La Galilée
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Description

Parmi ses nombreux récits, le triptyque Le Désert, Jérusalem, La Galilée tient une place particulière puisque ce voyage n’est pas lié comme la plupart à une mission militaire ou diplomatique, mais résulte d’une démarche personnelle de Loti. Il espère en foulant la Terre Sainte retrouver la foi de son enfance. Ce récit relève plus du journal intime. Le troisième volet de son triptyque commence le 17 avril 1894, lorsqu’il quitte Jérusalem, en direction de Damas puis Beyrouth où doit prendre fin son voyage en Terre Sainte. De sa quête presque naïve d'un signe de Dieu ou du Christ pour retrouver la foi, réel but de son voyage en Terre Sainte, Loti ressort plus proche encore de la mort, idée qui, en absence de foi en une religion, le terrifie.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 35
EAN13 9782824710945
Langue Français

Extrait

P I ERRE LO T I
LA GALI LÉE
BI BEBO O KP I ERRE LO T I
LA GALI LÉE
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1094-5
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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compris à Bib eb o ok.MON AMI
LÉO T H ÉMÈZEA MON COMPAGNON DE VOYAGE
P . LO T I
n
1P RÉF A CE DE L’A U T EU R
’    triste Galilé e au printemps, et l’ai tr ouvé e muee
sous un immense linceul de fleur s. Les ondé es d’av ril y tombaientJ encor e , et elle n’était qu’un désert d’herbag es, un monde de
graminé es légèr es, pr enant vie nouv elle au chant d’innombrables oise aux.
Les grands souv enir s, les débris, les ossements semblaient plus pr
ofondément y sommeiller , sous ce silencieux r enouv e au des plantes, — et j’ai
v oulu, dans mon ré cit, les r emuer à p eine . A ux appr o ches de Nazar eth et
de la mer de ibériade , le fantôme ineffable du Christ deux ou tr ois fois
s’ est montré , er rant, pr esque insaisissable , sur le tapis infini des lins r oses
et des pâles mar guerites jaunes, — et je l’ai laissé fuir , entr e mes mots tr op
lourds. . .
Les asp e cts intimes de la camp agne , la couleur , les sons et les p arfums,
c’ est tout ce que j’ai p eut-êtr e noté en p assant.
Et c’ est d’ailleur s, dans ce p ay s sacré de Gâlil tant de fois dé crit p ar
les p oètes mer v eilleux, la seule p art que mes aînés m’aient laissé e .
P . LO T I.
n
2CHAP I T RE I
Mardi, 17 av ril 1894.
  ,  de la p orte de Jaffa, nous montons à che val p ar
grand v ent et pluie glacé e . Nous quions Jér usalem sous desA nuag es de tour mente .
C’ est le côté des concessions eur op é ennes, des hôtels, des toits en tuiles
r oug es. — et la ville sainte , der rièr e nous, s’éloigne av e c des asp e cts de
ville quelconque  ; puis, disp araît dans les r eplis d’un p ay s désert, sans
maisons et sans arbr es, où des régions pier r euses alter nent av e c des
champs d’ or g e . Entr e Jér usalem et D amas, où nous comptons nous r endr e
en trav er sant l’antique Galilé e , il n’ e xiste p as encor e de r oute  ; on va d’un
villag e à un autr e , p ar de simples sentier s qui sont des casse-cou plus
dang er eux aux che vaux que les champs d’alentour . Et br usquement nous
sommes dans des solitudes désolé es que le v ent balay e et où la pluie r
uis3La Galilé e Chapitr e I
selle  ; le soir , nous aur ons p our gîte , en un p oint quelconque du sombr e
p ay s, ces tentes déjà tr emp é es d’ e au, que des mules, der rièr e nous,
charrient p éniblement, en glissant dans la b oue à chaque p as.
D es or g es et des pier r es, à p erte de v ue il n’y a rien d’autr e , et p as un
abri.
Les impr essions des der nièr es heur es de Jér usalem, les nav rantes et
les douces, se disp er sent et s’éteignent dans l’ esp ace vide , dans le fr oid,
dans la mouillur e , dans le coup de fouet continuel des rafales. Nous ne
sommes plus que des er rants quelconques, en lue phy sique contr e un
temps d’hiv er , et, p ar moments, contr e nos che vaux qui tour nent le dos
à l ’ ondé e cinglante , r efusant d’avancer . — Sinistr e dép art qui nous donne
l’ envie de r ebr ousser chemin.
Après quatr e heur es d’étap e , halte au hame au p erdu qui s’app elle
Béïtine . Il v ente tempête . Un Arab e hospitalier nous offr e comme r efug e la
maison, le cub e de pier r e tout noir ci de fumé e qu’il habite av e c ses p
etits. T ransis, nous nous sé chons là de vant un grand feu de branches, qui
nous enfume à nous fair e pleur er . D ans le désert r o cheux qui nous
envir onne , les rafales sifflent, la pluie s’abat, furieuse . Et, l’un après l’autr e ,
amenés p ar la curiosité , les lab our eur s des champs v oisins entr ent, le
burnous r uisselant, font cer cle av e c nous autour du feu  ; bientôt une bué e de
vap eur monte de nos vêtements à tous et se mêle à l’âcr e fumé e . Il fait
pr esque nuit, dans ce gîte sans fenêtr e , qui ne pr end jour que p ar la p orte .
Et ce sont les p ay sans actuels de la Judé e , ces hommes à turban
qui nous entour ent  : envahisseur s sé culair es, comme les Bé douins leur s
frèr es nomades  ; s my stérieux, v enus, semblerait-il, p our e x
écuter contr e ce p ay s la menace des pr ophéties bibliques, p our lentement
dép eupler , lentement détr uir e , rép andr e d’étrang es tor p eur s sur ces
camp agnes et maintenir à jamais l’immobilité des r uines.
Il donna aussi le nom de Béthel c’ est-à-dir e maison de Dieu , à la ville
qui aup aravant s’app elait Luza.
( Genèse , XX V I I I, 10.)
On était r elativ ement bien là , autour de ce feu, et, en se chauffant, on
s’ eng ourdissait, de vant les flammes dansantes, dans une sorte de sommeil.
Cep endant, il faut r ep artir , puisque nous av ons tant fait que de nous
mer e en r oute . A la p orte , nos p auv r es che vaux mouillés nous aendent.
4La Galilé e Chapitr e I
Et, quand nous sommes en selle , nous r eg ardons, avant de nous
éloigner , les infor mes r uines qui gisent encor e autour de nous, confondues
av e c les r o cher s et la ter r e .
Béïtine ( ou Béthel), c’était la Luza de la Genèse , dont Jacob chang e a
le nom à la suite d’un song e p endant le quel cee insondable pr ophétie
lui avait été faite , comme à Isaac son pèr e  : Toutes les nations de la terre
seront bénies en Celui qui sortira de vous. D ans la suite des âg es, Béthel eut
ses moments de grandeur  ; l’ Ar che de l’ Alliance y fut quelque temps
dép osé e dans un sanctuair e de Jého vah, et plus tard Jér ob o am y constr uisit
un temple du V e au d’ or . A ujourd’hui, ses débris se v oient à p eine et son
nom est pr esque oublié  ; dans une région abandonné e des hommes et des
arbr es, elle est le gîte d’une cinquantaine d’ Arab es lab our eur s aux allur es
sauvag es.
Nous cheminons tr ois heur es encor e , dans des sentier s où nos
chevaux ont p arfois de l’ e au jusqu’aux g enoux.
Le p ay s demeur e p ar eil  : toujour s des or g es et toujour s des pier r es
(pier r r es), des pier r es surtout, lavé es à grande e au et dang er eusement
glissantes sous nos p as  ; des étendues blanchâtr es, des étendues grises,
de mor nes horizons vides où se pr omènent des nuag es noir s. A u
crépuscule , tout cela se fait plus désolé , ap er çu à trav er s la pluie foueante . Une
sorte de neig e fondue tomb e sur nous sans mer ci, tr emp e nos vêtements
et nous glace . Nous sommes transis jusqu’à l’âme , quand nous ar riv ons
au hame au de Senghel où nous de v ons p asser la nuit  : gr oup e d’une
douzaine de cub es de pier r e que sur montent des p etites coup oles  ; gr oup e
p erdu, camp é sur une hauteur et dominant de solitair es lointains.
Nos tentes mouillé es ne seraient v raiment p as habitables, p ar le grand
v ent qui souffle . Alor s un p atriar che arab e , sur notr e demande , nous prête
p our la nuit l’un de ces cub es v oûtés dont l’ ensemble comp ose sa maison  ;
il en p ossède quatr e p ar eils, ouv rant p ar des ogiv es sur une sorte de cour
intérieur e qui est chaque soir r emplie de moutons et de chè v r es.
Pour des nomades que nous sommes, c’ est là un gîte inesp éré , ce
solide blo c de maçonnerie . Il est tout badig e o nné de chaux blanche , av e c
des niches ogivales cr eusé

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