Carnet de voyage : l Inde du sud
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Carnet de voyage : l'Inde du sud

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Dimanche 18D E C O U V E R T EMAG Carnet de voyage : l’Inde du sud Plus grande démocratie mondiale, civilisation aussi ancienne que l’Egypte, où la grande misère côtoie de nombreux prix Nobel, l’Inde est en passe de devenir la première puissance de demain. Loin des sensations prédigérées proposées par l’industrie tou ristique, Jacqueline Blanquet parcourt régulièrement la planè te à la recherche d’émotions simples et vraies, celles que seul le partage du quotidien avec la population sait procurer. Biogra phe à Rodez, elle privilégie en toutes choses le contact humain. Et ses carnets de voyage, qu’elle nous propose désormais de temps à autre dans ces colonnes, témoignent d’une approche différente du tourisme, à la fois sensible et affranchie des sen tiers battus. Immersion cette semaine en Inde du sud. «  Tu vas làbas ?C’est bien loin …  Loin d’où ? » Moments de vie partagés saint exupéry avec les habitants du Kérala et du L’Inde en sept points Tamil Nadul (Inde du Sud) 6 fois et demie la surface de la France e  20 % de la population mondiale, 2pays après la Chine.  18 langues officielles dont l’anglais et l’hindi TRIVENDRUMquatre enfants sur une mobylet, 10 heures, sor  80 % d’Hindous, 16 % de musulmans, 2% de sikhs et 2% de tie de l’aéroport.te, un sikh droit sur un vélo sans bouddhistes Je tente de traverser la rue.selle, une trentaine de manifes  En moyenne 1par jour et par personne Sur l’unique voie poussiéreuse,tants d’un parti politique, et des  Capitale : New Delhi se croisent des camions surcharsourires autant que de couleurs  Inde vient du mot Indus, le fleuve au bord duquel s’est dévelop gés et poussifs, deux vaches déde peau. Le tout dans un bruit as pée la première civilisation indienne. charnées, une charrette rempliesourdissant de klaxons et une de foin tirée par un homme,chaleur épaisse, moite. trois cars d’ouvriers bondésTout compte fait, je reste sur le avec une dizaine d’occupantsmême trottoir, on verra plus s’agrippant aux fenêtres, au toittard ! et aux portes, un mendiantVoyager en Inde, c’est accepter culdejatte rampant à même lede ne pas en revenir indemne. sol, des hommes d’affaires àEt si chacun trouvait dans ceFamille de 10 enfants, Arul est un intouchable ou « dalit », cette l’arrière d’une Mercedes aveclieu du monde, l’écho d’une parhors caste, la plus basse de l’hiérarchie sociale indienne qui le chauffeur, un couple avec sestie plus intime de soi ?condamne à être l’esclave et le serviteur des classes supérieures. RituelsIl me manque l’usage de ma main gaucheIl est heureux, de retour chez lui dans le Ta Arul s’installe devant sa feuille de banaqui m’est là, « interdite ». Celleci considémil Nadul. Il peut enfin parler sa langue, le Tamoul, et nier, qui fait office de set et d’assiette. Derée comme « impure » a une fonction, di me confie alors combien son travail dans le sa main droite experte, il roule de petitessons moins glorieuse: elle est réservée à Kérala reste chaque fois difficile. Mépris, boules de riz qu’il trempe dans les différenl’hygiène du corps. Devant mes efforts in au mieux indifférence, on ne lui fait aucun tes coupelles aux épices multiples.fructueux, Arul me propose nos couverts oc cadeau : c’est un « intouchable » (lire page J’admire son geste sûr, d’une propretécidentaux que j’accepte un peu penaude, suivante). exemplaire, ridiculisant mes tentatives mamais heureuse de déguster enfin ces mets si Il y a quelques années comme bon nombre délicieux et épicés qui, parfois, vous arra ladroites et inefficaces. de ses semblables, il s’est converti au chris chent un cri de surprise. tianisme, espérant ainsi sortir de sa condi La discussion s’anime et s’oriente vers le ri tion. Il rentre au séminaire et se prépare à tuel du mariage. Pour la plupart des fa devenir prêtre. Mais à 20 ans, désireux de milles indiennes, les unions ne sont fonder une famille, il renonce définitive conclues qu’après un repas de rencontre en ment à sa vocation. tre les deux partis. Des conditions matériel Une nouvelle exclusion le condamne alors, les offertes aux jeunes mariés à la qualité celle de ses parents qui, se sentant trahis, le des mets proposés ce jourlà, tout est jaugé renient et le déshéritent. Une occasion lui et estimé permettant à la famille invitée de est donnée de devenir guide, Arul espère donner son verdict. ainsi pouvoir acquérir plus tard une terre et Arul me montre alors comment, en roulant s’installer agriculteur. Aujourd’hui, il conti la feuille de bananier vers l’intérieur, l’avis nue de transporter avec lui sa condition d’in de la famille sera favorable au mariage touchable. alors que, vers l’extérieur, le refus s’expri Et s’il voyage et s’évade avec les différen mera de façon plus… élégante ! tes cultures de ses clients, il se heurte, à Moments de vie partagés. 32 ans,à la difficulté de trouver sa place Comment trouver sa place ?parmi les siens, au sein de la société indien La frontière franchie, Arul se penche et rane. Une existence dans la solitude, partagée La cuisine indienne.entre deux mondes.masse une poignée de terre, de « sa » terre.
Les épices, ici la cardamome. Leur fonction dans ce pays chaud est incontestable, elles y garantissent une asepsie des aliments et préviennent, du fait du manque d’hygiène, de troubles gastriques graves. Le revers ? La brûlure progressive et définitive des papilles gustatives due à une surenchère au fil de la vie.
Le battage au bord de la route.
Prière à l’université.
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