Damnation 9 l arrivée du vautour
20 pages
Français

Damnation 9 l'arrivée du vautour

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Description



Envahi par la haine, Milmort s'ébranle en compagnie de ses deux généraux et de son armée en direction d'Anîm. Au sein de la citadelle, trahis, Catherine, Elam, Oriana, Léna et Silarôn Belor ont un choix crucial à faire : fuir ou combattre.
Voici le final du premier cycle original de Damnation.

Informations

Publié par
Publié le 26 avril 2013
Nombre de lectures 90
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Langue Français

Extrait


1






Damnation partie 9
L’apparition du Vautour
G.N.Paradis




2
Damnés

« La lance de l’œil mort,
Perce le fronton des cieux,
Le macchabé tourbillonne sur sa pointe,
Sur la chaussée fendue de pieux. »
Comptine du macchabé silencieux.

La plaine d’or écarlate se parait de mille éclats devant l’unique passage menant à Anîm. La
citadelle sombre aspirait l’énergie du jour. De là où il œuvrait, Milmort imaginait tous ces
cafards qui se pressaient sur les hauteurs de l’odieux édifice. « Qu’ils se repentent de leurs
pouvoirs, ces démons ! » songea-t-il en admirant sa fabuleuse hache de bataille à double
tranchant.
L’empereur de Perdal portait des habits rouges et une armure de maille argentée d’une
valeur inestimable. Son précieux Na-kîm la lui avait rapporté des Baronnies de Salem, où il
était né dans la misère et le sang. L’individu au bouc avait vécu de rapines et de meurtres dés
son plus jeune âge. Milmort l’avait rencontré au sein d’une galerie d’art d’un genre douteux,
aux confins de Perdal. Na-Kîm peignait des scènes de carnage qui ravissaient les nobles,
notamment Milmort. En son nom, il espionnait aussi les terres barbares. Quelques bataillons
des Baronnies agrandissaient leurs territoires en grignotant Perdal. Selon les rapports, des
rapts et autres pillages avaient eu lieu dans les villages frontaliers, rien d’assez inquiétant pour
déployer des troupes onéreuses. Milmort devait d’abord consolider le royaume, ensuite il
s’occuperait de ces maudits et stupides autochtones du nord. Il leur ferait ravaler leur orgueil
avec une effroyable violence.
Les jambes étendues sur un coussin, il se préparait à la curée en relaxant ses muscles
fatigués suite à une longue chevauchée. Na-Kîm patientait près de l’entrée de la tente, en
sirotant du vin, un poignard scintillant dans son autre main. Comme à son habitude, il
incarnait un idéal de silence et d’ombre. Seule sa funeste cicatrice ressortait aux phares du
jour puissant.
En armure de plaques couleur nuit, Runus frottait ses gantelets l’un contre l’autre. Le bruit
de ferraille était exaltant. Le commandant des armées de Milmort avait rabattu la visière de
son heaume. Ses yeux noirs capturaient les lumières, au point que parfois, Milmort se
demandait s’il était véritablement humain.
3
— Les troupes s’impatientent, mon seigneur. Les contingents de prostitués et les tonneaux
d’alcool fondent à vue d’œil, déclara-t-il sur un ton inquiétant, j’ai bien peur qu’une mutinerie
n’éclate si nous ne canalisons pas rapidement la férocité de nos mercenaires.
— T’inquiéterais-tu pour ces prostituées égorgées et autres marchands pillés durant le
déplacement de nos forces, Runus ? s’enquit Milmort en repoussant le tabouret confortable
sur lequel il avait posé ses pieds.
L’empereur se redressa dans son fauteuil royal avec un charisme frémissant. Même assis, il
dépassait de loin en stature Runus. L’épouvantable Milmort tenait ce surnom de sa fascinante
habilitée à la hache de bataille. Les membres et les têtes pleuvaient sur son passage. D’aucuns
disait que du sang Roc courrait dans ses artères, ce qui expliquait sa taille et sa férocité. Runus
en était parfaitement conscient.
— Ces truies et ces voleurs hypocrites m’indiffèrent, votre altesse. Seule l’armée retient
mon attention ; or son fonctionnement n’est pas optimal. Les soudards et les lâches sont
inutiles sur les champs de bataille.
— Qu’as-tu fait ? demanda Milmort avec un rictus.
— Je les ai abattus froidement et discrètement, en les attirant grâce à quelques truies de
campagnes. Il va sans dire que ma lame aiguisée leur a ouvert la gorge par la suite. Je me
méfie même des truies ; leurs langues se délient facilement. Elles ont du savoir-faire, après
tout, ajouta-t-il en révélant ses dents gâtées.
Les deux hommes rirent de concert à cette boutade aux sous-entendus graveleux. Rien ne
le leur interdisait ; Na-kîm étira ses lèvres sur un long rictus cruel. Il avait bien évidemment
participé à cette chasse à l’homme. Certains gueux pouvaient être divertissants.
— Bien entendu, ces massacres servaient un tout autre but, messire. Votre fidèle serviteur
Na-Kîm a pris soin de disséminé sur ses talons quelques preuves désignant les mages comme
responsables de ces atrocités. Une certaine paranoïa s’est installée parmi nos hommes,
prompte à déclencher quelques escarmouches. Les derniers incapables ont ainsi été tués
durant ces conflits.
— Depuis lors, ils parlent tous de détruire et d’éviscérer ces démons et ces lâches de
mages, termina l’assassin, dont la main frétillait sur son long poignard.
— Bien, je vous félicite pour votre efficacité, messieurs. Runus, si tu n’avais pas fait
preuve d’initiatives, j’aurais démis ta jolie tête de tes épaules. Ton illustre raisonnement me
plait ! Or l’intelligence est une qualité que j’apprécie trop pour m’en passer rapidement. Tu es
désormais officiellement le Commandant de mes Armées.
4
— Tout mon honneur est à vous, votre altesse, déclara Runus avec un salut respectueux.
D’ailleurs, vous n’auriez même pas eu besoin de perdre votre temps en basses besognes, je me
serais moi-même décapité. Haïssant les incapables, je préférerai le suicide à devenir l’un
d’entre eux.
Visiblement, Milmort goutait à ces traits d’humour, au point d’en gronder de rire à
nouveau.
— Ne vous avisez pas de me défier, non plus, Runus. Autant n’ai-je pas la dent trop dure
envers les incapables, autant ma haine poursuit les traitres au-delà même de la mort.
— Je ne vous trahirai pas, annonça le guerrier, pas le moins du monde intimidé.
— Bien, je n’en attends pas moins de votre part. L’assaut ne tardera pas trop : manipulez
les troupes encore quelques temps.
— Est-ce que j’ignore quoi que ce soit d’important ? s’enquit Runus sans prendre congé.
— Un certain Baler, membre du conseil des mages d’Anîm, a négocié sa reddition
pacifique en échange de la princesse Léna, de la Prémiscine et de celui qui a tué mon frère, le
Belor. J’ai promis d’être magnanime.
— Quand vous les livreront-ils ?
— Ce soir, au crépuscule.
— Ces informations vont me permettre d’être plus efficace. M’en voudriez-vous si je
préparais quelques archers et autres embusqués autour d’Anîm ?
— Inutile, Runus, nous marcherons à découvert.
— Nous ?
— Je veux dire nous et toute l’armée. Ma parole est celle de la mort, renchérit Milmort
avec un sourire carnassier.

* * *
Oriana tentait d’échapper à son ravisseur mesquin. Son esprit se disloquait d’horreurs face
à Dalanor et à ce qu’il lui faisait subir avec une nonchalance inhumaine, née d’une longue
pratique.
Le monde devint flou. Des lumières mouvantes tourbillonnèrent sur le verre d’un oeil
viscéralement corrompu. La Damnée cueillait des fleurs violettes dans un jardin enchanteur
semé de ruines. Des brouillards se faufilaient entre ses jambes filiformes. Sa peau osseuse
évoquait celle d’une jeune anorexique, même si ses traits fins et ridés révélaient une maturité
étonnante. La voix de la damnée bourdonna à travers les sens d’Oriana qui se situait
pourtant bien loin d’ici.
5
— Elle est ici, mon élue…
Les bras décharnés de la sorcière enveloppèrent son corps astral. Son contact la fit hurler
de souffrance. Suffoquée, Oriana chercha à regagner le portail ouvert sur cette vision. La
force inhumaine la retint en arrière.
— Que me voulez-vous ? sanglota-t-elle.
La damnée chuchota :
— La même chose que toi, mon enfant, je veux vivre, encore et encore…
Oriana hurla, se débattit, en vain. La puissance prodigieuse de l’être la maintenait
immobile. Et elle n’avait nulle part où s’enfuir !
— Qui êtes-vous ? hurla la jeune femme épouvantée.
— Polem. Abandonne tout espoir, et je te sauverai…
Oriana frémit, une fois, deux fois et sa conscience s’éteignit… Un temps…

* * *
Plus loin, au sein de la citadelle des mages, les pas d’un géant troublaient la quiétude
effrayante des lieux. Ses masses d’armes dégainées, Élam piétinait la pierre de ses
martèlements furibonds. Il sentait la présence d’Oriana et il allait la sauver de ses ravisseurs.
Trois mages s’étaient déjà dressés sur son passage, trois mages avaient péri. La fureur du

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