Le célibataire à la pêche

Pierre Beauparlant

Description

Une histoire de pêche

Informations

• Publié par: Pierreb
• Publié le: 16 août 2012
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• Licence : Tous droits réservés
• Langue: Français

Extrait

Le célibataire à la pêche.

Durant mes études au CEGEP, je me suis fait un bon ami. Cette amitié dure encore depuis toutes ces années. Sauf que cet ami à un défaut, il demeure en montagne. Attention, je ne parle pas des Rocheuses. Non, pour moi tout ce qui est au-dessus de cinquante pieds du niveau de la mer c’est la montagne. Et qui dit, montagne, dit le bois. Je suis de nature béton et asphalte. Ma seule concession à la nature est du sable blanc, la mer et un palmier.

Un week-end, mon ami m’invite au chalet de ses parents, il ajoute, je m’occupe de tout. Dans les faits, ce doit être son chalet puisque ses parents sont tous deux décédés. J’ai bien connu ses parents, ils habitaient une luxueuse maison dans un village ou il y avait à peine un dépanneur. D’où l’équation suivante : luxueuse maison, égal luxueux chalet. Ça pouvait me convenir.

Je pars donc saper comme un gars qui va dans un brunch du dimanche. Arrivée dans son village, quelle ne fut pas ma surprise de constater l’évolution de celui-ci! Ils avaient installé un clignotant à une intersection. Mon ami m’attendait avec sa charmante épouse sur leur terrasse entourée d’arbrisseau et de branchailles de toute sorte.

Après les salutations d’usage, moi et mon ami partîmes donc dans son 4 par 4. C’est lorsqu’il enfila dans un sentier raboteux et à mon avis impropre à toute circulation automobile que le doute germa dans le haut de ma calotte que peut-être je devais oublier le moderne chalet. Mon instinct ne m’avait pas trahi. C’était un shack ! J’eus un regard compatissant vers mes souliers de cuir italiens. Il faut dire que mon ami avait raison, il s’était occupé de tout. Il y avait à l’intérieur du cabanon, le kit parfait d’un Bill Wabo. Chemise à carreaux, pantalon de grosse toile, bas de laine et botte en simili plastique. Tout, pour me déguiser en clown. Et le summum, le nec plus ultra de l’endroit. Pas d’électricité! Je répète pour les sourds, pas d’électricité. L’horreur. Pendant ce temps mon ami déchargeait les provisions. Je me dessinai un sourire de circonstances et allai l’aider. Dans le fond d’une boîte, je vis un contenant en foam sur lequel il y avait d’inscris le mot :VERS — Qu’est ce que c’est ça? Demandai-je innocemment. — C’est des vers, pour la pêche. — Ah, bon! Viarge, le mot pêche ne figure même pas dans mon dictionnaire.

Je vous passe ma folle nuit à écouter le silence entrecoupé de bruits qui, tous, m’étaient inconnus, et ce, dans le noir total. Le lendemain, c’est habillé en Patof que je monte dans la chaloupe. Là, je m’ennuyait de ma poubelle. Mon ami avait préparé tout l’attirail. Lignes, épuisettes, hameçons et vers. Imaginez, au milieu du lac, je devais me battre avec ces vers grouillants et gluants. J’ai vite réglé le problème. Je faisais semblant de les enfiler dans l’hameçon, mais en réalité je les jetais dans le lac et pêchais avec un hameçon vide. Ma pêche ne serait pas très bonne, mais j’en avais rien à cirer.

Pendant ce temps, mon ami prit un poisson et un deuxième. Je n’ai aucune idée du type de poisson qu’il y avait au bout de sa ligne. Ma connaissance des poissons se limite aux baleines et aux requins. Après deux heures d’ennui mortel, je fomentai une stratégie imparable pour retourner dans notre château. Je me levai à l’intérieur de la chaloupe, imitant celui qui avait une grosse prise et dans des gestes étudiés, je tombai à l’eau. Voilà, le travail. Nous sommes donc revenus dans notre palais royal, sous les rires et sarcasmes de mon ami. S’il savait le pauvre. Après m’être séché et enfilé un autre costume de Sol et Gobelet, j’ai demandé à mon ami, s’il était capable de nous concocter une bonne omelette.

Le cél ib at ai re .