EXISTE-T-IL UN MODÈLE D INTÉGRATION HISPANIQUE ?
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

EXISTE-T-IL UN MODÈLE D'INTÉGRATION HISPANIQUE ?

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

EXISTE-T-IL UN MODÈLE D'INTÉGRATION HISPANIQUE ?

Informations

Publié par
Nombre de lectures 117
Langue Français

Extrait

Actes du GERPISA n° 28 79 EXISTE-T-IL UN MODÈLE D'INTÉGRATION HISPANIQUE ? Jean-Bernard Layan La nouvelle phase de régionalisation de le club fermé des producteurs de plus d’un million ème l’économie mondiale qui a marqué les relations de véhicules annuels (13 rang mondial en 1996). internationales au cours des deux dernières A cette croissance de l’assemblage s’ajoute dans décennies, a favorisé l’ouverture des blocs les deux cas une expansion de la production régionaux aux périphéries moins développées des équipementière et c’est donc l’ensemble du secteur espaces centraux déjà intégrés : adhésion de automobile qui se trouve dynamisé, employant l’Espagne, du Portugal et de la Grèce à la CEE, dans chaque pays autour de 150 000 personnes. extension au Mexique de la zone de libre-échange Cette croissance de la production s’appuie sur une USA-Canada. forte relance des exportations qui représentent Au cours de cette même période, les industries aujourd’hui près de 80% de chacune des automobiles de ces zones péricentrales ont connu productions nationales : près d’un million de une croissance remarquable. De 500 000 véhicules véhicules au Mexique et 1,5 million en Espagne annuels au début des années 70, la production (plus que les USA et la Corée du Sud réunis). espagnole passe au million à la fin de la décennie et La convergence de ces succès n’est pas fortuite, dépasse aujourd’hui les 2 400 000 véhicules les ressorts de cette croissance étant communs et annuels, plaçant l’Espagne au sixième rang les processus d’intégration parallèles. Nés de la mondial et au troisième rang européen, devant le conjonction d’évolutions politiques et des Royaume-Uni et l’Italie. Le pays assemble 15% changements stratégiques des firmes, ces des automobiles européennes et 20% des utilitaires. expansions industrielles s’appuient sur des modes Constructeur de moins de 300 000 véhicules d’insertion proches, même si des différences annuels au début des années 80, le Mexique rejoint apparaissent aujourd’hui. Ce texte se fixe un 80 Actes du GERPISA n° 28 objectif limité : la mise en évidence des importations à l'abri d'un protectionnisme caractéristiques communes aux deux trajectoires rigoureux à une stratégie de promotion des industrielles. Nous tenterons cependant de montrer exportations et de libre-échange. L'effet des que cette industrialisation rapide est le résultat d’un politiques économiques précédentes sur la mise en aiguisement de la concurrence entre place du tissu industriel ne peut cependant être multinationales du secteur sur les marchés négligé. centraux. Preuve du caractère dominé de ces zones péricentrales, cette réalité exprime aussi le Le rêve partagé d'une industrie automobile maintien du rôle leader, en matière de stratégie nationale spatiale, des grandes firmes d’origine américaine. Durant près de vingt ans les deux grands pays Celles-ci, face aux mutations structurelles du hispaniques ont connu une croissance industrielle marché, à la pression de la concurrence japonaise modeste mais réelle, à l'ombre de solides barrières et aux difficultés qu’elles rencontrent pour obtenir protectionnistes. au centre les mutations qu’elles jugent Le régime franquiste, nationaliste et autoritaire, indispensables, vont trouver dans le redéploiement considère le développement industriel autonome en périphérie la flexibilité salariale nécessaire à comme le moyen de redonner au royaume l’abaissement des coûts et à l’adoption de principes d'Espagne un peu de sa grandeur passée. Pour le organisationnels plus réactifs. Les firmes réussir il opte pour une politique isolationniste européennes suivront et imiteront aussi la associant contingentement rigoureux des restructuration continentale qui accompagnera cette importations et niveaux d’incorporation locale très expansion périphérique. élevés (90%). Dès la fin des années 40, la politique Le succès industriel des deux grands pays de restriction des importations de véhicules finis hispaniques modifie cependant les conditions lance une véritable production nationale. Deux économiques et sociales qui lui ont donné entreprises locales, la SEAT et la FASA, exploitent naissance. Cette évolution, ambivalente, est prise respectivement à Barcelone et à Valladolid des en compte par les firmes. Les différences entre licences de fabrication de Fiat et de Renault. Elles espaces centraux et périphéries immédiates tendent se partagent les quelques dizaines de milliers à s’estomper et avec elles l’intérêt originel des d'immatriculations annuelles jusqu'à l'arrivée dans firmes pour ces espaces mais l’accumulation de les années 60 de Citroën à Vigo, de Chrysler à compétences ouvre de nouvelles possibilités, Madrid et de British Leyland près de Pamplona. La modifiant sensiblement le mode d’insertion des production croit à un rythme élevé (plus de 25% deux pays au sein de l’économie mondiale. par an) et atteint plus de 300 000 unités annuelles au début des années 70. Au Mexique aussi une stratégie d’industrialisation autocentrée est à l’œuvre dès leLES ORIGINES COMMUNES DES début des années 60, au confluent d'une volontéTRAJECTOIRES D’INTEGRATION d'indépendance économique et politique et de A dix ans de distance, les industries l'influence des analyses de Raúl Prebisch et des 1automobiles des deux pays ont connu une véritable économistes de la CEPAL. L’état mexicain renaissance. Des changements politiques qui favorise la production automobile nationale en modifiaient radicalement les conditions interdisant l'importation de véhicules finis, en réglementaires de l'activité productive se sont fixant un taux minimum d’intégration nationale et trouvés exceptionnellement en phase avec les en exigeant une majorité mexicaine dans le capital évolutions stratégiques des firmes. des fournisseurs. La production est assurée par 5 filiales étrangères (Ford, G.M., Chrysler-Automex, Le changement de modèle Volkswagen-Promexa et Nissan) et 2 joint venture d’industrialisation à capital public majoritaire Willy-VAM (avec Le facteur déclenchant des deux transformations AMC) et DINA (licences Renault et Fiat) au sein industrielles n'est pas d'ordre purement économique mais politique et institutionnel. On passera dans les 1 Commission économique des Nations Unies pour l’Amériquedeux cas d'une industrialisation par substitution aux Latine Actes du GERPISA n° 28 81 de complexes industriels très intégrés situés au Des technocrates formés dans les grandes centre du pays, dans un rayon de 100 km autour de universités américaines envahissent aussi la haute la capitale. administration mexicaine et accèdent aux postes Un certain succès est au rendez-vous : la clés du PRI, le parti (quasi-) unique. Les Présidents production est multipliée par plus de 7 en 15 ans, des années 80, De la Madrid et Salinas de Gortari, l’emploi par 6 et 80% des matériaux de montage ne sont plus, comme leurs prédécesseurs, des sont d'origine domestique (Carrillo, 1993). caciques du Parti mais des économistes formés à L'automobile représente en 1980 plus de 6% de la Harvard qui désirent changer la politique production manufacturée mexicaine contre 2% en industrielle. Les réformes, de plus, sont devenues 1960 (Micheli, 1994). Cette croissance autocentrée indispensables : non seulement la faible taille du rencontrera ses limites mais la réorientation marché et la variété excessive rendent impossible exportatrice bénéficiera, au Mexique comme en l'amortissement d'un capital fixe en croissance Espagne, de cette industrialisation qui, introduisant inexorable, mais l'obligation d'importer l'outillage la modernité dans ces pays traditionnellement et les composants de haute technologie creuse le agricoles, forma les générations de techniciens, déficit extérieur à chaque accélération de la d'ouvriers qualifiés et même d'entrepreneurs demande. Le secteur automobile forme la moitié du nécessaires à l'expansion de la période suivante. déficit commercial du début des années 80 alors que le pays s'enfonce dans une crise financière de De nouvelles orientations sous la pression premier ordre (Micheli 1994). des multinationales Le besoin de devises avait déjà motivé la Dans les deux
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents