Remarques sur les timbres amphoriques de Sinope - article ; n°2 ; vol.134, pg 490-507
19 pages
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1990 - Volume 134 - Numéro 2 - Pages 490-507
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Yvon Garlan
Remarques sur les timbres amphoriques de Sinope
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 134e année, N. 2, 1990. pp. 490-
507.
Citer ce document / Cite this document :
Garlan Yvon. Remarques sur les timbres amphoriques de Sinope. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 134e année, N. 2, 1990. pp. 490-507.
doi : 10.3406/crai.1990.14865
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1990_num_134_2_14865COMMUNICATION
REMARQUES SUR LES TIMBRES AMPHORIQUES DE SINOPE,
PAR M. YVON GARLAN
Nous connaissons à ce jour une trentaine de cités grecques
d'époques classique ou hellénistique qui ont peu ou prou timbré
leurs amphores commerciales (généralement sur l'anse), et plus
rarement leurs tuiles, à l'aide de cachets apposés avant cuisson.
Deux à trois cent mille de ces timbres ont déjà été recueillis. Il s'agit
pour nous : premièrement de les déchiffrer (ce qui n'est pas toujours
facile à cause de leur fragmentation, de leur usure, voire de leur
mauvaise impression), de les regrouper en types sortis d'un même
cachet ou matrice, et d'en déduire le système de timbrage utilisé
dans les différentes cités concernées ; deuxièmement, de les dater
de façon relative, puis absolue (au mieux, à l'heure actuelle, à une
dizaine d'années près) ; troisièmement, d'en analyser la diffusion
spatiale — ce qui (compte tenu des amphores non timbrées) est le
seul moyen archéologique d'évaluer le commerce de produits de
première nécessité tels que l'huile et surtout le vin ; il s'agit enfin
d'en comprendre la signification historique dans l'organisation de
la production céramique et dans le fonctionnement général des
cités grecques. Ce sont là de " petits objets ", mais dont l'étude,
comparable à celle des monnaies, peut nous en apprendre très long.
Sinope figure, dans le monde grec, parmi les principaux centres
producteurs d'amphores timbrées. C'est vrai sur le plan quantitatif
où, avec une vingtaine de milliers de timbres découverts à ce jour
sur anses et aussi sur tuiles, elle se situe au même niveau
que Thasos et Cnide — assez loin derrière Rhodes. C'est vrai aussi
et surtout sur le plan pour ainsi dire qualitatif, dans la mesure où
les indications figurant sur ses timbres sont souvent plus complexes,
et donc plus riches d'enseignements, que celles qu'on rencontre
ailleurs. Ce serait donc grand dommage que cette belle document
ation ne soit pas pleinement intégrée à l'étude générale des amphores
et du timbrage amphorique qui connaît actuellement en Occident,
et tout particulièrement en France, un important renouveau1 fondé
1. Cf. J.-Y. Empereur et Y. Garlan (éd.), Recherches sur les amphores grecques,
Suppl. XIII BCH (1986) ; J.-Y. Empereur et Y. Garlan, « Bulletin archéolo
gique : Amphores et timbres amphoriques (1980-1986) », REG 100 (1987),
p. 58-109. TIMBRES AMPHORIQUES DE SINOPE 491
sur la prospection et la fouille des ateliers de fabrication (surtout à
Thasos et à Cnide).
Si cette intégration s'est mal faite dans le passé, ce fut pour des
raisons qui n'avaient rien de scientifique : à cause de certains obs
tacles d'ordre linguistique aussi bien que politique — obstacle
linguistique qui ne peut être considéré comme insurmontable ;
obstacle politique qui est fort heureusement en passe de disparaître.
On devine de quoi il s'agit : c'est que les spécialistes des amphores
sinopiennes ont été essentiellement des Soviétiques disposant, sur
leur propre territoire, de la plus grande partie du matériel. Car
celui-ci, mis à part quelques dizaines d'exemplaires recueillis à
Sinope même ou en Méditerranée2, n'est guère connu que par ses
exportations en mer Noire (on pourrait d'ailleurs en dire autant de
l'importante production amphorique attestée d'une part à Cher-
sonèse et de celle qui est attribuée d'autre part à Héraclée du Pont).
Sont ainsi restés méconnus en Occident les travaux remarquables
consacrés au timbrage sinopien par B. N. Grakov3 : notamment la
synthèse qu'il en présenta en 1928 (Les timbres céramiques à noms
d'astynomes en Grèce ancienne, en russe) et son corpus de quelque
9 000 timbres destiné à faire partie des IosPE III, c'est-à-dire du
tome III des Inscriptiones orae septentrionalis Ponti Euxini qui en
est malheureusement resté au stade manuscrit4. C'est à ce savant
soviétique, dont l'influence fut grande en son pays5, que remonte
en particulier la division, toujours utilisée, du timbrage sinopien en
six groupes chronologiquement ordonnés. Mais par la suite — sur
tout à partir du moment où, dans les années 1950, il se consacra
surtout à l'archéologie scythe — l'étude des timbres sinopiens,
cessant d'être en avance sur son temps, se développa moins vite que
2. A l'article de Fr. Alabe sur « Les timbres amphoriques de Sinope trouvés
en dehors du domaine pontique », dans Recherches..., p. 375-389, on ajoutera
V. Grâce, « The Middle Stoa Dated by Amphora Stamps », Hesperia 54 (1985),
p. 20-21 et le timbre d'Endèmos et Sinopion (ou Timoris ?) à l'aigle sur dauphin
trouvé dans le naufrage d'El Sec à Majorque (A. Arribas et al., El barco de El Sec
(1987), p. 472-473 ; D. Cerda, « El Sec : la ceramica atica de barniz negro y las
anforas », dans Grecs et Ibères au IVe siècle av. J.-C. (1989), p. 66 et 132.
3. Le timbrage sinopien y était essentiellement connu par D. M. Robinson,
« Greek and Latin inscriptions from Sinope and environs », AJA 9 (1905),
p. 294-333 et par E. M. Pridik, « Die Astynomennamen auf Amphoren- und
Ziegelstempeln aus Sûdrussland », Sitz. pr. Ak. Berlin, Hist.-phil. Kl. IV, 1928.
Cf. l'aveu très significatif de L. Robert dans Noms indigènes dans l'Asie Mineure
gréco-romaine (1963), p. 537, n. 7 : « Je dois signaler à ce sujet une de mes igno
rances. Les publications russes où Pridik et Grakov ont localisé à Sinope un
grand nombre de timbres ne me sont pas accessibles et je ne puis donc avoir
idée de la rigueur décisive de leurs arguments pour toutes les séries. »
4. Le manuscrit se trouve actuellement dans les archives de l'Institut archéo
logique de Moscou.
5. Voir la présentation de ses activités qui a été faite dans l'appendice de son
livre sur L'âge du fer ancien (en russe ; 1977). 492 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
ne le faisait en Occident celle des matériels rhodien, cnidien et
thasien ou que ne le faisait, en Union Soviétique, celle du matériel
chersonésien6.
Cela ne veut évidemment pas dire qu'aucun progrès n'ait été
réalisé depuis. C'est ainsi qu'à la première chronologie absolue pro
posée par B. N. Grakov, qui allait de 300 à 70 environ avant notre
ère, la totalité des spécialistes en est progressivement venue à en
préférer d'autres, plus ou moins « hautes » : la plus couramment
admise à ce jour allant des années 370-360 à la prise de la ville par
Pharnace Ier du Pont en 183. Le classement, dans tel ou tel groupe
de B. N. Grakov, de certains astynomes faisant fonction d'éponymes
annuels a été d'autre part çà et là contesté et corrigé. L'étude for
melle du timbrage sinopien a été également reprise vers 1960 par
un savant trop tôt disparu, V. I. Cechmistrenko : cette remise en
question allait dans b bon sens, en attirant l'attention sur les regra
vures de cachet, sur las fabricants dotés de patronymes propices à
l'établissement de filiations, et surtout sur la distinction à établir
entre deux types d'emblèmes, emblèmes d'éponymes et emblèmes
de fabricants, qui apparaissent isolément ou simultanément sur les
timbres des différents groupes — le tout visant, en dernier ressort,
à une meilleure compréhension de l'organisation socio-économique
de l'industrie céramique.
Il n'empêche que notre connaissance des timbres amphoriques de
Sinope (ainsi que des amphores elles-mêmes) laisse encore à désirer
par rapport à celle que nous avons naguère acquise du matériel
rhodien, cnidien, thasien ou chersonésien : rareté e

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