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Description

Auréolé d'un titre de champion olympique remporté au crépuscule de sa carrière, Alexandre Vinokourov suscite des sentiments ambivalents. Si son courage et son panache sont loués, les zones d'ombre qui entourent certains de ses succès viennent quelque peu ternir l'image qu'il prétend incarner depuis son retour de suspension.

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Langue Français

Extrait

Vinokourov, des anneaux et beaucoup de questions...
Le Colombien Uran a-t-il laissé gagner Vinokourov lors des derniers Jeux de Londres ?

Tout à son bonheur de l'emporter, Alexandre Vinokourov ne réalisait pas qu'il venait de gagner son titre olympique dans la pire configuration possible. A quelques hectomètres de la ligne, Rigoberto Uran était en effet impassible lors de la seule accélération du Kazakh, laissant libre cours à toutes les interprétations possibles. Même les plus extrêmes, certains n'hésitant pas à accuser "Vino" de tricherie. En clair, d'avoir payé le Colombien pour qu'il lui offre la victoire sur un plateau. Le mystère ne sera probablement jamais levé, mais la physionomie de l'arrivée suffit à semer le doute. D'autant que Vinokourov traîne comme un boulet une autre victoire sinon litigieuse, du moins contestée. C'était à Liège-Bastogne-Liège en 2010. Des e-mails diffusés dans la presse suisse laissent en effet à penser qu'Alexandr Kolobnev, alors en course pour la gagne sur la Doyenne, aurait sciemment laissé gagner l'ancien coureur de la T-Mobile... "Tu te rappelles que pour moi, c'était une immense chance. Je ne sais pas si j'ai eu raison de faire ce que j'ai fait, aurait écrit le coureur russe. Ce jour-là, je me sentais plus fort que jamais (...) Mon seul réconfort sur mon âme : c'est toi qui as gagné et pas un aborigène quelconque. Voici la copie de toutes mes coordonnées bancaires et efface ce mail de ta boîte, sinon je risque de me faire couper les c..."

L'enquête est en cours. Le Kazakh a toujours nié avoir "payé" pour sa victoire, évoquant un piratage de sa boîte mail. "C'est encore une histoire pour me salir (...) Je fais souvent des prêts à gauche et à droite, se défend-il. Qu'on me laisse finir ma carrière tranquillement, même si visiblement ça dérange certaines personnes de me voir encore sur un vélo." La somme de 100 000 euros est évoquée. Mais à Londres plus qu'à Liège, il est permis de douter. En effet, au terme de la Doyenne, aucun article de presse n'évoquait une quelconque manipulation, et tous saluaient la victoire de "Vino", le repenti. L'éventualité d'une triche n'était même pas susurrée, le déroulé de la course paraissant limpide. Ce n'est qu'un an plus tard, alors que le Kazakh était un jeune retraité, qu'un article d'un mensuel suisse sortait l'affaire. Bref, c'est une relecture alambiquée de l'histoire dont il s'agit. A Londres, en revanche, le contexte est plus troublant car la partition jouée par Uran est plus tendancieuse et sujette à controverse. Certains observateurs ont parlé de "salut à la Reine" pour décrire l'attitude du Colombien.

"Ça a été un très beau champion olympique", affirme quant à lui Jacky Durand. Le précédent liégeois, aussi contestable qu'il soit, a créé une onde de choc dont la conséquence est la suspicion permanente qui entoure ses victoires. "J'ai regardé à plusieurs reprises les images et, à aucun moment, je ne peux croire à un marchandage, assure Durand. Il y a un virage sur la gauche et on sait qu'à ce moment-là, le groupe était en train de revenir. C'est à cet instant précis qu'Uran regarde sur la gauche pour voir si ça rentre, et Vinokourov en vieux briscard en profite logiquement pour attaquer. Cet épisode est avant tout dû à l'inexpérience de Rigoberto Uran qui ne s'est jamais retrouvé dans une telle situation, tout du moins sur du plat. En montagne, lors d'une arrivée en altitude, il ne se serait peut-être pas fait piéger mais là... Franchement, je n'ai aucun doute sur cette victoire." Toute l'ambivalence de Vinokourov se traduit dans ce succès. Le Kazakh divise le petit monde du vélo. "C'est évident qu'à partir du moment où un coureur a été contrôlé positif et suspendu, il y aura toujours une suspicion autour de lui, juge l'ancien vainqueur du Tour des Flandres. C'est également le cas pour Basso ou Valverde. (...) Selon moi, s'il n'y avait pas eu toutes ces histoires de dopage durant les années 2000, il (Vinokourov) avait le potentiel pour gagner des Grands Tours naturellement (sic).

Il est arrivé dans une période un peu difficile pour le vélo, à la fin des années 90, mais il était tout frais, il découvrait cet univers. Il parvenait quand même à gagner des courses par étapes d'une semaine face à des - et je mets ça entre guillemets - "champions". Un Grand Tour était donc jouable à ce moment-là. Ensuite, il a fait un détour en Allemagne avec Jan Ullrich, c'est peut-être là qu'il a perdu un peu pied. Le personnel médical de la T-Mobile l'a conduit sur de mauvais rails. Mais il a payé." Le Tour d'Espagne 2006 lui permet quand même de démontrer sa capacité à s'illustrer sur les courses par étapes de trois semaines. Mais 2007 sera une année noire pour Vinokourov avec une suspension d'un an pour dopage aux transfusions sanguines sur le Tour. Pourtant, avant cet épisode, le coureur d'Astana était l'un des personnages préférés du peloton. Adulé et respecté pour ses faits d'armes, sa science de la course et sa longévité, Vinokourov suscitait l'admiration. Sa victoire sur les Champs en 2005, ses nombreux succès sur les routes du Tour et son doublé à Liège (indépendamment des soupçons évoqués plus haut) sont marqués du sceau du panache.

Vinokourov ne gagne jamais à moitié et accepte de tout tenter au risque de tout perdre. Dans une ère où le calcul a pris la place de l'offensive, le Kazakh devient très vite le symbole d'un cyclisme idéalisé. "Il a toujours couru comma ça, raconte Durand. A ses débuts, il courrait déjà de cette manière. Après, il a été un peu muselé car il accompagnait un grand leader comme Jan Ullrich, mais le naturel a vite repris le dessus. Depuis quelque temps, il savait pertinemment qu'il ne pourrait plus jouer un podium sur un Grand Tour ou dans une course par étapes. Il cherchait donc à gagner des étapes, comme sur le Tour 2012. Il a eu du mal à se mettre en route, mais au bout de dix jours, les jambes étaient revenues et il attaquait pratiquement tous les jours. La réussite n'est pas arrivée sur le Tour, mais aux JO." Vinokourov arrive toujours à ses fins. Certaines mauvaises langues se demandent encore si elles justifient toujours les moyens.

Alexandre Vinokourov Né le 16 septembre 1973 à Petropavlovsk (Kazakhstan) 1m76 - 69 kg - Puncheur, grimpeur, rouleur Débuts pros : 1998 Nombre de victoires : 51 Carrière : Kazhakstan National Team (1996), Casino (1998-1999), Deutsch Telekom (2000-2001), Team Telekom (2002-2003), T Mobile Team (2004-2005), Astana (depuis 2006) Palmarès : Tour de l'Oise, Quatre jours de Dunkerque, Circuit des Mines (1998), Critérium du Dauphiné Libéré, Tour de la Communauté valencienne (1999), médaille d'argent de la course en ligne des Jeux Olympiques (2000), Tour d'Allemagne (2001), Paris-Nice (2002), Paris-Nice, Tour de Suisse, Amstel Gold Race (2003), Regio Tour (2004), Liège Bastogne Liège, champion du Kazakhstan (2005), Tour de Castille-et-Leon (2006), Chrono des Nations, champion d'Asie du contre-la-montre, vice-champion d'Asie de la course en ligne (2009), Tour du Trentin, Liège-Bastogne-Liège, Tour du Chihuahua (2010), champion olympique de la course en ligne (2012) Tour de France : 1999 : 35ème, 2000 : 15ème, 2001 : 16ème, 2003 : 3ème (vainqueur de la 9ème étape et super combatif), 2005 : 5ème (vainqueur de la 11ème et 21ème étape), 2007 : exclu (contrôle positif), 2010 : 16ème (vainqueur de la 13ème étape), 2011 : abandon, 2012 : 31ème Tour d'Italie : 2010 : 6ème (maillot rose pendant 5 jours) Tour d'Espagne : 2000 : 28ème (vainqueur de la 18ème étape), 2002 : abandon, 2004 : abandon, 2006 : vainqueur (vainqueur de la 8ème étape, vainqueur de la 9ème étape, vainqueur de la 20ème étape)

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