Anticipations des ménages et environnement économique
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Le moral des Français est fréquemment évoqué pour expliquer leur comportement de consommation, avec l'idée que ceux-ci seraient devenus plus pessimistes après 1993. À l'examen, la dégradation des anticipations est essentiellement imputable à celle de l'environnement économique, et notamment aux variations du chômage. À conditions économiques équivalentes, les anticipations sont restées analogues entre 1991 et 1995, si l'on excepte quelques périodes atypiques. En revanche, entre ménages, les disparités se sont atténuées en matière de formation des anticipations. Les plus diplômés font preuve, en fin de période, de moins d'optimisme, sans doute parce qu'ils partagent des risques accrus sur le marché du travail. Avec la récession de 1993, les jeunes ont aussi cessé d'être plus optimistes que leurs aînés en ce qui concerne leur niveau de vie futur ; mais ceci est peut-être dû au fait qu'ils sont davantage touchés par les fluctuations conjoncturelles.

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Langue Français

Extrait

CONSOMMATION
Anticipations des ménages
et environnement économique
Stéfan Lollivier* Le moral des Français est fréquemment évoqué pour expliquer
leur comportement de consommation, avec l’idée que ceux-ci seraient
devenus plus pessimistes après 1993. À l’examen, la dégradation
des anticipations est essentiellement imputable à celle de l’environnement
économique, et notamment aux variations du chômage. À conditions économiques
équivalentes, les anticipations sont restées analogues entre 1991 et 1995,
si l’on excepte quelques périodes atypiques. En revanche, entre ménages,
les disparités se sont atténuées en matière de formation des anticipations.
Les plus diplômés font preuve, en fin de période, de moins d’optimisme,
sans doute parce qu’ils partagent des risques accrus sur le marché du travail.
Avec la récession de 1993, les jeunes ont aussi cessé d’être plus optimistes
que leurs aînés en ce qui concerne leur niveau de vie futur ; mais ceci
est peut-être dû au fait qu’ils sont davantage touchés par les fluctuations
conjoncturelles.
haque mois, l’enquête de conjoncture L’opinion des ménages :* Stéfan Lollivier est
chef du département C auprès des ménages fournit des renseigne- un indicateur de la consommation...
des Prix à la consom- ments sur l’opinion que se font les consomma-
mation, des ressources
teurs de la situation économique (cf. encadré 1). L’analyse conjoncturelle se préoccupe de connaî-et des conditions de vie
des ménages, à l’Insee. Elle donne notamment des informations sur la tre et prévoir les évolutions des principaux
L’auteur remercie le façon dont les ménages jugent et anticipent les agrégats macroéconomiques. La consomma-
rapporteur anonyme pour
évolutions conjoncturelles, comme le niveau tion des ménages est une variable centrale, no-ses remarques
de vie en France, les prix ou le chômage (In- tamment si l’on se réfère au schéma keynésien
see). Mais elle renseigne aussi plus directement qui a longtemps prévalu, en particulier au mo-
sur les perspectives personnelles d’évolution ment du lancement des enquêtes au cours des
du revenu et la manière dont les ménages comp- années 60. En matière de prévision à court
tent effectuer leurs arbitrages entre consomma- terme, l’intérêt de cette variable est néan-
tion et épargne. Une telle enquête étant réalisée moins tempéré pour de nombreuses raisons.
conjointement dans les pays de l’Union euro- En premier lieu, dans l’analyse traditionnelle
péenne, la comparaison entre les indicateurs is- des cycles, elle se comporte plutôt comme un
sus des différents partenaires permet indicateur retardé, à l’inverse d’autres varia-
Les noms et dates entre d’apprécier les différences nationales en ma- bles, comme l’investissement habituellement
parenthèses renvoient à
tière d’opinion des ménages portant sur la con- considéré comme un indicateur avancé. Enla bibliographie en fin
sommation privée et l’affectation des revenus.d’article. d’autres termes, un regain d’investissement
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 324-325, 1999 - 4/5 103précède généralement une reprise de l’activi- négatifs, c’est-à-dire que la part des ménages
té, ce qui est rarement le cas de la consomma- pessimistes l’emporte sur celles des ménages op-
tion. En outre, la consommation est un agrégat timistes (cf. graphiques I). Ceci est particulière-
assez inerte, contrairement à l’investissement ment marqué pour les anticipations de niveau de
et surtout aux stocks. Dans les périodes récen- vie futur. Que les ménages soient enclins à un cer-
tes, ces dernières variables ont, au moins aussi tain pessimisme ne saurait surprendre. Il s’agit là
fréquemment que la consommation, entraî- d’une caractéristique fréquente des agents écono-
né des fluctuations conjoncturelles. Ceci ex- miques, que l’on retrouve dans de nombreuses
plique pourquoi les enquêtes de conjoncture enquêtes de conjoncture. Pour que les ménages
auprès des entreprises, notamment sur l’in- ou les entreprises se déclarent optimistes, il faut
vestissement, intéressent davantage les prévi- généralement que la croissance soit solide, supé-
sionnistes que les enquêtes auprès des rieure à 2 % l’an.
ménages.
Les évolutions des soldes reposent sur les ré-
visions d’opinion d’une part assez faible des
... explicatif des différences entre prévision ménages, comme le montre un examen en
des modèles et comportement observé
De fait, dans un passé récent, les enquêtes au-
près des ménages ont plutôt été sollicitées
Encadré 1pour rendre compte des divergences entre les
comportements des ménages et les prédictions
L’ENQUÊTE MENSUELLE
fournies par les modèles économiques fondés AUPRÈS DES MÉNAGES
sur les approches traditionnelles, notamment
dans les évolutions de court terme. Aussi est-il Depuis juin 1986, l’Insee réalise une enquête men-
précieux de disposer d’indicateurs sur les in- suelle de conjoncture auprès des ménages. Celle-ci
remplace l’enquête quadrimestrielle, qui a été con-tentions des consommateurs, qui fournissent
duite jusqu’en 1994, afin de s’assurer de la bonneune information complémentaire utile pour
concordance en évolution des deux indicateurs.
comprendre de telles inadéquations. Pour fia-
L’enquête mensuelle présente l’avantage de mieux
biliser leurs prédictions, les conjoncturistes suivre l’évolution des opinions des ménages, en
utilisent donc de plus en plus fréquemment mettant en évidence de manière plus précise les
périodes de retournement.des variables retraçant les anticipations des
ménages (Insee, 1993). Celles-ci viennent,
Les interrogations sont réalisées par téléphone au-
bien sûr, en complément des déterminants
prèsd’environ 2 000 ménages, avec saisie directe
plus habituels, comme les variations du pou- des informations sur micro-ordinateur portable de-
voir d’achat, ou l’inflation qui traduit les be- puis janvier 1991. Elles ont lieu au cours des trois
premières semaines de chaque mois, sauf en août.soins en matière d’épargne de précaution, ou
L’évaluation du mois d’août dans les graphiques I aencore les évolutions du chômage qui indi-
été réalisée par interpolation linéaire entre les ré-
quent le plus ou moins grand degré d’incer-
sultats des enquêtes de juillet et septembre.
titude sur les revenus futurs. Par exemple, au
cours du second semestre de 1995, un net pes- Les données sont habituellement traduites en ter-
mes de soldes d’opinion (cf. graphiques I). Cessimisme dans les anticipations des ménages a
derniers sont calculés chaque mois en faisant la dif-coïncidé avec une consommation plus faible
férence entre les pourcentages de réponses
que celle qu’on pouvait économiquement pré-
favorables (ou très favorables) et défavorables (ou
voir. trèsdéfavorables).
Chaque ménage de l’échantillon est interrogé troisOn s’intéresse, dans cette étude, aux deux va-
mois consécutifs. C’est ce caractère de « panelriables de l’enquête retraçant les anticipations
glissant » qui a permis de mesurer l’hétérogénéité
monétaires des ménages entre 1991 et 1995.
individuelle. Néanmoins, l’identifiant permettant
La première concerne l’évolution du niveau d’apparier les réponses des ménages entre les en-
de vie en France. Il s’agit donc d’une anticipa- quêtes consécutives n’est disponible qu’à partir de
février 1991. C’est pourquoi l’étude débute à cettetion concernant un agrégat macroéconomi-
période plutôtqu’en 1986. Enfin, on s’est limité auxque, analogue à un climat général. La seconde
ménages ayant répondu aux trois entretiens consé-
concerne la situation financière future du
cutifs. Ce cylindrage léger explique que les
ménage en question et relève davantage d’une graphiques présentés dans l’étude ne correspon-
anticipation portant sur un niveau microéco- dent pas exactement aux résultats publiés par
ailleurs.nomique. Les deux variables font apparaître,
la plupart du temps, des soldes d’opinion
104 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 324-325, 1999 - 4/5structure des réponses (cf. graphiques II). En De 1991 à 1995, d’amples fluctuations
effet, la proportion des ménages qui prévoient des anticipations
une stabilité est forte,

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