Couvrir le sol pour endiguer les coulées de boue
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Couvrir le sol pour endiguer les coulées de boue
Gérard Heintz cultive 102 ha dans la pointe nord de l'Alsace à la limite de la frontière allemande. Les sols de cette région sont composés de seulement 15 % d'argile et de 70 % de limons dont une grande majorité de limons fins. Avec le travail du sol intensif et la généralisation de la monoculture de maïs vecteurs de l'érosion du taux de matière organique (compris entre 1,1 et 2), les sols sont devenus plus compacts et surtout très sensibles à la battance. Ainsi, même avec des pluies relativement réduites, l'eau ruisselle et le relief accidenté favorise son accélération et le ravinement qui se solde en aval par des coulées de boue.

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Langue Français

Extrait

TCS29_21a24_pb 30/09/04 18:14 Page21
EPORTAGE
Alsace Couvrir le sol pour endiguer les coulées de boue Gérard Heintz cultive 102 ha dansantimaïs et interdit la culture ’est en pelletant de la boue dans les rues et les mai-la pointe nord de l’Alsace à la limitedans un périmètre de 500 m des lement 15 % d’argile et de 70 % deCagriculteurs, ces catastrophes à répé-sons de son village que Gérard Heintz a réagi. de la frontière allemande. Les solshabitations. En plus de la perte de Cette boue, c’était sa terre et celle de ses collègues de cette région sont composés de seu-confiance dans les pratiques des en provenance des collines environnantes implantées limons dont une grande majorité detitions sont également très coûteuses. en maïs. D’un côté, son outil de production - son sol -limons fins. Avec le travail du sol inten-Il y a le nettoyage des caves et des lui échappait et en aval, cette terre arrachée entraînait sif et la généralisation de la mono-maisons, le déblayage des chemins culture de maïs vecteurs de l’éro-et recalibrages des fossés sans désastres et catastrophes, mais également la grogne voire sion du taux de matière organiquecompter la perte du patrimoine sol la colère des habitants. Il y avait urgence d’actions et (compris entre 1,1 et 2), les sols sontet l’érosion de la capacité à pro-surtout de résultats. Si pour beaucoup de personnes relayées devenus plus compacts et surtout trèsduire dans l’avenir. Par-dessus le sensibles à la battance. Ainsi,marché, avec cette surenchère de par les élus, il suffisait d’interdire arbitrairement la cul-même avec des pluies relativementsinistres, les assurances ne sou-ture du maïs dans les secteurs sensibles pour régler le réduites, l’eau ruisselle et le reliefhaitent plus couvrir ce risque ce qui problème, d’autres ont préféré s’attaquer aux causes pro-accidenté favorise son accélérationne fait qu’accentuer les tensions et le ravinement qui se solde en avallocales. fondes plutôt que de stigmatiser une culture. Pour G. Heintz, par des coulées de boue.La dernière et la septième coulée c’était avant tout la gestion des sols qu’il fallait revoir Homme de conviction, G. Heintz estde boue à Neewiller remonte au et non les plantes qu’ils supportent. C’est avec cette idée également pompier volontaire et3 juin2003 avec 60maisons adjoint au maire de sa commune :endommagées. Seule note positive : et l’aide de Régis Huss, technicien de la chambre d’agri-Neewiller. C’est d’ailleurs ce posi-cet événement a permis de tester culture, qu’il découvre la simplification du travail du tionnement un peu conflictuel,grandeur nature les essais de ruis-sol et le semis direct qu’il adopte d’emblée. Au-delà de entre le pompier chargé de nettoyersellement mis en place chez les dégâts et de rassurer la population,G. Heintz, en collaboration avec la son exploitation, sa détermination et son engagement l’élu local harcelé par ses concitoyenschambre d’agriculture, et de faire vont également impulser un travail de recherche et de pour que ça cesse et l’agriculteur quiconstater aux élus comme à la popu-sensibilisation plus étendu sur les techniques de voyait partir son sol, ses engrais etlation locale l’intérêt des solutions même ses graines, qui l’a poussé àmises en œuvre. En visite sur la conservation des sols dans la région. réagir. «La situation devenait inte-plate-forme, le maire du Neewiller, nable et pour continuer l’agri-Benoît Baumann, a d’ailleurs culture, il fallait vraiment chan-déclaré : «En 2000, c’était de la ger de cap et vite »,ajoute-t-il.théorie mais aujourd’hui l’inté-Suite aux deux coulées de boue derêt des TCS et du semis direct ne 2000, il décide de se rendre dans unefait plus aucun doute.» ferme voisine en Allemagne où l’onCe dernier événement et les remous pratique les TCS. Il constate qu’aprèsqu’il laisse dans son sillage entraî-sept années de non-labour, la battanceneront cependant une réaction a quasiment disparu et les ravines sontforte avec en premier lieu une inexistantes. La démonstration étaitréunion chez le sous-préfet entre agri-faite, il fallait maintenant transférerculteurs, chambre d’agriculture, cette approche, voire aller plus loinDDAF, DDE et également les repré-en développant le semis direct soussentants des chasseurs. L’objectif était couvert, selon les conseils de Régisd’éviter de stigmatiser les agricul-Huss. teurset le maïs, et de mettre chacun devant ses propres responsabilités et d’initier un groupe afin de travailler Coulées de boue ensemble à l’élaboration de solutions. et inondations : un phénomène Du labour qui s’aggrave au semis direct Si les premières coulées de boue et inondationslation craint chaque orage. Tout le monde craint remontent à 1995 dans la région, elles se sontle pire et scrute le ciel comme le ruisseau quiConscient de l’urgence d’action et de résultat, largement aggravées et multipliées sur la dernièretraverse le village.G. Heintz remise la charrue, et ce sans transition, décennie (rien que sept coulées de boue à NeewillerLes coulées de boue ne concernent pas seule-dès 2000. Pour les implantations du printemps en quinze ans : un triste palmarès). C’est l’an-ment Neewiller mais l’ensemble de l’Alsace. Leursuivant, il opte pour un semoir JohnDeere née 2000 qui va vraiment secouer l’opinion localefréquence a largement augmenté dans le nordMax Emerge équipé de roulettes étoiles avec disques avec deux coulées de boue coup sur coup : une(pays de Wissembourg) comme dans le sud (leouvreurs. Un système de fertilisation est égale-er le 1mai et la suivante le 5 juin. Depuis la popu-Sundgau). Un maire excédé a même pris un arrêtément installé, ce qui lui permet de positionner
21 TECHNIQUES CULTURALES SIMPLIFIÉES. N°29. SEPTEMBRE/OCTOBRE 2004
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