Pauvretés monétaire et en termes de conditions de vie : sur cinq années, un tiers de la population a été confrontée à la pauvreté
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Entre 2004 et 2008, 36 % de la population a été touchée par la pauvreté au moins une année, souvent de façon transitoire. Cette pauvreté peut être monétaire ou s'exprimer par des privations matérielles. Même si ces deux formes de pauvreté ne se recouvrent que partiellement, plus d'une personne sur dix a été confrontée aux deux pendant au moins un an. Cette situation a été transitoire pour 41 % des personnes pauvres mais elle a duré au moins 4 ou 5 ans pour 27 % d'entre elles (pauvreté persistante). Plus la pauvreté, monétaire ou en termes de conditions de vie, dure longtemps, plus le risque de cumuler les deux est grand : 18 % des pauvres qui ont traversé des périodes de pauvreté persistante en ont fait l'expérience. En outre, la pauvreté persistante va de pair avec des privations plus nombreuses et une pauvreté monétaire plus intense que la pauvreté transitoire. Sortir précocément du système scolaire augmente le risque de pauvreté, tandis qu'avoir une épargne disponible protège mieux de la pauvreté qu'être propriétaire ou accédant à la propriété.

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Langue Français

Extrait

DossierPauvretés monétaire et en termes de conditions de vie :
sur cinq années, un tiers de la population
a été confrontée à la pauvreté
Pascal Godefroy, Nathalie Missègue*
Entre 2004 et 2008, 36 % de la population a été touchée par la pauvreté au moins une année,
souvent de façon transitoire. Cette pauvreté peut être monétaire ou s’exprimer par des privations
matérielles. Même si ces deux formes de pauvreté ne se recouvrent que partiellement, plus
d’une personne sur dix a été confrontée aux deux pendant au moins un an.
Cette situation a été transitoire pour 41 % des personnes pauvres mais elle a duré au moins
4 ou 5 ans pour 27 % d’entre elles (pauvreté persistante).
Plus la pauvreté, monétaire ou en termes de conditions de vie, dure longtemps, plus le risque
de cumuler les deux est grand : 18 % des pauvres qui ont traversé des périodes de pauvreté
persistante en ont fait l’expérience. En outre, la pauvreté persistante va de pair avec des
privations plus nombreuses et une pauvreté monétaire plus intense que la pauvreté transitoire.
Sortir précocément du système scolaire augmente le risque de pauvreté, tandis qu’avoir
une épargne disponible protège mieux de la pauvreté qu’être propriétaire ou accédant à la
propriété.
La mesure la plus habituelle de la pauvreté en France comme au niveau européen considère
comme pauvre toute personne ayant un faible niveau de vie. Toutefois, cette approche fondée
sur un critère uniquement monétaire présente certaines limites, car il n’est pas dit a priori qu’elle
puisse rendre compte à elle seule de toute la variété des difficultés que les ménages rencontrent
dans leurs conditions réelles d’existence. C’est pourquoi un concept de « pauvreté en termes
de conditions de vie », élaboré dans les années 1970 en Grande Bretagne, s’est imposé peu
à peu dans le débat public. En France, il trouve une traduction concrète depuis le milieu des
années 1990, consistant à repérer les personnes qui cumulent au moins 8 difficultés matérielles
élémentaires sur 27 préalablement définies (voir annexe Glossaire). Or, la mise en œuvre de
ces deux mesures de la pauvreté, pour une année donnée, montre à la fois que le nombre de
personnes touchées est à peu près le même, mais aussi que les populations concernées sont loin
de coïncider suivant que l’on adopte l’une ou l’autre approche.
* Pascal Godefroy, Nathalie Missègue, Insee.
Dossier - Pauvretés monétaire et en termes de conditions de vie... 45Ainsi, entre 2004 et 2008, le taux de pauvreté monétaire est resté stable autour de 13 %,
d’après l’enquête Revenus fiscaux et sociaux (ERFS). Durant la même période, la pauvreté en
termes de conditions de vie a touché environ 12 à 13 % des personnes selon les années, d’après
le dispositif SRCV. Pour autant, en 2008 d’après SRCV, 61 % des personnes pauvres d’un point de
vue monétaire ne connaissent pas la pauvreté en termes de conditions de vie. Réciproquement,
63 % des personnes pauvres en termes de conditions de vie ont un niveau de vie plus élevé que
le seuil de pauvreté monétaire. Autrement dit, même si, d’une façon générale et sur l’ensemble de
la population, les conditions de vie d’un ménage sont fortement liées au niveau de son revenu, il
apparaît donc que faiblesse du niveau de vie et difficultés matérielles ne se recouvrent en réalité
que très partiellement : seules 5 % des personnes cumulent ces deux formes de pauvreté la même
année.
Ce non-recouvrement traduit plusieurs types de phénomènes. D’une part, parmi les personnes
pauvres d’un point de vue monétaire, nombre d’entre elles n’ont pas de retards de paiement (grâce
au recours au crédit à la consommation, à des aides financières ponctuelles de la part de leur
famille, par exemple), ni de restrictions de consommation parmi celles retenues (mais peut-être
des restrictions portant sur des biens ou services moins standards), ni de mauvaises conditions de
logement (elles sont propriétaires d’un logement de bonne qualité, acheté à une époque où leurs
revenus étaient plus élevés…). D’autre part, des personnes vivant dans un ménage bénéficiant
de revenus relativement élevés [Godefroy et al., 2010] peuvent devoir faire face à de fortes
restrictions en termes de conditions de vie : poids excessif de remboursements d’emprunts (achat
d’un bien immobilier…), découverts bancaires, désépargne (liés à des achats de biens durables,
des dépenses de consommation élevées), retards de paiement d’impôt ou encore restrictions sur
certains postes de consommation (loisirs). Ce peut être le cas, notamment, de jeunes en début
de vie active, accédants à la propriété, pour lesquels les remboursements d’emprunt viennent
fortement amputer un revenu pourtant supérieur au seuil de pauvreté monétaire.
Ainsi, ces deux dimensions de la pauvreté sont plutôt complémentaires, puisqu’elles ne se
recouvrent qu’en partie. Si l’on considère la pauvreté dans son acception la plus large, ce sont
20 % des personnes qui étaient touchées par l’une ou l’autre en 2008, dont un quart seulement
par les deux.
Entre 2004 et 2008, 36 % des plus de 16 ans ont connu la pauvreté à un
moment donné
Pourtant, ce diagnostic demeure partiel, car il n’est établi que sur la base d’une photographie
de la population lors d’une année donnée. On se propose ici d’élargir ce point de vue, en
introduisant la dimension temporelle au niveau individuel dans l’analyse de la pauvreté.
Ce faisant, deux nouvelles questions surgissent. La distinction entre pauvreté matérielle
et pauvreté monétaire tend-elle à s’estomper lorsque l’on prend en compte la situation des
personnes sur plusieurs années ? À l’inverse, d’autres distinctions parmi les populations pauvres
apparaissent-elles, tenant à la plus ou moins grande persistance de l’état de pauvreté ?
Le panel Statistiques sur les ressources et les conditions de vie (SRCV) entre 2004 et 2009, qui
recueille à la fois les indicateurs de privation et les revenus (encadré), permet ce suivi temporel.
Il permet, de surcroît, de le confronter aux caractéristiques sociodémographiques des personnes,
ainsi qu’aux événements personnels, notamment familiaux, qu’ils ont vécus.
Suivre les personnes sur plusieurs années permet tout d’abord de montrer que la part de la
population potentiellement concernée par les phénomènes de pauvreté est sous-estimée lorsque
l’on se contente d’une analyse annuelle statique. En effet, alors que la pauvreté, dans l’une ou
l’autre de ses dimensions, concerne un individu sur cinq chaque année, il apparaît, sur la période
2004-2008, qu’elle a touché plus du tiers (36 %) de la population des plus de 16 ans, soit
16 millions de personnes, pendant au moins un an (figure 1). En outre, la distinction entre pauvreté
46 Les revenus et le patrimoine des ménages, édition 2012monétaire et pauvreté en termes de conditions de vie persiste, mais elle tend à s’estomper un
peu : la proportion de personnes qui ont connu les deux dimensions de la pauvreté pendant au
moins une année sur la même période est de 12 %. Autrement dit, alors que pour une année
donnée, seule une personne pauvre sur quatre cumulait les deux dimensions, c’est désormais une
sur trois qui les cumule lorsque l’on suit sa situation sur cinq ans.
1. Types de pauvreté connus selon la durée passée en pauvreté
en %
En termes Monétaire et en termes
Monétaire Ensemblede conditions de vie de conditions de vie
Au moins 1 an 12,8 11,4 12,0 36,2
4 ou 5 ans 3,7 4,2 1,8 9,7
Champ : France métropolitaine, personnes de 16 ans ou plus en 2004, présentes dans le panel tous les ans de 2004 à 2009.
Lecture : 36,2 % des personnes de 16 ans ou plus en 2004, présentes de 2004 à 2009, ont connu soit la pauvreté monétaire, soit la pauvreté en termes de
conditions de vie, soit les deux pendant au moins un an (pas forcément la même année).
Source : Insee, Panel SRCV-SILC 2004-2008 (ann!es

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