Novak Djokovic ou l éloge de la patience
1 page
Français

Novak Djokovic ou l'éloge de la patience

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
1 page
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

LE FIGARO lundi 6 juin 2016 SPORT 13 Novak Djokovic allongé sur le court central de Roland-Garros, dimanche, après avoir défait en quatre sets Andy Murray en finale des Internationaux de France. PASCAL ROSSIGNOL/REUTERS Novak Djokovic ou l’éloge de la patience Sa quatrième finale aura été la bonne, le Serbe a dominé Andy Murray pour s’offrir, enfin, Roland-Garros. écossais, Andy Murray. Une semaine Kuerten, en 2001. Le n°1 mondial a sou- vaste galerie de trophées (65 titres dont finaliste en 1984), Stefan Edberg (dix JEAN-JULIEN EZVAN £@JeanJulienEzvan seulement sépare les n°1 et 2 mondiaux ri : « C’était l’un des moments les plus mé- 12 en Grand Chelem) et rejoint le cercle participations, finaliste en 1989), Pete (l’Écossais est l’aîné) qui croisent le fer morables que j’aie jamais vus pendant des légendes du jeu, formé des joueurs Sampras (treize participations, demi-fiTENNIS La persévérance et la patience depuis l’adolescence. Ils se connaissent Roland-Garros. Je lui ai demandé la per- ayant triomphé sur les quatre tournois naliste en 1996) et Boris Becker (neuf sont des vertus cardinales du jeu sur ter- par cœur, affectionnent les mêmes filiè- mission de faire le cœur, il me l’a don- majeurs (Open d’Australie, Wimbledon, participations, demi-finaliste à trois rere battue. Novak Djokovic aura su res de jeu et partagent une stratégie sia- née. » En mission, le Serbe n’a pas failli. Roland-Garros et l’US Open). prises).

Informations

Publié par
Publié le 30 mai 2017
Nombre de lectures 551
Langue Français

Extrait

LE FIGARO lundi 6 juin 2016
SPORT 13
Novak Djokovic allongé sur le court central de Roland-Garros, dimanche, après avoir défait en quatre sets Andy Murray en finale des Internationaux de France. PASCAL ROSSIGNOL/REUTERS
Novak Djokovic ou l’éloge de la patience
Sa quatrième finale aura été la bonne, le Serbe a dominé Andy Murray pour s’offrir, enfin, Roland-Garros.
écossais, Andy Murray. Une semaine Kuerten, en 2001. Le n°1 mondial a sou- vaste galerie de trophées (65 titres dont finaliste en 1984), Stefan Edberg (dix
JEAN-JULIEN EZVAN £@JeanJulienEzvan
seulement sépare les n°1 et 2 mondiaux ri : « C’était l’un des moments les plus mé- 12 en Grand Chelem) et rejoint le cercle participations, finaliste en 1989), Pete
(l’Écossais est l’aîné) qui croisent le fer morables que j’aie jamais vus pendant des légendes du jeu, formé des joueurs Sampras (treize participations,
demi-fiTENNIS La persévérance et la patience depuis l’adolescence. Ils se connaissent Roland-Garros. Je lui ai demandé la per- ayant triomphé sur les quatre tournois naliste en 1996) et Boris Becker (neuf
sont des vertus cardinales du jeu sur ter- par cœur, affectionnent les mêmes filiè- mission de faire le cœur, il me l’a don- majeurs (Open d’Australie, Wimbledon, participations, demi-finaliste à trois
rere battue. Novak Djokovic aura su res de jeu et partagent une stratégie sia- née. » En mission, le Serbe n’a pas failli. Roland-Garros et l’US Open). prises). « C’est un moment spécial,
peutétouffer la frustration née de douloureux moise. Ils se redoutent. L’opposition a, La difficulté de la tâche a forgé sa déter- Un club composé du Britannique Fred être le plus grand de ma carrière avec
échecs, ne pas céder au renoncement, comme souvent, donné lieu à une partie mination portée par un mental de fer et Perry (8 titres majeurs entre 1933 et Wimbledon 2011 », a résumé Novak
Djopour cultiver sans relâche le désir brû- d’échecs ne libérant que peu d’étincel- un physique d’airain. Il n’a rien négligé. 1936), de l’Américain Donald Budge kovic qui règne sur la planète tennis,
lant de posséder cette terre source d’in- les. A ce petit jeu, Novak Djokovic s’est La veille de l’ouverture du tournoi, il ré- (6 sacres entre 1937 et 1938), des Austra- vient de remporter quatre tournois du
finis tourments. Rien n’aura distrait le montré le plus endurant physiquement, pétait inlassablement ses gammes, avec liens Rod Laver (11 titres entre 1960 et Grand Chelem consécutifs (Wimbledon
chef d’orchestre du tennis mondial dans le plus solide mentalement. la minutie et l’obsession du sculpteur at- 1969) et Roy Emerson (12 titres entre et l’US Open 2015, l’Open d’Australie et
sa quête d’absolu. Ni le poids de l’attente taché au moindre détail. Sacré, le maître 1961 et 1967), de l’Américain Andre Roland-Garros 2016).
L’obsession du sculpteur d’un tournoi posé sur ses épaules après de la planète tennis (29 ans) enrichit sa Agassi (8 titres entre 1994 et 2003), de Habitué aux manifestations de joie
une cascade de forfaits. Ni les conditions Patient stratège, il a, une fois sa nervosi- ses contemporains Roger Federer (17 ti- exubérantes, le n°1 mondial, submergé
météorologiques maussades rendant té initiale ligotée, fini par user la résis- tres depuis 2003) et Rafael Nadal (14 ti- par la solennité de l’instant, a fait preuve
son parcours aléatoire quand la pluie a tance de l’Écossais privé de jambes, tres depuis 2005). d’une retenue rare. Comme si la page
traversé ou interrompu les parties, pri- avant de s’écrouler sur le court pour cé- d’histoire paraphée et le profond
soulaLe clan des mauditsvant son lift d’efficacité, faisant de cha- lébrer le titre arraché sur sa troisième gement ressenti suffisaient sans qu’il
que match une épreuve, un défi aux lois balle de match, (3-6, 6-1, 6-2, 6-4, en Il s’arrache enfin, à sa douzième tentati- soit nécessaire de scénariser. Imprégné e
de l’équilibre. Le Serbe s’en est amusé, 3h5). L’image, comme la joie fou- ve à Roland-Garros, aux griffes du clan de cette plénitude, il refusait de se pro-5
sortant un parapluie comme Andre droyante de Roger Federer, couronné des maudits de la terre, ces joueurs jeter sur ses prochains défis, Wimbledon
Agassi en 1988, ou coiffant un chapeau en 2009, entre dans le livre d’or des In- prestigieux qui ont régulièrement vécu ou les Jeux olympiques de Rio. Deux joueur de l’ère open
de pluie. Pour le plus grand plaisir d’un ternationaux de France. des cauchemars à Roland-Garros. Un heures et demi après l’intense balle de
à remporter les quatre tournois
public conquis à qui, après chaque tour Novak Djokovic pouvait, avec un groupe dans lequel défilent Jimmy match, le stade résonnait encore des
du Grand Chelem après Rod Laver,
avalé, il offrait son cœur. rayon de soleil malicieux et complice, Connors (treize participations à Roland- « Nole, Nole » entonnés par les suppor-Andre Agassi, Rafael Nadal
Dans un stade entièrement acquis à sa dessiner un immense cœur sur le court Garros, demi-finaliste à quatre repri- ters du Serbe voulant étirer l’ivresse et Roger Federer
cause, en finale, se dressait son double Philippe Chatrier. Comme Gustavo ses), John McEnroe (dix participations, d’un jour sans fin… ■
Garbine Muguruza, la nouvelle étoile du tennis féminin
land-Garros en éliminant… Serena du monde. Je pense que Garbine paniquait
ROMAIN SCHNEIDER rschneider@lefigaro.fr eWilliams dès le 2 tour il y a deux ans. Mais quand même à l’intérieur. Il y avait le feu,
elle a pris véritablement son envol à partir notamment dans le deuxième set. Mais elle
UNE STAR est née samedi sur le court de l’été 2015. Finaliste à Wimbledon et a bien géré les moments de pression. Moi, je
Philippe-Chatrier. Garbine Muguruza, demi-finaliste du Masters, elle avait bon- suis là pour l’aider à gérer ses émotions. »
edeuxième Espagnole à s’imposer lors des di de la 20 place au top 4. La voilà désor- Sumyk, qui collabore avec l’Espagnole
Internationaux de France chez les dames mais dauphine de Serena au classement depuis septembre dernier, ne tarit pas
après Arantxa Sanchez, trois fois lauréate de la WTA. En attendant mieux. « J’aime- d’éloges sur le mental de sa protégée : « Si
(1989, 1994, 1998), n’a pas froid aux yeux. rais bien sûr devenir numéro 1 mondiale. » on n’a pas de personnalité, on ne va nulle
Sans complexe, tout en puissance et en part. C’est toujours très bien de travailler
Un coach Françaisagressivité, la grande brune (1,82 m) de avec des caractères très forts. Garbine a
22 ans a mis à terre la reine Serena C’est un Français qui a conduit la joueuse des ressources mentales extraordinaires. »
Williams : « J’ai développé un tennis agres- ibérique à son premier sacre en Grand Muguruza n’est pas non plus avare de
sif. J’avais confiance en mon jeu. J’ai pris des Chelem. Le Breton Sam Sumyk, 48 ans et compliments quand elle évoque son
risques et j’ai su gérer mes émotions. » Pour ancien 3/6, est devenu l’un des coachs les coach. « Les choses se passent très bien
bousculer une légende américaine dépas- plus en vue du circuit féminin. Il a notam- entre nous. Il est extrêmement
professionsée dans les échanges, plus fébrile que ja- ment entraîné la Biélorusse Victoria Aza- nel. Il me donne beaucoup de conseils grâce
mais, jambes lourdes, et emportée par la renka, numéro 1 mondiale en 2012 et ti- à son expérience. C’est exactement ce que
tornade adverse. La joueuse aux 21 sacres trée la même année à l’Open d’Australie je cherchais », a glissé la lauréate. « Elle a
majeurs reste ainsi coincée à une longueur ainsi qu’en 2013. « J’ai de la chance. C’est un jeu moderne et agressif. Garbine avait
de Steffi Graf. Elle a subi sa deuxième dé- Garbine qui le mérite », a glissé le discret plus d’intentions de jeu, a reconnu le
faite consécutive en finale de Grand Che- technicien tricolore. Il a tremblé, un peu, coach de Serena Williams, Patrick
Moulem après l’Open d’Australie en janvier, beaucoup. « Elle nous a sorti une grande tatoglou. Bravo à elle, qui a été plus forte
Garbine Muguruza, samedi, au stade Roland-

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents