Pour 44 n°95 - Mars 2017
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Fédération Syndicale Unitaire Section de Loire-Atlantique N°95 Mars 2017 - ISSN 1249- 2051 Abonnement annuel 2 euros FSU-8 pl de la Gare de l’État, case postale n°8, 44276-Nantes CEDEX 2 - tel : 02 40 35 96 55-fax 02 40 35 96 56 Site internet :http://www.fsu44.orge mail : fsu44@fsu44.org - Ne pas se laisser réduire En cette période pré-électorale où l’arrogance le dispute au ridicule, la tentation est grande de se demander « et nous, citoyens, où sommes nous là-dedans ? ». Certaines savent utiliser ce désarroi, habiles à construire un discours en kit, adapté à chaque situation de détresse, mais qui ne tient aucune cohérence quand il est lu dans son intégralité. C’est ce que fait le FN, en sangsue de la misère. Un discours réducteur, mais dont il est difficile de rire aujourd’hui tant on en sait la réalité de la menace. Malgré cela, ou parce que cela, il est nécessaire de ne pas entériner la résignation. Il est même d’autant plus vital de ne pas se laisser réduire, en nombre, au silence, au profit. En tant qu’organisation syndicale, parce que nous travaillons en proximité avec les citoyen-nes, nous avons à construire des lieux de confrontation des idées, qui permettront de sortir des déserts de pensée dans lesquels les dicteurs de prêt à penser veulent nous laisser nous déssecher.

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Publié le 25 avril 2017
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Langue Français

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Fédération
Syndicale Unitaire
Section de Loire-Atlantique
N°95 Mars 2017 -ISSN 1249-2051
Abonnement annuel 2 euros
FSU-8 pl de la Gare de l’État, case postale n°8, 44276-Nantes CEDEX 2 - tel : 02 40 35 96 55-fax 02 40 35 96 56 Site internet :http://www.fsu44.orge mail : fsu44@fsu44.org -
Ne pas se laisser réduire En cette période pré-électorale où l’arrogance le dispute au ridicule, la tentation est grande de se demander « et nous, citoyens, où sommes nous là-dedans ? ». Certain-es savent utiliser ce désarroi, habiles à construire un discours en kit, adapté à chaque situation de détresse, mais qui ne tient aucune cohérence quand il est lu dans son intégralité. C’est ce que fait le FN, en sangsue de la misère. Un discours réducteur, mais dont il est difficile de rire aujourd’hui tant on en sait la réalité de la menace. Malgré cela, ou parce que cela, il est nécessaire de ne pas entériner la résignation. Il est même d’autant plus vital de ne pas se laisser réduire, en nombre, au silence, au profit. En tant qu’organisation syndicale, parce que nous travaillons en proximité avec les citoyen-nes, nous avons à construire des lieux de confrontation des idées, qui permettront de sortir des déserts de pensée dans lesquels les dicteurs de prêt à penser veulent nous laisser nous déssecher. En cette période d’élections, où les candidats les plus prompts à vouloir diviser nous volent les mots pour les assécher et pour que nous ne puissions plus les penser par nous mêmes, il est urgent de reprendre notre langage, de dire notre pensée. Et de permettre cela là où nous agissons: en proposant un espace ouvert et protégé des « penseurs » clés en main. Au nom des principes de justice, de solidarité et de liberté des mouvements de résistance ont su dans le passé répondre ici comme ailleurs à la montée et l'emprise de l'extrême droite. Aujourd’hui en Loire Atlantique, un collectif de lutte contre l’extrême droite et ses idées se recrée qui, malgré des écarts de vision dans la manière d’agir, a au moins le mérite de la confrontation, en dehors de toute pensée totalisante. Ce sont ces lieux de débat et de déconstruction des idées
Dispensé de timbragePOUR 44
8 pl de la Gare de l’État case postale n°8 44276-Nantes CEDEX 2
déposé le 16 mars 2017
Nantes ROLLIN
SOMMAIRE - Ne pas se laisser réduirep 1-2 Édito p 2 Couverture santé, la fracture s’élargit p 3-4 Sélection en master p 4 30 mars : mobilisation des retraités p 5-6 Une approche syndicale de la lutte contre  l’extrême droite p 7 « Pack 15-30 » p 8 Le message des 50 Otages
simplistes et univoques que nous devons pouvoir créer et ouvrir au-delà des convaincu-es.Affronter le pire par la violence n’ouvre aucun espace de rencontre avec celles et ceux qui se vivent loin de tout ce bruit. Nous devons continuer à espérer dans la capacité des humains à bâtir collectivement de la pensée critique. Partout où nous travaillons et rencontrons la diversité du monde, dans nos écoles, nos universités, nos centres de formation, nos entreprises, nos centres sociaux, nos hôpitaux, nos maisons de retraite, nos administrations,….
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Edito (suite)
Déjà s’ouvrent des espaces où des citoyen-nes se ressaisissent de leur vie, des espaces d’émancipation. Les dynamiques inventées autour de la journée de lutte pour les droits des femmes le 8 mars, à laquelle l’intersyndicale départementale CGT-FSU-Solidaires-UNEF s’est associée, a montré des façons renouvelées d’ouvrir le débat, d’affirmer qu’une autre société plus juste et plus égalitaire est possible entre les femmes et les hommes, qu’on ne peut penser la société à venir sans cette condition là. De même qu’il ne sera pas possible de penser notre monde sans prendre en compte la
douleur des exils. Ne pas se laisser réduire. Notre action syndicale au quotidien doit permettre l’expression des idées de toutes et tous, quelles que soient leur place et leur classe. Qu’ils, elles puissent la dire résolument, naïvement, pesamment ou légèrement, mais prendre d'assaut tout espace d'énonciation. Et le prendre pour ce qu'il est réellement : face au flux ininterrompu d'injonctions et d'ordres, de fins de non-recevoir, notre espace de pensée est vital.
Couverture Santé, la fracture s'élargit
Aujourd'hui la Sécurité Sociale rembourse à 76,82% les soins et biens médicaux. Mais seulement 50% des soins de ville et très peu le dentaire, l'optique et l'audition. La progression rapide des sociétés d'assurance et des institutions de prévoyance ne laisse plus aux mutuelles que 50 % du marché des complémentaires-santé. Un système de plus en plus complexe et fragilisé Depuis 1996, les gouvernements n'acceptent plus une progression du budget de l'Assurance Maladie pour accompagner l'évolution des coûts (progrès médicaux et vieillissement …). Il a fallu corseter toutes les dépenses (remboursements, budget des hôpitaux...). D'autre part, le numerus clausus draconien pour la formation des médecins (en 2017, 8124 recrutements pour un besoin de 13 000) est le facteur essentiel de la désertification médicale et des délais d'attente. L'Assurance Maladie obligatoire, le RSI (régime social des indépendants), la MSA (régime de base du secteur agricole) et les 450 organismes complémentaires multiplient les doublons et les frais de gestion. A côté de l'hôpital public, les cliniques privées. Des centaines d'organismes interlocuteurs des professionnels de santé induisent une complexité telle que le tiers payant intégral a été censuré. Moins de Sécurité Sociale, la solution ? L'Association française de l'industrie pharmaceutique pour l'automédication (Afipa) propose à la Sécurité Sociale de réaliser rapidement 1,5 milliard d'économie en autorisant l'élargissement de la liste des médicaments pouvant être achetés sans ordonnance. Selon l'Afipa la progression du marché de l'automédication de 3,9% en 2016 est insuffisante. Boiron, Sanofi, Mylan, Teva, Biogaran… multiplient les campagnes publicitaires. Leur référence ? 32,3% d'automédication sur l'ensemble des ventes de médicaments, moyenne européenne! L'Afipa néglige qu'actuellement les 7 milliards de l'automédication sont à la charge des patients, à 100%.
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Complémentaires-santé, forfaits, franchises, dépassements d'honoraires accentuent les inégalités Dans les grandes entreprises les garanties sont élevées et la prise en charge des cotisations de 65% en moyenne. Depuis 2016, les salariés de toutes les entreprises bénéficient d'une aide à hauteur de 50% au moins de leur cotisation. En revanche, chômeurs, précaires, étudiants, 5,4 millions de fonctionnaires et 16 millions de retraités ne reçoivent aucune aide – ou si peu ! -pour leurs contrats individuels de complémentaires. Dans la fonction publique l'aide est de l'ordre de 15 centimes d'euros par agent et par mois ! En 15 ans le volume des cotisations pour les complémentaires-santé a doublé pour atteindre plus de 35 milliards d'euros ! Les restes à charge des patients (forfaits, franchises …) sont passés de 11,7 milliards en 2001 à 16,4 milliards en 2015. Quant aux dépassements d'honoraires ils s'élèvent à 14,5 milliards (2,8 en médecine et 11,7 en optique, audioprothèse et dentaire). Dans les cliniques, le reste à charge réglé directement par le patient s'élève à 4% des dépenses, en hôpital à 1,81%. Ces réalités décrivent partiellement les ravages de la privatisation du système de santé considéré comme un « marché ». Pénurie et répartition anarchique des médecins, coûts de la santé expliquent qu'un tiers des français renoncent à des soins et que rares sont ceux qui ne subissent pas le désagrément de délais d'attente. Les patients des milieux modestes évitent les cliniques, repoussent les consultations, vont aux urgences dans un état dégradé. Selon le Directeur de l'Assurance Maladie, dans quelques années tous les secteurs géographiques, toutes les spécialités médicales seront en difficulté pour répondre aux demandes. L'accès à des soins de qualité pour toutes et tous et partout et une Sécurité Sociale visant la gratuité sont à reconquérir. Bernard COLOU
Sélection en master, quelles conséquences pour la démocratisation des études?
1 En décembre dernier, une loi réformant le cursus de master était adoptée et promulguée. Cette loi modifie en profondeur l’accès aux études de master et l’on peine à envisager dès aujourd’hui l’ensemble de ses conséquences, même si ses premiers effets se front sentir dès la rentrée universitaire de septembre 2017. Ceux-ci ne concerneront pas que les seuls étudiants des université mais posent des questions à l’ensemble de l’enseignement supérieur.Depuis le milieu des années 2000, l’enseignement universitaire français est organisé selon le « LMD » : la Licence (en trois ans), suivie du Master (deux années supplémentaires) et du Doctorat (trois ans, soit huit ans au total pour un-e docteur-e). Pourtant, les universités ont conservé un ancien fonctionnement, qui consistait à sélectionner les étudiants entre la quatrième et la cinquième année (anciennement après la maîtrise). Cette pratique, sans fondement légal, a occasionné depuis deux ans des recours devant le tribunal administratif d’étudiants se voyant refuser l’accès à des formations de M2 (deuxième année de master). La loi de décembre 2017 rappelle que le master est un diplôme en deux ans et qu’une sélection ne peut pas exister entre ces deux années, à quelques exceptions près. Ce faisant, elle rappelle le droit déjà existant. Elle affirme pour tou-tes les diplômé-es de licence un droit à la poursuite d’études. Elle introduit enfin une possibilité pour les parcours de masters de sélectionner les étudiant-es. De quelle façon ? Tous les parcours qui le veulent pourront fixer des capacités d’accueil (des numerus clausus). Ceux qui le font pourront alors choisir les dossiers parmi ceux de tous les candidats. Par contre, les masters sans capacités d’accueil ne pourront pas refuser de candidatures. Le droit à la poursuite d’études est établi de la manière suivante : si un étudiant se voit refuser l’accès à tous les masters qu’il a demandé, il dispose de 15 jours pour s’adresser au recteur qui devra alors lui faire trois propositions de master tenant compte du projet de 2 l’étudiant et de son université d’origine . Plusieurs organisations syndicales de personnels et d’étudiants voient une avancée dans la loi, à cause du droit à la 3 poursuite d’études . Trois mois après la promulgation de la loi, où en est-on à l’université de Nantes ?La loi rend possible l’instauration de capacités d’accueil mais ne l’impose pas. Néanmoins, à
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Nantes comme presque partout ailleurs, tous les parcours de master ont instauré des capacités d’accueil. Dans la plupart des cas, celles-ci sont égales au nombre d’étudiants actuellement en M1. Dans un petit nombre de cas, les places sont en baisse : biologie, management, LEA, psychologie (fortes baisses pour ces deux domaines). En effet, la loi est à replacer dans le contexte général actuel des universités : pénurie de moyens en enseignants-chercheurs et en personnels non-enseignants, pénurie budgétaire généralisée sous couvert d’« autonomie » des universités, surcharge de travail et pénibilité accrue. Ainsi, il n’est pas surprenant que les responsables des formations ne se soient pas opposés à la mise en place d’un verrou à l’entrée des formations, soient qu’ils y aient vu un moyen pour atténuer le manque de moyens, soient qu’ils soient favorables sur le fond à la sélection des étudiants, soient qu’ils n’aient tout simplement pas été consultés. Quelles conséquences dans la formation des enseignant-es et CPE ?Depuis la « masterisation » de la formation, les candidats aux concours doivent être inscrits en M1 durant l’année du concours (puis valider un M2 pour être titularisés). Avec l’augmentation du nombre de 4 postes, les effectifs étudiants à l’ESPE ont fortement augmenté (alors que les postes de formatrices et formateurs stagnaient). Le conseil d’école de janvier devait donc se prononcer sur la mise en place ou non de capacités d’accueil en M1. [suite de l’article page suivante] _____________________ 1. LOI n° 2016-1828 du 23 décembre 2016 portant adaptation du deuxième cycle de l'enseignement supérieur français au système Licence-Master-Doctorat. 2. Décret n° 2017-83 du 25 janvier 2017 relatif aux conditions dans lesquelles les titulaires du diplôme national de licence non admis en première année d'une formation de leur choix conduisant au diplôme national de master se voient proposer l'inscription dans une formation du deuxième cycle. 3. Les ministres N. Vallaud-Belkacem et T. Mandon et les organisations représentant les étudiants, les personnels et les établissements d'enseignement supérieur (UNEF, FAGE, P.D.E., C.P.U., C.D.E.F.I., SNESUP-F.S.U., SGEN-C.F.D.T., Sup' Recherche-UNSA, S.N.P.TE.S.) ont convenu le 4/10/17 d'une position commune sur le sujet, annonçant la loi votée deux mois plus tard. 4. École Supérieure du Professorat et de l’Éducation, composante de l’université de Nantes, qui forme les étudiants aux masters Métiers de l’Enseignement, de l’Education et de la Formation. L’ESPE de l’académie travaille sur cinq sites, un par département.
Sélection en master, quelles conséquences pour la démocratisation des études?(suite)
La direction a proposé qu’elles soient mises en place, avec pour argument principal le fait que les autres ESPE voisines l’avaient fait : si des étudiants voulant être enseignants sont refusés à Rennes ou Poitiers, ils viendront sans doute chez nous, et nous serons obligés de les accepter si nous n’avons pas de capacités d’accueil… Malgré l’opposition ferme des représentants élu-es de formateurs au conseil d’école, ont été votées des limitations à l’entrée pour 2017 : 520 places en M1 premier degré (pour toute l’académie), 670 second degré, 30 pour les CPE. Cela introduit un changement radical : alors qu’auparavant on entrait de droit en master enseignant avec certaines licences er (lettres, maths, etc. pour le 1 degré par exemple), plus aucun étudiant n’est assuré d’avoir sa place en M1 l’an prochain ! l’ESPE est assurée de crouler d’ici quelques semaines sous les dossiers de candidatures (les étudiants vont faire des demandes dans plusieurs académies pour multiplier leurs chances). Ce seront les parcours académiques brillants qui ont le plus de chances d’être sélectionnés, laissant de côté les parcours plus atypiques. Les élu-es ont souligné au conseil d’école que cette sélection avait toutes les chances de se retourner contre les étudiant-es issu-es de milieux populaires.
Quelles conséquences pour l’enseignement supérieur ?Au-delà des effets à court terme, la loi fait peser de lourdes menaces sur l’université. Alors que la démocratisation des études doit se poursuivre, dans un contexte où les diplômes sont plus que jamais la meilleure protection des plus modestes contre le chômage et la précarité, l’instauration de la sélection dans les études universitaires ouvre la voie à un changement de philosophie radical. Des voix s’élèvent (parmi les responsables politiques de droite mais aussi les présidents d’université) pour réclamer la sélection à l’entrée en licence (après le baccalauréat). Dans le même temps, le montant des droits d’inscription à l’université est largement critiqué comme étant trop faible : les études vaudraient plus si elles étaient plus chères… Nous pouvons craindre que ces deux chantiers soient rapidement mis à l’agenda des prochains gouvernements, si la mobilisation des personnels et étudiants n’est pas à la hauteur de ces enjeux. Plus largement, la question de la sélection dans les études est une question de société qui à ce titre interpelle toute la FSU : quel modèle d’école et d’université voulons-nous pour les années à venir ? Mary DAVID, co-secrétaire du Snesup-FSU à l’université de Nantes
Le 30 mars: mobilisation des retraités
Le 30 mars, les retraités se mobilisent pour lutter contre la dégradation de leurs conditions de vie. Ils revendiquent : - L'indexation de la revalorisation des pensions sur les salaires et non sur les prix : 20% de perte de pouvoir d'achat sur les 20 dernières années pour de nombreux retraités. - La suppression des mesures fiscales injustes : taxe de 0,3% de Contribution Additionnelle de Solidarité pour l'Autonomie (CASA), perte de la demi-part pour les veuves et veufs ayant élevé un enfant, fiscalisation des 10% de majoration de pension pour les parents de 3 enfants… - Des services publics de qualité et un accès aux soins pour tous : désertification médicale, diminution des remboursements des soins par la sécu avec des restes à charge importants, manque de financement pour la prise
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en charge de la perte d'autonomie… - Des lieux de négociation pour discuter de leurs problèmes spécifiques. En Loire-Atlantique, un questionnaire national (www.retraitesencolere.fren document joint à ce et numéro) sera distribué largement et notamment sur les marchés pour recueillir les préoccupations des retraités. Les réponses serviront à interpeller les candidats aux présidentielles et aux législatives. Le 30 mars, l’intersyndicale 44 (CFTC- CGC-CGT- FGR- FO- FSU- Solidaires) appelle à un rassemblement à 14h 30 à Nantes devant la Préfecture et à Saint-Nazaire. Une demande d'entrevue avec la préfète a été faite. Actifs , retraités faites remplir le questionnaire !
Ouvrir des espaces de débat et de pensée critique, une approche syndicale de la lutte contre l’extrême droite et ses idées
L’organisation de la conférence contre l’immigration, initialement prévue à la maison des syndicats le 3 février dernier, et la venue de M Le Pen à Nantes le 26 février ont donné lieu à des mobilisations et actions qui, si elles ont permis la (re)constitution d’un collectif unitaire ouvert et composite, ont aussi donné lieu à des divergences dans la façon d’envisager les formes et les objets de la lutte contre l’extrême droite et ses idées de profonde régression sociale et humaine et d’atteinte à la dignité des personnes. Dès janvier, la FSU a été à l’initiative d’une démarche intersyndicale contre l’extrême droite. Elle a accepté le principe du collectif qui, de par ses composantes, ajoute une pression de nature politique et forcément partisane. En être conscient aide à appréhender cette dimension désormais inévitable sans donner prise à l’instrumentalisation. Lutter contre l’extrême droite et ses idées, c’est aussi lutter contre toutes formes d’injonctions idéologiques qui empêchent de penser pour mieux manipuler les esprits par des pensées simplistes et univoques. La FSU reste attachée à sa spécificité syndicale, dans laquelle s’inscrit la nécessité de construire avec les salarié-es, retraité-es, étudiant-es, jeunes, chomeurs-euses, des espaces de confrontation et de débat des idées. C’est aussi pour cette raison qu’elle défend des formes d’actions collectives qui doivent intégrer le souci de ne pas desservir la cause antifasciste par des actes qui brouillent l’image d’un mouvement positif d’émancipation. Quelques rappels des faits depuis janvier Début janvier, l’exécutif de la SD a pris connaissance de l’organisation d’une conférence hostile à l’immigration qui devait se tenir à la maison des syndicats le 3 février. Aussitôt le bureau FSU 44 a pris la décision d’une adresse à toutes les autres organisations syndicales pour demander la déprogrammation, jusqu’à l’annulation, de cette conférence raciste et xénophobe, présentée sous un vernis universitaire. Tous les syndicats, sauf la CGC et FO, ont répondu positivement à cette démarche initiée par la FSU. Les pressions syndicales ont abouti au retrait de la conférence d’extrême droite de la maison des syndicats, qui a été relocalisée salle Bretagne. A la demande de Solidaires, la LDH a alors
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réuni des composantes hostiles aux thèses de l’extrême droite sur le pays nantais, devenuesle collectif unitaire contre l’extrême droite et ses idées auquel à ce jour participent trois syndicats (CGT, Solidaires, FSU), des groupes ou partis politiques (PCF, Place au Peuple, Ensemble, NPA, jeunes communistes…), des collectifs tels que Nuit Debout, « à l’abordage », Nantes en Résistances, des représentants de la ZAD…, des associations (UCIJ, LDH, CIMADE, MRAP, FNASAT…), et des individuels. Les échanges ont à ce jour essentiellement porté sur les mobilisations des 3 février et du 25 février, veille de la venue de M Le Pen à Nantes. Le choix de la FSU 44 face à la venue de M Le Pen le 26 février : ne pas s’associer à une manifestation contreproductive et interroger l’efficience des
modes d’action er Réuni le 1 février, le collectif a posé la question d’une manifestation en réaction au meeting du FN au Zénith le 26 février, sur un territoire choisi par ce parti comme « terre de mission » pour mieux s’implanter dans le grand Ouest. Si tous les partis ou groupes politiques, les collectifs, la CGT et Solidaires y étaient favorables, des réserves fortes ont été posées par la LDH et des associations. La FSU n’a pas pris position, estimant qu’il fallait débattre plus globalement de la stratégie contre l’extrême droite qui ne doit pas se limiter à manifester mais à déconstruire les thèses qu’elle véhicule. Ainsi a-t’elle proposé dès le début de ces rencontres l’organisation de meeting publics sur des thématiques précises permettant de rentrer dans le détail du programme de l’extrême droite : l’éducation (à l’université), la culture, le travail (à la DIRRECT, à Pôle emploi…). Ces modalités d’action, que la FSU a mises en débat à chaque réunion du collectif, n’ont eu qu’un faible écho et ont été ignorées…. Le 7 février, lors du dernier bureau de la FSU avant le 28 février en raison des congés scolaires, de longs échanges ont eu lieu sur l’attitude à avoir pour le meeting du 26. Seuls 5 membres sur 9 étaient présents, celles et ceux de la tendance EE étant engagé-es sur d’autres réunions ou obligations. Le débat a fait apparaître une position très réservée sur une manifestation le 25, un samedi en centre-ville avec l’incapacité de maîtriser les choses et forcément
Ouvrir des espaces de débat et de pensée critique, une approche syndicale de la lutte contre l’extrême droite et ses idées
un dispositif policier très présent pour « protéger » les sein, ellepartage ce même combat commun contre commerces et les chalands. Les composantes absentesl’extrême droite et son projet haineux. Cela suffit du bureau ont été informées le jour même du mandat pour justifier sa participation au collectif unitaire. Elle pris par l’exécutif dans sa majorité d’aller sur des estime en effet positif d’avoir ce lieu pour s’exprimer, initiatives complémentaires vers la population pour chercher à vérifier les proximités, nommer les expliquer le programme dévastateur du FN au lieu de différences, et finalement apprendre à mieux se se limiter à l’organisation de manifestations et connaître pour dépasser au besoin des réflexes et tractages qui n’ont pas de vertu explicative et ne procès d’intention liés à des postures idéologiques. convainquent que les convaincus. L’idée initiale de Cette pratique de l’altérité suppose une ouverture limiter la position FSU à un possible rassemblement d’esprit salutaire pour toutes et tous afin de sans manifester en raison du contexte et du scénario renouveler nos usages militants, d’autant plus prédictible n’avait pas été retenue par le collectif. Le important dans cette période où règne, il faut le dire bureau était enfin convaincu qu’il était inutile de avec lucidité, la méfiance vis-à-vis des syndicats et servir des violences et destructions plus que des partis politiques – y compris lorsqu’ils sont de prévisibles, contreproductives et désastreuses pour les transformation sociale. Dans ce contexte,la FSU doit amalgames qui en sont faits.rappeler que son entrée dans La FSU a fait savoir aule débat reste syndicale. Son collectif que des membres de entrée est aussi politique dans la FSU seraient présents le 25 l’acception large du terme, en tant que citoyen-ne-s mais puisqu’elle cherche à faire que la prise en compte des participer chacun-e à la vie appréciations contraires qui la sociale en lui permettant d'y traversent ne permettait pas contribuer de manière lucide et d’engager sa signature, en consciente. Mais aucunement particulier la trop grande dans le sens où elle adopterait incompréhension qu’une partie le prisme des partis ou groupes très significative de la d’action politique, parce que fédération peut avoir de ses composantes sont de l’utilité des recours à la sensibilités épousant un large violence urbaine dont la police spectre politique et social. et les droites politiques se repaissent. Les seules réactions A ce jour, le collectif continue d’opposition exprimées auprès d’exister en tentant de mettre Affiche de VISA, association intersyndicale composée d’une du bureau suite à sa décision en place ces débats, temps cinquantaine de structures syndicales : la FSU et plusieurs de ses de ne pas appeler à la festifs, rencontres, propositions syndicats, l’Union Syndicale Solidaires et plusieurs de ses syndicats, des fédérations et des syndicats de la CGT, de la CFDT, manifestation pour les raisons que la FSU a portées depuis le de la CNT, de l’UNEF et le syndicat de la Magistrature. précitées l’ont été par le début des réunions. La dernière SNESUP, quelques jours après la réunion du collectif. réunion du collectif le 28 février a montré une volonté  d’imaginer de possibles nouvelles convergences dans Lors de la dernière réunion du collectif le 28 février, les mobilisations avant, pendant et après les élections les analyses de la manifestation du 25 par les présidentielles, sans injonction à se rejoindre organisations ou collectifs ayant appelé ont fait l’objet systématiquement, ce qui serait totalitaire ou de divergences profondes. La CGT a constaté totalisant. Les entrées restent différentes car les l’impossibilité qu’il y avait eu de contenir les formes de lutte sont diverses face à la peste brune qui violences, et déploré la tournure de la manifestation, progresse de manière dramatique par les urnes, dont elle sera la première à subir les conséquences en alimentée par les faillites d’une classe politique terme de plaintes et autres menaces. complice du capitalisme.La FSU continue de porter dans ce cadre la conviction qu’il faut avant tout Une position libre et responsable déconstruire les thématiques de la haine droitière  parce qu’elle reste convaincue qu’un autre monde Sila FSUsolidaire est possible.a, à certains moments, des divergences sur l’action, des expressions et analyses parfois éloignées avec d’autres composantes du collectif, et dans sonCatherine TUCHAIS
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«Pack 15-30» : quand la «dématérialisation» rencontre l’évaporation
Depuis plusieurs années, le conseil régional des Pays de la Loire a mis en place un dispositif pour favoriser la prise d’autonomie des jeunes, de 15 à 29 ans révolus. Dénommépack 15-30il regroupe un ensemble d’une dizaine de « pass » de nature différente. Confié à un prestataire (via un appel d’offre » de marché public), il est depuis son origine matérialisé par des « chéquiers » contenant plusieurs coupons, en particulier pour les pass « culture sports » et « prévention contraception ». Les jeunes s’inscrivent sur internet. Contre une somme modique, ils « achètent » leur chéquier et bénéficient alors de coupons qu’ils sont loin de tous utiliser dans les faits. Ce dispositif – très imparfait car le prestataire et la région n’ont pas construit d’indicateurs pour l’évaluer pass par pass, ni vraiment dans sa globalité – mélange les genres et selon les cas est accessible sous conditions de ressources ou de libre accès. Le pass « culture sports » et celui « contraception prévention » sont les plus utilisés. Dans les lycées et les grands centres de formation d’apprentis, voire des missions locales, une utilisation pédagogique et collective est faite du pass culture et sports. C’est un outil intéressant pour des professeurs qui incitent les élèves à des activités de découverte. La démarche est la même dans certains CFA. Il suffit de regrouper des « coupons » individuels et d’en prévoir une utilisation regroupée. S’agissant du pass contraception, aussi bien en lycée public que dans l’enseignement catholique des personnels « adultes référents » accompagnent les mineurs dans une démarche adaptée à chaque situation. Un pass dénommé accès à une première mutuelle aide aussi à financer – sous condition de ressources – la couverture sociale. On trouve aussi des pass transports, logement… Tout cet ensemble de pass contribue à faire « vivre » des salles de cinéma ciblées art et essai, des structures associatives, le mouvement sportif. C’est aussi pour le pass culture sports un moyen précieux de mettre en relation des scènes nationales dans un partenariat régulier avec des établissements scolaires et des équipements de quartiers. Le conseil économique sociale et environnemental (CESER) des Pays de la Loire a produit une étude récente – avant le changement de majorité politique – préconisant des regroupements de packs, des changements d’opérateurs aux coûts excessifs, la suppression de pass peu satisfaisants. Mais surtout il pointait qu’il fallait s’assurer que le plus grand nombre de jeunes soit aidé sur l’ensemble du territoire avec la mise en place d’une évaluation bien pensée en amont. Il préconisait la montée en puissance de l’aide aux
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transports intermodale et inter régionale, une plus grande souplesse d’inscription, des montants alloués plus conséquents. La nouvelle majorité a décidé de « remettre » à plat l’ensemble dupack 15-30. Un nouvel appel d’offre est en cours et la dématérialisation du pack est décidée. Finis les chéquiers qui coûtent trop chers.Ces changements interviennent sans concertation, sans évaluation sérieuse des conséquences sur les acteurs et les jeunes, sur l’écosystème du dispositif. La dématérialisation individualise l’usage. Plus globalement on décide de regrouper certains pass (« santé contraception » en particulier) en annonçant déjà la suppression du pass aidant à la prise en charge de mutuelle au motif d’un changement législatif obligeant chaque employeur à financer une complémentaire santé. Mais qu’en est-il des étudiants et des jeunes sans emploi ? Il est décidé de suspendre plusieurs mois le pass « culture sports », le temps de mettre au point la dématérialisation ! Cette dernière est la raison mise en avant d’une opération bien plus large qui consiste à faire des économies de fonctionnement, sur le dos de certains jeunes et de leurs familles. Car si le budget voté pour 2017affiche bien la poursuite du dispositif au nom de l’égalité des territoires et de l’autonomie des jeunes Ligériens, en réalité la philosophie même du dispositif change. Ainsi on crée un pass « permis » (aide au financement du permis de conduire) pour les jeunes apprentis conditionné par un engagement à louer les vertus de l’apprentissage auprès de publics divers. On évoque pour le pass « culture sports » le fait de pouvoir bénéficier de coupons à la condition de s’engager dans des actions de bénévolat en contrepartie ! Ainsi au nom d’une certaine conception du civisme on met non plus à disposition des moyens pour l’autonomie mais des aides supposant des contre parties et des contraintes. Le devenir de cepack 15-30, sur l’ensemble de ses volets, devient problématique car répondant à une vision comptable non avouée mais bien présente, mais le sens politique détourne franchement la notion d’autonomie pour la confondre avec une notion d’engagement moral dans le bénévolat mal appréciée. La question de l’autonomie est posée dans un contexte grandissant de nouvelles pauvretés chez les jeunes. C’est bien mal pris en compte, pas évalué du tout. Enfin la dématérialisation n’est pas le remède aux dysfonctionnements antérieurs : elle individualise les utilisations. Elle suppose aussi la fin des « supports » papiers qui étaient dans des lieux publics le moyen de faire connaître l’existence du dispositif global. Mais les raisons comptables justifient les gouvernances de coupes. Didier HUDE
Le message des 50 Otages
A Nantes ville médaillée de la résistance et compagnon de la libération, parmi ceux qui empruntent le Cours des 50 otages, et notamment les jeunes, combien savent ce qui leur est arrivé ce 22 octobre 1941 et pourquoi ? Aujourd'hui le terme d'"otage " est délibérément galvaudé en vue de discréditer voire criminaliser les actions syndicales les plus inoffensives. Il y a 75 ans hélas pour les nazis et les collabos français, c’est d’assassinat qu’il faut parler. Leur visage nous interpelle A l'initiative conjointe du COMITE DU SOUVENIR DES FUSILLES ET DE LA RESISTANCE EN LOIRE INFERIEURE, auquel adhère la FSU 44, et de la Mairie de Nantes, ont été affichés sur cette avenue fin octobre les portraits et une courte biographie de ceux que les collabos du régime de Vichy avaient désignés aux nazis pour qu'ils soient fusillés à Nantes et à Châteaubriant Hommage et mémoire Dans le même temps comme chaque année, les cérémonies du souvenir ont réuni à Nantes Indre et Chateaubriant (carrière de la sablière), plusieurs milliers de participants. Il ne s'agissait pas seulement d’honorer la mémoire de ces martyrs mais de r appel er à t ous et s i n g u l i è r e m e n t a u x générations les plus jeunes la similitude dangereuse entre la situation actuelle et celle des années 30 et 40 dans le but d'éviter d'en revivre les conséquences. Si l'exposition des portraits a utilement ravivé la mémoire des plus anciens elle se voulait être aussi pour les plus jeunes une fenêtre ouverte sur une histoire hélas bien méconnue. De la Résistante au Conseil National de la Résistance Au nom des principes de justice, de solidarité et de liberté les mouvements de résistance ont répondu chez nous comme ailleurs à la montée et l'emprise de l'extrême droite. Ce ne fut pas sans sacrifices : si l'exécution des 50 otages est exemplaire certains ont tenté d'en faire un cas isolé. En réalité ce sont plus de 3000 résistants de notre département qui ont été déportés et 331 fusillés : depuis MARIN POIRIER (aout 1941) à JEAN de NEYMAN (aout 1944). Bon nombre d'entre eux étaient des
Syndicalistes. C'est de la conjonction de leur sacrifice et d'une résistance multiforme qu'a été élaboré le programme du Conseil national de la résistance, élément de leur héritage que la droite actuelle et l'extrême droite voire même certains qui se disent de gauche n'ont depuis cessé de remettre en cause par l'épreuve de force ou plus subtilement en misant sur l'oubli. Non à l’oubli ! Cette année nous sommes bien proches du point de rupture non seulement social mais aussi démocratique. Il est urgent de remettre en œuvre les principes pour lesquels nos ainés ont sacrifié leur vie ! C'est la responsabilité toute spéciale de la FSU et de ses adhérents d'y contribuer, nous qui tenons une place toute spéciale auprès de la jeunesse. Il nous revient de rétablir la vérité historique sur les cause et les conséquences de ces événements pour qu'ils ne se répètent pas. Pour rendre accessible la mémoire de ce passé certains encouragent à participer au concours national de la résistance, d'autres font le choix de projets pédagogiques comportant des visites de la carrière des fusillés ou du musée de la résistance de Chateaubriant. Le comité du souvenir est toujours disposé à apporter son aide en prêtant des vidéos ou en participant à des débats. Notons aussi que des élèves avec leur pr of esseur du l ycée Carcouët réalisent un film, Il étaient 48,en partenariat avec le comité du souvenir et le musée de Nantes où il sera présenté le 20 mai. Enfin le Comité réalise pour la rentrée 2017 une BD sur les 50 otages (40 pages et un livret pédagogique). Cette BD devrait pouvoir être utilisée dans nombre d'établissements et avoir sa place dans les bibliothèques: prix modique de 17 euros en octobre (mais 12 euros en souscription actuellement) NE LAISSONS PAS MOURIR UNE SECONDE FOIS NOS CAMARADES RESISTANTS AUXQUELS NOUS DEVONS BEAUCOUP ! IL Y VA DE NOTRE RECONNAISSANCE DE LEUR SACRIFICE MAIS AUSSI EN CETTE ANNEE 2017 DE NOTRE PROPRE AVENIR ET DE CELUI DE LA JEUNESSE QUI NOUS EST CONFIEE ! Gérard ROULIC
N° 95 mars 2017 - directeur de publication : D Hude - CPPAP 0417 S 05938 - ISSN 1249-2051 - Imprimerie Spéciale
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