CréHainaut Un esprit d'ouverture à la création

Jules François Christophe

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CréHainaut Un esprit d'ouverture à la création

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Extrait

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Le textile

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se décline

Depuis 2001 le CréHainaut, plateforme design

initiée par la Fédération textile, Febeltex, favo-

rise la rencontre entre jeunes créateurs en

Hainaut, le secteur des entreprises et les pro-

fessionnels des médias. Entretien avec Philippe

Mouffe, l’homme de caractère qui développe ce

vaste projet depuis près de deux ans.

Réalisateur Radio-Télévision de formation,

Philippe est issu du secteur de la production

audiovisuelle: films publicitaires, films de fic-

tion, série télé et émissions de variétés. Sa

grande expérience en matière événementielle

lui a permis de réaliser plusieurs grandes

manifestations dans le secteur de la jeunesse.

Producteur en Belgique du spectacle La Nuit

des Publivores pendant huit ans, Philippe sait

ce que communiquer veut dire. Après avoir subi

différents revers économiques, il suspend ses

activités à Bruxelles et développe depuis trois

ans son métier en Hainaut. Il dirige actuelle-

ment la plateforme design de Febeltex, fédéra-

tion textile établie à Mouscron. Philippe est très

sensible au redéploiement économique dans

cette région, il est également plongé au quoti-

dien avec les interlocuteurs concernés par le

design car son travail consiste essentiellement

à communiquer la plus-value qui découle de

l’innovation esthétique.

Catherine Callico: Quels types d’action déve-

loppe CréHainaut?

Philippe Mouffe:

L’objectif de CréHainaut est de

professionnaliser les jeunes créateurs par deux

types d’actions: l’immersion et la sensibilisa-

tion. Il s’agit, d’une part, d’assurer la présence

de ces créateurs à des salons professionnels,

de stimuler les stages en entreprise, de réali-

ser des dossiers à l’attention des médias et de

promouvoir leurs projets.

La sensibilisation

s’opère de diverses manières: par la participa-

tion à des séminaires, des visites d’entreprises,

de salons, des rencontres commerciales ou

l’organisation d’expositions dont le but n’est

pas de montrer, mais de vendre.

C.C.:Quels sont les critères pour accéder à ces

services ?

P.M.:

Je consacre beaucoup de temps aux ren-

contres et à partir du moment où l’entretien

s’engage, j’attends de la personne qu’elle ait

envie de s’investir dans une démarche

constructive par rapport à son métier, et qu’elle

ait, au préalable, pensé à ce qu’elle pouvait

apporter à l’entreprise ou pour l’entreprise,

apporter au créateur. Il est en effet étonnant de

constater que ces deux univers ayant pourtant

besoin l’un de l’autre ne fassent aucun effort

pour s’approcher, s’apprivoiser, se compren-

dre. Peu d’interlocuteurs sont curieux et

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Un esprit d’ouverture à

la création

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ouverts. J’essaye donc d’expliquer les proces-

sus économiques aux premiers et de dynamiser

l’esprit créatif des seconds.

C.C.:Une partie de votre emploi du temps est

consacré à la conscientisation des professions

innovantes et aux formations complémentaires

P.M.:

C’est vrai. Par exemple, on parle beaucoup

aujourd’hui, de fabrication de vêtements sans

coutures à partir de nouvelles machines qui amè-

nent à repenser le vêtement et sa conception. Il

faut trouver des créateurs pour réaliser des vête-

ments sans couture, c’est une nouvelle gram-

maire à inventer. Il ne faut pas simplement adap-

ter les connaissances acquises mais créer de

nouvelles façons de travailler avec cette base de

connaissances. Or les créateurs affichent souvent

une carence dans leur formation et surtout un

manque de dynamisme pour se lancer dans une

véritable aventure créative. L’importance de la

rencontre va donc déterminer où en sont les per-

sonnes dans leur parcours personnel et profes-

sionnel. Il est primordial de prendre conscience

de son niveau de connaissance de soi et de ses

compétences avant d’avancer dans un parcours

créatif et de rechercher un statut, un travail, déve-

lopper une activité économique. Les entretiens

sont donc principalement centrés sur un état de

la question. Je suis donc une plateforme d’écoute,

de mise en réseau, d’échange d’informations et

de conseils pour réfléchir ensemble, avancer et

construire.

C.C.: Dans quel contexte Febeltex a-t-elle initié

CréHainaut ?

P.M.:

La Fédération textile a proposé à la

Région wallonne, dans le cadre d’un projet

européen, une action Design avec les fonds

financiers issus du plan Phasing Out de

l’Objectif 1, afin de dynamiser la créativité en

Hainaut, une région fragilisée par les grandes

crises économiques subies depuis la fermeture

des charbonnages et aujourd’hui, de bon nom-

bre d’entreprises textiles. André Cochaux,

Secrétaire Général de Febeltex a porté ce pro-

jet pour le mener à bien. Cette action a d’abord

été gérée par Marylise Ledouble entre 2001 et

2003, avec la volonté de favoriser le travail

entre le monde de l’industrie et celui des créa-

teurs dans l’idée de tisser un nouveau réseau

économique en Hainaut. Il ne s’agit pas de

concerner seulement les stylistes et designers

textiles, mais bien l’ensemble des métiers

créatifs: designers de mobilier et d’objets,

architectes d’intérieur, infographistes… Et tous

les métiers issus du secteur des arts appliqués,

en opposition aux arts plastiques tels que la

sculpture, la peinture, ou le dessin.

C.C.: Cette distinction vous paraît-elle essen-

tielle?

P.M.:

Oui, car dans les arts appliqués, le créa-

teur doit vivre de sa discipline alors que la

démarche culturelle qui prévaut dans les arts

plastiques permet de ne pas être confronté à la

rentabilité immédiate. Un peintre possède le

statut d’artiste alors qu’un designer n’est pas

reconnu comme tel. Il est tenu par l’exercice de

son activité pour vivre.

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C.C.: De même, vous préférez parler d’‘innova-

tion esthétique’ plutôt que de ‘design’?

P.M.:

Dans l’innovation esthétique, on touche

tous les domaines, autant le textile que le

mobilier ou l’infographie, tandis que le mot

‘design’, dans l’esprit de la plupart des gens

concerne plutôt le mobilier et les objets. C’est

donc un état d’esprit d’ouverture qui nous

pousse à utiliser le terme et à mettre l’accent

su l’‘innovation esthétique’, pour mieux le met-

tre en rapport avec l’innovation technologique,

en vue de faire prendre conscience aux chefs

d’entreprises que les deux notions ont leur

importance dans le développement économi-

que de celles-ci.

C.C.: En quoi consiste le projet du Potager

Créatif?

P.M.:

En partenariat avec

Ecomons

(plateforme

d’économie sociale parrainée par la Ville de

Mons), nous sommes partis du constat qu’il

manquait une étape intermédiaire entre la for-

mation et le monde professionnel. Lorsqu’un

créateur propose un projet dans le cadre du

Potager Créatif, il bénéficie d’un double accom-

pagnement: technico-financier, organisé par

Ecomons, qui prépare les dossiers de création

d’entreprise avec le créateur afin d’obtenir

notamment des prêts bancaires à très faible

taux, une bourse de pré-activité pour démarrer

et la possibilité d’occuper à certaines condi-

tions un bâtiment à Mons comprenant ateliers,

bureau commun, salle de réunion et point de

vente. Le créateur y est accompagné pendant

plusieurs mois, avec des contrôles réguliers

par rapport aux objectifs de vente. Il s’agit de

lancer une dynamique de création d’entreprise

et d’amener le créateur à gérer celle-ci dans un

nouveau contexte, avec différents services à sa

portée, comme une permanence comptable, un

suivi commercial et un accompagnement à son

développement. Le second volet concerne plus

directement CréHainaut, qui assurera l’anima-

tion et la vie du lieu, avec par exemple des

séminaires donnés par des professionnels inté-

ressants qui développeront les aspects écono-

miques de leur activité. CréHainaut accompa-

gnera également les créateurs présents au

sein du Potager Créatif dans leur démarche de

communication et de promotion de leur travail.

C.C.: Entre autres projets, sur lequel travaillez-

vous actuellement?

P.M.:

L’action qui me tient à cœur et est enfin

en phase de réalisation, est la fabrication de

petites capsules vidéo d’1 minute portant sur

environ 50 créateurs, sorte de carte d’identité

visuelle et sonore pour chacun d’entre eux.

Nous sommes actuellement en négociation

avec les régies publicitaires et l’association des

télévisions francophones pour diffuser ces por-

traits à un moment de grande écoute et, de

cette façon, sensibiliser le grand public à l’exis-

tence de ces jeunes créateurs et à leur travail.

Propos recueillis par Catherine Callico

Info:

CréHainaut, plateforme design Febeltex

W&B, recherche en permanence des

créateurs à soutenir, des entreprises

créatives et des commerçants curieux.

Merci de nous contacter:

Philippe Mouffe, chargé de projet

Angelica Szentesi, assistante de projet

Boulevard Industriel 62,

B-7700 Mouscron

Tél: + 32 (0) 56 56 11 83

Fax: + 32 (0) 56

84 48 03

Mobile: + 32 (0) 475 33 15 22

E-mail:[e-mail]

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