PEREGRINATION d une FAMILLE NOMBREUSE SINGULIERE
358 pages
Français

PEREGRINATION d'une FAMILLE NOMBREUSE SINGULIERE

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Description

La vie tourmentée de Jean, fils d'un père instituteur dans l'Enseignement Catholique, depuis l'Occupation jusqu'à nos jours.

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Publié le 10 novembre 2020
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Extrait

BLANCHARD Jef PÉRÉGRINATIOND’UNEFAMILLE NOMBREUSE SINGULIÈRE I
PROLOGUE Qui ne connaît la trilogie de Marcel Pagnol ? ‘‘La gloire de mon père’’‘‘Le château de ma mère’’‘‘Le temps des secrets’’Cette vie d’instituteur public au siècle dernier avec ses rentrées scolaires, ses grandes vacances, ses ambitions professionnelles et sa vie familiale. Un régal avec l’accent du midi et le chant des ciga-les. On connaît moins la vie d’un instituteur de l’autre réseau, le privé confessionnel. C’est le pari qui est fait ici de la dépeindre en suivant Jeannot, l’un des fils du directeur d’école catholique, et croyez-le, les anecdotes sont croustillantes, parfois banales, d’autres peu édifiantes voire scabreuses, le plus souvent ignorées. C’est incarné dans une famille certainement unique en son genre puisque, le temps venu, le pè-re et deux des fils y enseigneront de conserve plu-sieurs années de suite, une entreprise familiale... impossible dans l’enseignement public...Les lieux sont réels. Les faits, comme cha-cun sait, sortis de l’imagination de l’auteur. Par extraordinaire, si des personnages ou des institutions venaient à s’y reconnaître ce se-rait pure coïncidence...
LES ANNÉES VERT - DE - GRIS
Naissance à Fayl-Billot Il aurait pu dormir dans un berceau d’osier ce bé-bé qui vient de naître ce 20 mai 1939 à Fayl-Billot. C’est une bourgade de la Haute-Marne réputée pour son école internationale de vannerie. Jean, le nouveau-né qui deviendra bien vite Jeannot puis Nono, arrive tout de suite après sa sœur Marie-Thérèse et son aîné Yves. Augustine la maman, épuisée par ces naissances rapprochées successives se verra tancer par le médecin de famille : «Vous ne devrez plus avoir d’enfants, c’est au risque de votre vie ! »  Elle est belle femme Augustine, élégante, la nou-velle génération de bretonnes qui ne portent plus la coiffe. Pourtant son enfance fut rude. Elle n’a que dix ans quand sa maman, née Plunian, décède dans des conditions tragiques. Le silence perdurera sur le drame.  Un bruit courra, à moins que ce ne soit une expli-cation à l’usage des petits-enfants, elle serait morte à l’hôpital, après une crise d’hystérie, étouffée entre deux matelas. Quelle horreur ! sans doute encore plus cruelle que la réalité qu’on a voulu cacher. La jalousie, à n’en
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pas douter maladive, la poussa à se jeter dans le puits. Augustine fut alors placée, logée et nourrie, dans une ferme en échange de menus services et de la garde des quelques vaches comme il était coutume de la donner aux enfants à cette époque en Bretagne.  Le temps passa. À la poste de Theix, pays vanne-tais, vint officier Marguerite, la sœur d’André, le papa. Celle-ci fit la connaissance d’Augustine, elles se lièrent d’amitié et c’est ainsi qu’Augustine eut l’occasion derencontrer son futur mari de Peillac, pays redonnais.  Nono a pu voir souvent les deux photos, plus grandes que les habituels tirages et colorisées habile-ment sans aucun doute par un professionnel. L’une re-présentait Augustine, prenant la pause avec élégance, assise, en robe moderne, écoutant la radio, un magnifi-que et volumineux poste. Il aurait pu penser que c’était sa maman à l’écoute de l’appel de Londres. C’était en 1937 ou 1938, pour l’appel du général il faudra atten-dre. L’autre, c’était Yvon bébé sur son coussin, ronde-let, potelé, les joues bien roses. Nono a cru longtemps que son instituteur de père en était l’auteur. Ce qui au-rait pu être le cas. Avant de rencontrer son épouse il était actif dans les groupes de jeunes et il avait touché à la photo, à la prise de vue, au développement etc… Il l’avait lu quand il farfouillait, le vilain, dans les archives du courrier paternel ! Par la suite il n’y avait eu que des tirages ordinaires, nombreux mais de petit format et jamais plus colorisés.
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La guerre Des bruits de bottes retentissent alors sur le pays. Et Jeannot de se dire dans son petit cerveau en forma-tion :  « Mais quelle idée ils ont eue mes chers papa et maman de me donner pour prénom celui de leur oncle mort à la fleur de l’âge dans les tranchées de quatorze ? Ce n’est pas un bon présage du tout, il faudra que je leur braille ça, je veux vivre ma vie !  Je suis né à Fayl-Billot, oui je sais, comme ce célè-bre personnage que fut monseigneur d’Arbois. Com-bien de fois notre papa nous en parle et nous en parle-ra. Il a même hérité, lui, d’une sainte relique dont il nous gavera de présentations, la fourchette de plat de ce prélat. Elle est peut-être authentique, un manche en ébène dirait-on, le métal argenté vraiment patiné. No-tre papa est dévot, c’est un peu naturel dans ces établis-sements confessionnels, son commerce avec les autori-tés paroissiales permettent cette hypothèse. Comme il frôle la bigoterie il se peut aussi qu’il se soit procuré une copie dans le magasin de bondieuseries qui ne
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manque pas d’exister sur place pour garder la mémoire de cet enfant illustre de la commune !  Mais alors quel mauvais présage encore. Je veux bien devenir évêque de Langres, même prélat en la ca-thédrale Notre Dame de Paris... Le malheureux se fourvoiera et dans ce lieu et au mauvais moment : en 1848. La Commune l’exécutera. » Il faut quand même dire que ce constat sur les tra-vers paternels ne sont apparus que bien plus tard, après une longue vie d’adulte, quand Jean ayant été touché un temps par ces mêmes outrances et en étant sorti laïque-ment après le service militaire et les événements de 1968, il analysa l’affaire avec beaucoup de recul.Dans les familles, la panique commence à s’éten-dre. On parle d’invasion par l’ennemi héréditaire alle-mand. La Haute-Marne, bien à l’Est, sera touchée en premier. André en père de famille conscient y pense. Il est directeur de l’école paroissiale. Il vient récemment de sa Bretagne natale où il a été formé au métier chez les frères de Ploërmel tandis que le Front Populaire prenait forme. Il profite des grandes vacances pour ex-plorer les possibilités de fuir cette zone, sans doute poussé par les alarmes d’Augustine qui ne veut absolu-ment pas voir ses enfants mâles amputés de la main droite, c’est ce que la rumeur répand sur les exactions des boches, chleuhs, teutons, fritz, doryphores, frido-lins, des envahisseurs quoi, qui se préparent à déferler sur les frontières du pays.
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HéritageMarité vient d’être opérée, mal, pour son pied. El-le en gardera à jamais les séquelles physiques, sans en faire un drame, elle a du caractère. Inutile d’aller cher-cher loin les raisons. Comme ce fut le cas de moult couples bretons, on se marie entre cousins. Serait-ce l’extrême timidité trop répandue chez eux ? La vie sou-vent dans la promiscuité, dans l’entre-soi ? L’humilité exagérée ou la pauvreté endémique de la ruralité bre-tonne ? Toujours est-il que ce fut le cas du grand-père Yves Blanchard, couvreur de son état quoique d’originepaysanne, d’avec sa cousine Aimée Moisan. Un arrière-petit-enfant, Toto, se pendra à l’adolescence. Un autre, Crancran, handicapé mental léger, de-vra s’y faire et sa famille assumer ; la dernière, Gweno-la, abandonnera la vie peu après sa naissance par man-que de renouvellement du sang pour cause probable de consanguinité.  Une arrièrearrière-petite-fille, Tiphaine naîtra marquée d’une forme d’autisme, muette et d’équilibre
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physique peu stable. Pour cette dernière, on ne peut pas dire qu’en soit responsables les aïeuls bretons puis-que Fabien, le papa adopté, était coréen. Cependant, analyse faite, des chromosomes chez lui et chez sa par-tenaire ont révélé des traces de consanguinité héritée.  Du côté maternel, le grand-père Mathurin Juhel, menuisier, épousa en premières noces une demoiselle Plunian qui laissera d’autres traces comme on l’a vu précédemment.Aujourd’hui il paraît qu’un test dans ce domaine est obligatoire avant le mariage pour mettre les couples en garde. Mais les cousins, eux, savent d’avance… et le mariage devient de plus en plus rare…
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Exode Est-ce le hasard de l’exode ? Est-ce les petites annonces ?  Est-ce le réseau de l’enseignement libre dont Jean Bogé, enfant de Peillac installé à Montargis, fait partie ? Le père de famille apprend que l’école privée de Courtenay dans le Loiret cherche un directeur pour la rentrée. Une aubaine pour la famille qui partira en ca-tastrophe dans la Panhard sur les routes encombrées comme jamais d’une file ininterrompue d’attelages di-vers et y fera halte. Le petit Nono aura la chance de trouver pour la nuit et refuge et son lait dans une ferme hospitalière . Ce qu’il ne vous dit pas c’est qu’il voyagea confortablement lové dans un hamac ingénieusement installé par ses parents, comme Jésus dans la crèche ! Il n’a ainsi rien vu du gigantesque désordre de la route : voitures en panne par manque de carburant, galeries surchargées qui flanchent, véhicules hippomobiles qui ralentissent tout, dépassements qui bloquent, automo-bilistes naufragés et leur suite qui encombrent la voie et
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quémandent une place pour atteindre au moins le pro-chain village, tout cela sous le soleil brûlant de l’été… Dieu merci, si l’on peut dire dans ces circonstances, il n’y a pas trop de circulation inverse et pour cause.Quels souvenirs vagues remontent à la mémoire du petit Jeannot dans ces premiers temps à Courtenay ? Nous savons, nous, qu’en septembre la guerre est dé-clarée à l’Allemagne; qu’après un temps de calme plat ça commence à mal se passer, puis ça se dégrade, puis c’est la débandade et la défaite avec son lot d’humilia-tions nationales. La voiture du directeur d’école est bien vite garée et cachée sous les fagots de petit bois dans un bâtiment du presbytère où elle y restera durant toute la durée de la guerre. Il fallait éviter la réquisition par les envahisseurs.
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