Pour ne plus avoir honte d’être « Psy » …Faut-il brûler la psychanalyse ?
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N’est-ce pas ce que disent les parents d’enfants autistes ?
en s’enfermant dans des chapelles ils perdent leur autorité
É. R. – Le désamour ne vient pas de nulle part. Pour autant, toutes les critiques ne sont pas recevables. Par exemple, on assiste à un phénomène nouveau : les malades veulent décider de leurs traitements et considèrent notamment que leurs bouffées délirantes font partie de leur identité. Ils ne voient pas pourquoi ils seraient abrutis par des médicaments sous prétexte qu’ils entendent des voix. Ce en quoi il faut les écouter. Mais on va vers une transformation du patient en maître de son destin, et ce n’est pas souhaitable. Là encore, les psychanalystes ont leur part de responsabilité, parce qu’en s’enfermant dans des chapelles ils perdent leur autorité. Au fond, ce qui a été perdu dans les sociétés de psychanalystes, c’est la position de maître au profit de celle des petits chefs.
De violentes attaques s'abattent sur les psychanalystes depuis quelques années,
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Appel pour sauver la psychanalyse
24 avril 2012
Nouvel Observateur 18 avril 2012
vementFaut-il brûler la En s’intitulant provocati psychanalyse?le Nouvel Observateur du 18 avril 2012, accueille dans le dossier spécial qu’il consacre à cette discipline actuellement en diIculté unAppel pour sauver la psychanalysede Alain Badiou et Élisabeth Roudinesco.
LA PSYCHANALYSE DANS SA DïMENSïON LïBÉRATRïCE
Par Philippe Grauer
leGroupe de contactapplaudit à sa propre perte
Les psychanalystes du Groupe de contact se sont réjouis, dans l’ambiance feutrée des ministériels corridors, de 2003 à 2010, d’avoir bien joué. Éliminer les-psychothérapeutes-charlatans tout en s’assurant de se maintenir en bonne place – au détriment des collègues – avec les bons professionnels, diplômés en psychiatrie et surtout psychologie. On allait faire le ménage – et la morale, en balayant devant la porte d’autrui.
labataille des charlatans
Élisabeth Roudinesco, en publiantLe patient le thérapeute et l’État(Fayard), avait discerné qu’il s’agissait d’une vaste oensive contre la psychanalyse elle-même et qu’en politique la servilité opportuniste teintée de corporatisme ne payerait pas. Une seule organisation celle de la Cause freudienne (Jacques-Alain Miller) – soutenue au départ par les auteurs d’un Manifeste pour la psychanalyse (2004), sous la direction de René Major, qui se scinda en deux Manifestes, le Major et le Plon Porge etc. – ît montre de l’intelligence de se solidariser avecles-psychothérapeutesce qui donna sous la bannière de la Coordination psyla bataille des charlatans, 2003-2010.
Bataille dont nous nous sommes pas si mal sortis, dépouillés de notre nom mais non de notre pratique, la psychothérapie relationnelle, à exercer sous le nouveau nom de métier de psychopraticien et le nouveau titre professionnel depsychopraticien relationnel, à l’enseigne Pages Jaunes dePratique hors du cadre réglementé, en fait dans le cadre de sa propreautoréglementation.
dix ans plus tard, labataille de l’autisme
Dix ans après qu’est-ce qu’on voit ? le combat mené par le néo-scientisme d’abord en diversion contre nous les ex psychothérapeutes puis directement contre la psychanalyse commence à l’emporter. Ayant compris que les psychiatres d’obédience psychanalytique (la vieille garde) se trouvaient souvent en diIculté à cause d’une arrogance aussi dogmatique qu’incompétente, les parents d’autistesont attaqué sur ce front, et on îni par convaincre qu’ils entendaient voir disqualiîée l’approche d’inspiration psychanalytique dans le domaine du soin hospitalier à leur enfants.
Leprofesseur Delionmis hors de cause, voici la psychanalyse déclarée pratiquenon consensuellepar la HAS, et reprises les antiennes de l’enquête ïNSERM de 2003 déclarant contre toute logique scientiîque la psychanalyse inférieure comme méthode psychothérapique au cognitivisme.
Que se passe-t-il donc ?
une corporation répartie en chapelles
ïl se passe que la bataille pour le sujet se déploie dans l’arène du carré psy. ïl se passe que la psychanalyse est devenue une corporation répartie en chapelles dont chacune détient le précieux message original, à préserver, qu’il convient à la psychanalyse de ne jamais mélanger ses serviettes avec nos torchons, ni avec les fausses serviettes de la mauvaise couleur de la boutique d’en face. ïl se passe que nos grands professeurs – pas les habituels petits voyous, non, les grands noms, on a pu voir cela dans un récent numéro du Point – délivrent urbi et mediati des portraits diagnostics des candidats à l’élection présidentielle, ce qui représente une faute professionnelle grave et contribue un peu plus à déconsidérer la discipline. ïl se passe que dans le champ de l’autisme on a pris la main dans le sac à bêtises de plus d’un, et que cela ne réjouit pas le cœur d’Œdipe, mis à toutes les sauces psychologiques.
dynamique de subjectivation
ïl se passe que nous demeurons solidaires d’une discipline du processus de subjectivation – on n’en compte que deux au sein du carré psy, la psychothérapie relationnelle et la psychanalyse. ïl se passe que depuis longtemps nous avons ramené dans le champ les méthodes et recherches de la psychothérapie humaniste, que la psychanalyse n’était pas prête à prendre en compte pour aménager sa nécessaire ouverture intégrative et multiréférentielle, pour cesser de se prendre pour le nombril psychologique du monde psy.
ïl se passe qu’en eet on ne guérit jamais de la condition humaine – on s’en remet comme on peut. Mieux vaut s’y bien prendre, et ce ne seront ni les médicaments (utiles parfois, mais pas dans l’abus qui en est fait trop souvent) ni les micro décharges électriques pour nous punir d’une mauvaise réponse ou les bonbons distribués quand on répond comme il faut – méthode appliquée avec le succès qu’on sait pour enseigner le droit chemin aux homosexuels, qui vont nous aider dans une crise de vie et de sens.
À noter cependant qu’il faut que les étudiants en psycho (la psychologie n’est pas la psychanalyse, attention) étudient tout, donc bien entendu le cognitivisme. Nous sommes résolument contre l’obcurantisme qui viserait à prohiber une école de recherche à l’université.
sauvons le sujetsamedi 5 mai – 6 rue Beauregard
Nous continuons notre action en faveur du processus de libération du sujet, et vous recommandons de venir assister au colloque sur le thèmesauvons le sujetorganisé lesamedi 5 maipar l’AFFOP et le SNPPsy. Nous continuons de penser que nos deux disciplines sont émancipatrices au moins autant que psychothérapiques, et qu’elles demeurent indispensables aux individus pris comme sujets comme aux citoyens. Nous persévérerons dans la lutte pour une philosophie pratique émancipée du principe abusifde la mesure avant tout chosequi aboutit à la démesure évaluative prétendant faire de tout être humain un objet disposé à la servitude volontaire.
autoréglementation historique
Nous avons quant à nous de longue date édicté les règles de bonne conduite de notre profession, qu’on trouve par exemple dans le code de déontologie du SNPPsy, et dans le corpus des documents autoréglementaires des quatre membres historiques du GLPR. Nous sommes en ce qui nous concerne en position juste par rapport aux nouvelles demandes d’une population sourant de la relation à soi. Nous avons fait notre miel de la psychanalyse et sommes prêt à collaborer avec elle dès qu’elle sort de sa posture d’enfermement et de mépris.
APPEL POUR SAUVER LA PSYCHANALYSE
Alain Badiou et Élisabeth Roudinesco sonnent l’alarme : la psychanalyse s’est coupée de la société. Mais, plus que jamais, il faut défendre sa dimension libératrice.
Le Nouvel ObservateurÀ la In d’un ouvrage que vous avez écrit ensemble (1), vous lancez un appel pour sauver la psychanalyse. Que se passe-t-il de si grave ?
une crise globale de l’intellectualité
Alain Badiou– La psychanalyse est, avec le darwinisme et le marxisme, l’une des révolutions majeures de notre temps. Dans les trois cas, il ne s’agit ni de sciences exactes, ni de croyances philosophiques ou religieuses, mais de « pensées » : matérialistes, liées à des pratiques, elles ont changé notre vision du monde et subissent le même type de critiques. Les attaques contre la psychanalyse doivent être donc comprises dans le cadre d’une crise globale de l’intellectualité. Une crise qui, si l’on veut la résumer, se caractérise par la tentative de remplacer lesujetpar l’individu. Qu’est-ce quelesujet? C’est l’être humain compris
comme un réseau de capacités qui lui permettent de penser, créer, partager, agir collectivement, aller au-delà de ses singularités, ce qui est la condition de la liberté. Bien sûr, le sujet est porté par l’individu et ses singularités – un corps, une identité, une position sociale, des pulsions – mais ne s’y réduit pas. Être sujet, c’est circuler entre la singularité et l’universalité, et c’est sur cet écart que la psychanalyse fonde son action : elle aide l’individu à devenir pleinement un sujet. En cela, c’est une discipline émancipatrice avant d’être thérapeutique.
Cette dimension est-elle vraiment menacée ?
néo-positivisme – l’homme, ungros sac de neurones
A. B.– Aujourd’hui, on nous dit qu’être un individu suIt largement. C’est le discours du libéralisme soi-disant démocratique et libéral, mais qui produit des individus malléables, soumis, enfermés, incapables d’actions communes : des individus privés de la capacité d’être sujet. Car le capitalisme n’a que faire des sujets : seul l’intéresse l’appétit animal des individus. Mais c’est aussi le discours de la neurologie, qui veut réduire l’individu à sa dimension neuronale. Se moquant des savants qui, au XïXe siècle, croyaient pouvoir déduire les caractères d’un individu de la forme du crâne, Hegel disait que, pour eux, « l’esprit est un os. » Aujourd’hui, la neurologie dit :L’homme est un gros sac de neurones.Ce n’est pas mieux ! Nous avons aaire à un nouveau scientisme, asservi cette fois au déploiement du capital. Dans le champ du psychisme, seule la psychanalyse, je crois, est en mesure de nous en préserver. Mais – c’est là le deuxième volet de notre appel – je n’ai pas le sentiment que les psychanalystes, pris dans leurs querelles intestines, fassent ce qu’il faut pour se défendre. ïls doivent trouver le moyen de satisfaire la nouvelle demande qui leur est adressée sans céder à ce néo-positivisme. ïls sont immobiles, à eux de faire un pas en avant.
Élisabeth Roudinesco, vous qui défendez la psychanalyse depuis longtemps, comment en est-on arrivé là ?
la psychologie : pas la culture liée à la compréhension de l’inconscient
Élisabeth Roudinesco– D’abord, la psychanalyse, comme formation de psychopathologie, est enseignée dans les départements de psychologie, laquelle n’est pas prête à prendre en charge l’inconscient et n’a pas la culture liée à sa compréhension. Dominée par les sciences médicales, la psychologie obéit à des évaluations qui n’ont rien à voir avec les sciences humaines. Autrefois, pour devenir psychanalyste, il fallait une formation clinique et une solide culture philosophique, historique et littéraire. En inscrivant la psychanalyse dans une logique de professionnalisation, on a détruit sa transmission comme pensée. Par ailleurs, il y a trente ans, l’essentiel des psychanalystes étaient psychiatres, et donc cliniciens de l’âme ; aujourd’hui, ils sont psychologues. La psychiatrie s’est ralliée aux thérapies cognitivistes et comportementalistes (TCC) qui renvoient à une conception de l’homme réduit à ses neurones. Bien sûr, les pathologies peuvent avoir une dimension organique. Mais, même là, le médicament ne suIt pas : il faut aussi prendre en compte la part subjective du patient.
[(Élisabeth Roudinesco 67 ans, est historienne de la psychanalyse. Elle a notamment écrit uneHistoire de la psychanalyse en Franceen deux volumes ainsi qu’une biographie de Jacques Lacan (1993). Elle défend régulièrement la psychanalyse contre ses détracteurs, mais a également critiqué le dogmatisme des psys, notamment au moment du pacs.)]
Quelle est la part de responsabilité des psychanalystes eux-mêmes ?
leurs sociétés fonctionnent comme des corporations professionnelles
É. R.– ïls ne produisent plus d’œuvre théorique. Leurs sociétés fonctionnent comme des corporations professionnelles. Condamner l’homoparentalité, la procréation assistée ou la toute-puissance des mères contre la fonction paternelle, c’est grave : les psychanalystes n’ont pas à s’instaurer en gendarmes de la bonne conduite au nom du complexe d’Œdipe. ïls font des diagnostics en direct dans les médias et ont abandonné la question politique : majoritairement, ils sont des esthètes sceptiques désengagés de la société. Surtout, ils prétendent soigner les sourances sur un modèle ancien. Or, les pathologies ont changé. La psychanalyse est née de la névrose et de l’hystérie, deux symptômes propres aux sociétés marquées par la frustration sexuelle. Aujourd’hui, ce qui fait sourir, c’est la relation à soi : on le voit avec l’importance accordée au narcissisme et aux perversions. Au temps de Freud, les patients étaient de grands bourgeois, qui avaient le temps et l’argent, ce que n’a pas le nouveau public, moins élitiste.
Comment s’adapter, alors ?
nouvelle demande
É. R.– Le « pas en avant » dont parle Alain Badiou serait de se mettre à l’écoute de cette nouvelle demande. Je crois possible, dans le cadre de la psychanalyse, de mener des thérapies courtes avec des séances longues, comme le faisait Freud, et où l’on parle aux gens avec empathie. L’analyse classique serait réservée à ceux qui le veulent. Tout le monde n’a pas envie d’explorer le tréfonds de son inconscient. Nous ne sommes plus en 1900, la psychanalyse est passée dans la culture et les gens savent qu’ils ont un inconscient. Leur demande n’est plus de le découvrir, mais souvent de résoudre une situation concrète. La nouvelle génération de praticiens devra le faire, faute de quoi elle n’aura plus de patients. C’est à elle que nous nous adressons.
N’est-ce pas ce que disent les parents d’enfants autistes ?
en s’enfermant dans des chapelles ils perdent leur autorité
É. R.– Le désamour ne vient pas de nulle part. Pour autant, toutes les critiques ne sont pas recevables. Par exemple, on assiste à un phénomène nouveau : les malades veulent décider de leurs traitements et considèrent notamment que leurs bouées délirantes font partie de leur identité. ïls ne voient pas pourquoi ils seraient abrutis par des médicaments sous prétexte qu’ils entendent des voix. Ce en quoi il faut les écouter. Mais on va vers une transformation du patient en
matre de son destin, et ce n’est pas souhaitable. Là encore, les psychanalystes ont leur part de responsabilité, parce qu’en s’enfermant dans des chapelles ils perdent leur autorité. Au fond, ce qui a été perdu dans les sociétés de psychanalystes, c’est la position de matre au proît de celle des petits chefs.
Qu’entendez-vous parmaître?
É. R.– La position du matre permet le transfert : le psychanalyste estsupposé savoirce que l’analysant va découvrir. Sans cela, la recherche de l’origine de la sourance est quasi impossible.
Faut-il vraiment passer par la restauration du maître ?
[
(
Alain Badiou
75 ans, est philosophe et écrivain. Figure de proue de la nouvelle pensée radicale, il est l’auteur de l’essai à succèsDe quoi Sarkozy est-il le nom ?(2007). Dans les années 1960, il appartenait au groupe qui, autour de Louis Althusser, rapprocha marxisme et psychanalyse. Aujourd’hui, Lacan reste l’une de ses grandes sources d’inspiration.)]
la crise du matre conséquence logique de la crise du sujet
A. B.– Le matre est celui qui aide l’individu à devenir sujet. Car si l’on admet que le sujet émerge dans la tension entre l’individu et l’universalité, il est évident qu’il a besoin d’une médiation pour avancer sur ce chemin. Et donc d’une autorité. La crise du matre est la conséquence logique de la crise du sujet, et la psychanalyse n’y a pas échappé. ïl faut rénover la position du matre, mais il n’est pas vrai qu’on puisse s’en passer, même et surtout dans une perspective d’émancipation.
É. R. – Lorsque le matre disparat, il est remplacé par le chef, l’autoritarisme, et cela înit toujours, tôt ou tard, par le fascisme – l’histoire nous l’a hélas prouvé.
La psychanalyse, dites-vous, relève des sciences humaines et non de l’évaluation scientiIque. Mais, à la diérence des autres sciences humaines, elle prétend soigner et se fait payer pour cela.
des pratiques qui se prétendent scientiîques, ce que ne fait pas la psychanalyse
A. B.– Les politiques ne cessent de demander aux sociologues ou aux économistes – en les rémunérant ! – des rapports à partir desquels ils mettent en œuvre des mesures ayant des eets très concrets sur la vie des citoyens. Prenez l’économie : elle va d’échec en échec, et pourtant elle se présente toujours comme une science. Et que dire de l’industrie pharmaceutique, qui se prévaut du label scientiîque mais dont les produits s’avèrent régulièrement bien plus dangereux qu’une cure analytique ? Notre société est infestée de pratiques qui se prétendent scientiîques. Ce que ne fait pas la psychanalyse, justement !
on ne guérit jamais de la condition humaine
É. R.– Quand on tombe sur un mauvais chirurgien, on n’accuse pas Hippocrate ! Oui, la médecine a fait d’immenses progrès et nous en avons tous bénéîcié, mais la comparaison n’a guère de sens. Si la psychanalyse peut faire des progrès, ce sera sous d’autres modalités. Tout simplement parce qu’on ne guérit jamais de la condition humaine.
ïl y a pourtant des imposteurs...
critiquez vos dérives, il en va de la survie de la psychanalyse
É. R. ïl y en a, c’est vrai, et probablement plus que dans d’autres disciplines, car le psychisme est un domaine moins tangible. Les associations d’analystes doivent édicter des règles, et c’est aussi le sens de l’appel que nous leur lançons : critiquez vos dérives, il en va de la survie de la psychanalyse. Sinon, nous irons vers une société organique où nous serons traités comme des objets.
Propos recueillis par Éric Aeschimann
Les intertitres en ocre sont de la Rédaction du Cifpr.
(1) Coauteurs deJacques Lacan, passé présent,Seuil, 104 p., 14,50 €.-
TCHAT à 11h.
la psychanalyse a-t-elle un avenir ?
Cette semaine dans "le Nouvel Observateur", l’historienne Élisabeth Roudinesco et le philosophe Alain Badiou lancent un appel pour défendre la dimension libératrice de la psychanalyse, qui se serait coupée de la société. Cliquez sur "Faites un commentaire" pour poser vos questions à Eric Aeschimann, journaliste au "Nouvel Observateur".
• Voilà, ce chat est terminé. Merci de vos nombreuses questions et, pour ceux qui ne l’ont pas encore fait, bonne lecture de notre dossier sur la psychanalyse dans le Nouvel observateur de cette semaine, en vente dans tous les bons kiosques ! tempsreel.nouvelobs.com par Eric Aeschimann - Nouvel Obs 20 avril 12:09
 Que reproche-t-on vraiment à la psychanalyse ?
par ïsabelle 20 avril 11:00
 @ïsabelle Bonjour. Les reproches faits à la psychanalyse ne datent pas d’hier et portent sur deux registres. D’une part, une critique théorique, qui a été faite à Freud dès les origines : la psychanalyse réduirait l’homme à des déterminations psychiques trop mécanistes (pulsions, inconscient, sexualité) le privant de son libre-arbitre. D’autre part, une critique médicale : la psychanalyse ne soignerait pas, pis, elle mettrait en danger les patients qui s’en remettent à elles. C’est la critique faite actuellement par des associations de parents d’enfants autistes ; c’est aussi la critique formulée par certains intellectuels pour qui mêmes les cas que Freud prétendait avoir guéri ne seraient pas avérés.
par Eric Aeschimann - Nouvel Obs 20 avril 11:06
 La psychanalyse est-elle une science ?
par ïsabelle 20 avril 11:06
 @ïsabelle Elle ne prétend pas l’être, ainsi que le formulent très bien Alain Badiou et Elisabeth Roudinesco dans l’interview donné à l’ïObs de cette semaine. tempsreel.nouvelobs.com
par Eric Aeschimann - Nouvel Obs Modiîé par Lisa Vaturi - Nouvel Obs 20 avril 11:07
 Les psychanalystes ne sont-ils pas responsables de ce qui se passe ? par Frédéric 20 avril 11:08
 @Frédéric En partie : ils se sont enfermés dans le dogmatisme (cf leur attitude sur le pacs et l’homoparentalité) et n’ont pas vu que l’on n’était plus dans le même contexte que la Vienne du début du 20ème. Mais une partie des attaques participe d’une vision très scientiste de l’homme, réduit à sa dimension physiologique et neuronale : la psychanalyse, elle, appartient à une conception du monde où l’homme est également un sujet capable de conquérir sa liberté.
par Eric Aeschimann - Nouvel Obs 20 avril 11:10
 Pourquoi cette opposition entre psychanalyse et thérapies comportementalistes ? N’est-il pas temps de laisser à chacun une place ? par Alain 20 avril 11:10
 @Alain Absolument : et, sur ce point, les torts sont partagés : il y a des sectaires des deux côtés.
par Eric Aeschimann - Nouvel Obs 20 avril 11:12
 Bonjour, ne pensez-vous pas que la psychanalyse, qui est înalement s’adresser à l’Autre pour se situer en tant que sujet désirant, pourrait être un échappatoire à ce monde de l’évaluation et du voyeurisme-exhibitionnisme avec toutes les conséquences néfastes que vous constatez en tant que journaliste notamment dans le monde du travail ? Et pourquoi s’arrêter à la psychanalyse de Freud ? ïl y a eu bien du chemin depuis ! C’est comme si on ne devait plus s’intéresser à la médecine parce qu’il fut un temps, toutes les maux ont été traités par des saignées ou des lavements.. Deux questions en une, désolée.
par Laparole 20 avril 11:12
 @Laparole Entièrement d’accord, même s’il ne faut pas non plus faire de la psychanalyse le remède miracle. Je dirais qu’elle nous donne des outils pour prendre de la distance face aux injonctions de nos sociétés. par Eric Aeschimann - Nouvel Obs 20 avril 11:15
 pourquoi la psychanalyse s’entête à vouloir "suivre" les autistes ??? par karine 20 avril 11:15
 @karine ïl y a eu des excès évidents et il me semble qu’il faudrait que les thérapeutes recevant des parents d’autistes aient la discussion la plus ouverte avec eux, expliquant les diverses approches, leurs combinaisons possibles, etc pour que les parents puissent faire un choix autonome. Dans cette perspective, des parents rejetteront la psychanalyse, d’autres s’y rallieront.
par Eric Aeschimann - Nouvel Obs 20 avril 11:18
 Derrière le vocable "psy", il y a à boire et à manger, comment s’y retrouver ? par Géraldine 20 avril 11:20
• @Géraldine En eet, il y a de tout et on peut donner plusieurs conseils si l’on cherche un psy. 1) se demander ce que l’on cherche, en parler aux gens de son entourage qui suivent ou ont suivi une psychothérapie/psychanalyse, les interroger sur la façon dont cela se passe : rythme des séances, durée de la thérapie, remboursement ou non par la Sécu, discussion en face-face ou allongé sur le divan, etc... 2) selon ce que l’on veut, demander à des amis en thérapie de demander à son psy le nom d’un collègue de conîance. Les psys font ça très volontiers et donnent en général deux ou trois noms, avec les coordonnées. 3) dès le premier entretien, se îer à son intuition, à sa propre capacité de jugement ; ne pas hésiter à poser des questions ; dire si l’on se sent mal à l’aise.
En somme, faire comme avec un médecin ou un avocat : en général, un imposteur, ça se reconnat assez vite.
par Eric Aeschimann - Nouvel Obs 20 avril 11:28
 Je me pose la même question que Karine ! Sinon comment la psychanalyse peut-elle avoir un avenir alors que les sciences cognitives et comportementales révèlent un réel résultat. Ouvrons les yeux, les oreilles..... Nous en sommes au temps des sciences et le pauvre Freud qui à toujours espéré qu’il faisait de la science peut maintenant décrocher. La médecine holistique remplace la psychanalyse. La science et toutes les méthodes d’harmonisation et d’équilibre mental sont l’avenir.
par Mireille 20 avril 11:28
 @Mireille Bonjour. Toute la discussion est là : pense-t-on que la science peut tout ? Pense-t-on que ce que nous sommes - nos désirs, nos choix, nos joies - ne relèvent que du fonctionnement du cerveau, des connexions des neurones, etc ? Si oui, quelle diérence avec les animaux ? Oui, la science a apporté d’énormes connaissances et guérit des maladies psychiques qui ne pouvaient pas l’être. Freud, du reste, avait envisagé l’hypothèse que la connaissance du cerveau à venir rende caduque ses travaux. Mais franchement, avez-vous envie d’être soigné uniquement comme un "gros sac de neurones" ? Ne sommes-nous pas autre chose ? La psychanalyse me semble un outil, parmi d’autres, qui permet à l’homme ne peut pas seulement "gérer" ses pulsions, mais aussi d’en faire quelque chose : d’aller vers sa liberté. par Eric Aeschimann - Nouvel Obs 20 avril 11:34
 Bonjour, Personnellement, en tant qu’étudiante en orthophonie, je reproche surtout à la psychanalyse d’avoir envahi l’université et d’être le discours largement dominant pour former les futurs professionnels. Je suis révoltée par un manque d’ouverture d’esprit et même une opposition souvent forte contre les méthodes comportementalistes et éducatives qui ne sont pas présentées du tout mais simplement étiquetées comme méthodes de dressage. Je pense que la HAS a permis de soulever enîn cette question mais sur le terrain, dans les écoles où nous sommes formés, les futurs professionnels sont confrontés à un discours unique. Je ne parle même pas de mémoires qui pourraient ne pas être validés s’ils étaient en contradiction avec cette pensée psychanalytique.
par Élisabeth 20 avril 11:35
 @Elisabeth Naturellement, un tel dogmatisme n’est pas acceptable : les psychanalystes, pas plus qu’aucun autre courant de pensée, ne peut prétendre
détenir la vérité et il faut que, dans tous les départements universitaires concernés, place soit faite aux diérentes écoles. Mais de là à "interdire" aux praticiens de recourir aux techniques psychanalytiques, il y a un pas : car alors, le "manque d’ouverture" passe dans l’autre camp... par Eric Aeschimann - Nouvel Obs 20 avril 11:39
 Bravo pour votre dossier. La psychanalyse m’a apporté beaucoup sur un plan personnel, mais aujourd’hui elle n’est plus dans son rôle en se mêlant de tout. N’est-elle pas condamnée au déclin depuis qu’elle a délaissé les cabinets pour les médias et des analyses sur tout et n’importe quoi par n’importe qui ? Cette dérive est-elle due au manque d’évaluation par Kenneth 20 avril 11:40
 @Kenneth L’évaluation vient de la science, où elle a toute sa légitimité. On l’a importé dans d’autres domaines : les politiques publiques, l’éducation, la culture. Elle peut y être une aide, mais aussi une déformation de la réalité : l’évaluation des politiques économiques par les économistes ou les agences de notation n’est pas forcément une réussite... La psychanalyse est au milieu : elle veut soigner, mais ne prétend pas être une science. Comment l’évaluer ? ïl me semble qu’à côté d’évaluations copiées sur la médecine (comparaison de l’état du patient au début de la cure et à la în), il faut absolument y ajouter une gestion beaucoup rigoureuse des sociétés d’analystes et une très grande exigence intellectuelle et morale : il faut être drastique dans le recrutement et trouver le courage de sanctionner les collègues qui dérapent. Et, de fait, les interventions dans les médias devraient faire l’objet d’un code strict : pas de diagnostics "en direct", pas de psy de comptoir. Car, après tout, l’ascèse est souvent un bon indice de sérieux.
par Eric Aeschimann - Nouvel Obs 20 avril 11:49
 Bonjour, merci pour votre dossier. La psychanalyse n’est pas une science. Pourquoi est-elle enseigné en fac de médecine ? N’a-t-elle pas plutôt sa place (éventuellement) en fac de lettres ?
par Josiane 20 avril 11:49
 @Josiane A ma connaissance, elle est enseignée dans les facs de psycho... La psychologie elle-même est-elle une science ? Le mieux serait, il me semble, que la psychanalyse soit enseignée comme technique de psychothérapie en fac de psycho (avec les autres techniques) et comme mouvement de pensée en fac de philo ou d’histoire. Et l’on exigerait d’un psychanalyste qu’il ait suivi cette double formation...
par Eric Aeschimann - Nouvel Obs 20 avril 11:53
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