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N° 955 - AVRIL 2004
PRIX : 2,20€
Activité des pharmacies
et revenus des pharmaciens
Sylvie Bernadet, division Commerce, Insee
Marc Collet, DREES, ministère de la Santé et de la Protection sociale
ntre 1995 et 2002, le volume d’activi- ou encore l’industrie pharmaceutique. Parmi
les pharmaciens d’officine, 29 000 exercent enté des pharmacies s’est accru de
qualité de titulaires ou co-titulaires et 19 500 enE4,4 % en moyenne par an, contre 3 %
tant que pharmaciens adjoints salariés. À leurs
pour l’ensemble du commerce de détail.
côtés, environ 33 000 préparateurs en phar-
Les 23 400 pharmacies existantes en macie les secondent.
France sont des commerces très particu-
liers : leur implantation est étroitement
Une activité plus dynamiqueréglementée, le titulaire doit être un phar-
que l’ensemble du commerce de détailmacien diplômé. La demande en produits
pharmaceutiques évolue notamment en
Entre 1995 et 2002, le chiffre d’affaires des phar-
fonction des prescriptions médicales et macies s’est accru à prix constants (définition) de
des mesures prises pour la maîtrise des + 4,4 % par an. Durant cette période, l’ensemble
dépenses de santé. Le taux de marge du commerce non alimentaire spécialisé, hors
pharmacie, a aussi bénéficié d’une croissancecommerciale pour les produits rembour-
en volume assez élevée (+ 3,9 %), soutenue parsables est entièrement fixé par les pou-
l’essor du grand commerce et le dynamisme de
voirs publics. Ces produits constituent
la demande. En revanche, l’ensemble du com-
plus des quatre cinquièmes du chiffre merce de détail n’a progressé que de 3 %.
d’affaires des pharmacies. Durant les cinq dernières années, la différence
De plus en plus, les pharmacies sont or- entre la croissance annuelle du volume d’activité
des pharmacies (+ 5,6 %) et celle de l’ensembleganisées en sociétés. La possibilité de
du commerce de détail (+ 3,5 %) s’est accentuéenouvelles implantations étant très ré-
(graphique 1).
duite, cette organisation permet d’asso-
cier deux titulaires dans la même officine.
En 2001, un pharmacien titulaire bénéfi- Un secteur d’activité
ciait d’un revenu brut annuel variant de fortement réglementé
111 000 à 130 000 euros, selon la forme ju-
Par rapport aux autres secteurs d’activité duridique de l’entreprise.
commerce de détail, le commerce de produits
pharmaceutiques est fortement réglementé. En
Le commerce de produits pharmaceutiques a
Chiffre d'affaires à prix constantsréalisé en 2002 un chiffre d’affaires en valeur
des pharmacies et du commerce de détailde 27 milliards d’euros toutes taxes comprises,
réparti entre 23 400 pharmacies. Les ventes de Indice base 100 en 1995
médicaments constituent 94 % du chiffre 140
pharmaciesd’affaires des pharmacies, les articles orthopé- 135
diques ou médicaux et autres produits comme 130
l’herboristerie et les aliments diététiques3%et 125
la parapharmacie (produits d’hygiène et commerce de détail120 non alimentaire spécialisé
beauté) 2 %, soit au total 99 % de ventes. Le (hors pharmacie)115
reste (1 %) est formé de services : location de
ensemble110
matériel médical, analyses biologiques, etc. commerce de détail
105
Les pharmacies emploient 48 500 pharma-
100ciens, soit 77 % des professionnels actifs, les
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
autres exerçant principalement dans les labo- Chiffre d'affaires (à prix constants) toutes taxes comprises
ratoires d’analyse, les établissements de santé Source : Insee, Comptes du commerce
INSEE
PREMIEREFrance, seules les pharmacies sont autori- pharmaciens sont encouragés à substi- de prix plus concurrentielles : le consom-
sées à commercialiser les médicaments et tuer des médicaments génériques à des mateur a tendance à se sentir aussi bien
leur implantation géographique est limitée médicaments équivalents plus coûteux, sécurisé par le produit dans ces maga-
par des quotas (encadré). Les titulaires dont ils reprennent les principes actifs sins que dans les pharmacies. Ainsi, en
doivent détenir un diplôme de docteur en lorsque leur brevet est tombé dans le dépit des efforts promotionnels que les
pharmacie. Chaque diplômé n’est autorisé domaine public. Cette substitution est pharmacies ont consentis, elles ont
à exploiter qu’un établissement ; en neutre financièrement pour les pharma- perdu 10 points de parts de marché sur
revanche, plusieurs titulaires peuvent être ciens, le montant de la marge des géné- ce créneau entre 1992 et 2002, et se
associés dans une même pharmacie. riques étant aligné sur celui du sont finalement recentrées sur la vente
Le médicament se distingue des autres médicament reproduit. des médicaments. Les produits
biens de consommation. II est surtout déli- De plus, depuis dix ans, les officines ont d’hygiène et de beauté ne représentent
vré sur prescription et ce n’est pas, en affronté une concurrence accrue des en moyenne que2%de leur chiffre
général, le consommateur qui prend la grandes surfaces dans le domaine des d’affaires en 2002 ; mais 4 % des offici-
décision de l’achat ; ce n’est pas lui non produits d’hygiène et de beauté. Le nes réalisent plus de 10 % de leur chiffre
plus qui supporte la majeure partie de la grand commerce spécialisé s’est déve- d’affaires sur ces produits et un peu
dépense. Les prix des médicaments rem- loppé dans la parapharmacie, au détri- moins de 1 % dépassent le seuil de
boursables sont largement administrés. ment des pharmacies, avec des offres 20 %.
En 2002, les spécialités pharmaceutiques
remboursables par la Sécurité sociale
Un système d’implantation planifié et réguléreprésentaient un peu plus des quatre cin-
quièmes du chiffre d’affaires des pharma- Depuis 1941, les règles d’implantation des réseau particulièrement dense et se situe au
cies ; cette part a peu changé depuis pharmacies sont passées d’un système libre tout premier rang européen en la matière. La
1996. Les achats sans ordonnance repré- à un système planifié (Cf. Code de la Santé moyenne européenne se situait, en 1999, au-
publique et la loi du 27 juillet 1999 créant la tour d’une pharmacie pour 3 300 habitants, al-sentent par ailleurs 14 % du chiffre d’affai-
CMU). Aucune création d’officine ne peut lant jusqu’à une pour 4 500 habitants aures des pharmacies. Ils peuvent tout aussi
être accordée dans les villes où la licence a Royaume-Uni ou en Allemagne.
bien inclure des spécialités remboursa-
déjà été délivrée à : En France, de fait, pratiquement aucune
bles que non remboursables. - une officine pour 3 000 habitants pour les pharmacie nouvelle ne peut s’implanter sur
villes de plus de 30 000 ; le territoire. Ceci pose, à court et moyen ter-
- une officine pour 2 500 habitants dans les mes, un problème de débouchés pour les
villes de moins de 30 000 (ou un jeunes pharmaciens d’officine. Soit ils res-Activité des pharmacies
ensemble de communes contiguës) ; tent salariés ; le poste de pharmacien adjointet maîtrise des dépenses de santé
- une officine pour 3500 habitants quelle que salarié, autrefois transitoire, tend à se péré-
soit la taille des communes dans les départe- niser : leur nombre a crû, entre 1980 et 2001,
L’évolution de la demande en produits
ments du Bas-Rhin, du Haut- Rhin, de la Mo- de 7 % par an. Soit, à défaut de pouvoir
pharmaceutiques dépend notamment selle et de la Guyane, qui ont un statut s’installer seuls, les jeunes diplômés cher-
des caractéristiques socio-démographi- particulier. chent à s’associer aux titulaires déjà en
La loi impose également la présence d’un place. Ceci explique la transformation juri-ques et sanitaires de la population ainsi
nombre minimum de pharmaciens adjoints dique des officines : le nombre de sociétésque de l’innovation thérapeutique. Inter-
selon le chiffre d’affaires de la pharmacie, a ainsi été multiplié par deux depuis 1991
viennent également les mesures politi-
dans le but d’assurer une qualité optimale du alors que celui des entreprises individuel-
ques visant à encourager la maîtrise des
service médical rendu. les diminuait de 15 % sur la même