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Description

1832. La Comédie humaine - Études de moeurs. Premier livre, Scènes de la vie privée - Tome II. Deuxième volume de l'édition Furne 1842. Deux jeunes gens voyagent en diligence vers Moulins. Un accident interrompt ce voyage. Un des deux jeunes hommes, grièvement blessé et se sachant mourrant, confie à son compagnon le soin d'annoncer sa mort à sa maîtresse, la comtesse Juliette de Montpersan. Le messager raconte comment il a rempli sa triste mission. Extrait : Une jolie petite fille à cheveux bouclés, à ceinture rose, à robe blanche, à pèlerine plissée, arriva sur ces entrefaites, entendit ou saisit la demande et la réponse. A mon aspect, elle disparut en criant d’un petit accent fin : ― Ma mère, voilà un monsieur qui veut vous parler. Et moi de suivre, à travers les détours des allées, les sauts et les bonds de la pèlerine blanche, qui, semblable à un feu follet, me montrait le chemin que prenait la petite fille.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 38
EAN13 9782824710112
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
LE MESSA GE
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
LE MESSA GE
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1011-2
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
Except where otherwise noted, this work is licensed under
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distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.LE MESSA GE
A MONSI EU R LE MARQU IS D AMASO P ARET O
’    le désir de raconter une histoir e simple et v raie ,
au ré cit de laquelle un jeune homme et sa maîtr esse fussent saisisJ de fray eur et se réfugiassent au cœur l’un de l’autr e , comme deux
enfants qui se ser r ent en r encontrant un ser p ent sur le b ord d’un b ois. A u
risque de diminuer l’intérêt de ma nar ration ou de p asser p our un fat, je
commence p ar v ous annoncer le but de mon ré cit. J’ai joué un rôle dans
ce drame pr esque v ulg air e  ; s’il ne v ous intér esse p as, ce sera ma faute
autant que celle de la vérité historique . Be aucoup de choses véritables
sont souv erainement ennuy euses. A ussi est-ce la moitié du talent que de
choisir dans le v rai ce qui p eut de v enir p o étique .
En 1819, j’allais de Paris à Moulins. L’état de ma b our se m’ oblig e ait
à v o yag er sur l’imp ériale de la dilig ence . Les Anglais, v ous le sav ez, r
eg ardent les places situé es dans cee p artie aérienne de la v oitur e comme
les meilleur es. Durant les pr emièr es lieues de la r oute , j’ai tr ouvé mille e
xcellentes raisons p our justifier l’ opinion de nos v oisins. Un jeune homme ,
qui me p ar ut êtr e un p eu plus riche que je ne l’étais, monta, p ar g oût,
1Le messag e Chapitr e
près de moi, sur la banquee . Il accueillit mes ar guments p ar des
sourir es inoffensifs. Bientôt une certaine confor mité d’âg e , de p ensé e , notr e
mutuel amour p our le grand air , p our les riches asp e cts des p ay s que
nous dé couv rions à mesur e que la lourde v oitur e avançait  ; puis, je ne sais
quelle araction magnétique , imp ossible à e xpliquer , fir ent naîtr e entr e
nous cee espè ce d’intimité momentané e à laquelle les v o yag eur s
s’abandonnent av e c d’autant plus de complaisance que ce sentiment éphémèr e
p araît de v oir cesser pr omptement et n’ eng ag er à rien p our l’av enir . Nous
n’avions p as fait tr ente lieues que nous p arlions des femmes et de
l’amour . A v e c toutes les pré cautions oratoir es v oulues en semblable o
ccurr ence , il fut natur ellement question de nos maîtr esses. Jeunes tous deux,
nous n’ en étions encor e , l’un et l’autr e , qu’à la femme d’un certain âge ,
c’ est-à-dir e à la femme qui se tr ouv e entr e tr ente-cinq et quarante ans.
Oh  ! un p oète qui nous eût é coutés de Montar gis, à je ne sais plus quel
r elais, aurait r e cueilli des e xpr essions bien enflammé es, des p ortraits
ravissants et de bien douces confidences  ! Nos craintes pudiques, nos
interje ctions silencieuses et nos r eg ards encor e r ougissants étaient empr eints
d’une élo quence dont le char me naïf ne s’ est plus r etr ouvé p our moi. Sans
doute il faut r ester jeune p our compr endr e la jeunesse . Ainsi, n ous nous
comprîmes à mer v eille sur tous les p oints essentiels de la p assion. Et,
d’ab ord, nous avions commencé à p oser en fait et en princip e qu’il n’y avait
rien de plus sot au monde qu’un acte de naissance  ; que bien des femmes
de quarante ans étaient plus jeunes que certaines femmes de vingt ans,
et qu’ en définitif les femmes n’avaient ré ellement que l’âg e qu’ elles p
araissaient av oir . Ce sy stème ne meait p as de ter me à l’amour , et nous
nagions, de b onne foi, dans un o cé an sans b or nes. Enfin, après av oir fait
nos maîtr esses jeunes, char mantes, dé v oué es, comtesses, pleines de g oût,
spirituelles, fines  ; après leur av oir donné de jolis pie ds, une p e au satiné e
et même doucement p arfumé e , nous nous av ouâmes, lui, que madame une
telle avait tr ente-huit ans, et moi, de mon côté , que j’adorais une
quadrag énair e . Là-dessus, déliv rés l’un et l’autr e d’une espè ce de crainte vague ,
nous r eprîmes nos confidences de plus b elle en nous tr ouvant confrèr es
en amour . Puis ce fut à qui, de nous deux, accuserait le plus de
sentiment. L’un avait fait une fois deux cents lieues p our v oir sa maîtr esse
p endant une heur e . L’autr e avait risqué de p asser p our un loup et d’êtr e
2Le messag e Chapitr e
fusillé dans un p ar c, afin de se tr ouv er à un r endez-v ous no ctur ne .
Enfin, toutes nos folies  ! S’il y a du plaisir à se rapp eler les dang er s p assés,
n’y a-t-il p as aussi bien des délices à se souv enir des plaisir s é vanouis  :
c’ est jouir deux fois. Les p érils, les grands et p etits b onheur s, nous nous
disions tout, même les plaisanteries. La comtesse de mon ami avait fumé
un cig ar e p our lui plair e  ; la mienne me faisait mon cho colat et ne p
assait p as un jour sans m’é crir e ou me v oir  ; la sienne était v enue demeur er
chez lui p endant tr ois jour s au risque de se p erdr e  ; la mienne avait fait
encor e mieux, ou pis si v ous v oulez. Nos maris adoraient d’ailleur s nos
comtesses  ; ils vivaient esclav es sous le char me que p ossèdent toutes les
femmes aimantes  ; et, plus niais que l’ ordonnance ne le p orte , ils ne nous
faisaient tout juste de p éril que ce qu’il en fallait p our augmenter nos
plaisir s. Oh  ! comme le v ent emp ortait vite nos p ar oles et nos douces risé es  !
En ar rivant à Pouilly , j’ e x aminai fort aentiv ement la p er sonne de
mon nouv el ami. Certes, je cr us facilement qu’il de vait êtr e très
sérieusement aimé . Figur ez-v ous un jeune homme de taille mo y enne , mais
trèsbien pr op ortionné e , ayant une figur e heur euse et pleine d’ e xpr ession.
Ses che v eux étaient noir s et ses y eux bleus  ; ses lè v r es étaient
faiblement r osé es  ; ses dents, blanches et bien rang é es  ; une pâleur gracieuse
dé corait encor e ses traits fins, puis un lég er cer cle de bistr e cer nait ses
y eux, comme s’il eût été convalescent. Ajoutez à cela qu’il avait des mains
blanches, bien mo delé es, soigné es comme doiv ent l’êtr e celles d’une
jolie femme , qu’il p araissait fort instr uit, était spirituel, et v ous n’aur ez p as
de p eine à m’accorder que mon comp agnon p ouvait fair e honneur à une
comtesse . Enfin, plus d’une jeune fille l’ eût envié p our mari, car il était
vicomte , et p ossé dait envir on douze à quinze mille liv r es de r entes, sans
compter les espérances .
A une lieue de Pouilly , la dilig ence v er sa. Mon malheur eux camarade
jug e a de v oir , p our sa sûr eté , s’élancer sur les b ords d’un champ
fraîchement lab ouré , au lieu de se cramp onner à la banquee , comme je le fis,
et de suiv r e le mouv ement de la dilig ence . Il prit mal son élan ou glissa,
je ne sais comment l’accident eut lieu, mais il fut é crasé p ar la v oitur e ,
qui tomba sur lui. Nous le transp ortâmes dans une maison de p ay san. A
trav er s les g émissements que lui ar rachaient d’atr o ces douleur s, il put me
léguer un de ces soins à r emplir aux quels les der nier s v œux d’un mourant
3Le messag e Chapitr e
donnent un caractèr e sacré . A u milieu de son ag onie , le p auv r e enfant se
tour mentait, av e c toute la candeur dont on est souv ent victime à son âg e ,
de la p eine que r essentirait sa maîtr esse si elle appr enait br usqueme

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