarchie de simpliste d’un homme qui accomplit un Juillet, moments clés du passage de l’ordre devoir par fidélité, nous aurons l’occasion de ancien à un monde nouveau. Il a connu la montrer la complexité d’un homme dont royauté, les nombreux épisodes de la Révo-l’exemple peut servir de référence par-delà lution, l’Empire, la Restauration, la les générations. monarchie constitutionnelle de Louis-Phi-Nous faisons le choix d’utiliser de très lippe. Il était idéaliste et rêvait d’un monde nombreuses citations de Bertrand dont heu-les libertés seraient préservées et où l’éga-reusement les écrits sont nombreux : lettres lité entre les hommes serait plus grande. En intimes à sa femme et à sa famille, écrits cela, même s’il reste un homme du passé par publics pendant son mandat de député, certains aspects, les questions qu’il se pose, documents de travail, publications. Les ana-les idées qu’il défend sont encore d’actualité. lyses d’historiens ou la littéraure de l’époque Ce livre ne s’adresse pas aux spécialistes, nous permettront d’essayer d’approcher au il est destiné au plus grand nombre, à ceux plus près de la vérité de l’homme qu’il a été qui n’ont pas le temps de retrouver tous les et de la période très troublée dans laquelle il éléments qui se greffent autour d’une vie a vécu. d’homme et c’est la raison pour laquelle Notre objectif n’est pas une biographie chaque chapitre peut se lire presque indé-exhaustive, d’autres déjà ont travaillé le sujet pendamment des autres. =
Un héritier des Lumières
« Sapere aude, aie le courage de te servir de ta propre intelligence ! Voilà donc la devise des Lumières. »
Kant1784 ème ’est au 17 siècle même temps que leur mission de protection que les ancêtres des forêts augmente. L’abondance de bois d’Henri Bertrand ont brûlés pour la production de fer et l’utilisa-Cdate de la dernière moitié du 18èmesiècle et commencé à s’élever tion anarchique de bois de chauffage ont socialement par le ruiné les forêts du Berry ; il est nécessaire métier des armes au de les régénérer par une exploitation plus service d’un puissant : le prince de Condé. raisonnée. Le tracé des routes forestières et En remerciements de leurs bons services, des parcelles de la forêt de Châteauroux celui-ci leur a octroyé des terres dans le duché de Châteauroux, un de ses apanages. corresponde à une volonté d’organiser des Car si l’on fait partie du tiers état, cette partie prélèvements qui préservent la ressource en de la société qui travaille, contrairement aux bois. Les Lumières ne sont pas seulement deux ordres privilégiés, le clergé et la des idées, c’est aussi la réalisation d’une noblesse, il faut s’enrichir pour progresser et meilleure organisation de l’espace, de l’éco-se démarquer du reste de la population. Les nomie, de la société. Les tracés rectilignes terres des Bertrand ne sont peut-être pas des routes forestières, les parcelles dédiées d’un grand rapport à une période où les à la production de bois d’œuvre, en vert plus progrès agricoles sont lents mais cela leur foncé sur la carte, en sont l’expression donne une assise sociale. Mais, c’est surtout concrète. Le père de Bertrand gravit une par l’instruction et l’acquisition de charges marche supplémentaire en devenant administratives que les Bertrand vont conseiller du baillage et même Conseiller du devenir des personnes qui comptent locale- Roi, office qui lui accordera la noblesse peu ment. Car le gouvernement du royaume de temps avant la Révolution et titre dont il oblige le roi à rechercher des compétences se débarrassera rapidement compte tenu des bien au-delà de la noblesse, et c’est la bour- évènements. La famille acquiert aussi rapi-geoisie qui lui fournit les hommes instruits dement des biens nationaux confisqués à dont il a besoin. Maîtres des Eaux et Forêts l’Église, dont ceux de l’abbaye de La Prée ème tout au long du 18 siècle, les Bertrand ont près de Saint-Valentin : Henri en héritera une charge dont l’importance évolue en plus tard.
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Plan d’une partie de la forêt de Châteauroux en 1788. Les ronds points et les allées forestières correspondent à une nouvelle organisa-tion de l’espace forestier . Le « car-roir » Bertrand est au nom du grand père d’Henri-Gatien. (A.D. 1304)
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En effet, les Bertrand ne recherchent pas les privilèges, ils désirent seulement pouvoir librement accéder à tous les emplois selon leur mérite. Leur manière de vivre est celle de bourgeois enrichis. Le père d’Henri, lui-même prénommé Henri, fait partie d’une loge maçonnique, lieu de discussions autour des idées nouvelles : égalité des individus, liberté de conscience, tolérance religieuse, émancipation de l’individu par la connais-sance. Ils ont lu les philosophes et s’imprègnent de leurs idées.
ème À partir du 17 siècle et tout au long du ème 18 siècle, les alliances maritales contrac-tées par la famille Bertrand augmentent leur importance sociale et leurs richesses ter-riennes. Mais c’est surtout le mariage d’Henri Bertrand père avec Marie-Henriette Bouchet en 1772 qui consacre leur assise ter-ritoriale. En effet, cela permet à la famille de bénéficier de l’héritage conséquent que lègue Gatien Bouchet à sa fille Marie-Henriette. Gatien s’est distingué au-delà de sa région natale en devenant Inspecteur des Ponts et
Chaussées en 1765 puis Premier Ingénieur du Roi en 1774. Il a été chargé d’exécuter la carte détaillée de la Loire puis d’ouvrages dans le Dauphiné et à Lyon où il est mort en 1787. Mais c’est à Châteauroux d’où est ori-ginaire sa femme, qu’il fait construire. Grâce à lui, la famille Bertrand va disposer d’un hôtel particulier dans la ville de Château-roux, et d’une « maison de campagne » à Laleuf, aujourd’hui sur la commune de Saint-Maur ; maisons plus que châteaux, mais qui possèdent un certain prestige de par leur construction extrêmement soignée. Gatien Bouchet fait bâtir Laleuf à partir de 1761 et la maison de ville à partir de 1767 (actuelle-ment musée de la ville de Châteauroux). Ces maisons, dont les points communs sont nombreux, ont une modernité certaine pour l’époque et bénéficient d’un confort
nouveau de par la répartition des pièces séparant le côté réception du côté plus intime. Auparavant, les Bertrand ont habité dans leurs résidences campagnardes où dans des logements de fonction, moins pratiques. Le jeune Henri, le futur général, est ainsi né au château Raoul en 1773 parce que son père, conseiller au bailliage, y avait un loge-ment. La construction d’un hôtel particulier « en ville » témoigne d’une réussite profes-sionnelle et d’un désir d’ascension sociale caractéristique de la bourgeoisie de province ème de la fin du 18 siècle, bourgeoisie qui aspire à être reconnue dans ses mérites et qui espère des changements politiques permet-tant de consolider leurs acquis. Le jeune Henri naît dans une famille aimante et instruite et baigne dans une ambiance où les idées dites des « Lumières »
ème Façade 18 siècle de la maison de Laleuf, commune de Saint Maur 36. Propriété privée. © Photo Ludovic Aumasson.
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