L enseignement du droit et la coopération internationale - article ; n°2 ; vol.3, pg 238-248
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Description

Revue internationale de droit comparé - Année 1951 - Volume 3 - Numéro 2 - Pages 238-248
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1951
Nombre de lectures 16
Langue Français

Extrait

B. Tabbah
L'enseignement du droit et la coopération internationale
In: Revue internationale de droit comparé. Vol. 3 N°2, Avril-juin 1951. pp. 238-248.
Citer ce document / Cite this document :
Tabbah B. L'enseignement du droit et la coopération internationale. In: Revue internationale de droit comparé. Vol. 3 N°2, Avril-
juin 1951. pp. 238-248.
doi : 10.3406/ridc.1951.6357
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ridc_0035-3337_1951_num_3_2_6357L'ENSEIGNEMENT DU DROIT
ET LA COOPÉRATION INTERNATIONALE
(LE PROBLÈME DU DROIT NATUREL)
B. TABBAH
Professeur à la Faculté de Droit de Beyrouth
Conseiller d'Etat honoraire de la République Libanaise
Lauréat de l'Institut de France
Je sais gré à M. Georges Langrod, professeur à la Faculté de
Droit de Oacovie et chargé de recherches au 0. N. R. S., d'avoir
commenté, comme il l'a fait clans cette Bévue (1), la proposition de
résolution qu'au nom de la Délégation Libanaise, dont j'étais memb
re, j'ai présentée à la IVe Conférence générale de F Unesco, sur
l'enseignement du Droit comme moyen de rapprochement des peu
ples.
Je ne reprendrai pas les termes de cette proposition et du rap
port qui l'accompagnait : M. le professeur Langrod les résume assez
fidèlement, et il n'est que de se référer à son article pour en avoir
une idée générale. Cet article me fournit néanmoins l'occasion
d'ajouter à la proposition et au rapport précités un certain nomb
re de précisions, que les observations de mon collègue de Cracovie
rendent nécessaires.
Dans les observations de M. Langrod, je relève des suggestions
excellentes, qui pourraient être retenues : je ne manquerai pas,
chemin faisant, de les indiquer; je considère qu'elles sont, sur quel
ques points secondaires, complémentaires de celles que j'ai présen
tées moi-même.
Sur l'essentiel de la proposition, d'autre part, M. Langrod est
loin de partager mon point de vue : sa critique est, à cet égard,
symptomatique d'un état d'esprit qui, en dépit d'une désaffection
croissante, demeure, il est loyal de le reconnaître, assez répandu
chez les juristes. M. le professeur Langrod et moi partons de con-
(1) V. Revue Internationale de Droit Comparé, 1950, p. 506 et s. l'enseignement du droit et la coopération internationale 239
ceptions philosophiques absolument divergentes des choses du droit.
La sienne, essentiellement positiviste, s'en tient exclusivement à
ce qui est: elle est phénoménologique et se contente de rechercher
dans les différents systèmes juridiques les points de ressemblance
que révèlent les monuments positifs de ces divers systèmes ; elle est,
en outre, subjectiviste, en ce sens qu'elle fait uniquement appel,
pour servir de base à une entente, aux idées communément reçues
dans la doctrine et les divers milieux sociaux, en même temps qu'aux
systèmes précités, en tant que ces systèmes reflètent de telles idées.
Je ne sous-estime pas, quant à moi, l'appoint que peuvent être,
pour faire progresser notre science, et le droit comparé et la litt
érature juridique. Force est d'y recourir même, comme à un moyen
d'investigation subjective du droit objectify sans que, pour autant,
celui-ci se confonde avec les théories et les systèmes, qui ne préten
dent à rien de moins, d'ailleurs, qu'à le saisir et à l'exprimer. Que
seraient nos organes, l'œil ou l'oreille, par exemple, doués respec
tivement de la faculté de voir et d'entendre, si aucun objet ne se
proposait à la vision de l'un et à l'ouïe de l'autre ? Il en est de
même de nos intelligences, qui ne sauraient opérer dans le vide.
Que l'on complète notre recherche des principes fonda/mentaux par
celle des systèmes et des théories, je n'y trouve aucun inconvénient,
à condition que, dans cette recherche, on ne sacrifie pas l'essentiel
à l'accidentel, les principes en quelque sorte premiers aux infinis
et multiples détails qui, dans les réglementations positives, en
découlent ou en sont une adaptation historique ou sociologique.
Les juristes qui, à la suite de Duguit, se réclament d'Auguste
Comte, professent un tel dédain de la philosophie juridique, que le
vocabulaire philosophique lui-même leur paraît fermé. C'est ainsi
que vous les voyez ébaucher un sourire au seul mot de « sens com
mun » (1), qui a, cependant, en philosophie, une signification pré
cise : au sens commun se rattachent, en effet, les notions toutes pre
mières d'être et de bien, de même que les principes, qui leur corres
pondent, d'identité et de raison d'être, et la loi naturelle qui
ordonne de faire le bien et d'éviter le mal, le bien étant ce qui est
conforme à la nature de l'homme, compte tenu de la hiérarchie des
valeurs qui y sont impliquées, et le mal ce qui s'y oppose (2). La
notion d'être et le principe d'identité sont à la base de toute
démonstration de la raison spéculative, comme la notion de bien et
le principe de raison d'être — toute chose tend à une fin qui la per
fectionne — sont à la base de action saine et, partant, de
toute loi se rapportant à cette action. Ces notions et ces principes
sont évidents par eux-mêmes et n'ont pas besoin d'être démont
rés : ils sont directement perçus par le sens commun, qui n'a pas
de peine, ensuite, à percevoir à leur lumière d'autres vérités en
(1) V. à Farticle de M. Langrod, le parag. VII, lettre C.
(2) Le bien et le mal dont je parle ne sont pas seulement d'ordre moral. Ils
peuvent être également d'ordre économique, politique, etc.. Ils ne s'en réfèrent
paB moins à la nature de l'homme, qui n'est pas uniquement spirituelle. i
240 l'enseignement du droit et la coopération internationale
découlant d'une façon immédiate, et qui, à raison de cela même,
sont dites, elles aussi, vérités premières.
Sauf à la développer, je viens de préciser ma propre conception
philosophique : elle est très différente, ainsi qu'on l'aura constaté,
de celle de mon honorable collègue. Est-il plus légitime d'y recour
ir qu'à celle de cette dernière ? C'est bien ce que nous allons voir.
*
La phobie de la métaphysique est, chez nombre de juristes,
comme chez beaucoup de penseurs, le résultat des extravagances
dont cette reine des sciences a été l'objet de la part des philosophes
et dont leurs divergences elles-mêmes sont nées. Pour supprimer
ces divergences, les positivistes et les sceptiques n'ont rien trouvé
de mieux que de supprimer la métaphysique, sans s'apercevoir qu'en
le faisant, ils prenaient eux aussi une position philosophique,
encore qu'elle fût négative. Restait à savoir si pareille position est
légitime et si elle est vraiment de nature à supprimer les diver
gences.
La philosophie du sens commun, cette philisophia perennis qui,
de toutes les philosophies, a seule survécu aux assauts du temps,
parce qu'ainsi que le disait Bergson, qui ne s'en réclamait cepen
dant pas, elle est la philosophie naturelle de l'esprit humain, cette
philosophie part de cette idée toute simple qu'il n'y a pas de con
naissance sans un objet à connaître. Et cet objet est proprement...
objectif. Il ne se tire pas, autrement dit, de l'esprit connaissant,
alors même que les démarches de cet esprit, dont résultent les abs
tractions, les généralisations et les jugements, lui appartiennent:
ces abstractions, et jugements ont eux-mêmes un
fondement objectif.
Or, il en est de la connaissance juridique comme de toute con
naissance. Une telle ressortit à la raison pratique, à
cause de son ordination à l'action. Il échet donc de se rapporter,
pour en saisir l'objet, à la notion toute première, et, j'ose l'écrire,
toute objective, de cette même raison pratique, la notion de bien.
Le bien se dit, en effet, en fonction de sa conformité même à la
nature du sujet qui doit l'effectuer. Et la loi naturelle est celle qui
se trouve être précisément conforme à cette nature.
^'agissant de l'homme, cette nature est, il est vrai, riche et
complexe : elle comprend les inclinations qui lui sont communes
avec tous les êtres ou

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