Louis Lambert
110 pages
Français

Louis Lambert

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Description

La Comédie humaine - Études philosophiques. Seizième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : Le père Haugoult se mit donc à raconter fort complaisamment les singuliers événements qui allaient, le lendemain, nous valoir le plus extraordinaire des Nouveaux. Aussitôt les jeux cessèrent. Tous les Petits arrivèrent en silence pour écouter l’aventure de ce Louis Lambert, trouvé, comme un aérolithe, par madame de Staël au coin d’un bois. Monsieur Haugoult dut nous expliquer madame de Staël : pendant cette soirée, elle me parut avoir dix pieds 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 11
EAN13 9782824710266
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
LOU IS LAMBERT
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
LOU IS LAMBERT
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1026-6
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.LOU IS LAMBERT
Et nunc et semp er dile ctae dicatum.
 L  , en 1797, à Montoir e , p etite ville du V
endômois, où son pèr e e xploitait une tannerie de mé dio cr e im-L p ortance et comptait fair e de lui son successeur  ; mais les
disp ositions qu’il manifesta prématurément p our l’étude mo difièr ent l’ar rêt
p ater nel. D’ailleur s le tanneur et sa femme chérissaient Louis comme on
chérit un fils unique et ne le contrariaient en rien. L’ Ancien et le
Nouv e au T estament étaient tombés entr e les mains de Louis à l’âg e de cinq
ans  ; et ce liv r e , où sont contenus tant de liv r es, avait dé cidé de sa
destiné e . Cee enfantine imagination comprit-elle déjà la my stérieuse pr
ofondeur des Écritur es, p ouvait-elle déjà suiv r e l’Esprit-Saint dans son v ol
à trav er s les mondes, s’éprit-elle seulement des r omanesques araits qui
ab ondent en ces p oèmes tout orientaux  ; ou, dans sa pr emièr e inno cence ,
cee âme sy mp athisa-t-elle av e c le sublime r eligieux que des mains
divines ont ép anché dans ce liv r e  ! Pour quelques le cteur s, notr e ré cit
résoudra ces questions. Un fait résulta de cee pr emièr e le ctur e de la Bible  :
Louis allait p ar tout Montoir e , y quêtant des liv r es qu’il obtenait à la
fa1Louis Lamb ert Chapitr e
v eur de ces sé ductions dont le se cr et n’app artient qu’aux enfants, et
auxquelles p er sonne ne sait résister . En se liv rant à ces études, dont le cour s
n’était dirig é p ar p er sonne , il aeignit sa dixième anné e . A cee ép o que ,
les r emplaçants étaient rar es  ; déjà plusieur s familles riches les r etenaient
d’avance p our n’ en p as manquer au moment du tirag e . Le p eu de fortune
des p auv r es tanneur s ne leur p er meant p as d’acheter un homme à leur
fils, ils tr ouvèr ent dans l’état e cclésiastique le seul mo y en que leur laissât
la loi de le sauv er de la conscription, et ils l’ env o yèr ent, en 1807, chez son
oncle mater nel, curé de Mer , autr e p etite ville situé e sur la Loir e , près de
Blois. Ce p arti satisfaisait tout à la fois la p assion de Louis p our la science
et le désir qu’avaient ses p ar ents de ne p oint l’ e xp oser aux hasards de la
guer r e . Ses g oûts studieux et sa pré co ce intellig ence donnaient d’ailleur s
l’ esp oir de lui v oir fair e une grande fortune dans l’Église . Après êtr e r esté
p endant envir on tr ois ans chez son oncle , vieil oratorien assez instr uit,
Louis en sortit au commencement de 1811 p our entr er au collég e de V
endôme , où il fut mis et entr etenu aux frais de madame de Staël.
Lamb ert dut la pr ote ction de cee femme célèbr e au hasard ou sans
doute à la Pr o vidence qui sait toujour s aplanir les v oies au g énie délaissé .
Mais p our nous, de qui les r eg ards s’ar rêtent à la sup erficie des choses
humaines, ces vicissitudes, dont tant d’ e x emples nous sont offerts dans la
vie des grands hommes, ne semblent êtr e que le résultat d’un phénomène
tout phy sique  ; et, p our la plup art des biographes, la tête d’un homme de
g énie tranche sur une masse de figur es enfantines comme une b elle plante
qui p ar son é clat air e dans les champs les y eux du b otaniste . Cee
comp araison p our rait s’appliquer à l’av entur e de Louis Lamb ert  : il v enait
ordinair ement p asser dans la maison p ater nelle le temps que son oncle lui
accordait p our ses vacances  ; mais au lieu de s’y liv r er , selon l’habitude
des é colier s, aux douceur s de ce b on farniente qui nous affriole à tout âg e ,
il emp ortait dès le matin du p ain et des liv r es  ; puis il allait lir e et mé diter
au fond des b ois p our se dér ob er aux r emontrances de sa mèr e , à laquelle
de si constantes études p araissaient dang er euses. A dmirable instinct de
mèr e  ! Dès ce temps, la le ctur e était de v enue chez Louis une espè ce de
faim que rien ne p ouvait assouvir  : il dé v orait des liv r es de tout g enr e ,
et se r ep aissait indistinctement d’ œuvr es r eligieuses, d’histoir e , de
philosophie et de phy sique . Il m’a dit av oir épr ouvé d’incr o yables délices en
2Louis Lamb ert Chapitr e
lisant des dictionnair es, à défaut d’autr es ouv rag es, et je l’ai cr u v
olontier s. el é colier n’a maintes fois tr ouvé du plaisir à cher cher le sens
pr obable d’un substantif inconnu  ? L’analy se d’un mot, sa phy sionomie ,
son histoir e étaient p our Lamb ert l’ o ccasion d’une longue rê v erie . Mais ce
n’était p as la rê v erie instinctiv e p ar laquelle un enfant s’habitue aux
phénomènes de la vie , s’ enhardit aux p er ceptions ou morales ou phy siques  ;
cultur e inv olontair e , qui plus tard p orte ses fr uits et dans l’ entendement
et dans le caractèr e  ; non, Louis embrassait les faits, il les e xpliquait après
en av oir r e cher ché tout à la fois le princip e et la fin av e c une p er spicacité
de sauvag e . A ussi, p ar un de ces jeux effrayants aux quels se plaît p arfois
la Natur e , et qui pr ouvait l’anomalie de son e xistence , p ouvait-il dès l’âg e
de quator ze ans émer e facilement des idé es dont la pr ofondeur ne m’a
été ré vélé e que long-temps après.
― Souv ent, me dit-il, en p arlant de ses le ctur es, j’ai accompli de
délicieux v o yag es, embar qué sur un mot dans les abîmes du p assé , comme
l’inse cte qui floe au gré d’un fleuv e sur quelque brin d’herb e . Parti de la
Grè ce , j’ar rivais à Rome et trav er sais l’étendue des âg es mo der nes. el
b e au liv r e ne comp oserait-on p as en racontant la vie et les av entur es d’un
mot  ? sans doute il a r e çu div er ses impr essions des é vénements aux quels
il a ser vi  ; selon les lieux il a ré v eillé des idé es différ entes  ; mais n’
estil p as plus grand encor e à considér er sous le triple asp e ct de l’âme , du
cor ps et du mouv ement  ? A le r eg arder , abstraction faite de ses
fonctions, de ses effets et de ses actes, n’y a-t-il p as de quoi tomb er dans un
o cé an de réfle xions  ? La plup art des mots ne sont-ils p as teints de l’idé e
qu’ils r eprésentent e xtérieur ement  ? à quel g énie sont-ils dus  ! S’il faut
une grande intellig ence p our cré er un mot, quel âg e a donc la p ar ole
humaine  ? L’assemblag e des ler es, leur s for mes, la figur e qu’ elles donnent
à un mot, dessinent e x actement, suivant le caractèr e de chaque p euple ,
des êtr es inconnus dont le souv enir est en nous. i nous e xpliquera
philosophiquement la transition de la sensation à la p ensé e , de la p ensé e
au v erb e , du v erb e à son e xpr ession hiér ogly phique , des hiér ogly phes à
l’alphab et, de l’alphab et à l’élo quence é crite , dont la b e auté réside dans
une suite d’imag es classé es p ar les rhéteur s, et qui sont comme les hiér
ogly phes de la p ensé e  ? L’antique p eintur e des idé es humaines configuré es
p ar les for m

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