Influences climatiques sur l évolution du droit en Orient et en Occident. Contribution au régionalisme en droit comparé - article ; n°2 ; vol.25, pg 261-276
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Influences climatiques sur l'évolution du droit en Orient et en Occident. Contribution au régionalisme en droit comparé - article ; n°2 ; vol.25, pg 261-276

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Revue internationale de droit comparé - Année 1973 - Volume 25 - Numéro 2 - Pages 261-276
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Eduard Wahl
Influences climatiques sur l'évolution du droit en Orient et en
Occident. Contribution au régionalisme en droit comparé
In: Revue internationale de droit comparé. Vol. 25 N°2, Avril-juin 1973. pp. 261-276.
Citer ce document / Cite this document :
Wahl Eduard. Influences climatiques sur l'évolution du droit en Orient et en Occident. Contribution au régionalisme en droit
comparé. In: Revue internationale de droit comparé. Vol. 25 N°2, Avril-juin 1973. pp. 261-276.
doi : 10.3406/ridc.1973.15206
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ridc_0035-3337_1973_num_25_2_15206INFLUENCES CLIMATIQUES
SUR L'ÉVOLUTION DU DROIT
EN ORIENT ET EN OCCIDENT
CONTRIBUTION AU RÉGIONALISME
EN DROIT COMPARÉ*
par
Eduard WAHL
Professeur à la Faculté de droit
de l'Université de Heidelberg
Espace et temps constituent depuis toujours des éléments inséparab
les, lorsqu'il s'agit de saisir un phénomène quelconque apparu sur notre
planète.
Le naturaliste, quant à lui, sait depuis toujours que l'on ne peut
décrire un mouvement sans tenir compte tout à la fois des données
spatiales et temporelles. Ce n'est pas non plus sans fondement que
Kant (1) traite dans la critique de la raison pure, de l'espace et du temps,
comme des catégories a priori de la connaissance humaine. Il est égale
ment indispensable dans toute discipline, de prendre en considération
le « où » de chaque événement.
Dans le célèbre hexamètre latin (2) où un ordre déterminé est
imposé pour le récit d'un événement, les grammairiens inséraient le « ubi »
bien avant le « quando ».
Il est vrai que les études historiques et surtout l'analyse évolution-
niste du monde et de tous ses phénomènes ont conduit la réflexion
humaine à sous-estimer les éléments locaux (3). Cela n'a rien d'étonnant,
* L'article reproduit le texte de l'allocution prononcée par l'auteur le 8 décemb
re 1972 à la Faculté de droit de Montpellier lors de la remise des insignes de
docteur honoris causa.
(1) Immanuel Kant, Werke, t. 3, édité par Ernst Cassirer, Berlin, 1913, p. 57
et 63.
(2) Quis, quid, ubi, quibus auxiliis, cur, quo modo, quando. Le Code civil all
emand dans le titre premier du deuxième livre en déterminant l'obligation d'exécuter
la prestation s'est inspiré de l'ordre de cette chrie.
(3) Cf. Pierre La vigne, Climats et Sociétés, Paris, 1966, surtout dans le chapitre
« Réflexions sur les disparités de développement », p. 13 et s., dans lequel l'auteur 262 INFLUENCES CLIMATIQUES SUR L'ÉVOLUTION DU DROIT
lorsque l'on considère que les anciens auteurs n'ont jamais songé à décrire
le climat sous lequel se déroulaient les événements dont ils traitaient,
et en fonction duquel ils élaboraient leurs thèses et les normes de conduite
applicables aux hommes. Ils pensaient à juste titre que leurs lecteurs
appartenaient à la même partie du monde qu'eux-mêmes et connaissaient
dès lors les conditions naturelles servant de fond à leurs conclusions.
Il faut de surcroît ajouter à cela que les possibilités de voyage jusqu'à
une époque récente étaient extrêmement limitées.
Le médecin grec, Hippocrate (4), est le premier à avoir consacré,
dans le cadre de sa discipline, une étude aux considérations spatiales ;
étant né sur une des îles de la mer Egée, il connaissait de par son expé
rience personnelle aussi bien les conditions de vie en Orient qu'en Occi
dent. De même, Montesquieu, le premier à avoir porté à la conscience
générale (5) l'importance des différentes conditions naturelles et en par
ticulier celle du climat au regard de YEsprit des lois, avait derrière lui
l'expérience d'un grand voyageur. Parmi les philosophes de notre siècle
le Japonais T. Watsuji, élève de Heidegger, occupe une place particul
ière. Il a donné naissance à tout un système philosophique basé sur la
connaissance personnelle du monde occidental et de son antipode, l'Ex
trême-Orient. Il a fait apparaître comme facteurs déterminants du destin
et de la mentalité des peuples et des individus, non pas seulement comme
Heidegger, l'époque de leur naissance et de leur disparition, mais égal
ement le lieu, la région, la partie du monde, dans laquelle se déroule leur
existence (6).
Schopenhauer (7), que j'aimerais citer comme exemple inverse,
a invoqué les Vedas pour justifier ses conceptions pessimistes, sans tenir
compte des catastrophes naturelles et des difficultés climatiques considé
rables, qui sont caractéristiques du continent indien et de la vie de ses
habitants.
s'élève contre la thèse selon laquelle l'évolution se poursuit de la même façon dans
le monde entier. Cette thèse constituait le point de départ de la théorie évolution-
niste. Dans sa fameuse conférence inaugurale comme professeur d'histoire à Jena :
« Qu'est-ce que l'histoire universelle et dans quel but l'étudie-t-on ? », Schiller croit
encore comme allant de soi que la connaissance des coutumes et usages des indigè
nes des autres continents nous éclaire sur nos propres origines. Constantinesco,
Rechtsvergleichung, t. 1, Cologne, 1971, p. 55 et s. estime également que toute
théorie ptoléméenne du droit comparé par l'extension de l'horizon scientifique doit
céder à la vue copernicienne (p. 35 et s.).
(4) Paulys Real-Ency clopädie der Classischen Altertums- Wissenschaft, t. 8,
Stuttgart, 1913, colonne 1801, particulièrement col. 1815/16.
(5) Pierre La vigne, op. cit., p. 51 et s. dans le chapitre « Réhabilitation de la
théorie des climats de Montesquieu ».
(6) J'ai trouvé la première référence à Watsuji dans la revue Der Nerven-
artz, vol. 37, 1966, p. 394, où le professeur Kimura de l'Université de Kyoto, a
publié un article comparatiste sur les maladies dépressives en Allemagne et au Japon.
Il invoque non seulement l'œuvre de J.G. Herder (cf. note 14), mais aussi celle de
Watsuji dont il expose brièvement les théories sur l'importance du climat. Après la
mort de Watsuji, le gouvernement japonais a publié son œuvre principale, Fuhdo,
en anglais, sous le titre A Climate, Tokyo, 1961.
(7) Schopenhauer, Die Welt als Wille und Vorstellung, t. 1, livre 4, § 68, édité
par Frauenstädt, vol. 2, 2. éd., p. 446 et s., surtout p. 458 et s. EN ORIENT ET EN OCCIDENT 263
De même le droit comparé, dont l'objet est de confronter les diffé
rentes législations existantes en des lieux différents à une même époque,
contrairement à l'histoire du droit, qui traite de la succession des diffé
rentes règles juridiques sur un même territoire, accorde trop peu d'im
portance à l'influence du lieu sur la genèse du droit et sa spécificité
propre. Dans le traité d' Arminjon, Nolde et Martin Wolff (8), aucune
importance n'est accordée aux conditions naturelles en tant qu'éléments
permettant de distinguer les différents systèmes juridiques, c'est-à-dire
les différentes familles de droit généralement admises. En effet, il y a eu
des réceptions de droit d'un continent à l'autre. Les Anglais et les autres
nations colonisatrices d'après un vieux principe emportèrent leur droit
dans les territoires qu'ils avaient colonisés (9). Il y eut également les
grandes conquêtes aboutissant à la fondation des empires qui s'efforçaient
de faire adopter leur propre droit dans les différentes parties de l'empire ;
mais une chose me semble cependant certaine : il existe un droit occi
dental, c'est-à-dire un droit né à l'ouest adapté aux conditions de vie
occidentale, et un droit oriental, c'est-à-dire un droit né à l'est, adapté
aux conditions de vie orientale.
Cependant un point mérite d'être souligné. Alors que le droit comp
aré classique poursuivait la grande tradition universaliste (10) du vieux
droit naturel en s'efforçant de trouver un droit commun à tous les pays,
tout au moins à tous les pays civilisés — rappelons à ce sujet Lambert,
Saleilles, Lévy-Ullman en France, Joseph Köhler en Allemagne — , la
conception moderne, selon laquelle il existe un droit idéal ou naturel
(8) Arminjon-Nol

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