J accuse
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Description

J'accuse…! est le titre d'un article rédigé par Émile Zola lors de l'affaire Dreyfus et publié dans le journal L'Aurore du 13 janvier 1898 sous forme d'une lettre ouverte au Président de la République Félix Faure. Zola s'est appuyé en partie sur un dossier écrit en 1896 par l'écrivain Bernard Lazare. J'accuse…! paraît deux jours après l'acquittement d'Esterhazy par le conseil de guerre (11 janvier), qui semble ruiner tous les espoirs nourris par les partisans d'une révision du procès condamnant Dreyfus. Zola y attaque nommément les généraux, les officiers responsables de l'erreur judiciaire ayant entraîné le procès et la condamnation, les experts en écritures coupables de « rapports mensongers et frauduleux. »

Informations

Publié par
Nombre de lectures 391
EAN13 9782824702377
Langue Français

Extrait

ÉMI LE ZOLA
J’A CCUSE !
Ler e à M. Félix Faur e , président de la République
BI BEBO O KÉMI LE ZOLA
J’A CCUSE !
Ler e à M. Félix Faur e , président de la République
1898
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0237-7
BI BEBO OK
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Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.LET T RE A M. F ELIX F A U RE
P RÉSI DEN T DE LA
RÉP U BLIQU E
ONSI EU R LE P RÉSI DEN T ,
M Me p er meez-v ous, dans ma gratitude p our le bienv eillant
accueil que v ous m’av ez fait un jour , d’av oir le souci de v otr e juste gloir e
et de v ous dir e que v otr e étoile , si heur euse jusqu’ici, est menacé e de la
plus honteuse , de la plus ineffaçable des taches  ?
V ous êtes sorti sain et sauf des basses calomnies, v ous av ez conquis
les cœur s. V ous app araissez ray onnant dans l’ap othé ose de cee fête p
atriotique que l’alliance r usse a été p our la France , et v ous v ous prép ar ez
à présider au solennel triomphe de notr e Exp osition univ er selle , qui
cour onnera notr e grand siè cle de travail, de vérité et de lib erté . Mais quelle
tache de b oue sur v otr e nom — j’allais dir e sur v otr e règne — que cee
ab ominable affair e Dr e yfus  ! Un conseil de guer r e vient, p ar ordr e , d’ oser
acquier un Esterhazy , soufflet suprême à toute vérité , à toute justice . Et
c’ est fini, la France a sur la joue cee souillur e , l’histoir e é crira que c’ est
1J’accuse ! Chapitr e
sous v otr e présidence qu’un tel crime so cial a pu êtr e commis.
Puisqu’ils ont osé , j’ oserai aussi, moi. La vérité , je la dirai, car j’ai pr
omis de la dir e , si la justice , régulièr ement saisie , ne la faisait p as, pleine et
entièr e . Mon de v oir est de p arler , je ne v eux p as êtr e complice . Mes nuits
seraient hanté es p ar le sp e ctr e de l’inno cent qui e xpie là-bas, dans la plus
affr euse des tortur es, un crime qu’il n’a p as commis.
Et c’ est à v ous, Monsieur le Président, que je la crierai, cee vérité ,
de toute la for ce de ma ré v olte d’honnête homme . Pour v otr e honneur , je
suis convaincu que v ous l’ignor ez. Et à qui donc dénoncerai-je la tourb e
malfaisante des v rais coup ables, si ce n’ est à v ous, le pr emier magistrat
du p ay s  ?
††
La vérité d’ab ord sur le pr o cès et sur la condamnation de Dr e yfus.
Un homme néfaste a tout mené , a tout fait, c’ est le lieutenant-colonel
du Paty de Clam, alor s simple commandant. Il est l’affair e Dr e yfus tout
entièr e  ; on ne la connaîtra que lor squ’une enquête lo yale aura établi
neement ses actes et ses r esp onsabilités. Il app araît comme l’ esprit le
plus fumeux, le plus compliqué , hanté d’intrigues r omanesques, se
complaisant aux mo y ens des r omans-feuilletons, les p apier s v olés, les ler es
anony mes, les r endez-v ous dans les endr oits déserts, les femmes my
stérieuses qui colp ortent, de nuit, des pr euv es accablantes. C’ est lui qui
imagina de dicter le b order e au à Dr e yfus  ; c’ est lui qui rê va de l’étudier
dans une piè ce entièr ement r e vêtue de glaces  ; c’ est lui que le
commandant For zinei nous r eprésente ar mé d’une lanter ne sourde , v oulant se
fair e intr o duir e près de l’accusé endor mi, p our pr ojeter sur son visag e
un br usque flot de lumièr e et sur pr endr e ainsi son crime , dans l’émoi du
ré v eil. Et je n’ai p as à tout dir e , qu’ on cher che , on tr ouv era. Je dé clar e
simplement que le commandant du Paty de Clam, char g é d’instr uir e
l’affair e Dr e yfus, comme officier judiciair e , est, dans l’ ordr e des dates et des
r esp o nsabilités, le pr emier coup able de l’ effr o yable er r eur judiciair e qui a
été commise .
Le b order e au était depuis quelque temps déjà entr e les mains du
colonel Sandher r , dir e cteur du bur e au des r enseignements, mort depuis de
p araly sie g énérale . D es « fuites » avaient lieu, des p apier s disp araissaient,
comme il en disp araît aujourd’hui encor e  ; et l’auteur du b order e au était
2J’accuse ! Chapitr e
r e cher ché , lor squ’un a priori se fit p eu à p eu que cet auteur ne p ouvait
êtr e qu’un officier de l’état-major , et un officier d’artillerie  : double
err eur manifeste , qui montr e av e c quel esprit sup erficiel on avait étudié ce
b order e au, car un e x amen raisonné démontr e qu’il ne p ouvait s’agir que
d’un officier de tr oup e . On cher chait donc dans la maison, on e x aminait
les é critur es, c’était comme une affair e de famille , un traîtr e à sur pr endr e
dans les bur e aux mêmes, p our l’ en e xpulser . Et, sans que je v euille r efair e
ici une histoir e connue en p artie , le commandant du Paty de Clam entr e
en scène , dès qu’un pr emier soup çon tomb e sur Dr e yfus. A p artir de ce
moment, c’ est lui qui a inv enté Dr e yfus, l’affair e de vient son affair e , il se
fait fort de confondr e le traîtr e , de l’amener à des av eux complets. Il y a
bien le ministr e de la guer r e , le g énéral Mer cier , dont l’intellig ence semble
mé dio cr e  ; il y a bien le chef de l’état-major , le g énéral de Boisdeffr e , qui
p araît av oir cé dé à sa p assion cléricale , et le sous-chef de l’état-major , le
g énéral Gonse , dont la conscience a pu s’accommo der de b e aucoup de
choses. Mais, au fond, il n’y a d’ab ord que le commandant du Paty de
Clam, qui les mène tous, qui les hy pnotise , car il s’ o ccup e aussi de
spiritisme , d’ o ccultisme , il conv er se av e c les esprits. On ne saurait conce v oir
les e xp ériences aux quelles il a soumis le malheur eux Dr e yfus, les pièg es
dans lesquels il a v oulu le fair e tomb er , les enquêtes folles, les
imaginations monstr ueuses, toute une démence torturante .
Ah  ! cee pr emièr e affair e , elle est un cauchemar , p our qui la connaît
dans ses détails v rais  ! Le commandant du Paty de Clam ar rête Dr e yfus, le
met au se cr et. Il court chez madame Dr e yfus, la ter r orise , lui dit que si elle
p arle , son mari est p erdu. Pendant ce temps, le malheur eux s’ar rachait la
chair , hurlait son inno cence . Et l’instr uction a été faite ainsi, comme dans
une chr onique du X V ᵉ siè cle , au milieu du my stèr e , av e c une complication
d’ e xp é dients far ouches, tout cela basé sur une seule char g e enfantine , ce
b order e au imbé cile , qui n’était p as seulement une trahison v ulg air e , qui
était aussi la plus impudente des escr o queries, car les fameux se cr ets
liv rés se tr ouvaient pr esque tous sans valeur . Si j’insiste , c’ est que l’ œuf
est ici, d’ où va sortir plus tard le v rai crime , l’ép ouvantable déni de
justice dont la France est malade . Je v oudrais fair e toucher du doigt comment
l’ er r eur judiciair e a pu êtr e p ossible , comment elle est né e des
machinations du commandant du Paty de Clam, le g énéral Mer cier , les
3J’accuse ! Chapitr e
g énéraux de Boisdeffr e et Gonse ont pu s’y laisser pr endr e , eng ag er p eu à
p eu leur r esp onsabilité dans cee er r eur , qu’ils ont cr u de v oir , plus tard,
imp oser comme la vérité sainte , une vérité qui ne se discute même p as.
A u début, il n’y a donc, de leur p art, que de l’incurie et de l’inintellig ence .
T out au p

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