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e travailleur pauvre, outre la faiblesse fréquente de
Lses revenus d’activité, vit souvent dans un ménage
plus grand que la moyenne, où il est le seul à travailler.
Les revenus du ménage ne permettent pas alors de
compenser le nombre de personnes à charge. Avoir un
emploi stable ne met pas toujours à l’abri de situations
de pauvreté : près de six travailleurs pauvres du
Nord-Pas-de-Calais sur dix bénéficient d’un contrat à
durée indéterminée à temps complet. Les travailleurs
pauvres habitent en majorité dans les pôles urbains, où ils
trouvent plus facilement un logement à caractère social.
Le travail n’exclut pas toujours
la pauvretéLe concept de « travailleur pauvre » repose soit en raison du nombre de contributeurs (4%), le RMI (3%), et de manière plus
sur deux conditions : occuper un emploi et aux ressources ou de revenus individuels marginale les revenus du patrimoine
appartenir à un ménage pauvre. L’ap- plus faibles . (moins de 1%) . La structure
proche est donc individuelle en ce qui desressourcesdel’ensembledes ménages
concerne la situation du travailleur et son de travailleurs pauvres est différente de celleUN TRAVAILLEUR PAUVRE SUR
emploi, mais familiale en ce qui concerne des non pauvres, pour lesquels la part desDEUX DANS UN MÉNAGE
la mesure des revenus. revenus professionnels est plus importanteDISPOSANT DE MOINS DE
Dans cette étude, la pauvreté est définie (88%) et la proportion de prestations familiales460 EUROS PAR MOIS ET PAR UNITÉ
selon une approche monétaire. Le ménage ou sociales moindre (4%).
DE CONSOMMATION EN 2002
est ainsi déclaré « pauvre » lorsque son
revenu par unité de consommation est infé- UNE FORTE PROPORTION DELa moitié des travailleurs pauvres du
rieur au « seuil de pauvreté » . COUPLES AVEC TROIS ENFANTSNord-Pas-de-Calais appartient à un ménage
Un travailleur pauvre n’est donc pas néces- OU PLUSvivant avec moins de 460 euros par mois et
sairement un travailleur à bas salaire : une
par unité de consommation (UC) en 2002
personne vivant seule et ayant un emploi
Les faibles ressources dont disposent, un quart avec
peut percevoir un bas salaire mais dépas-
les ménages de travailleurs pauvres sontmoinsde390eurosparmoisparUCetun
ser le seuil de pauvreté, notamment grâce souvent liées à l’importance de la famille àquart avec plus de 510 euros par mois
aux transferts sociaux. Inversement, une
charge. Le niveau des revenus et les trans-par UC. Pour comparaison, la même
personne avec le même emploi et le
ferts sociaux éventuels ne permettent pasannée, les ménages de travailleurs
même salaire peut être considérée
toujours de compenser la taille du ménage.modestes sont un quart à
comme pauvre si elle vit au sein d’une
En effet, les travailleurs pauvres viventvivre avec moins de 640 euros par mois par
famille nombreuse où les charges du
souvent dans un ménage plus grand : dansUC . La situation des travailleurs
ménage sont plus importantes, ou si son
les ménages composés d’au moins unpauvres apparaît dans l’ensemble plus
conjoint ne perçoit pas ou peu de revenus.
travailleur pauvre,lenombredepersonnesproche de celle des chômeurs pauvres que
Ainsi, d’après l’enquête Revenus fiscaux
par ménage est en moyenne de 4,1, contre 3,6de celle des travailleurs modestes.
, en 2002, une
pour les ménages modestes comprenant au
personne seule dont le revenu est inférieur
moins une personne en emploi, et 2,9 pourLES DEUX TIERS DES RESSOURCESà 630 euros par mois est considérée comme
les ménages aisés. Les ménages de travail-DES MÉNAGES DE TRAVAILLEURSun « travailleur pauvre ». De même par
leurs pauvres du Nord-Pas-de-Calais sont
PAUVRES PROVIENNENT DESexemple, un père de famille gagnant moins
ainsi plus souvent des familles nombreuses :
de 1 320 euros par mois, dont la femme est REVENUS PROFESSIONNELS
34% des ménages composés d’au moins un
au foyer avec deux jeunes enfants, est
travailleur pauvre sont des couples avec
considéré comme « travailleur pauvre ». Dans l’ensemble des ménages du
trois enfants ou plus , contre
L’étude ne vise pas à comptabiliser préci- Nord-Pas-de-Calais comprenant au moins
25% des ménages modestes et 9% des
sément le nombre de travailleurs pauvres un travailleur pauvre, le travail contribue
ménages aisés. La forte proportion de
en Nord-Pas-de-Calais, mais à les caractéri- pour 67% aux ressources du ménage. La
couples avec trois enfantsouplusvade
ser, les principaux facteurs explicatifs deuxième origine des ressources est
pair avec la proportion particulièrement
étant la charge familiale associée à des constituée par les prestations familiales ou
élevée des 40-44 ans parmi les travailleurs
sociales (20%) ; viennent ensuite les retraitesressources souvent plus faibles que les pauvres (un sur cinq).
ménages des autres travailleurs, que ce et pensions (5%), les allocations chômage
Encadré 1 : LA PAUVRETÉ MONÉTAIRE
La méthode :
La pauvreté monétaire compare les revenus des ménages. Pour prendre en compte les différences de taille entre les ménages, on
utilise la notion de niveau de vie, qui rapporte le revenu du ménage au nombre d’unités de consommation (UC) qui le composent :
1 UC est comptée pour le premier adulte du ménage, 0,5 UC pour les autres personnes de 14 ans ou plus, et 0,3 UC pour chaque en-
fant de moins de 14 ans. Le seuil de pauvreté est égal à la moitié du niveau de vie médian des ménages France entière.
Est considéré comme « pauvre » le ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté, « modeste » le ménage dont le ni-
eveau de vie est compris entre le seuil de pauvreté et le 3 décile de la distribution des revenus, et « aisé » celui dont le niveau de vie
est supérieur. Les termes « pauvre », « modeste » et « aisé » sont choisis pour faciliter l’analyse et l’expression des résultats selon le
continuum des revenus ; ils ne constituent pas une échelle normative.
Les limites :
Cette définition monétaire est une façon parmi d’autres (conditions de vie, perception d’un minimum social, etc.) d’appréhender
les questions de pauvreté. Les résultats sont ainsi fonction de la définition retenue. En outre, l’approche monétaire ne prend pas en
compte les dépenses des ménages, telles que le paiement d’un loyer, qui peuvent modifier leur situation. Ainsi, la pauvreté me-
surée n’est pas forcément la pauvreté ressentie par les ménages. La pauvreté devrait également être analysée au regard de la tem-
poralité : pauvretés durable et transitoire ne concernent pas les mêmes ménages et n’ont pas les mêmes conséquences.Graphique 1 : ÉVENTAIL DES REVENUS MENSUELS DES MÉNAGES DU NORD-PAS-DE-CALAIS,
PAR UNITÉ DE CONSOMMATION EN 2002
Source : Insee - Enquêtes Logement 2001-2002, Santé 2002-2003, Information et Vie Quotidienne 2004
Graphiques 2 et 3 : STRUCTURE DES RESSOURCES DE L'ENSEMBLE DES MÉNAGES DU NORD-PAS-DE-CALAIS
Note : Les montants par type de ressource perçu ne sont pas disponibles dans les enquêtes Santé 2002-2003 et Information et Vie Quotidienne 2004.
Source : Insee - Enquête Logement 2001-2002De la même façon, les familles monoparen- que pour les autres types de travailleurs. temps complet ne permet donc pas
tales, qui représentent 15% des ménages de La moitié des travailleurs pauvres de la nécessairement de se protéger de situa-
travailleurs pauvres (contre 7% pour les région a des revenus individuels inférieurs tions de pauvreté.
ménages des autres types de travailleurs), à 570 euros par mois en 2001, soit 41% de Les travailleurs pauvres du Nord-Pas-de-Calais
possèdent souvent un nombre d’enfants à moins que le montant dont dispose la sont par ailleurs plus souvent à temps partiel
charge plus important. En effet, 28% des moitié des travailleurs modestes. Il faut que les travailleurs non pauvres (23% contre
familles monoparentales composées d’au noter toutefois que certains travailleurs 14%). Parmi les couples de travailleurs pau-
moins un travailleur pauvre ont trois enfants pauvres ont des revenus supérieurs à ceux vres, seuls 26% sont bi-actifs à temps plein,
ou plus à charge, contre seulement 8% des des travailleurs modestes . 64% combinent temps complet et temps
familles monoparentales modestes ou aisées, Ces revenus peu élevés sont souvent liés à partiel, 10% cumulent