Thèse YCARD
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Document mis à notre disposition par Elie PELAQUIER directeur de recherche au CNRS. Transcription des pages 1 à 13 descriptives de Laudun , la page 31 sur Orsan, les pages 34 et 35 sur Caudoulet et la page 40 sur St Victor. La suite ne se rapporte qu’aux traitements des diverses maladies. La copie entière de l’original est visible à la bibliothèque municipale de Laudun. Transcription sur WORD : Claude COULLOMB e 2 Prix ( jeton d’or ) remis à M. YCARD Etienne de Laudun Docteur en médecine à Bagnols Histoire naturelle des lieux de Laudun, Orsan et Caudoulet ( mai 1786 ) Ce mémoire fut couronné par la Société royale de médecine de Paris, le 27 février 1787, comme un des meilleurs écrits sur la topographie médicale. Laudun et non Loudun, comme on le voit désigné dans plusieurs ouvrages de géographie, en latin Laudunum, est une petite ville située à environ une lieue et un tiers de Bagnols, trois lieues du Pont St Esprit, quatre lieues d’Uzès, deux lieues de Roquemaure, deux lieues d’Orange et quatre d’Avignon, dans le bas Languedoc. Le territoire de Laudun est borné au nord par les territoires de Bagnols et d’Orsan ; au levant par le territoire d’Orsan, la rivière de Cèse qui sépare le territoire de Caudoulet, le Rhone qui sépare le territoire de Caderousse, les territoires de Montfaucon, de St Geniès et de St Laurent des arbres ...

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             Document mis à notre disposition par Elie PELAQUIER directeur de recherche au CNRS.  Transcription des pages 1 à 13 descriptives de Laudun , la page 31 sur Orsan, les pages 34 et 35 sur Caudoulet et la page 40 sur St Victor. La suite ne se rapporte qu’aux traitements des diverses maladies. La copie entière de l’original est visible à la bibliothèque municipale de Laudun. Transcription sur WORD : Claude COULLOMB      2ePrix ( jeton d’or ) remis à M. YCARD Etienne de Laudun  Docteur en médecine à Bagnols             naturelle des lieux de Histoire Laudun, Orsan et Caudoulet ( mai 1786 )   Ce mémoire fut couronné par la Société royale de  médecine de Paris, le 27 février 1787, comme un des   meilleurs écrits sur la topographie médicale.  
      Laudun et non Loudun, comme on le voit désigné dans plusieurs ouvrages de géographie, en latin Laudunum, est une petite ville située à environ une lieue et un tiers de Bagnols, trois lieues du Pont St Esprit, quatre lieues d’Uzès, deux lieues de Roquemaure, deux lieues d’Orange et quatre d’Avignon, dans le bas Languedoc. Le territoire de Laudun est borné au nord par les territoires de Bagnols et d’Orsan ; au levant par le territoire d’Orsan, la rivière de Cèse qui sépare le territoire de Caudoulet, le Rhone qui sépare le territoire de Caderousse, les territoires de Montfaucon, de St Geniès et de St Laurent des arbres ; au midi par les territoires de St Laurent, de St
 
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Victor de la Coste, de St Paul, de Conaux et la petite terre de Ribas ; enfin au couchant par les territoires de Conaux et de Tresques. La partie nord-ouest du territoire de Laudun qui a prés de quatre lieues de circuit est une chaine de montagnes au nombre de trois principales addossées les unes aux autres, dans la direction du nord-est au nord-ouest qui ont reçu trois noms différens a raison d’une toise de différence dans l’élévation de leurs sommets applatis et formant par leur réunion et leur contiguïté une plaine d’environ demi lieue de long sur un quart de large. Leurs parties orientales et septentrionales sont échancrées de combes ou vallons profonds d’où sortent quelques sources assez abondantes qui vont arroser les territoires de Bagnols et d’Orsan. Leur sommet est couronné de rochers droits, fort élevés, de nature calcaire qui ressemblent de loin à de remparts et ne laissent que peu d’issues pour y parvenir. La plus orientales des trois appellée St Jean appartient en entier au territoire de Laudun, on découvre du sommet de cette montagne presque tout le comtat venaissin, Orange, Carpentras, le rocher d’où sort la fontaine de vaucluse. La vue une des plus étendue qu’il soit possible d’avoir dans le bas Languedoc s’étend vers le levant a la distance de dix a douze lieues, on trouve sur le sommet de cette montagne pelée, en général quelques terres labourables, des restes d’une ancienne habitation et nombre de médailles en argent et autre métal frappées sous les règnes des premiers empereurs romains. C ‘est au pied de cette montagne et sur le chemin de Laudun à Orsan qu’on a ouvert plusieurs mines de charbon de terre trop sulphureux pour être utile aux maréchaux mais qui sert aux fours à chaux au nombre de sept à huit et qu’on brûle encore dans les filatures de la soie, au pied de la même montagne dans une vallée et sur le même route est une source appellée Malcrose du nom de la vallée à l’eau de laquelle le peuple attribue une vertu laxative et rafraichissante, je priai Mr Madier mon confrère à Bagnols très instruit dans la chimie d’en faire l’analyse et j’en fis l’essai sur moi-même
 
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en en buvant en diverses fois la quantité requise , j’observai qu’elle n’avoit une vertu apéritive que par la quantité que j’en prenois et Mr Madier n’en retira qu’une sélénité tant soit peu plus abondante qu’elle n’est dans l’eau commune. Au couchant de la montagne de St Jean et attenante est celle de la Cau la plus considérable des trois dont une petite portion orientale appartient au terroir d’Orsan et une pareille septentrionale à celui de Bagnols. Au couchant de la précédente est la montagne de St Pierre de Castres ainsi appellée a raison d’une église dédiée a ce saint. L’épithète de Castres du latin castrum château fort ancienne forteresse dont il reste des traces. Les penchants septentrionaux de ces montagnes sont recouverts de chènes verts, les autres secs et arides, dans un fond pierreux, sont incultes à la distance de prés cinquante toises du sommet et cultivés jusqu’à leurs sommets complantés de vignes et d’oliviers avec quelques terres labourables, dans un fond d’argile, de sable et de terre calcaire ou d’une terre rouge qui ne produit ni la bonne huile ni le bon vin. Les arbres qui croissent naturellement sur le sommet et les penchants de ces diverses montagnes sont les chènes verts et blancs, l’ormeau, le micocoulier . C ’ eux qu on y cultive sont l’olivier, le figuier, le cerisier, le sorbier. Parmi ceux d’une moindre hauteur et les arbrisseaux qui y croissent naturellement, on y voit l’agas, acer campestre, faux érable, le guananier ou arbre de judée, le cornier ou cornouiller cornus hortensis mas fructurus et le sanguin, le réaminus, le prunier sauvage ou prunelier, prunus spinosa , le baguenodier colutea arborescens , les chèvrefeuils, le broesne, le filaria, le grenadier, les genets épineux et à balais, les junipérus communis, oxycedrus et phoenicea, l’églantier, une espèce de thérébinte et le chène à cochenille le plus commun de tous les arbrisseaux. La vigne est le seul arbuste qu’on y cultive. Les plantes y sont en grand nombre et très variées. De la classe des odoriférantes s’y trouvent les lavandes, le thym, le serpolet, l’origan, les sauges, les mélisses, l’absinthe, l’aurone, la sariette, l’hysope, la rhue, la bénoite, le petit chène, le pouliot, le
 
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chamepitis, les marrhubes, les aristoloches, la bétoine, les immortelles, ensuite les centaurées, la gentiane, les scabieuses, puis la garence, l’asperge, le grateron, les capillaires, la pimprenelle, le millepertuis, la pulmonaire de chène, l’alliaire, l’aulnée, le coqueret, l’hellebore pied de griphon, nombre d’euphorbes, la gratiole, le sainfoin hedisarum oncbrychis, les caille laits. On y trouve encore quelques plantes sarmenteuses telles que la douce-amère, l’herbe aux yeux. Ces montagnes sont abondantes en gibier. Le lièvre et le lapin y sont excellents. Les bêtes fauves qu’on y trouve, en petit nombre, sont le blaireau, le chat sauvage, le renard, la martre, le putoie, l’écureuil, la belette et parmi les reptiles plusieurs serpents et le lézard aux quels on ne sache pas devoir attribuer un venin bien dangereux. Ceux d’entre les volatiles qui y nichent sont la perdrix rouge et grise, le duc dans les trous des rochers qui bordent le sommet des trois plus hautes montagnes, la tourterelle, le merle, le darnagas sasser montanus willughby, le chardoneret, la dinote, le serein, le verdon curuca, le roitelet passer troglodites gesneri, l’auriol oriolus, la gorge rouge aubecula, le pivert picus viridis. La plaine de Laudun a environ une lieue et demi de longueur depuis Tresques jusqu au Rhone du couchant au levant sur demi lieue de largeur moyenne, elle est arrosée, dans la même direction, par la petite rivière de Tave qui prend sa source au delà de Cavillargues, passe par Tresques, vient passer en dessous au midi et à la distance de quatre à cinq cent pas de Laudun et va se jetter dans la Cèse prés de son embouchure au Rhone, après avoir reçu, dans son trajet, les eaux des fontaines de Conaux et quelques autres petits ruisseaux. Les poissons qu’on pêche dans cette petite rivière sont excellents et se réduisent à la sophie, le goujon, l’anguille, le meunier, le barbeau, la loche, la carpe, la perche et le brochet près de son embouchure. On y voit encore quelques loutres, des écrevisses, des tortues, des grenouilles dans les ruisseaux que le Tave reçoit. Les arbres qui croissent sur les bords de cette petite rivière sont les peupliers blancs et noirs, l’aulne, le saule, le frène, le cerisier, le griotier et parmi ceux d’une moindre
 
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hauteur, le noisetier, le tamaris, le sureau. Les plantes sont les roseaux, la saponaire, divers trèfles, la prêle equisétum, la brioine, le houblon, le souchet, le glayeul, la scrophulaire, la grande consoude, le jonc, le fenouil, le poivre d’eau, le tussilage, la violette, le fraisier, ec. On voit dans le restant de la plaine de chènes, dans quelques petits bois appartenants au seigneur ou à de particuliers, le noyer dont le nombre diminue chaque jour, quelques amandiers et des muriers en quantité. Elle offre encore en arbrisseaux l’aubébine, les houx, le grenadier, l’épinevinette, les ronces et en plantes l’hieble, l’arreteboeuf, les chardons, la chondrille qu’on appelle en langue du pays lanohonte de la racine de laquelle les enfans détachent, dans les mois de mai et juin, une substance gluante et élastique qu’ils dépurent de la terre qu ‘elle contient en la mâchant et font bouillir ensuite avec de l’huile et de la résine pour en faire une glu propre à prendre les oiseaux, les chicoracées, les bouraches, nombre de graminées, le coquelicot, le pavot cornu, la grande chelidoine, la cynoglosse, la jusquiame, la morelle, l’endormie stramonium, la renouée, la millefeuille, la quintefeuille, les thlaspi, la pervanche, les orties, la pimprenelle, l’aigremoine, le lierre des murailles, les anthyrrinum majus, linaria et cimbalaria, le grand et petit lizeron, la véronique femelle, les reseda, plusieurs orchis, plusieurs menthes, les rumex acutus, patientia, l’oxalis, le cresson, le raifort sauvage, la roquette, la drave, le relac, la fumeterre, le foenugrec, la camomille, le melilot, les mauves, la mercuriale, la parietaire, le senecon, la bardane, les verbascum, la paquette, le souci des champs, le concombre d ane, la fougère femelle, ec. Il y a de plus dans le terroir de Laudun quelques marroniers d’inde, quelques chataigners, quelques lauriers et deux pistachiers pistachia peregrina fructu racemoso seupherebintus indica theophrasti. La ville de Laudun est bâtie sur le penchant d’un des monts situés au pied de St Jean appellé Santa Fé, Ste Foi, un mur aujourd’hui moitié ruiné entourre la ville et la montagne, on ne sait rien de bien intéressant sur son antiquité prouvée par son nom lui
 
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même, par la nature de ses fortifications, les inscriptions sépulcrales trouvées dans son enceinte et les restes d’un ancien fort qui dominoit la ville, elle a soutenu des assauts dans ces derniers tems et des boulets de soixante et quatorze, de quarante huit, poids de table, trouvés dans ses fossés en font foi. Ses rues mal coupées sont étroites et scabreuses, les maisons y sont bâties avec une pierre dure et à mortier, elles sont à deux étages, le rez de chaussée sert de cave ou d’écurie, le premier étage séparé du rez de chaussée par une voûte et de second par un plancher de bois de chêne , de mûrier ou de sapin sert de logement aux habitans et le second de grenier à blé, il n’y a guères que les plus misérables qui couchent immédiatement sous les toits, on compte à Laudun environ quatre cent vingt maisons et deux mille à deux mille quatre centaines. Les habitans ne boivent d’autre eau que celle des puits et d’une fontaine qui n’offre rien de particulier, et n’est pas des plus abondante, de tous les puits, un seul n’a jamais tari mais il appartient à un particulier et le public en est privé, les puits publics y sont très mal entretenus, il arrive très souvent, en été, qu’on est réduit à boire une eau boueuses chargée de beaucoup de corps étrangers et même de petits insectes visibles à l’aide des microscopes les plus grossiers et quelques fois sans leur secours. Il y avoit à Laudun un hopital, c’étoit un batiment quarré de dix cannes de longueur sur huit de largeur, à deux étages y compris le rez de chaussée et divisé en quatre chambres. Il étoit situé au midi de la ville et destiné aux seuls malades du pays. Un paysan étoit chargé de la garde des malades. Le médecin et les chirurgiens du pays les y traitoient gratis. La direction de cet hopital étoit entre les mains des consuls, du prieur et d’un bourgeois trésorier à perpétuité. Les revenus de cet hoptital consistoient en censives et pensions de terres cédées à perpétuité, ce qui représentoient deux ou trois cent livres. Les directeurs jugèrent à propos, il y a quelques années, de vendre la maison et les revenus en sont appliqués au soulagement des pauvres malades. Outre les fonds de l’hopital, il y a encore à Laudun ceux de l’hérédité de Mr Ambicer qui se portent à
 
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deux cent soixante livres et sont destinés au soulagement des pauvres malades ou sains, pendant la mauvaise saison de l’année et lorsque la rigueur de tems ne leur permettent pas de travailler. Le prieur en dispose des deux tiers, les consuls de la première échelle de l’autre. Le cimetière est situé au midi de la ville et à la distance de prés d’un quart de lieue. On distingue les habitans de Laudun en quatre classes désignées par les quatre consuls. La première ou celle des bourgeois qui se portoit, il y a cent ans, à cinquante maisons est réduite à une douzaine. La seconde est celle des ménagers, ils ont une ou deux couples de mules, une charrette, un troupeau, ils sont au nombre de trente à quarante. La troisième classe est celle des laboureurs au nombre de prés de cent, ils ont une couple de mules, quelques uns une charrette, d’autres un petit troupeau, ils constituent la classe des habitans la plus laborieuse comme la plus aisée, les artistes tisserands au nombre d’une douzaine, tisseurs d’étoffe de filosette, menuisiers, serruriers, maréchaux sont de cette classe. Enfin la quatrième ou gens qui n’ont pas assez de biens fonds pour s’occuper toute l’année et vont travailler à journées pour les classes supérieures, est la plus nombreuse comme la plus mésirable, ceux d’entre eux qui aiment le travail, qui ne sont pas surchargés d’enfans qui ont des femmes économes, vivent à l’aise parce que ce n’est pas la terre qui manque aux hommes à Laudun mais bien les hommes à la terre. On en a voit plusieurs parvenir par cette voie, aux classes supérieures, quelques uns ont une mule, d’autres une couple d anes, plusieurs n’en ont qu’un et le plus grand nombre n’en a point . C’est dans un pays où le territoire est si vaste et j’ose dire assez bon qu’il faudroit encourager l’industrie, présenter l’agriculture comme le premier des arts, le travail comme une vertu et l’oisiveté comme le plus grand des vices. On voit à Laudun ce qui se voit partout, en fait des statures de générations de hautes et d’autres de basses tailles, les habitans sont tous de même communion, si on ni voit pas cette décensce religieuse toujours a désirer parmi le peuple, les préjugés n’y ont pas un empire aussi étendu que dans d’autres pays voisins, il en est pourtant dont l’origine
 
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est très ancienne, il suit par exemple, dans la plantation des végétaux, la taille de la vigne d’indication des phases de la lune, il est encore quelques femmes qui vont porter dans les restes d’un temple qu’on voit sur la montagne St Jean leur enfans malades de longue main, la, elles les dépouillent de leurs vétemens, les revètent de langes ou habits neufs, laissent les vieux et s’en retournent persuadées que l’enfant guérira ou mourra dans la neuvaine. Le peuple est fier, insolent, turbulent. Cette fierté de la population tient peut-être en partie au peu de facultés, à la désunion, à la mésintelligence des bourgeois autant par tempérament du général des habitans qui est le billieux. Il est en général fort en allure à l’état militaire, très attaché à ses seigneurs et à son Roy. Il se mange annuellement à Laudun prés de dix huit cent moutons et de trente à quarante bœufs. Chaque maison, en outre, est en usage de tuer un ou plusieurs cochons relativement à ses facultés et au nombre de personnes qui la composent. Il y a peu de chevaux au service des habitans parce qu’ils sont plus couteux à nourrir que les mules, pas aussi propres à l’espèce de travail auquel on soumet celles cy et parce que le pavé les faict bientôt périr par les pieds. Les mules sont au nombre d’environ deux cent couples, on y compte aussi quarante à cinquante couples d’anes, soixante charrettes et de huit à dix couples de bœufs. On peu calculer le nombre des bêtes à laine sur le pied de deux à trois mille. Il n y a presque pas de commerce à Laudun, chaque particulier est tout entier occupé du débit de ses denrées. L’occupation des femmes consistent dans les soins du ménage, la filature de la fisolelle et quelques légers travaux de la campagne, elles péchent toutes par la peau et les yeux, elles ont un teint brulé par les ardeurs du soleil, l’acreté des alimens dont elles se nourissent et sont d’ailleurs pour leurs penchants et leurs plaisirs comme on est dans les pays méridionaux. On connoit à Laudun et les environs quatre vents principaux, celui du nord le plus constant de tous soufle, quelques fois , avec la plus grande violence, il est toujours froid, il rappelle la sérénité de l’athmosphère le plus souvent. Le levant est ordinairement chaud, mais il
 
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soufle rarement, il nous annonce la pluie et n’est pas de longue durée. Le vent du midi qu’on appelle Narbonnais soufle rarement sans pluie, il est quelques fois très violent. Enfin le vent du couchant nous éloigne toujours la pluie est quelques fois violent, le plus souvent de courte durée et toujours frais. Ces deux derneirs nous emmènent en été des orages. Les principales récoltes des laudunois sont celles du vin, du blé, de l’huile et des vers à soie, sans fourrages dans un pays dont il feroit la richesse ou il seroit aisé de s’en procurer en mettant a profit les eaux qui en traversent la plaine. La récolte du vin est la plus considérable, on compte, années communes, à Laudun prés de quatre mille tonneaux de vin, le tonneau tient cinq barraux, le barral vingt quatre pots et le pot pèse cinq livres. En 1779, le vin qui trois ou quatre ans auparavant s’étoit vendu douze francs le barral, se donna pour deux livres et nous le donnons au même prix cette année 1786. Depuis cette première époque sa mévente s’est soutenue, tel particulier qui avoit cent pistoles de revenu est réduit a rien parce que les frais de culture, de ceuillette sont les mêmes et que les charges vont en augmentant. On distingue deux qualité de vin, le sec et le liquoreux, comme on en fait de deux couleurs du rouge et du blanc, le vin sec rouge ou blanc ne le cède pas au liquoreux en bonté chacun à son mérite particulier et la différence en est due au différent degré de maturité, à la différence qualité du terrein comme à l’espèce de raisin et au tems qu’on laisse dans la cuve le raisin nourri dans une terre argileuse, marneuse ou un sable calcaire est plus doux et le vin qu’on en retire a plus de moelleux mais n’a pas autant de force que celui qu’on ceuille dans un sable de cailloux. Les premières qualités de terre fournissent peut être au vin plus de parties sucrées , la seconde plus de parties spiritueuses, ce qu’il y a de certain, c’est qu’il en résulte toujours du mélange des deux un vin supérieur, en qualité, à ces vins faits séparément. Quand nos vins étoient en valeur, à peine avoit-on foulé les raisins qu’on tiroit le vin de la cuve qui n’étoit pas au point de sa perfection et n’avoit qu’une couleur gris-
 
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rouge. Il avoit alors plus de feu, les marchands le vouloient ainsi pour en couper de vin d’une qualité inférieure. Aujourd’hui que la vente n’en est pas sure, on le laisse fermenter d’avantage et parvenir au point où il doit être pour résister aux chaleurs et voir la couleur nécessaire à son débit dans les pays circonvoisins. Les grapes donnent au vin de ceux qui n’ont pas soin de les rejetter un gout apre, rude et amer. Les cuves propres à recevoir la vendange sont du bois de chène blanc ou de maçonnerie, on préfère les cuves en bois et avec raison parce que la fermentation s’y établit plustot et que le vin en a un degré de plus de la délicatesse. Quand le vin est destiné à voyager, on le vend avec le tonneau ce qui oblige les particuliers à s’en pouvoir de noeufs, toutes les années. Depuis le commencement de la dernière guerre le prix du tonneau à raison de la plus grande rareté du bois a augmenté de près d’un tiers. La récolte du vin rouge nous est commune avec les villages de Chusclan, Orsan, Caudoulet, St Geniès, St Laurent, Lirac, Tavel et la ville de Roquemaure mais le vin blanc qu’on fait à Laudun en quantité, qu’on ne fait qu’à Laudun et que les négocians font passer en plusieurs endroits sous le nom de vin blanc de Caudoulet mérite quelques considérations. Le raisin blanc est beaucoup plus fin, plus délicat ’ st le rouge ou noir, pour faire que n e le meilleur et le plus beau vin blanc possible on presse les raisins dans un vaisseau, on fait passer le mou à travers des osiers ou de faisceaux des tiges de l’asperge sauvage pour en retenir les grains et le marc le plus grossier, puis on met ce mou dans le tonneaux noeufs de chène de chataignier où s’établit sa fermentation. Dés qu’à son aide on juge une certaine quantité de marc séparée du vin, on le transvase. Quand on le destine à voyager en bouteille, on le clarifie avec la colle de poisson ou le blanc d’œuf pour qu’il ne soit plus dans le cas de faire de dépots considérables. Au reste, cette méthode n’est usitée que par ceux qui font le commerce de cette denrée et le public vend son vin tel qu’il a ceuilli.
 
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La qualité mousseuse du vin est due en général, au tems auquel on l’a mis en bouteilles, mais en quel tems qu’on l’y ait mis il ne moussera pas si la bouteille n’est pas bouchée hermétiquement comme il moussera si quelque cause extérieure vient a en formenter la fermentation. Il moussera donc s’il est mis en bouteiille dans un tems sec et quand la fermentation intestine a encore un certain degré de force relative à sa qualité. On ne sauroit se faire une idée de la différence qui existe entre la première et la dernière qualité de vin de Laudun. Cette différence est due en partie aux plantations en vignes des terres à blé, quand nos vins se vendoient gros , en partie au choix qu’on fesoit de l’espèce la plus productive laquelle ne donne pas le meilleur vin. La qualité du vin varie de plus suivant les années comme celui de tous les pays ainsi que par la qualité du terrein qui le nourrit, le vaisseau dans lequel on le renferme et la manière de le conserver. Dés qu’on a tiré le vin rouge de la cuve, on presse le marc pour en tirer un vin d’une qualité inférieure plus grossier que le premier qu’on loge séparément quand on veut avoir du vin fin. Puis on verse sur ce marc une quantité d’eau proportionnée à sa masse pour en faire à l’aide de la fermentation une boisson qu’on nomme piquette et qu’on fait d’autant plus grande quantité que le vin se vend plus cher. La proportion à garder pour faire la bonne piquette est de verser trois à quatre cornues d’eau sur le marc de douze à quinze tonneaux de vin et d’en tirer le mélange huit heures après ou environ pour remettre la même quantité d’eau et en retirer le produit après un tems proportionné qui comme on sent doit être plus considérable à mesure qu’on s’éloigne d’avantage du premier produit. Personne n’ignore les effets des vapeurs qui s’élèvent du vin en fermentation, il y a environ quarant ’ an à peine descendu à la sixième partie d’un puits de e ans qu un pays la maison curiale tomba au fond sans donner signe de vie. La même chose arriva à un second qui voulut porter du secours au premier, c’étoit dans le tems des vendanges. Ce puits communiquoit à la cave de la maison par une large ouverture, cinq grandes cuves
 
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