Performances macro-économiques et structures sociales européennes
10 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Performances macro-économiques et structures sociales européennes

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
10 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Les relations entre les structures sociales et les performances macro-économiques des pays européens peuvent être précisées à l'aide d'une analyse en composantes principales portant sur les principaux indicateurs du fonctionnement des marchés du travail, des structures familiales, des situations démographiques et macro-économiques. La carte statistique et sociale de l'Europe ainsi dessinée est très proche d'une carte géographique : les pays du Sud aux structures familiales traditionnelles, à la main-d'oeuvre peu qualifiée, aux taux d'activité réduits, surtout pour les femmes, et au chômage élevé, s'opposent aux pays scandinaves dont les caractéristiques sont inversées. La France est avec les pays de l'Europe de l'Ouest dans une position intermédiaire. Les structures familiales entretiennent des liens étroits avec les caractéristiques des marchés du travail. En revanche, il n'y a guère de relation entre les performances macro-économiques des différents pays européens dans les années quatre-vingt-dix et cette carte statistique et sociale de l'Europe. Les deux ensembles d'indicateurs, économiques et sociaux, s'avèrent nettement dissociés dans l'analyse des données, et la position des différents pays ne laisse apparaître aucune relation entre ces deux ensembles. Des pays proches du point de vue de leurs structures sociales peuvent avoir des performances macro-économiques très différentes alors que des pays dont les performances macro-économiques sont comparables peuvent différer fortement par leurs structures sociales.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 37
Langue Français

Extrait

ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL
Performances macro-économiques
et structures sociales européennes
Yannick L’Horty et Christelle Rugani*
Les relations entre les structures sociales et les performances macro-économiques des
pays européens peuvent être précisées à l’aide d’une analyse en composantes principales
portant sur les principaux indicateurs du fonctionnement des marchés du travail, des
structures familiales, des situations démographiques et macro-économiques. La carte
statistique et sociale de l’Europe ainsi dessinée est très proche d’une carte géographique :
les pays du Sud aux structures familiales traditionnelles, à la main-d’œuvre peu qualifiée,
aux taux d’activité réduits, surtout pour les femmes, et au chômage élevé, s’opposent aux
pays scandinaves dont les caractéristiques sont inversées. La France est avec les pays de
l’Europe de l’Ouest dans une position intermédiaire.
Les structures familiales entretiennent des liens étroits avec les caractéristiques des
marchés du travail. En revanche, il n’y a guère de relation entre les performances
macro-économiques des différents pays européens dans les années quatre-vingt-dix et
cette carte statistique et sociale de l’Europe. Les deux ensembles d’indicateurs,
économiques et sociaux, s’avèrent nettement dissociés dans l’analyse des données, et la
position des différents pays ne laisse apparaître aucune relation entre ces deux
ensembles. Des pays proches du point de vue de leurs structures sociales peuvent avoir
des performances macro-économiques très différentes alors que des pays dont les sont comparables peuvent différer fortement par leurs
structures sociales.
* Yannick L’Horty appartient au Centre d’études des politiques économiques (EPEE) de l’Université d’Évry - Val d’Essonne. Au moment de
la rédaction de cet article, Christelle Rugani était chercheur à l’Université de Paris XII, La Varenne.
Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 332-333, 2000-2/3 39l y a un contraste très net entre l’état de la retenus sont tous quantitatifs, on utilise la tech-
Iconvergence macro-économique et la diversité nique d’analyse en composantes principales. Ce
des structures sociales en Europe. Alors que les type permet de mettre en évidence des
performances macro-économiques se sont progres- associations ou des oppositions entre variables,
sivement rapprochées, les niveaux et la structure c’est-à-dire des corrélations, mais ne doit pas
des taux d’activité, d’emploi et de chômage diffè- s’interpréter en termes de causalité d’une ou plu-
rent sensiblement selon les états. Existe-t-il un lien sieurs variables sur une autre. On peut simplement
entre les caractéristiques des différents pays euro- en déduire que telle ou telle caractéristique sociale
péens en termes de structures familiales, de niveau est associée à telle ou telle écono-
d’éducation, de situation démographique, ou de si- mique (cf. encadré).
tuation des marchés du travail, et leurs performan-
ces économiques ? La diversité des structures Cet article concerne 13 pays de l’Union euro-
sociales en Europe peut-elle faire obstacle à la péenne (l’Europe des quinze hors Finlande, du fait
poursuite du mouvement de convergence ma- d’une insuffisance de données, et hors Luxem-
cro-économique ? Peut-on mettre en évidence un bourg). Les données décrivant les caractéristiques
modèle social qui favorise une croissance forte et sociales portent sur la deuxième moitié des années
durable ? quatre-vingt-dix et s’avèrent très stables dans le
temps. Les données qui retracent les performances
Pour tenter de répondre à ces questions, il faut macro-économiques sont le plus souvent des
s’interroger sur les liens qu’entretiennent les per- moyennes sur les années quatre-vingt-dix, de façon
formances macro-économiques et les disparités à annuler l’influence des aléas conjoncturels (les
des structures sociales en Europe. Mais il s’agit là premiers points remontent parfois au milieu des
de deux domaines complexes, et difficiles à mettre années quatre-vingt). On se place donc à un
en rapport. Il importe en premier lieu d’en définir moment où l’intégration des marchés de biens et de
les limites. On entend ici par performances capitaux et celle des politiques macro-économi-
macro-économiques l’ensemble des agrégats ques est largement acquise (1). qui sont parties prenantes
d’une croissance forte et durable. Cela recouvre le
rythme de lui-même, mais aussi ses prin-
Une carte statistique de l’Europecipaux déterminants macro-économiques : rythme
du progrès technique et des investissements, qui
sont parties prenantes dans l’évolution de la crois- e premier axe de l’analyse s’interprète sans dif-
sance potentielle, équilibre des finances publiques Lficulté. Il n’est corrélé avec aucune variable de
et équilibre extérieur, indicateurs des tensions performance macro-économique, alors que de
inflationnistes tels que l’évolution des salaires, des nombreux indicateurs des structures familiales
prix et des coûts unitaires de production. et de la situation des marchés du travail le
sont (2). Cet axe oppose famille traditionnelle à
On entend par structure sociale les éléments carac- famille éclatée, main-d’œuvre peu qualifiée à
térisant la situation démographique des pays, les main-d’œuvre qualifiée, et niveaux élevés des taux
structures familiales et le fonctionnement des mar- d’activité et d’emploi aux faibles niveaux dans ce
chés du travail. Pour ces derniers, on ne prend pas domaine. Il y a ainsi un lien étroit entre les caracté-
en considération la diversité des cadres institution- ristiques des marchés du travail et celles des struc-
nels mais seulement celles des réalisations en ter- tures familiales en Europe. Il s’agit là d’une
mes de niveaux et de structures de l’emploi, du relation structurelle : on retrouve, avec une
chômage, de la population active, par genre, âge, décennie d’intervalle, un résultat mis en évidence
secteurs d’activité et niveaux de formation. On dans l’étude de Marchand et Barrère-Maurisson
considère aussi le niveau et la structure des dépen- (1990).
ses pour l’emploi ainsi que la nature et la durée
moyenne du travail (recours au temps partiel, tra- Plus précisément, les plus fortes corrélations avec
vail atypique...) (cf. encadré pour l’énumération ce premier axe factoriel sont obtenues pour les
détaillée de ces variables). variables suivantes : taux d’activité moyen, taux
d’activité des femmes, taux d’emploi, taux de sala-
Pour décrire les disparités sociales et économiques riat, taux de temps partiel, part des adultes ayant
en Europe au travers d’un grand nombre d’indica-
teurs, le recours à l’analyse des données, qui four- 1. Les dernières entraves aux mouvements de capitaux ont été
levées avec la phase I de l’UEM qui s’est achevée fin 1993.nit une représentation synthétique des interactions
2. On a retenu 0,7 comme seuil de significativité pour le commen-
au sein d’un vaste ensemble de variables, est parti- taire des coefficients de corrélation linéaire entre les variables et
culièrement approprié. Comme les indicateurs les axes factoriels.
40 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 332-333, 2000-2/3Graphique
Une carte statistique de l’Europe
A - Pays
Facteur 2
Facteur 1
B - Variables
Facteur 2
Facteur 1
Lecture : les variables de performances macro-économiques sont soulignées. Les autres variables concernent les structures familiales et le marché
du travail. Pour la signification des abréviations, se reporter à l’annexe.
Source : calcul des auteurs.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 332-333, 2000-2/3 41Encadré
MÉTHODES ET SOURCES
On utilise trois ensembles de données. Tout d’abord, les Enfin, les indicateurs de performances macro-écono-
données relatives aux structures démographiques et miques retracent le rythme de croissance, celui de la
familiales sont issues des statistiques productivité, de l’inflation, des salaires et des coûts de
d’Eurostat et portent sur les années 1995 et 1996. production, de

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents