Un jour d Octobre sous les jacarandas
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Un jour d'Octobre sous les jacarandas

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Description

Le texte #4 du concours La Plume de Stileex, arrivé en deuxième position. Le sujet de rédaction 2018 : La beauté de Tana (Antananarivo est la capitale de Madagascar).
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Publié le 30 novembre 2018
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Langue Français

Extrait

Un jour dOctobre sous les jacarandas.
C’est un beaujouƌ d’OĐtoďƌe. UŶ de Đes jouƌs d’eŶtƌe deudž saisoŶs Ƌui nous obligent à combinerdeudž façoŶs de s’haďilleƌen un même accoutrement. Un pull ou un blouson assez épais pour la fraicheur matinale et une tenue légère en dessous pour la grosse chaleur montante du milieu de journée. Vers midi, je passedu ĐôtĠ du jaƌdiŶ d’AŶtaŶiŶaƌeŶiŶa apƌğs quelques courses dans le quartier. Le parc est toujours ouvert en semaine, et paƌ ĐhaŶĐe, il Ŷ’LJ a pas ďeauĐoup de ŵoŶde. Je dĠĐide donc de m’LJ reposer quelques instants, le temps de poser mon sac etd’ôteƌ laveste qui me fait fondre, le temps de prendre une pause avant de retourner à cette vie de courses que nous vivons tous. En ce milieu de mois, les jacarandas ont déjà fleuri, recouvrant le parc de pétales violettes qui tombeŶt sous les Đoups d’uŶ veŶt ĐapƌiĐieudž, tantôt calme, tantôt espiègle. Le soleil au milieu du ciel offre une chaleur ĠtouffaŶte, ŵais à l’aďƌi sous les gƌaŶds aƌďƌes, la teŵpĠƌatuƌeest idéale. Je prends place sur un desďaŶĐs eŶ pieƌƌe du jaƌdiŶ, ŵ’adossaŶtcontre un de ces gros blocs de cailloupeiŶts eŶ veƌt ĠpaƌpillĠs daŶs l’eŶĐeiŶte du paƌĐ. Des oiseaux invisibles chantent à mes oreilles, et regardant vers le sommet des arbres, je ne vois Ƌue l’ĠĐlat solaiƌe tƌaŶspeƌçant les tiges des jacarandas géants. Ces derniers font tomber une petite pluie sur tout le jardin. Des gouttes moins nombreuses que la rosée du matin,les eŶfaŶts s’amusent à diƌe Ƌu’elles proviennent des petits insectes insouciants qui font leur pipi sur les passants. Comme toujours, le jardin est paisible, malgré le nombre important de personnes qui y vont et viennent. Les gens ont l’haďitude d’LJ passeƌ quelques minutes peinards, éloignés du brouhaha de la ville. Le jardin d’AŶtaŶiŶaƌeŶiŶa est uŶ petit havre, vestige du «mora-mora»Ƌu’oŶ vantait à notre pays depuis toujours, mais que la vie active de citadins débordés a remplacé par un rythme effréné à la Metro-boulot-dodo. Le «mora-mora» Ŷ’existe plus que sur les T-shirtsƋu’oŶ ƌefouƌgue audž touristes.
L’eŶdƌoit est suƌtout fait de paƌteƌƌes d’heƌďes ĐlaiƌseŵĠs de ƋuelƋues dizaiŶes d’aƌďƌes, pƌiŶĐipaleŵeŶt desjacarandasŵais aussi d’autƌes aƌďƌes plus classiques, plus grands, plus vieux, plus verts. Les pelouses sont séparées par de fines allées en terre bordées de cailloux gris étalés par les jardiniers.La plaĐe est assez petite, eŶtouƌĠe d’uŶ gƌillage de ŵĠtal veƌt, ŵais uŶe fois à l’iŶtĠƌieuƌ, Đes deƌŶieƌs dispaƌaisseŶt et oŶ a l’iŵpƌessioŶ de se trouver au milieu d’uŶe Đlairière, ou dans un bocal à poisson rouge, entouré mais aussi isolé de tout.
Le teŵps s’aƌƌġte et je ƌegaƌde autouƌ de ŵoi, eŶglouti paƌ l’atŵosphğƌe euphorique du jardin. Sur les autres bancs sont assis des gens de tous les ĐoiŶs d’AŶtaŶaŶaƌivo, de MadagasĐaƌ ou peut-être même de tous les coins du monde. Quelques vieilles dames assises en groupe papotent, partagent des visages radieux et des rires édentés, sans doute sont-elles en train de se remémorer quelƋue aŶeĐdote d’il LJ a des dĠĐeŶŶies. Pas loiŶ, des jeuŶes parents se réjouissent de voir leurs deux garnements courir dans tous les sens, jouant, se chamaillant, puis se disputant subitementĐaƌ l’uŶ des deudž semble avoir triché au jeu que tous deux venaientd’iŶveŶteƌdeux minutes plus tôt. Dautres restent silencieux, un couple damoureux, yeux dans les yeux, main dans la main. Puis vient le vendeur de « bonbons coco », brisant la romance à coups de cris, invitant son auditoire à acheter ses friandises.
Vers le milieu du parcs’Ġƌige uŶe petite Đaseen briques et au toit tôlé ƌappelaŶt uŶe ŵaisoŶ tƌaditioŶŶelle ŵalagasLJ. UŶ Đouple de vazaha s’LJ approche pour trouver un responsable, la maison abritant en fait un centre d’iŶfoƌŵatioŶs suƌ le touƌisŵe eŶ ville. L’hoŵŵe eŶtƌe daŶs la Đase taŶdis que la femme sort son appareil, profitant de cet arrêt pour prendre en photo le jardin, ses occupants, ses plantes, elle aussi sans doute envoutée par la magie des lieux. Son regard et son appareil sarrêtent sur un terrain bizarre, du ciment tracé de plusieurs lignes de peinture blanche. Ayant découvert lair pensif de la dame, un passant lui explique naturellement que cest un plateau géant deFanorona, un jeu traditionnel de lîle. Non loin d’eux, un grand monsieur maigre scrute son téléphone toutes les deux minutes, se tourne dans tous les sens, attendant quelquun, ou quelque chose. Attendre, batifoler, jouer, profiter, tous ont une raison de se trouver à l’eŶdƌoit, et tous ĐoŶtƌiďuent à en faire un lieu de vie à la fois paisible et agité.
Le vent souffle une petite brise rafraichissante depuis la cime des arbres, emportant quelques feuilles vers les gens reposés à leurs bases. Je ferme les yeux sous les caresses de ce souffle sur mon visage, ce dernier tourné vers le ciel, et en quelques secondes, les images disparaissent pour laisser place au son. Dans les bruits divers de cette foule variée, je distingue des rires, des cris, des intonations de personnes de tous âges et dautant de différences. Et au loin se distingue une musique familière, nostalgique, intemporelle. Le veŶdeuƌ de CD, juste devaŶt l’eŶtƌĠedu parc, nous envoie des tubes étrangers des années 80 depuis toujours, à longueur de temps, tellement que Joe Dassin et ABBAŵe ƌappelleŶt plus l’eŶdƌoit Ƌue tout autre artiste malagasy qui y aurait mieux sa place. Cette atmosphère me rappelle les années passées, où moi et ma femme, ma petite amie à cette époque, passions nos milieux de journées dans ce petit parc, insouciants, euphoƌiƋues, à l’aďƌi des heuƌes Ƌui passeŶt,et de tout. Ça me rappelle le jour où au milieu de ces mêmes arbres, sous ce même ciel clair et dans ce vent de fraicheur, je lui avais demandé si elle voulait bien vivre le reste de sa vie avec moi. Je rouvre mes yeux, et un sourire se dessine spontanément sur mes lèvres. Je regarde ma montre, quinze minutes se sont écoulées. Ces quinze minutes de pause, d’ĠvasioŶ, si courtes soient-elles,ŵ’auƌoŶt doŶŶĠ toute l’ĠŶeƌgie du ŵoŶde pouƌ pouƌsuivƌe ŵa jouƌŶĠe daŶs uŶe ďoŶŶe huŵeuƌ béate. Je remets mon sac à dos et agrippe ma veste avant de sortir du parc. En route vers mes occupations quotidiennes, je réfléchis. Finalement, Ƌu’est Đe Ƌui dĠfiŶit la ďeautĠ d’uŶlieu? A l’ĠvideŶĐe, Đoŵŵe ƋuaŶd oŶ aiŵe uŶe peƌsoŶŶe, l’appaƌeŶĐe, certes, importe mais ne suffit pas. On aime uŶ lieu paƌĐe Ƌu’oŶ le ĐoŶŶait, paƌĐe Ƌu’oŶy a vécu des histoires, paƌĐe Ƌu’il nous rappellede ďoŶs souveŶiƌs, paƌĐe Ƌu’il Ŷous est faŵilieƌ.Ce jardin est un endroit charmant qui a certainement vu naître de nombreuses histoires, j’espğƌe Ƌu’il appoƌteƌa à d’autres tout ce réconfort et cette joie qu’il maura offert en une simple visite, la joie amenée par un beau jour dOctobre sous les jacarandas. Par Nasolo Rado ANDRIAMANANTSOA
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