Pot-bouille
397 pages
Français

Pot-bouille

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Description

Pot-Bouille est le dixième roman de la série les Rougon-Macquart. Le mot pot-bouille désignait au xixe siècle en langage familier la cuisine ordinaire des ménages, en gros synonyme de popote. Mais il n’est pas question ici de cuisine, sinon au sens figuré : Zola veut en effet nous montrer l’envers du décor d’un grand immeuble parisien où, derrière un luxe de façade, vivent des familles bourgeoises dont le comportement quotidien est aussi peu ragoûtant qu’un médiocre brouet, un pot-bouille. Extrait : Des mères faisaient visiblement le rêve qu'elles mariaient leurs filles, la bouche fendue, les dents féroces, dans un abandon inconscient 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 35
EAN13 9782824702544
Langue Français

Extrait

ÉMI LE ZOLA
PO T -BOU I LLE
BI BEBO O KÉMI LE ZOLA
PO T -BOU I LLE
1883
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0254-4
BI BEBO OK
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Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.CHAP I T RE I
 NS A,  embar ras de v oitur es ar rêta le
fiacr e char g é de tr ois malles, qui amenait O ctav e de la g ar e deR Ly on. Le jeune homme baissa la glace d’une p ortièr e , malgré le
fr oid déjà vif de cee sombr e après-midi de no v embr e . Il r estait sur pris
de la br usque tombé e du jour , dans ce q uartier aux r ues étranglé es, toutes
gr ouillantes de foule . Les jur ons des co cher s tap ant sur les che vaux qui
s’ébr ouaient, les coudoiements sans fin des tr ooirs, la file pr essé e des
b outiques déb ordantes de commis et de clients, l’étourdissaient  ; car , s’il
avait rê vé Paris plus pr opr e , il ne l’ esp érait p as d’un commer ce aussi âpr e ,
il le sentait publiquement ouv ert aux app étits des g aillards solides.
Le co cher s’était p enché .
―  C’ est bien p assag e Choiseul  ?
― Mais non, r ue de Choiseul. . . Une maison neuv e , je cr ois.
Et le fiacr e n’ eut qu’à tour ner , la maison se tr ouvait la se conde , une
grande maison de quatr e étag es, dont la pier r e g ardait une pâleur à p eine
1Pot-b ouille Chapitr e I
r oussie , au milieu du plâtr e r ouillé des vieilles façades v oisines. O ctav e ,
qui était descendu sur le tr ooir , la mesurait, l’étudiait d’un r eg ard
machinal, depuis le mag asin de soierie du r ez-de-chaussé e et de l’ entr esol,
jusqu’aux fenêtr es en r etrait du quatrième , ouv rant sur une étr oite
terrasse . A u pr emier , des têtes de femme soutenaient un balcon à ramp e de
fonte très ouv rag é e . Les fenêtr es avaient des encadr ements compliqués,
taillés à la gr osse sur des p oncifs  ; et, en bas, au-dessus de la p orte co chèr e ,
plus char g é e encor e d’ or nements, deux amour s dér oulaient un cartouche ,
où était le numér o , qu’un b e c de g az intérieur é clairait la nuit.
Un gr os monsieur blond, qui sortait du v estibule , s’ar rêta net, en ap
erce vant O ctav e .
―  Comment  ! v ous v oilà  ! cria-t-il. Mais je ne comptais sur v ous que
demain  !
― Ma foi, rép ondit le jeune homme , j’ai quié P lassans un jour plus
tôt. . . Est-ce que la chambr e n’ est p as prête  ?
―  Oh  ! si. . . J’avais loué depuis quinze jour s, et j’ai meublé ça tout de
suite , comme v ous me le demandiez. Aendez, je v eux v ous installer .
Il r entra, malgré les instances d’O ctav e . Le co cher avait descendu les
tr ois malles. D eb out dans la log e du concier g e , un homme digne , à longue
face rasé e de diplomate , p ar courait grav ement le Moniteur . Il daigna p
ourtant s’inquiéter de ces malles qu’ on dép osait sous sa p orte  ; et, s’avançant,
il demanda à son lo catair e , l’ar chite cte du tr oisième , comme il le
nommait  :
― Monsieur Camp ardon, est-ce la p er sonne  ?
―  Oui, monsieur Gourd, c’ est monsieur O ctav e Mour et, p our qui j’ai
loué la chambr e du quatrième . Il couchera là-haut et il pr endra ses r ep as
chez nous. . . Monsieur Mour et est un ami des p ar ents de ma femme , que
je v ous r e commande .
O ctav e r eg ardait l’ entré e , aux p anne aux de faux marbr e , et dont la
v oûte était dé coré e de r osaces. La cour , au fond, p avé e et cimenté e , avait
un grand air de pr opr eté fr oide  ; seul, un co cher , à la p orte des é curies,
fr oait un mor s av e c une p e au. Jamais le soleil ne de vait descendr e là .
Cep endant, M. Gourd e x aminait les malles. Il les p oussa du pie d,
devint r esp e ctueux de vant leur p oids, et p arla d’aller cher cher un
commissionnair e , p our les fair e monter p ar l’ escalier de ser vice .
2Pot-b ouille Chapitr e I
― Madame Gourd, je sor s, cria-t-il en se p enchant dans la log e .
Cee log e était un p etit salon, aux glaces clair es, g ar ni d’une mo quee
à fleur s r oug es et meublé de p alissandr e  ; et, p ar une p orte entr’ ouv erte ,
on ap er ce vait un coin de la chambr e à coucher , un lit drap é de r eps gr enat.
Madame Gourd, très grasse , coiffé e de r ubans jaunes, était allong é e dans
un fauteuil, les mains jointes, à ne rien fair e .
― Eh bien  ! montons, dit l’ar chite cte .
Et, comme il p oussait la p orte d’acajou du v estibule , il ajouta, en
v o yant l’impr ession causé e au jeune homme p ar la caloe de v elour s noir
et les p antoufles bleu ciel de M. Gourd  :
―  V ous sav ez, c’ est l’ancien valet de chambr e du duc de V aug elade .
― Ah  ! dit simplement O ctav e .
― Parfaitement, et il a ép ousé la v euv e d’un p etit huissier de
Mort-laVille . Ils p ossèdent même une maison là-bas. Mais ils aendent d’av oir
tr ois mille francs de r ente p our s’y r etir er . . . Oh  ! des concier g es conv
enables  !
Le v estibule et l’ escalier étaient d’un lux e violent. En bas, une figur e
de femme , une sorte de Nap olitaine toute doré e , p ortait sur la tête une
amphor e , d’ où sortaient tr ois b e cs de g az, g ar nis de glob es dép olis. Les
p anne aux de faux marbr e , blancs à b ordur es r oses, montaient régulièr
ement dans la cag e r onde  ; tandis que la ramp e de fonte , à b ois d’acajou,
imitait le vieil ar g ent, av e c des ép anouissements de feuilles d’ or . Un
tapis r oug e , r etenu p ar des tringles de cuiv r e , couv rait les mar ches. Mais ce
qui frapp a surtout O ctav e , ce fut, en entrant, une chaleur de ser r e , une
haleine tiède qu’une b ouche lui soufflait au visag e .
―  Tiens  ! dit-il, l’ escalier est chauffé  ?
― Sans doute , rép ondit Camp ardon. Maintenant, tous les pr
opriétair es qui se r esp e ctent, font cee dép ense . . . La maison est très bien, très
bien. . .
Il tour nait la tête , comme s’il en eût sondé les mur s, de son œil
d’archite cte .
― Mon cher , v ous allez v oir , elle est tout à fait bien. . . Et habité e rien
que p ar des g ens comme il faut  !
Alor s, montant av e c lenteur , il nomma les lo catair es. A chaque étag e ,
il y avait deux app artements, l’un sur la r ue , l’autr e sur la cour , et dont
3Pot-b ouille Chapitr e I
les p ortes d’acajou v er ni se faisaient face . D’ab ord, il dit un mot de M.
A uguste V abr e  : c’était le fils aîné du pr opriétair e  ; il avait pris, au
printemps, le mag asin de soierie du r ez-de-chaussé e , et o ccup ait ég alement
tout l’ entr esol. Ensuite , au pr emier , se tr ouvaient, sur la cour , l’autr e fils
du pr opriétair e , M. é ophile V abr e , av e c sa dame , et sur la r ue , le pr
opriétair e lui-même , un ancien notair e de V er sailles, qui log e ait du r este
chez son g endr e , M. Duv e y rier , conseiller à la cour d’app el.
― Un g aillard qui n’a p as quarante-cinq ans, dit en s’ar rêtant
Camp ardon, hein  ? c’ est joli  !
Il monta deux mar ches, et se tour nant br usquement, il ajouta  :
― Eau et g az à tous les étag es.
Sous la haute fenêtr e de chaque p alier , dont les vitr es, b ordé es d’une
gr e cque , é clairaient l’ escalier d’un jour blanc, se tr ouvait u

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