Origines tectoniques du golfe de Saint-Malo - article ; n°73 ; vol.14, pg 23-35
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Description

Annales de Géographie - Année 1905 - Volume 14 - Numéro 73 - Pages 23-35
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1905
Nombre de lectures 66
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

O. Barré
Origines tectoniques du golfe de Saint-Malo
In: Annales de Géographie. 1905, t. 14, n°73. pp. 23-35.
Citer ce document / Cite this document :
Barré O. Origines tectoniques du golfe de Saint-Malo. In: Annales de Géographie. 1905, t. 14, n°73. pp. 23-35.
doi : 10.3406/geo.1905.6497
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1905_num_14_73_649723
II. — GÉOGRAPHIE RÉGIONALE
ORIGINES TECTONIQUES DU GOLFE DE SA1NT-MALO
(Cahtes, Pl. II, III.)
La large éehancrure du golfe de Saint-Malo est une des particu
larités les plus importantes de nos côtes. Elle interrompt, d'une façon
singulière, la continuité de la masse de l'Armorique en créant au Co-
tentin une apparence d'individualité contre laquelle le géographe doit
être en garde.
La différence des allures de la partie bretonne de son rivage et de
sa contre-partie normande est d'ailleurs faite pour étonner. Alors que
la première offre le tract'; accidenté qui caractérise tout le littoral
armoricain, l'autre se développe suivant une ligne infiniment plus
simple, où le rocher de Granville prononce seul une saillie accentuée.
Jusqu'ici, la raison d'être de, l'ensemble du golfe n'a guère été
recherchée, et si Mr Vidal de la Blache1 a bien mis en lumière le con
traste qu'offrent les deux branches du. rivage, il n'en a point indiqué
la cause. Il semble cependant que tous les géographes soient impli
citement d'accord pour voir dans ce vaste rentrant de la Manche un
effet de l'érosion marine, à laquelle les parties les plus résistantes du
sol auraient seules échappé en constituant les îles anglo-normandes.
Les courants de foudre qui circulent entre ces îles et le Cotentin sont
faits pour accréditer cette idée. Mais ne sont-ils pas un effet plutôt
qu'une cause, et n'existent-ils pas précisément parce que la mer a
envahi des couloirs déjà ébauchés par d'autres agents, parce que le
golfe est le résultat de Vennoyage1 d'un territoire soumis auparavant
aux lois de l'érosion subaérienne ?
1. Annales de Géographie, TV, lS9-ï-189;i, p. :>7o, lig. 2.
2. Lorsque, pour une cause ou une autre, le niveau relatif de la mer \ientà
changer dans une région déterminée, les eaux marines peuvent, pénétrer plus ou
moins loin à l'intérieur des terres en inondant les parties basses. Le jeu de la
marée produit tous les jours celle iaondation à une échelle infiniment réduite.
Les lents mouvements de l'écorce du globe produisent des résultats analogues,
mais qui embrassent des périodes de temps considérables et des territoires plus
étendus. C'est l'effet d'invasions marines de cet ordre que nous entendons désigner
par le mot d'ennoyage. GÉOGRAPHIE RÉGIONALE. U
Comme nous l'avons dit autre pari, nous sommes de ce dernier
avis : « Certes, l'opposition directe de la façade occidentale du
Cotentin à l'ouverture de la Manche, par laquelle s'engouffrent les
marées et les vents, peut expliquer que de ce côté l'érosion marine
ait produit des effets plus considérables que partout ailleurs. Cepen
dant il est difficile de croire qu'elle ait suffi à délarder le socle euro
péen sur toute l'étendue du golfe de Saint-Malo en ne laissant sub
sister comme témoins que les îles anglo-normandes. On a le sent
iment que quelque cause profonde a dû entrer enjeu. Ce n'est point
un rentrant des plis armoricains, car ils se prolongent directement
de l'extrémité de la Bretagne sur le Cotentin; c'est vraisemblablement
une tendance à un affaissement architectural transverse. Il suffit de
se reporter par la pensée à la situation de l'époque miocène, où
l'Armorique était coupée en deux par un bras de mer passant par
Rennes, pour se dire que le rentrant actuel de la côte n'en est peut-
être qu'un reflet'. »
Nous voulons aujourd'hui développer les arguments qui ont assis
notre conviction, et montrer que si l'érosion marine a eu sa part dans
le tracé de la côte, ce n'a été que dans la sculpture des détails et non
dans le dessin d'ensemble, qui a été déterminé par les formes topo
graphiques de la région ennoyée. Dans celle démonstration, nous
nous élèverons au-dessus du débat contradictoire engagé au sujet des
déplacements du rivage observés pendant la période historique. Il est
diflicile, dans une période géologiquement aussi courte, de faire le
départ entre les faits d'ordre tectonique et ceux qui relèvent simple
ment de la sculpture du sol et de ses conséquences ; l'ensablement
d'une baie, la rupture d'un cordon littoral et la petite invasion marine
qui en résulte peuvent trop aisément faire croire à un relèvement
ou à un affaissement local du sol. Aussi vaut-il mieux chercher à
conclure en s'appuyant sur des arguments d'un autre ordre. C'est dans
cet esprit que nous étudierons les caractères généraux des côtes du
golfe de Saint-Malo.
Commençons par la côte bretonne. Nous ferons tout d'abord
remarquer que, dans la partie du socle armoricain qui apparaît dans
son voisinage, les formes topographiques sont en harmonie directe
avec l'architecture du sol, c'est-à-dire que les masses saillantes cor
respondent à des zones anticlinales, et les régions déprimées à des
zones synclinales. On sait qu'il est loin d'en être de même dans toute
l'étendue de la Bretagne et que, partout où apparaissent, dans les
parties synclinales, ces roches siluriennes si dures que l'on désigne
sous le nom de grès armoricains, l'harmonie entre les formes fopo-
1. L'Architecture du sol de la. France 'Paris?. lilOl'H. p. !i7o. ORIGINES TECTONIQUES DU GOLFE DE SAINT-MALO. 25
graphiques cl les formes architecturales est, au contraire, devenue
im-erse. Mais, dans la région qui nous occupe, les parties synclinales
n'offrent que des schistes ou des phyllades beaucoup moins résis
tants que les granites ou les granulites qui se montrent dans les zones
anfidinales, et cette circonstance a maintenu ou ramené le rapport
initial direct qui, avant tout cycle d'érosion, existe toujours entre la
surface sculpturale d'origine et les grandes lignes de l'architecture.
Or, quand une semblable harmonie directe existe entre la topographie
et l'ai'chiiecture du sol, il est évident que si la côte a été déterminée,
non par l'érosion marine, mais par l'cnnoyage d'un relief sculpté par
voie subaérienne, son tracé obéit à certaines lois. Le rythme de ses
saillants et de ses rentrants généraux doit correspondre rigoureuse
ment à celui des zones anticlinalcs ou synclinales coupées par le
rivage, en môme temps que les détails de ces grands éléments doivent
paraître influencés bien plus par les traits de la topographie sub-
aérienne littorale que par les variations de résistance des roches en
prise à l'attaque des îlots.
Ces conditions se rencontrent très exactement dans la partie bre
tonne de la cote du golfe de Saint-Malo.
Si l'on examine la carte géologique, on voit la sorte de crémaillère
dessinée par le rivage depuis Saint-Brieuc jusqu'à Cancale se modeler
exactement sur les formes architecturales. Les baies du Mont Saint-
Michel et de la Fresnaye correspondent aux dépressions synclinales,
lundis que les grandes branches de la crémaillère suivent exactement
les zones anticlinales. Et si Ton parcourt la région, on observe que les
dentelures du littoral s'adaptent presque partout aux lignes de la
topographie subaérienne.
Passons rapidement en revue les échancrures du rivage, nous
constaterons qu'il est bien difficile de les attribuer uniquement à la
sape par les vagues. Les formes variées de ces an frac tu >silés s'a
ccordent fidèlement à celles des vallées qui y aboutissent, et nulle part
on ne trouve la forme en coin qui serait caractéristique du creusement
sous la seuli4 action des îlots.
La profonde baie delà Fresnaye attire d'abord nos regards. La seule
forced*; l'érosion marine ne lui aurait sans doute pas donné des dimens
ions beaucoup plus considérables que celles de l'anse voisine do
Sainf-Cast, qui est placée dans des conditions absolument semblables
au point de vue de la résistance des matériaux1.

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