Eeeeuh - Prix Entreprise de 2020
12 pages
Français

Eeeeuh - Prix Entreprise de 2020

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
12 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L’Institut de l’entreprise a engagé, fin 2008, un chantier de réflexion collective pour définir les formes de l’entreprise – entendue tant comme organisation économique que comme acteur de la société – dans le monde de l’après-crise. 2020 a été choisi comme horizon de réflexion.
L’Institut de l’entreprise a souhaité associer à ses travaux les jeunes générations, en tant que principaux acteurs de l’entreprise et a lancé ce concours, destiné aux étudiants , sur le thème «L’entreprise de 2020 ».

Informations

Publié par
Nombre de lectures 241
Langue Français

Extrait

Charlotte Weber Prix de l’entreprise de 2020EEEEuh…ou Entreprise, Environnement, Ethique, Echange, une Histoire à Ecrire…
RésuméL’histoire commence en 2010, gare Montparnasse où Emma, Malik et Paul se sont donné rendezvous. Ils veulent créer une entreprise ensemble et vont au préalable réfléchir a ce que pourraient être les contours de leur entreprise en 2020. Issus d’horizons différents, ils sont l’image de ce que peuvent être les jeunes d’aujourd’hui. Ils vivent la crise actuelle, et veulent désormais faire avancer les choses, et contribuer à la construction d’une société plus juste.Ils abordent quatre grands thèmes qui leur semblent essentiels. Du thème Entreprise, on retiendra leur volonté de mettre en place des valeurs fortes, de s’investir dans le secteur des services aux personnes âgées et d’implanter leur entreprise dans le Limousin.L’Environnement, leur deuxième thème de réflexion, décrit une entreprise écoresponsable, qui agit en acteur conscient de l’impact de son activité.Le thème de l’Ethique entraine ensuite le lecteur dans la conception que chaque jeune peut en avoir. Pour Paul, l’éthique c’est le respect de l’équilibre de vie de chaque salarié. Emma étaie cette réflexion avec une proposition de critères de performances ayant trait aux résultats financiers, environnementaux, mais aussi des critères d’évaluation de la satisfaction des salariés et des clients ou des critères sociaux. Enfin, Malik voit l’éthique comme un moyen de respecter l’identité de chacun et de promouvoir la diversité. Enfin, les trois amis finissent de brosser le tableau général de ce que serait l’entreprise idéale en réfléchissant à l’Echange. La promotion de l’échange au sein de l’entreprise tient une place importante dans leur réflexion. Les nouvelles technologies, les échanges intergénérationnels et le renforcement des liens sociaux sont ensuite présentés comme des atouts incontournables de l’entreprise.Enfin, nous retrouvons Emma, Malik et Paul dix ans plus tard, en 2020. Ils sont à la tête d’une entreprise de nouvelle génération, moderne et audacieuse, bien ancrée dans les problématiques du XXIème siècle.
2
Extrait Eh bien, repritil, notre entreprise pourrait doublement s’adapter au vieillissement de la population: d’une part en répondant aux besoins de cette clientèle particulière, mais aussi en favorisant l’emploi de personnes plus âgées, de plus de 60 ans si elles le souhaitent.En effet… dit Paul d’un air pensif. La détérioration du taux d’emploi des 5564 ans en France est un sujet récurrent de ces dernières années. Chez nous, quand une personne de plus de 55 ans perd son emploi, elle n’est pas particulièrement incitée ni aidée à retrouver un emploi, parce qu’elle est trop proche de l’âge de la retraite…C’est une excellente idée!s’exclama Emma. Qui dit nouvelle clientèle dit nouveau créneau dans le secteur des services à la personne ou les produits adaptés au troisième âge. De plus cette génération aurait également une forte valeur ajoutée dans notre entreprise pour développer un marché dont elle serait la cible. En employant des personnes de plus de 60 ans, nous pourrions à la fois tirer parti de leur expérience, et proposer une solution, à notre échelle bien sûr, au faible taux d’emploi dans cette catégorie de la population. D’autant plus qu’une telle implication de personnes plus âgées dans l’entreprise pourrait renforcer le lien social entre plusieurs générations. Personnellement, je ne fréquente pas grand monde de plus de 60 ans. C’est dommage parce que nous avons beaucoup de choses à apprendre de leur expérience.» Ils se turent un instant lorsque le serveur apporta les cocas.
3
EEEEuh…Entretien Les Echos 05/10/2009 Paris.Dans son livreEEEEuh…, Sophie Etay nous plonge dans la réflexion de trois jeunes diplômés qui créent leur entreprise. Par leur intermédiaire, SE donne la parole aux acteurs de demain et dévoile leur conception de l’entreprise en 2020.Les Echos : Comment cette idée de livre vous estelle venue? SE : Je suis partie du constat suivant: le monde change, et nous restons campés sur nos acquis. Dans tout ce que nous entreprenons, la performance financière garde une place très importante, et nous nous contentons de répliquer des modèles qui montrent leurs limites. Nous pensons apprendre de nos erreurs, mais nous ne nous posons pas les bonnes questions pour rebondir. On voit ce que ça donne avec la crise actuelle… J’ai donc imaginé cette histoire, un peu idéaliste, qui nous confronte à quatre grands défis pour les dix prochaines années. Ce peuvent être des pistes possibles pour amorcer un changement et pour créer des entreprises d’un nouveau type.Pourquoi ce titre? Entreprise, Environnement, Ethique, Echange, une histoire à Ecrire… Quatre «E » qui parlent d’euxmêmes, quatre problématiques essentielles, de véritables défis. Mais ce titre est aussi une onomatopée qui indique bien que nous sommes encore dans le flou et que l’entreprise de demain reste à inventer. A qui s’adresse EEEEuh…? EEEEuh…s’adresse à tous. PDG, lycéens, jeunes diplômés, salariés... Comme chacun est concerné, j’ai voulu faire en sorte que mon écriture reste accessible, et la nouvelle m’a semblé être le genre littéraire le plus approprié. Mon souhait dans ce livre est de con fronter chaque lecteur à ses aspirations, afin qu’il se demande ce qu’il veut être, ce qu’il veut faire ou ne pas faire dans dix ans, où il veut être, comment il veut y arriver. Il n’y a pas d’âge ni de condition privilégiée pour se poser ces questions. Ces thèmes sont souvent étalés dans les media. N’avezvous pas eu peur d’enfoncer des portes ouvertes ? Elles ne sont sûrement pas grandes ouvertes… Nous n’en serions sans doute pas là autrement… Entrouvertes peutêtre… La crise actuelle fait bouger les lignes, des comités de réflexion se créent, les gens se mobilisent, et c’est bien. Ce livre n’est pas le développement d’une thèse, mais ma modeste contribution à la réflexion collective. Présenteznous votre livre Nous suivons Emma, Paul et Malik qui ont décidé de créer une entreprise ensemble en 2010. Ils se sont rencontrés dans une association qui favorise la rencontre avec des personnes âgées à Limoges l’été d’avant. Ils ont des histoires différentes, et a priori, rien ne les destinait à se rencontrer, sice n’est le Limousin, la région «la plus âgée » de France. Emma vient d’être diplômée de l’Essec. Ses parents sont commerçants à Limoges. Paul est issu d’un milieu aisé parisien, il vient de terminer un master d’ingénieur à l’ESIEE. Malik a grandi à Créteil en banlieue parisienne. Il sort juste de l’IUT de Limoges en technique de commercialisation. Après un an de réflexion, beaucoup de pistes abordées, ils ont prévu quatre réunions pour réfléchir à leur projet...
4
EEEEuh…ou Entreprise, Environnement, Ethique, Echange, une Histoire à Ecrire…Prologue Emma est fébrile. Aujourd’hui, elle retrouve Paul et Malik pour leur première réunion de définition du business plan de leur future entreprise. Recroquevillée sur son siège de la ligne 6, elle repense à leur rencontre l’été dernier à Limoges. Ils passaientle mois d’août au sein de l’association «Génération en vacances» pour accompagner des personnes âgées. Ils s’étaient très bien entendus, et s’étaient rendu compte qu’ils voulaient tous les trois devenir entrepreneurs. Mais elle devait terminer sa scolarité à l’Essec, Paul allait commencer un Mastère Spécialisé en Innovation Technique et Management de Projet à l’ESIEE, et Malik devait terminer son IUT à Limoges. Ils s’étaient promis de se retrouver, une fois diplômés, pour reparler de ce projet… MontparnasseBienvenüe. Elle doit descendre. Cela fait une bonne heure que Malik est dans les transports en commun pour venir de Créteil, et le temps commence à être long. Il en profite pour finir de préparer l’ordre du jour de la réunion de tout à l’heure. Un an de mails, d’idées lancées en vrac, de projets plus ou moins fous… il a tout synthétisé et organisé en quatre grands thèmes pour mener leur réflexion : Entreprise, Environnement, Ethique et Echange… Un thème par réunion, une réunion par semaine. C’est excitant de se dire que dans un mois, ils auront dessiné les contours de leur entreprise idéale. Ils pourront alors voir leur rêve commencer à se concrétiser. Mais d’ici là, il va falloir se creuser les méninges! Ah tiens, voilà Emma sur le quai…Qu’estce qu’ils font? Paul attend Emma et Malik depuis vingt minutes… Il a de la chance de les avoir rencontrés. Pour une fois il remercie ses parents de lui avoir demandé d’aller à Limoges voir sa grandmère ! Ca fait plaisir de voir des jeunes qui ont la même volonté que lui de faire avancer les choses. Depuis qu’il est petit, Paul veut devenir entrepreneur comme son père. Il s’est toujours laissé un peu porter par les événements, mais en grandissant, il a appris à faire ses propres choix. Ce projet en est le plus bel exemple. Mais il ne ressemble pas à Malik et Emma. Au moins, Malik s’est battu pour en arriver là. Qui aurait pu penser qu’un garçon comme lui, issu de la diversité, d’origine modeste, et scolarisé en ZEP, réussirait aussi bien? Qui à Limoges aurait imaginé que la petite Emma, fille d’artisans boulangers, créerait une entreprise? Ce que Paul admire, c’est leur volonté de se battre, d’aller de l’avant. Et il est certain qu’avec eux il va pouvoir apporter sa pierre, se sentir utile. Cela dit, ils font peutêtre avancer les choses, mais leurs montres, elles, retardent… Où peuventils être ?
5
Chapitre 1: ENTREPRISE ou quel périmètre donner à l’entreprise? «Trois cocas s’ilvous plaît Monsieur!» Emma arborait un grand sourire. «Je suis désolée d’être arrivée en retard. Je n’ai pas fait attention à l’heure… Mais ça me fait plaisir de vous voir! Ne t’inquiète pas! répondit Paul en riant. J’ai eu le temps de méditer. Mais on se met au travail maintenant, on discutera après! Malik, qu’estce que tu nous as concocté comme programme?  Vous avez pu lire le livre de Muhammad Yunus ? On pourrait commencer par là.» Malik sortit un cahier de sa sacoche et l’ouvrit à la dernière page. «Comme je vous le disais dans mon dernier mail, cette idée de Social Business peut être un bon point de départ pour notre réflexion. On semble tous d’accord pour dire que notre entreprise sera construite d’abord autour de valeurs dont découleront le choix de l’activité, la stratégie de notre entreprise, nos méthodes de management, et ainsi de suite. Je pense qu’on a déjà pas mal avancé làdessus, non ?» Ils avaient retenu de leurs cours que Schumpeter disait qu’entreprendre consistait aussi à bouleverser l’ordre existant. Constatant certaines dérives du management des entreprises à l’heure actuelle, ils avaient décidé de mettre l’humain au centre de leur projet. Ils voulaient en faire un acteur responsable de la société, contribuant au bienêtre de ses membres, à la résolution des grands défis dont ils étaient témoins. Ils étaient tous concernés, pour des raisons différentes, par le sort des personnes âgées. Leur expérience commune dans l’association «Générations en vacances » leur avait donné envie d’agir pour faire face aux problèmes liés au vieillissement de la population. Ils avaient donc décidé de créer leur entreprise dans le domaine des services aux personnes âgées. «Oui, effectivement, répondit Malik. Mais je me suis un peu plus penché sur la question. En plus d’une entreprise dont la clientèle serait le troisième âge, onpourrait aussi voir comment impliquer ces personnes dans l’entreprise. Que veuxtu dire par là ? lui demanda Paul.  Eh bien, repritil, notre entreprise pourrait doublement s’adapter au vieillissement de la population: d’une part en répondant aux besoins de cette clientèle particulière, mais aussi en favorisant l’emploi de personnes plus âgées, de plus de 60 ans si elles le souhaitent.En effet… dit Paul d’un air pensif. La détérioration du taux d’emploi des 5564 ans en France est un sujet récurrent de ces dernières années. Chez nous, quand une personne de plus de 55 ans perd son emploi, elle n’est pas particulièrement incitée ni aidée à retrouver un emploi, parce qu’elle est trop proche de l’âge de la retraite…C’est une excellente idée! s’exclamaQui dit nouvelle clientèle dit nouveau créneau Emma. dans le secteur des services à la personne ou les produits adaptés au troisième âge. De plus cette génération aurait également une forte valeur ajoutée pour développer un marché dont elle serait la cible. En employant des personnes de plus de 60 ans, nous pourrions à la fois tirer parti de leur expérience, et proposer une solution, à notre échelle bien sûr, au faible taux d’emploi de cette catégorie de la population. D’autant plus qu’une telle implication de personnes plus âgées dans l’entreprise pourrait renforcer le lien social entre générations. Personnellement, je ne fréquente pas grand monde de plus de 60 ans. C’est dommage parce que nous avons beaucoup de choses à apprendre d’elles.»Ils se turent un instant lorsque le serveur apporta les cocas. «J’aime bien aussi l’idée d’orienter l’entreprise vers un retour sur investissement qui soit davantage social et humain, reprit Malik après avoir parcouru les notes qu’il avait griffonnées sur son cahier.
6
Attends, à ce propos, j’ai une petite question, l’interrompit Paul. Je voudrais être sûr d’avoir bien compris. Concrètement ça veut dire que le profit généré par notre entreprise ne sera pas seulement financier mais aussi social, c’est ça?  Tout à fait, dit Emma. Si on applique ce que Yunus dit, notre entreprise ne sera plus une entreprise qui vise à créer toujours davantage de besoins, mais une entreprise dont le premier objectif sera de répondre aux problèmes de la société… et comme ça, elle s’adaptera en partie à la quête de sens de tout un chacun, les plus jeunes en particulier, comme nous.  Ouh là ! Emma se lance dans de grandes tirades! On arrête tout de suite !» Paul et Malik riaient. Ils avaient compris qu’Emma était une grande utopiste,bouillonnante de vie et d’idées, mais il fallait quelques fois couper court à ses grands discours sur l’ordre du monde.«Pardon, dit Emma faussement gênée. Revenons à nos moutons… dit Paul non sans avoir jeté à Emma un regard amusé. De quoi fautil encore parler ? De l’implantation de nos futurs locaux. Ah oui! Je voulais vous parler du Limousin, dit Emma. J’ai entendu dire que la région avait créé un fonds d’investissement solidaire à destination d’entreprises comme la nôtre. Je crois qu’on peut bénéficier d’un prêt participatif allant de 5000 à 60 000 euros. Ca peut être intéressant.Oui, c’est une bonne piste à explorer. Ca nous permettrait de conjuguer deux de nos exigences: créer une entreprise dans le secteur des services à la personne et trouver une implantation en dehors de Paris. Je pense que c’est le bon moment pour cela: on entend beaucoup parler du désenclavement des régions. Les investissements vont sans doute être plus importants pour y favoriser l’implantation d’entreprises. C’est une aide qui peut être non négligeable et c’est surtout un premier financement de notre activité. D’autre part, le Limousin est la région la plus âgée de France. Si nous voulons créer une entreprise à destination des personnes âgées, autant nous installer dans la région où elles sont les plus nombreuses ! rajouta Emma.  Excusezmoi jeunes gens, intervint doucement le serveur. Je suis désolé de vous chasser, mais nous allons fermer. Oh oui… pardon!Bon… il faut y aller. On se revoit la semaine prochaine ? Venez chez moi, dit Paul en enfilant sa veste. Ca marche, dit Malik qui terminait de prendre des notes. En gros, si je résume ce qu’on a dit en trois mots : humain, personnes âgées et Limousin. Mais je vous envoie quand même un petit compterendu par mail.» Chapitre 2 : ENVIRONNEMENT ou quelle place donner aux problématiques écologiques et environnementales ? Le projet prenait de plus en plus forme. Démarches et recherches supplémentaires avaient rythmé leurs emplois du temps depuis la semaine précédente. Cette foisci, ils s’étaient donné rendezvous chez Paul pour ne pas être coupés dans leur réflexion. Malgré les premiers frimas de décembre, personne n’était arrivé en retard et après un rapide tour du propriétaire ils s’étaient installés dansle salon avec un réconfortant chocolat chaud. «Ca fait du bien…» murmura Emma, qui se réchauffait les mains avec sa tasse.Ils avaient décidé de consacrer cette réunion à un autre enjeu qui leur semblait essentiel : l’environnement. Issus d’une générationtrès sensible à ces enjeux, ils avaient attentivement suivi les débats du Grenelle de l’environnement et du récent sommet de Copenhague. Emma était également ancienne membre du comité développement durable de l’Essec, où elle avait contribué
7
à changer le comportement des étudiants. Pour leur projet, ils voulaient créer une entreprise éco responsable. «Oui, il faut trouver le meilleur compromis entre le prix de l’immobilier, la carte de visite, l’accessibilité avec les transports en commun… résuma rapidement Emma. Je pense qu’au début, nous pourrions trouver un bâtiment rénové aux dernières normes environnementales. Il doit y avoir ça près de Limoges. Je me renseigne pour la prochaine fois, proposa Paul. Sinon, je commence à avoir faim… Ca vous va une pizza pour le dîner ?  Très bien.  Je reviens. Je vais la mettre dans le four. Pendant ce temps, Emma et Malik continuaient à parler. «Je pense que la différence se fera aussi à travers la conscience écologique que nous saurons éveiller chez nos salariés.  Rien de bien nouveau là dedans, répliqua Malik.  Non, mais on continue à voir des immeubles entiers éclairés au beau milieu de la nuit, des bureaux beaucoup trop climatisés en plein été, et j’en passe!  A ce momentlà, créons une sorte de charte écologique au sein de l’entreprise. A laquelle il faudrait ajouter un ensemble de services pour inciter la vie des gens à la respecter: intranet pour le covoiturage, campagne d’affichage pour la consommation d’eau, d’électricité… On pourrait également créer un mécanisme de primes salariales pour inciter nos employés à être performants en matière de développement durable, en récompensant ceux qui ont recours au covoiturage ou aux transports propres pour venir travailler. Mmm… grommela Malik. On pourrait également mettre en place un audit environnemental», suggéra Paul en revenant de la cuisine. Voyant que les deux autres avaient perdu le fil de sa pensée, il ajouta «Il y a des audits financiers au sein de toutes les entreprises. Pourquoi ne pas reprendre le même principe en l’appliquant au domaine de l’environnement? Nous pourrions alors nous prévaloir d’un bon bilan écologique et d’un bon cadre de travail pour nos employés, et bénéficier de baisse d’impôts par exemple. Cette performance environnementale deviendrait un des objectifs de performances de notre entreprise, au même titre que le retour sur investissement.  Quels seraient les critères de cet audit? demanda Malik. Je ne sais pas vraiment… Tout est à inventer, continua Paul. Mais, comme ça, je pense qu’il faudrait reprendre les critères dont tu parlais pour ta charte : consommation de kW/h par salarié, proportion de salariés venant au bureau en transports en commun ou en covoiturage, faire un bilan carbone annuel. Mais si on pense à l’environnement au sens large, il faudrait prendre aussi en compte le bienêtre de nos salariés, favoriser un bon équilibre de vie à travers le restaurant d’entreprise par exemple, ou des lieux de rencontres informelles agréablement aménagés… Et qui mènerait cet audit? reprit Malik dont le scepticisme s’évanouissait peu à peu. D’un point de vue pragmatique, si nous investissons làdedans, comment être sûrs que le résultat obtiendra un écho quelconque et qu’il aura l’effet escompté?  Nous ne pouvons être sûrs de rien, évidemment, mais estce que notre but n’est pas aussi de faire bouger les choses, de pousser d’autres entreprises à observer nos pratiques et ensuite les adopter ? En ce qui concerne ta première question, nous pourrions imaginer au sein du département de contrôle de gestion, un ou deux postes pour des personnes chargées de cet audit. Je trouve cette idée vraiment intéressante… Même s’il faudra creuser davantage! dit Emma. Ouh là! s’exclama Malik. Dix heures et quart… Il faut que je file Paul.Sinon, je n’attraperai jamais le bus pour rentrer chez moi. D’accord. Je ne vous retiens pas davantage. Je vous envoie le compterendu.»
8
Chapitre 3: ETHIQUE ou quelle place donner à l’éthique? «Salut les garçons, Je suis désolée, je ne pourrai pas être là mardi. En revanche, estce que vous voulez venir passer le weekend à Limoges chez mes parents ? Emma» Quand ils avaient lu le mail, Paul et Malik avaient trouvé qu’elle était un peu désinvolte, mais ils étaient finalement dans le salon des parentsd’Emma en train de se creuser la tête! Il faut dire que le sujet du jour était trapu. Ils parlaient d’éthique.«Le problème avec ce mot, c’est qu’il regroupe un grand nombre d’aspects. L’éthique, c’est très subjectif. Chacun a sa propre notion de l’éthique…soupira Malik, qui pour la première fois semblait ne pas savoir où il allait. Je suis bien d’accord. On pourrait chacun parler à tour de rôle d’un aspect de l’éthique qui nous paraît essentiel, proposa Paul. Si vous voulez je commence… C’est acquis: notre entreprise sera centrée sur l’humain. Je veux que les personnes qui travaillent dans notre entreprise vivent les valeurs qui nous tiennent à cœur, qu’elles soient conscientes que nous voulons inventer une nouvelle forme d’entreprise pour changer les choses… L’entreprise doit favoriser un épanouissement personnel et professionnel et répondre à une quête de sens.  A ce moment là, il faut que nous proposions des mesures concrètes, dit Emma.  Tu penses à quelque chose en particulier ? demanda Malik à Paul. J’ai deux choses en tête. D’abord, la définition des sources de motivation de l’employé, et notamment le salaire. Oui, nous n’en avons pas encore parlé.Sans faire une dissertation sur ce qu’est le juste salaire, il y a un juste mais difficileéquilibre à trouver entre compétences, motivation et position hiérarchique, tout en assurant à chacun les moyens de vivre décemment. C’est effectivement important. Quelle était ta deuxième idée?  On entend beaucoup parler ces tempsci du phénomène de malaise au travail. Je pense que l’éthique au sein de notre entreprise doit passer par la promotion d’une bonne hygiène de vie. Sois plus concret ! lui lança Emma. J’y viens! Je pensais à une extinction des feux à 19 heures pour que les gens gardent du temps pour leurs loisirs et leur vie privée, à un entretien bimensuel avec un supérieur hiérarchique pour discuter des réalisations et attentes de chacun, et pouvoir fixer des objectifs clairs et personnalisés, ou tout autre mesure qui favoriserait l’équilibre de vie de chaque salarié.  Adopté! dit Emma. Je te rejoins d’ailleurs dans ta définition de l’éthique. Mais je pensais traiter le sujet autrement. En plus de valoriser un salarié pour ce qu’il produit, nous devons le valoriser pour ce qu’il est… Apartir de là, je pense que le choix des indicateurs de performance de notre entreprise va refléter notre conception de l’éthique. Te connaissant, tu as dressé une liste des indicateurs auxquels nous pourrions avoir recours ! lui dit Malik.  Oui ! On a déjà parlé d’un certain nombre d’entre eux. Mais j’ai regroupé ces nouveaux indicateurs en cinq catégories. D’abord, les critères quantitatifs et financiers: ce sont les critères traditionnels du chiffre d’affaires, de la structure du capital de l’entreprise. Je ne vais pas m’étendre làdessus parce qu’il n’y a rien de bien nouveau. En revanche, ce sont les quatre autres catégories qui apportent la dimension humaine. D’abord, on pourrait développer des critères qui seraient liés au produit comme la satisfaction commerciale, le nombre d’innovations par an. Après, il y a les critères environnementaux, avec notamment la mise en place de l’audit environnemental dont on a déjà parlé.» Malik prenait consciencieusement des notes tandis qu’Emma continuait à énumérercritères les auxquels elle avait songé. «Ensuite, on pourrait penser à ce que j’ai appelé les critères sociaux. Pour ceuxlà, il faudrait que nous trouvions une façon de mesurer la création de valeurs au pluriel, par opposition à la création
9
de valeur ausingulier. L’idée de social business de M. Yunus peut entrer ici en compte si par exemple les bénéfices de l’entreprise, quand nous en ferons, ajoutatelle en souriant, sont reversés à un organisme qui œuvre à l’amélioration de la société ou réinvestis systématiquement dans notre entreprise sociale, sans versement de dividendes. Enfin, j’avais pensé à des critères ayant trait aux salariés, c'estàdire un indicateur de la satisfaction des salariés par rapport au management par exemple, la capacité de l’entreprise à attirer de nouveaux employés…Tout est noté, dit Malik après avoir terminé d’écrire la dernière idée d’Emma. A mon tour… Donnemoi ton cahier que je prenne des notes à ta place. Tiens… Vous savez que j’ai été en cours dans une ZEP et que j’?ai grandi en banlieue S’appeler Malik, ça n’ouvre pas toutes les portes… Du coup, pour moi, mettre l’humain au centre aurait clairement un impact sur la façon dont on veut choisir les salariés. Je ne parle pas de CV anonyme: à l’entretien, ça ne changerien ; ni de mise en place de quota. Mais il faudra que nous fassions attention à toujours promouvoir la diversité dans le recrutement. Que tout le monde, les femmes, les étrangers, les personnes handicapées, tous, quelque soit leur qualification, puissent réussir l’entretien et intégrer une entreprise qui leur ressemble.En tout cas, on voit que c’est quelque chose qui te tient à cœur, dit Paul. Continue… Oui, forcément au regard de mon parcours ! Je suis surtout convaincu que la diversité permet d’améliorer l’efficacité de l’entreprise et de faire émerger de nouvelles idées. D’ailleurs, il me semble que la diversité pourrait être prise en compte dans nos futurs critères de performance. Cela montrerait que nous agissons en acteurs responsables conscients de la société qui nous entoure.» Chapitre 4: ECHANGE ou comment favoriser les interactions entre l’entreprise, ses salariés, ses clients et la société? «Vous vous rendez compte que c’est la dernière réunion de travail avant d’attaquer le business plan? dit Malik. Aujourd’hui, on parle d’échange. On a déjà évoqué la création de lieux d’échange privilégiés au sein des locaux. Je pensais qu’on pourrait parler de la façon d’impliquer le salarié pour qu’il souhaite et qu’il se sente encouragé à contribuerau développement de l’entreprise.J’ai une petite idée, hasarda Emma. En reprenant le modèle participatif des jurys dans les cours de justice, nous pourrions réserver un tiers des sièges du comité exécutif à des salariés tirés au sort parmi les informaticiens, les commerciaux et les fonctions support. Le comité resterait sous le contrôle de la direction, mais cela impliquerait tous les salariés dans le fonctionnement général de l’entreprise, permettrait d’identifier leurs attentes et de construire une solution ensemble.  Ce sont des représentants syndicaux?  Non, ces salariés ne sont pas élus et tout le monde pourrait être choisi. J’aime bien cette idée, dit Paul. En plus de cela, pour que les salariés s’investissent au jour le jour, on pourrait aménager un moment dans la semaine pour que chacun développe son propre projet, dans le domaine qu’il souhaite. Des réunions trimestrielles seraient alors organisées pour élire le meilleur projet, et le lauréat prendrait alors la tête d’une équipe pour le développer.» Paul avait de bonnes connaissances dans les nouvelles technologies, et l’idée leur était venue de créer une entreprise dans ce domaine plus que jamais d’actualité. Ils pouvaient espérer faire profiter leur clientèle de personnes âgées de cette expertise en élaborant pour elles un module d’apprentissage des nouvelles technologies.«Cela nous permettrait de lutter contre l’isolement de cette catégorie de la population et combattre la fracture numérique, dit Emma.  Il existe déjà de telles initiatives menées en partenariat avec le gouvernement. Distinguonsnous en proposant un logiciel ou un site sur mesure qui regrouperait un ensemble de services dont une personne âgée a besoin. Ce qui signifie…? demanda Malik.
10
… qu’on pourrait avoir un écrantactile avec un bouton pour faire ses courses en ligne, un autre pour atteindre un annuaire de contacts médicaux, les comptes bancaires en ligne, les chaines préférées de télévision, le visiophone par internet pour contacter ses proches et ses amis, et je ne sais pas quoi d’autre… Tout cela grâce à une ergonomie adaptée: caractères plus gros, écrans tactiles et reconnaissance vocale. Je ne trouve pas que cela favorise beaucoup les échanges sociaux, ni ne combatte l’isolement, objecta Emma. C’est là quenotre entreprise fera la différence, continua Paul. Notre atout principal sera une équipe de commerciaux qui se rendraient au domicile des personnes âgées pour les aider à faire leurs premiers pas sur notre logiciel ou notre site. Nous pourrions également créer une communauté d’utilisateurs qui pourrait se rencontrer périodiquement. Ce serait l’occasion à la fois de créer un lien réel pour les personnes âgées et pour nous de recueillir leurs attentes sur le produit et les services.  On pourrait aussi imaginer à plus long terme de renforcer les échanges intergénérationnels en créant de forts liens avec le monde étudiant, grâce à la généralisation de l’apprentissage et au développement du principe de chaires par exemple. C’est en pensant aux générations suivantes que notre initiative aura un effet durable. J’ai une autre question… Tu parles d’ergonomie adaptée aux personnes âgées. Il faudra alors trouver une entreprise avec qui développer notre logiciel.  Il faudrait nous associer à une entreprise qui créerait la machine vendue avec le logiciel. Un des atouts de notre produit est l’ergonomie adaptée à la clientèle visée!Reste à trouver l’entreprise séduite par notre idée! Mesdames et messieurs, dans quelques instants notre train arrivera en gare de Paris Austerlitz. Paris Austerlitz terminus de ce train…Ca y est… On y est arrivé…
11
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents