Gobseck
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Description

1830. La Comédie humaine - Études de moeurs. Premier livre, Scènes de la vie privée - Tome II. Deuxième volume de l'édition Furne 1842. Lors d'une soirée , l'avoué Derville surprend une conversation entre la vicomtesse de Grandlieu et sa fille éprise d'un prétendant sans fortune. Afin de prévenir celle-ci d'une mauvaise aventure, l'avoué Derville raconte une histoire de jeunesse où, simple clerc, il fut témoin d'une transaction entre Gobseck, usurier hors du commun, et la comtesse de Restaud... Jean-Esther Gobseck est un virtuose dans son domaine, il pratique l'usure comme on pratique un art. Dans ce portrait d'un de ses plus puissants personnages, Balzac écrit, là, son premier chef d'oeuvre.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1 777
EAN13 9782824710495
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
GOBSECK
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
GOBSECK
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1049-5
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.GOBSECK
A MONSI EU R LE BARON BARCHOU DE P EN HOEN.
Par mi tous les élè v es de V endôme , nous sommes je cr ois, les
seuls qui se sont r etr ouvés au milieu de la car rièr e des ler es,
nous qui cultivions déjà la philosophie à l’âg e où nous ne
de vions cultiv er que le D e viris  ! V oici l’ ouv rag e que je faisais
quand nous nous sommes r e v us, et p endant que tu travaillais
à tes b e aux ouv rag es sur la philosophie allemande . Ainsi nous
n’av ons manqué ni l’un ni l’autr e à nos v o cations. T u
épr ouv eras donc sans doute à v oir ici ton nom autant de
plaisir qu’ en a eu à l’y inscrir e .
T on vieux camarade de collég e ,
DE BALZA C.
1840.
  du matin, p endant l’hiv er de 1829 à 1830, il se tr
ouvait encor e dans le salon de la vicomtesse de Grandlieu deuxA p er sonnes étrangèr es à sa famille . Un jeune et joli homme
sortit en entendant sonner la p endule . and le br uit de la v oitur e r etentit
dans la cour , la vicomtesse ne v o yant plus que son frèr e et un ami de la
famille qui ache vaient leur piquet, s’avança v er s sa fille qui, deb out de vant
1Gobse ck Chapitr e
la cheminé e du salon, semblait e x aminer un g arde-v ue en lithophanie , et
qui é coutait le br uit du cabriolet de manièr e à justifier les craintes de sa
mèr e .
―  Camille , si v ous continuez à tenir av e c le jeune comte de Restaud la
conduite que v ous av ez eue ce soir , v ous m’ oblig er ez à ne plus le r e ce v oir .
Écoutez, mon enfant, si v ous av ez confiance en ma tendr esse , laissez-moi
v ous guider dans la vie . A dix-sept ans l’ on ne sait jug er ni de l’av enir , ni
du p assé , ni de certaines considérations so ciales. Je ne v ous ferai qu’une
seule obser vation. Monsieur de Restaud a une mèr e qui mang erait des
millions, une femme mal né e , une demoiselle Goriot qui jadis a fait b e
aucoup p arler d’ elle . Elle s’ est si mal comp orté e av e c son pèr e qu’ elle ne
mérite certes p as d’av oir un si b on fils. Le jeune comte l’ador e et la
soutient av e c une piété filiale digne des plus grands élog es  ; il a surtout de
son frèr e et de sa sœur un soin e xtrême . ― elque admirable que soit
cee conduite , ajouta la comtesse d’un air fin, tant que sa mèr e e xistera,
toutes les familles tr embler ont de confier à ce p etit Restaud l’av enir et la
fortune d’une jeune fille .
― J’ai entendu quelques mots qui me donnent envie d’inter v enir entr e
v ous et mademoiselle de Grandlieu, s’é cria l’ami de la famille . ― J’ai g
agné , monsieur le comte , dit-il en s’adr essant à s on adv er sair e . Je v ous
laisse p our courir au se cour s de v otr e niè ce .
―  V oilà ce qui s’app elle av oir des or eilles d’av oué , s’é cria la
vicomtesse . Mon cher D er ville , comment av ez-v ous pu entendr e ce que je disais
tout bas à Camille  ?
― J’ai compris v os r eg ards, rép ondit D er ville en s’asse yant dans une
b er gèr e au coin de la cheminé e .
L’ oncle se mit à côté de sa niè ce , et madame de Grandlieu prit place
sur une chauffeuse , entr e sa fille et D er ville .
― Il est temps, madame la vicomtesse , que je v ous conte une
histoir e qui v ous fera mo difier le jug ement que v ous p ortez sur la fortune
du comte Er nest de Restaud.
― Une histoir e  ! s’é cria Camille . Commencez donc vite , monsieur .
D er ville jeta sur madame de Grandlieu un r eg ard qui lui fit
compr endr e que ce ré cit de vait l’intér esser . La vicomtesse de Grandlieu était
p ar sa fortune et p ar l’antiquité de son nom, une des femmes les plus
2Gobse ck Chapitr e
r emar quables du faub our g Saint-Ger main  ; et, s’il ne semble p as
natur el qu’un av oué de Paris pût lui p arler si familièr ement et se comp ortât
chez elle d’une manièr e si cavalièr e , il est né anmoins facile d’ e xpliquer
ce phénomène . Madame de Grandlieu, r entré e en France av e c la famille
r o yale , était v enue habiter Paris, où elle n’avait d’ab ord vé cu que de
secour s accordés p ar Louis X V I I I sur les fonds de la Liste Civile , situation
insupp ortable . L’av oué eut l’ o ccasion de dé couv rir quelques vices de for me
dans la v ente que la république avait jadis faite de l’hôtel de Grandlieu,
et prétendit qu’il de vait êtr e r estitué à la vicomtesse . Il entr eprit ce pr
ocès mo y ennant un forfait, et le g agna. Encourag é p ar ce succès, il chicana
si bien je ne sais quel hospice , qu’il en obtint la r estitution de la forêt
de Grandlieu. Puis, il fit encor e r e couv r er quelques actions sur le canal
d’Orlé ans, et certains immeubles assez imp ortants que l’ emp er eur avait
donnés en dot à des établissements publics. Ainsi rétablie p ar l’habileté
du jeune av oué , la fortune de madame de Grandlieu s’était éle vé e à un r
ev enu de soix ante mille francs envir on, lor s de la loi sur l’indemnité qui lui
avait r endu des sommes énor mes. Homme de haute pr obité , savant,
modeste et de b onne comp agnie , cet av oué de vint alor s l’ami de la famille .
oique sa conduite env er s madame de Grandlieu lui eût mérité l’ estime
et la clientèle des meilleur es maisons du faub our g Saint-Ger main, il ne
pr ofitait p as de cee fav eur comme en aurait pu pr ofiter un homme
ambitieux. Il résistait aux offr es de la vicomtesse qui v oulait lui fair e v endr e
sa char g e et le jeter dans la magistratur e , car rièr e où, p ar ses pr ote ctions,
il aurait obtenu le plus rapide avancement. A l’ e x ception de l’hôtel de
Grandlieu, où il p assait quelquefois la soiré e , il n’allait dans le monde
que p our y entr etenir ses r elations. Il était fort heur eux que ses talents
eussent été mis en lumièr e p ar son dé v ouement à madame de Grandlieu,
car il aurait cour u le risque de laisser dép érir son étude . D er ville n’avait
p as une âme d’av oué .
D epuis que le comte Er nest de Restaud s’était intr o duit chez la
vicomtesse , et que D er ville avait dé couv ert la sy mp athie de Camille p our
ce jeune homme , il était de v enu aussi assidu chez madame de Grandlieu
que l’aurait été un dandy de la Chaussé e-d’ Antin nouv ellement admis
dans les cer cles du noble faub our g. elques jour s aup aravant, il s’était
tr ouvé dans un bal auprès de Camille , et lui avait dit en montrant le jeune
3Gobse ck Chapitr e
comte  : ― Il est dommag e que ce g ar çon-là n’ait p as deux ou tr ois
millions, n’ est-ce p as  ?
― Est-ce un malheur  ? Je ne le cr ois p as, avait-elle rép ondu. Monsieur
de Restaud a b e aucoup de talent, il est instr uit, et bien v u du ministr e
auprès duquel il a été placé . Je ne doute p as qu’il ne de vienne un homme
très-r emar quable . Ce garçon-là tr ouv era tout autant de fortune qu’il en
v oudra, le jour où il sera p ar v enu au p ouv oir .
―  Oui, mais s’il était déjà riche  ?
― S’il était riche , dit Camille en r ougissant. Mais toutes les jeunes
p er sonnes qui sont ici se le disputeraient, ajouta-t-elle en montrant les
quadrilles.
― Et alor s, avait rép ondu l’av oué , mademoiselle de

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