Le Kébarien au Liban : réflexions à partir des fouilles de Jiita en 1972 - article ; n°2 ; vol.1, pg 185-200

Hours F.

Description

Paléorient - Année 1973 - Volume 1 - Numéro 2 - Pages 185-200
L'abri sous roche de Jiita (Liban) se trouve dans une situation très semblable à celle du gisement tout proche de Ksar Akil, ce qui donne lieu à des comparaisons intéressantes. La partie supérieure du dépôt témoigne d'une phase ancienne du Kébarien. Une fouille minutieuse a permis de distinguer plusieurs faciès, qui se différencient les uns des autres par les proportions relatives des diverses sortes de lamelles à dos. J. Tixier a déjà fait la même constatation à Ksar Akil, où il semble pourtant que les assemblages ne soient pas exactement les mêmes. Sans vouloir parler des industries ultérieures où apparaissent en quantité des microlithes géométriques comme les trapèzes-rectangles, il semble que le kébarien ancien, au moins au Liban, soit plus complexe qu'on le pensait Reste à savoir si ce phénomène peut aussi se constater en Palestine.
The rock shelter of Jiita (Lebanon) is located in a situation very similar to the nearby site of Ksar Akil, a fact which gives us the opportunity to make interesting comparisons. The upper part of the deposit contains the remains of an ancient phase of the Kebaran. A careful method of digging has allowed us to distinguish several fades, different from each other by the relative proportions of the different kinds of backed bladelets. J. Tixier already noticed the same at Ksar Akil, but the assemblages are not exactly identical there. Leaving apart the later industries characterized by numerous geometric microliths, like the trapeze-rectangles, it seems that, at least in the Lebanon, the early Kebaran is more complex than previously thought. It remains to be seen if this phenomenon exists also in Palestine.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: PALEORIENT
• Publié le: 01 janvier 1973
• Nombre de lectures: 44
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Francis Hours
Le Kébarien au Liban : réflexions à partir des fouilles de Jiita en
1972
In: Paléorient. 1973, Vol. 1 N°2. pp. 185-200.
Abstract
The rock shelter of Jiita (Lebanon) is located in a situation very similar to the nearby site of Ksar Akil, a fact which gives us the
opportunity to make interesting comparisons. The upper part of the deposit contains the remains of an ancient phase of the
Kebaran. A careful method of digging has allowed us to distinguish several fades, different from each other by the relative
proportions of the different kinds of backed bladelets. J. Tixier already noticed the same at Ksar Akil, but the assemblages are not
exactly identical there. Leaving apart the later industries characterized by numerous geometric microliths, like the trapeze-
rectangles, it seems that, at least in the Lebanon, the early Kebaran is more complex than previously thought. It remains to be
seen if this phenomenon exists also in Palestine.
Résumé
L'abri sous roche de Jiita (Liban) se trouve dans une situation très semblable à celle du gisement tout proche de Ksar Akil, ce qui
donne lieu à des comparaisons intéressantes. La partie supérieure du dépôt témoigne d'une phase ancienne du Kébarien. Une
fouille minutieuse a permis de distinguer plusieurs faciès, qui se différencient les uns des autres par les proportions relatives des
diverses sortes de lamelles à dos. J. Tixier a déjà fait la même constatation à Ksar Akil, où il semble pourtant que les
assemblages ne soient pas exactement les mêmes. Sans vouloir parler des industries ultérieures où apparaissent en quantité
des microlithes géométriques comme les trapèzes-rectangles, il semble que le kébarien ancien, au moins au Liban, soit plus
complexe qu'on le pensait Reste à savoir si ce phénomène peut aussi se constater en Palestine.
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Hours Francis. Le Kébarien au Liban : réflexions à partir des fouilles de Jiita en 1972. In: Paléorient. 1973, Vol. 1 N°2. pp. 185-
200.
doi : 10.3406/paleo.1973.4164
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/paleo_0153-9345_1973_num_1_2_4164LE KEBARIEN AU LIBAN
Réflexions à partir des fouilles de Jiita en 1972
Francis HOURS
RESUME
L'abri sous roche de Jiita (Liban) se trouve dans une situation très semblable à celle du gisement tout proche de Ksar Akil, ce
qui donne lieu à des comparaisons intéressantes. La partie supérieure du dépôt témoigne d'une phase ancienne du Kébarien. Une
fouille minutieuse a permis de distinguer plusieurs faciès, qui se différencient les uns des autres par les proportions relatives des
diverses sortes de lamelles à dos. J. Tixier a déjà fait la même constatation à Ksar Akil, où il semble pourtant que les assemblages
ne soient pas exactement les mêmes. Sans vouloir parler des industries ultérieures où apparaissent en quantité des microlithes
géométriques comme les trapèzes-rectangles, il semble que le kébarien ancien, au moins au Liban, soit plus complexe qu'on le
pensait Reste à savoir si ce phénomène peut aussi se constater en Palestine.
ABSTRACT
The rock shelter of Jiita (Lebanon) is located in a situation very similar to the nearby site of Ksar Akil, a fact which gives us the
opportunity to make interesting comparisons. The upper part of the deposit contains the remains of an ancient phase of the
Kebaran. A careful method of digging has allowed us to distinguish several fades, different from each other by the relative
proportions of the different kinds of backed bladelets. J. Tixier already noticed the same at Ksar Akil, but the assemblages are not
exactly identical there. Leaving apart the later industries characterized by numerous geometric microliths, like the
trapeze-rectangles, it seems that, at least in the Lebanon, the early Kebaran is more complex than previously thought. It remains
to be seen if this phenomenon exists also in Palestine.
Le gisement de Jiita II (Dahr el Maghâra) fait partie d'un L. Copeland, et qui est entièrement Paléolithique
ensemble de stations préhistoriques situées dans la vallée moyen. Juste à côté, une petite grotte contenant une
sépulture du Chalcolithique a complètement disparu. du Nahr el Kelb, le Fleuve du Chien, dont l'embouchure,
à 10 km au Nord-Est de Beyrouth, est célèbre par les Une troisième cavité, occupée au Chalcolithique et au
Bronze ancien a fait l'objet d'un sondage (3). stèles qui marquent le passage de tous les conquérants,
depuis Ramsès II et Nabuchodonosor jusqu'au
contingent australien des armées anglaises en 1942. A 5 km en amont, un ensemble de grottes fait partie du
réseau souterrain utilisé par la source dont nous avons
parlé plus haut. L'une d'elles, Jiita I (4), contenait du
SITUATION DU GISEMENT Néolithique. Une autre, Jiita III (5), aménagée pour les
visites touristiques, contient de l'Epipaléolithique à
Le Nahr el Kelb, qui descend des hauteurs du Liban, a segments de cercle dans un dépôt remanié (6). Encore un
creusé des gorges abruptes dans le calcaire, et coule peu plus en amont, et haut perchée dans la falaise, une
l'hiver entre deux falaises, où sont situés quelques petite grotte, Jiita IV (7), semble avoir été occupée
grottes et de nombreux abris. L'été, le ouadi est à sec, durant le Paléolithique supérieur. Comme elle portait le
mais, à 5 km de l'embouchure, une grosse source nom de Maghârat el Mal, la Grotte du Trésor, elle a été
karstique vient s'y déverser et assure de l'eau en vidée par les paysans. Entre les deux grottes de Jiita I et
permanence tout le long de l'année dans le cours Jiita III et au-dessus, se trouve un abri sous roche,
inférieur. C'est cette partie qui a été occupée par Jiita II, connu aussi sous le nom de Dahr el Maghâra, le
l'homme depuis le Paléolithique moyen. Dos de la Grotte.
A l'embouchure même, au bord de la mer, la grotte de Découvert en février 1 864 par le duc de Luynes (8) qui y
Ras el Kelb contient du Levalloiso-Moustérien. Connue pratiqua un sondage, le site fut retrouvé par le
depuis 1863, décrite par le P. Zumoffen (1), elle a été
très endommagée par les travaux de construction du 3) Me KAY, KENNEDY, 1956. chemin de fer et de la route côtière. Une fouille de 4) Signalée par BOTTA, 1883. Voir d'autres références dans sauvetage exécutée par missGarrod en 1958 (2) a COPELAND, WESCOMBE, 1965 : 90-91
produit un abondant matériel, qu'étudie en ce moment 5)1965 : 91-92.
6) HOURS, 1966 : 11-13 et pi. I.
1) DAWSON, 1884 : 5-9 ; ZUMOFFEN, 1897 : 432-434 et 7) COPELAND, WESCOMBE, 1965 : 92.
1908 : 438-442. 8) de LUYNES, 1871-1876: T. I: 11-12 et T.III (par 2) GARROD, HENRI-MARTIN, 1959 et 1961. LARTET) : 217-218.
185 LE KEBARIEN AU LIBAN : JUTA
dépôts est la suivante, de haut en bas (1 1) : P. Zumoffen en 1900 (9) et en 1930 parle P. Bergy, qui
On rencontre d'abord les couches superficielles : fit également une fouille sommaire, puis par nous, en
niveau I. On a distingué I a, très coloré par l'humus et 1960 (10). Entre temps, la plate-forme s'étendant devant
sûrement remanié, de I b, moins chargé de terre végétale, l'abri a été occupée par des charbonniers, à l'époque où
moins et dont les indications sur le plan de la le charbon de bois était un combustible courant.
typologie sont utilisables. Le niveau I est épais au total
Ces premiers sondages, heureusement limités et de 10 à 15 cm.
nettement circonscrits, ne sont pas les seuls
remaniements qu'ait connus le site. Ce dernier se Au-dessous se développe un dépôt de calcaire
présente aujourd'hui sous la forme d'un terre-plein pulvérulent et d'argile rosâtre mêlés de cendre, de grains
d'environ 175 m2, situé sur la rive droite du Nahr el de calcite, de minuscules fragments de charbon et d'ocre,
Kelb, à mi-hauteur dans la falaise, à 95 m environ emballant des cailloux, de l'industrie et de la faune. Le
au-dessus du niveau de la mer. Il est dominé par un tout est assez consolidé, et les os ont en particulier servi
surplomb rocheux d'une quinzaine de mètres qui regarde de point de fixation à des concrétions calcaires. Ce
vers le Sud. La situation de cet abri sous roche est très niveau II est épais de 30 à 40 cm. Guidés par la fouille et
semblable à celle de KsarAkil, qui ne se trouve qu'à par les alternances de minces lits, tantôt stériles, tantôt
5 km à vol d'oiseau au Sud-Ouest, dans la vallée voisine. riches en industrie et en faune, nous avons distingué six
Le terre-plein lui