Les salariées en Lorraine : la mobilité au service de l'égalité professionnelle

Moreau Gérard

Description

L'égalité professionnelle semble en panne à certains égards. En particulier, les écarts de rémunération entre les hommes et les femmes peinent à se résorber en France comme en Lorraine. Si toutes les mobilités rofessionnelles ne sont pas systématiquement favorables, elles constituent toutefois un tremplin à mobiliser plus intensivement en vue de la promotion professionnelle et de l'égalité salariale. Mais les femmes connaissent une moindre mobilité que leurs homologues masculins, et par voie de conséquence moins de promotions et d'augmentations salariales. Il faut dire que la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle pèse encore massivement sur leurs épaules, comme en témoigne par exemple les choix résidentiels des couples. Toutefois, leur moindre mobilité s'exprime précocement, dès la sortie des études avant l'obtention du premier poste. Elle perdure ensuite au cours de la vie professionnelle, notamment à travers certaines «filières» professionnelles qui semblent «cloisonner» les femmes et nuire à leur progression.

Sujets

• INSEE
• Travail
• Emploi
• Salariat
• Employabilité, métiers et formations

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Extrait

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°
118N Les salariées en Lorraine :
L’égalité professionnelle semble en panne à certains égards. En particulier,
lesécartsderémunérationentre leshommesetles femmespeinent
à se résorber en France comme en Lorraine. Si toutes les mobilités
professionnelles ne sont pas systématiquement favorables, elles constituent
toutefois un tremplin à mobiliser plus intensivement en vue de la promotion
professionnelle et de l’égalité salariale. Mais les femmes connaissent
une moindre mobilité que leurs homologues masculins, et par voie
de conséquence moins de promotions et d’augmentations salariales.
Il faut dire que la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle pèse
encore massivement sur leurs épaules, comme en témoigne par exemple
les choix résidentiels des couples. Toutefois, leur moindre mobilité s’exprime
précocement, dès la sortie des études avant l’obtention du premier poste.
Elle perdure ensuite au cours de la vie professionnelle, notamment
à travers certaines “filières” professionnelles qui semblent “cloisonner”
lesfemmesetnuire àleurprogression.
Des écarts de salaire entre les hom- Des femmes moins mobiles ...
mes et les femmes perdurent. En Lorraine en
Fin 2004, parmi les 756 000 salariés tra-
2005, le salaire horaire moyen des femmes
vaillant dans les secteurs privé et semi-pu-
est inférieur de 15,6% à celui des hommes.
blic en Lorraine, 377 000 personnes sont
Et cet écart croît avec le statut professionnel.
déjà dans cette situation d’emploi salarié
Diverses évaluations montrent par ailleurs
une année auparavant. Parmi cette caté-
que cette inégalité peine à se résorber. Si les
gorie que l’on désignera sous le vocable
explications en termes de discrimination sala-
d’"actifs permanents dans l’emploi", les fem-
riale pure, c’est-à-dire “à travail égal, salaire
mes sont sous-représentées : elles en cons-
inégal”, peuvent être invoquées, elles sont in-
tituent les 40% alors que leur proportion
suffisantes pour rendre compte tant du ni-
s’élève à 44% de l’effectif total de fin 2004.
veauquedel’évolutiondesécarts.Enfait,des
Cette moindre proportion démontre que les
effets de structure sont déterminants, les
femmes transitent plus fréquemment par le
femmes continuant à ne pas accéder aux res-
chômage et l’inactivité que les hommes
ponsabilités et aux postes les plus rémunéra-
entre les périodes d’emploi.
teurs. La question des carrières, et plus
généralement des mobilités professionnelles, Bien que permanents dans l’emploi entre
est donc au coeur de la problématique. Elles 2003 et 2004, une partie des 377 000
constituent pour les femmes un levier majeur personnes concernées ont toutefois
de promotion professionnelle et d’accession à connu, outre des événements infra-annuels
l’égalité salariale. non captés ici, de multiples changements
Vde situation. Ceux caractérisés de 35,3% chez les actives mobi-... et donc moins promues
par un changement de famille les contre 31,0% dans la popula-
professionnelle, et impliquant Entre fin 2003 et fin 2004, près tion masculine. Au revers de la
vraisemblablement pour leurs de 14 100 hommes et 8 400 médaille, les mobilités descendan-
protagonistes la mobilisation de femmes ont obtenu une promo- tes ont également une fréquence
compétences renouvelées dans tion professionnelle, fréquem- relative plus élevée parmi les mo-
l’exercice de leur nouveau mé- ment au cours d’une mobilité bilités professionnelles des fem-
tier, constituent des mobilités professionnelle. Cet écart notable mes, avec une proportion de
professionnelles. Elles ont est imputable essentiellement à 25,2% contre 21,5% parmi les
concerné environ 64 000 sala- un moindre volume de mobilités hommes. Mais en raison d’un ef-
riés en Lorraine, soit une per- professionnelles réalisées par les fet volume, ce sont nettement
sonne sur six parmi celles femmes. En revanche, elles sem- moins de femmes que d’hommes
permanentes dans l’emploi. Les blent légèrement plus rentables : qui subissent un tel changement
femmes ne représentent plus si près d’une mobilité profession- de situation, soit près de 5 700
qu’un tiers de l’effectif de ces ac- nelle sur trois se traduit tous gen- et 9 600 respectivement. Reste
tifs en mobilité professionnelle. res confondus par une qu’une grande partie des effectifs
promotion, cette proportion est en mobilité professionnelle, soitD’autres événements impactent
à divers égards la situation des
Moins mobiles professionnellement et moins promuessalariés, qu’il s’agisse d’un chan-
Proportion et effectifs par genregement de lieu de travail, de
%type d’entreprise, d’horaires, de 100
lieu de résidence, de niveau de
90
rémunération ou même de sta-
tut. Si certains de ces événe- 80
ments peuvent se réaliser
423 648
70 225 449 14 054indépendamment, ils sont fré- 42 467
quemment concomitants aux 60
mobilités professionnelles. Il en
50
va ainsi en premier lieu des pro-
motions, c’est-à-dire des mobili- 40
tés ascendantes correspondant
30
au passage d’un statut profes-
332 628
sionnel à un autre plus élevé. À 20 151 516
8 385
21 099un degré moindre, les progres-
10
sions salariales, caractérisées
par une croissance d’au moins 0
Effectifs en fin Effectifs Mobilités Promotions10% du salaire horaire entre les
d'année permanents dans professionnelles professionnelles
l'emploideux dates, accompagnent les
Hommes Femmeschangements de famille profes-
sionnelle.
Source : Insee, DADS 2003, 2004
Des mobilités proportionnellement plus rentables pour les femmes
Femmes Hommes Ensemble
Structure Structure Structure
Effectifs Effectifs Effectifs
(%) (%) (%)
Mobilité professionnelle
Mobilité ascendante 7 456 35,3 13 170 31,0 20 625 32,4
Mobilité descendante 5 307 25,2 9 136 21,5 14 442 22,7
Mobilité horizontale 8 336 39,5 20 162 47,5 28 498 44,8
Total 21 098 100,0 42 467 100,0 63 565 100,0
Stabilité professionnelle
Mobilité ascendante 929 0,7 884 0,5 1 813 0,6
Mobilité descendante 424 0,3 486 0,3 910 0,3
Mobilité horizontale 129 053 99,0 181 599 99,3 310 652 99,1
Total 130 406 100,0 182 969 100,0 313 375 100,0
Note de lecture : Les mobilités professionnelles, c’est-à-dire les mobilités impliquant un changement de famille professionnelle (FAP), constituent dans 32,4%
descas despromotionsprofessionnelles. Ce taux estde35,3% chez lesfemmesetde31,0% chez leshommes.
Source : Insee, DADS 2003, 2004
229 000 personnes, n’ont pas pâtir d’un recul de leur rémunéra- sont plus fréquemment associés à
connu de variation de leur niveau tion (8,2% contre 7,3%). D’autre une mobilité professionnelle. Parmi
de qualification. part, au sein des 7 500 femmes les déplacements interrégionaux,
ayant bénéficié d’une promotion en provenance ou à destination de
professionnelle, au mieux 6 500 la Lorraine, 44,0% coïncident avecPrime salariale
en ont tiré un avantage substan- un changement de famille profes-à la mobilité
tiel en termes de salaire horaire. sionnelle, cette proportion se ré-
Tant pour les femmes que pour Ainsi, dans un cas sur sept, les duisant à 26,4% sur le champ des
les hommes, les mobilités profes- promotions féminines ne se tra- mobilités entre zones d’emploi lor-
sionnelles sont favorables aux duisent pas par une augmenta- raines, et n’est plus que de 16,4%
augmentations salariales. Elles se tion salariale, alors que cette dans le cas d’une stabilité géogra-
produisent en effet dans trois mo- situation ne concerne qu’une pro- phique ou d’un déménagement in-
bilités professionnelles sur dix portion négligeable d’hommes. terne à la zone d’emploi.
(30,6%), et dans moins d’un cas
sur cinq en situation de stabilité Ces pratiques ont tendance àMobilités et promotions
professionnelle (19,1%). Toute- défavoriser les femmes dans la
vont de pair
fois, la majorité (56,4%)des mobi- mesure où leur choix profession-
lités professionnelles coïncident Trois salariés sur quatre réalisent nel détermine encore rarement
avec la stabilité du salaire horaire leur mobilité professionnelle au la localisation résidentielle du
et 12,9% aboutissent même &