Regards et savoirs : images du jardin botanique de l Université de Padoue au XVIe siècle - article ; n°3 ; vol.42, pg 281-291
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Description

Revue d'histoire des sciences - Année 1989 - Volume 42 - Numéro 3 - Pages 281-291
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

F. DupuigrenetDesroussilles
Regards et savoirs : images du jardin botanique de l'Université
de Padoue au XVIe siècle
In: Revue d'histoire des sciences. 1989, Tome 42 n°3. pp. 281-291.
Citer ce document / Cite this document :
DupuigrenetDesroussilles F. Regards et savoirs : images du jardin botanique de l'Université de Padoue au XVIe siècle. In:
Revue d'histoire des sciences. 1989, Tome 42 n°3. pp. 281-291.
doi : 10.3406/rhs.1989.4148
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0151-4105_1989_num_42_3_4148DOCUMENTATION
Regards et savoirs :
images du jardin botanique
de l'Université de Padoue
au XVIe siècle*
Dans l'histoire de la botanique italienne telle qu'on l'écrivait à la fin
du siècle dernier — nous n'en avons pas d'autre — l'Université de Padoue
apparaît toujours liée à quelques dates clefs marquant l'émergence, à la
Renaissance, d'une science moderne fondée sur la méthode expérimentale.
En 1893, le célèbre mycologue P. A. Saccardo se plaisait à égrener ces
dates glorieuses au cours d'un discours de rentrée universitaire (*) :
1533. Création de la première chaire d'étude des simples.
1545. du premier jardin botanique.
1561. Création de la première chaire de botanique pratique (Ostensio
simplicium in horio).
1606. Parution à Padoue du premier manuel pratique pour la confec
tion des herbiers, VIsagoges in rem herbariam d'Adriaan Van de Spieghel,
un Bruxellois « italianisé » enseignant à l'Université (•).
Pour Saccardo, il s'agissait là d'autant de manifestations somme toute
naturelles d'une sorte de génie botanique propre à l'Italie — son discours
commence d'ailleurs par une évocation du Sicilien Empédocle herborisant
sur les pentes de l'Etna : « Antique berceau de la botanique comme d'ail
leurs de toutes les sciences, l'Italie fut la première nation européenne à se
réveiller après son long sommeil médiéval. » (') Padoue n'aurait ainsi été,
à la Renaissance, que le lieu privilégié de ce réveil inévitable de l'italianité,
et le jardin botanique sa manifestation la plus visible.
Les historiens de l'Université, eux, ont toujours mis en avant le rôle
de l'autorité politique, c'est-à-dire la République de Venise, dans la
(*) Voir supra, « La diffusion de Г héliocentrisme », note *.
(*) P. A. Saccardo, // primato degli italiani nella botanica (Venise, 1893).
(•) A. Van de Spieghel, Isagoges in rem herbariam libri duo (Padoue : P. Meietti,
1606).
(•) P. A. Saccardo, op. cit., 3.
Rev. Hisi. Sci., 1980, XLII/3 282 François Dupuigrenet-Desroussilles
création de ce jardin — je rappelle que, depuis 1405, Padoue était sous la
domination vénitienne et qu'à partir de 1517 une magistrature vénitienne,
les Riformatori dello Studio avaient la tutelle de l'Université. Dans ses
Fasli gymnasii Patavini de 1757, qui demeurent l'histoire la plus complète
de l'Université à l'époque moderne, l'abbé Facciolati présente ainsi la
fondation de Vhorius simplicium comme un épisode parmi d'autres d'une
politique universitaire éclairée, comparable à celle de Marie-Thérèse
d'Autriche ou des grands ducs de Toscane (*). N'est-il pas là encore tout
naturel qu'un Etat éclairé se préoccupe de ses institutions scientifiques ?
Le primat de Padoue serait alors celui de Venise, citadelle de la liberté
de l'esprit dans une Italie écrasée par la Contre-Réforme.
Pour ma part, la fondation du jardin botanique m'avait au contraire
beaucoup intrigué lorsque j'avais étudié dans ma thèse d'Ecole des
chartes, il y a dix ans, les rapports de Venise et de l'Université pendant la
première moitié du xvie siècle (5). Au-delà de la fascination inévitable
pour les commencements — première chaire, premier jardin, etc. — ,
j'avais été frappé par l'importance des sommes mises en jeu et par la
ténacité des autorités vénitiennes, mais tout autant par la détermination
des maîtres et des étudiants padouans. A dépouiller les registres de dél
ibération des assemblées de la République et des facultés padouanes, les
comptes et la correspondance des riformatori dello studio, je constatais
que ce jardin était voulu par tout un milieu culturel et me trouvais
contraint de poser deux questions nouvelles. Pourquoi précisément à ce
moment avait-il paru si important de donner à voir les plantes médici
nales, pourquoi cette sorte de didactique du regard dans un univers voué
à la parole et au texte ? Pourquoi, ensuite, donner à voir de cette façon,
en construisant ce que le naturaliste et voyageur français Pierre Belon
devait appeler en 1558, dans son Advertissement à notre republicque sur les
richesses d'aucuns estrangers en la culture des plantes, un « théâtre de
terre » grâce auquel « la Seigneurie de Venise s'acquit plus grande recom
mandation d'honneur que si elle eût fait fabriquer un théâtre de marbre
bien enrichi d'or et d'argent » (•) ?
A ces interrogations sont venues s'ajouter, plus récemment, celles
provoquées par mes recherches sur l'histoire du livre en Vénétie. L'Univ
ersité de Padoue constituait, pour l'industrie éditoriale vénitienne, la
plus importante d'Europe au moins jusqu'au dernier tiers du xvie siècle,
à la fois un réservoir d'auteurs potentiels et un marché essentiel aux
(*) J. Facciolati, Fasti gymnasii Patavini (Padoue : G. Manfré, 1757), v-vi.
(*) P. Dupuigrenet-Desroussilles, Le Patriciát vénitien et l'Université de Padoue
(1517-1560), dans Positions des thèses de V Ecole des chartes (Paris, 1976).
(*) Dans Les Remonstrances sur le default du labour et culture des plantes et de la
cognoissance d'icelles (Paris : G. Corrozet, 1558), f° 60-65. Regards el savoirs 283
portes mêmes de Venise (7). L'existence du nouveau jardin a-t-elle affecté
la production de livres botaniques à Venise ? Et plus précisément, puisque
la « révolution de l'imprimé » consiste certes à reproduire des textes, par
la typographie, mais aussi des images, par la gravure, comment le savoir
constitué autour de ce jardin a-t-il été montré, mis en images ?
1. — DES TEXTES ANTIQUES AU LIVRE DE LA NATURE
A l'origine du jardin, on trouve d'abord des textes : ceux des anciens
botanistes tels que l'effort des philologues et des éditeurs humanistes les
a fait redécouvrir.
Au début du xvie siècle, il n'existait pas d'enseignement de la phar
macopée en tant que telle. Les enseignants de médecine pratique se
contentaient d'indiquer, pour chaque maladie, les remèdes appropriés (8).
Avec la publication, essentiellement à Venise, d'éditions correctes des
œuvres de Théophraste, Galien, Pline, et surtout Dioscoride, en grec
et en traduction latine — je rappelle qu'Aide Manuce fut le premier
éditeur du Dioscoride grec et de la traduction d'Ermolao Barbaro — s'ou
vrait la possibilité d'une nouvelle fondation du savoir botanique (•).
C'est précisément ce renouvellement des connaissances que fit valoir,
le 14 juin 1532, la délégation d'étudiants en médecine qui vint demander
au capitaine et au podestat de Padoue d'agir auprès de la Seigneurie
pour que le Sénat autorise la création d'une chaire « ad lecturam simpli-
cium » (ie). Dès l'année suivante, Francesco Bonafede, qui enseignait déjà
la médecine pratique, fut nommé à la nouvelle chaire ("). Son enseigne
ment consistait, nous le savons par les roiuli conservés, en un comment
aire du De materia medica de Dioscoride et du De simplieium medicamen-
torum temperamentis et facullatibus de Galien dont les imprimeurs véni
tiens venaient de donner les premières éditions (").
C) Voir en dernier lieu F. Dupuigrenet-Desroussilles, L'Université de Padoue et le
marché du livre (xv«-xvie siècles), dans L'Imprimé en Méditerranée (XVe-
XVIII* siècles). Actes du colloque de Marseille, 26-30 septembre 1986 (Marseille :
Jeanne Laffitte, à paraître).
(*) Voir С Schmidt, Science in the Italian universities in the sixteenth and early
seventeenth centuries, dans The Emergence of Science in Western Europe, éd. par
M. P. Crosland (London, 1975), 39-41.
(') Voir K. Reeds, Ren

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