Les accords de Peering ou comment le Sud finance le Nord
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Les accords de Peering ou comment le Sud finance le NordVox Internet - Programme derecherche soutenu par l'ANR-- Actualité du programme --Actualité duprogramme Les accords de Peeringou comment le Sudfinance le NordIntervention de Jean-MichelCornu au séminaire interneVox Internet du 24 novembre2006Jean-Michel CORNU jeudi 7 juin 2007Vox Internet - Programme de recherche soutenu par l'ANR Page 1/9Les accords de Peering ou comment le Sud finance le Nord Ce document est le compte rendu établi par Cécile Méadel de la présentation réalisée parJean-Michel Cornu le 24 novembre 2006 pour Vox Internet. Publié sur Réseau International de correspondants (http://www.correspondants.org) dans la rubrique"Comprendre". Mots-clés : peering, internet Internet a été conçu comme une architecture en pair à pair, reliant directement les réseaux desutilisateurs en passant par les réseaux d'autres utilisateurs (le plus souvent des universités et descentres de recherche au début). L'innovation majeure a consisté à proposer des protocolesstandards pour réaliser un " réseau de réseaux " Mais avec l'augmentation exponentielle du nombred'utilisateurs, et tout particulièrement l'utilisation du réseau téléphonique préexistant commeextension de l'Internet, des sociétés se sont montées avec comme seul but de servir d'intermédiairepour interconnecter les utilisateurs et interconnecter les réseaux. 1 - La hiérarchisation de l'architecture internet en trois niveaux ...

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Les accords de Peering ou comment le Sud finance le Nord
Vox Internet - Programme de
recherche soutenu par l'ANR
-- Actualité du programme --
Actualité du
programme
Les accords de Peering
ou comment le Sud
finance le Nord
Intervention de Jean-Michel
Cornu au séminaire interne
Vox Internet du 24 novembre
2006
Jean-Michel CORNU
jeudi 7 juin 2007
Vox Internet - Programme de recherche soutenu par l'ANR
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Les accords de Peering ou comment le Sud finance le Nord
Ce document est le compte rendu établi par
Cécile Méadel
de la présentation réalisée par
Jean-Michel Cornu le 24 novembre 2006 pour
Vox Internet
.
Publié sur Réseau International de correspondants (http://www.correspondants.org) dans la rubrique
"Comprendre".
Mots-clés :
peering
,
internet
Internet a été conçu comme une architecture en pair à pair, reliant directement les réseaux des
utilisateurs en passant par les réseaux d'autres utilisateurs (le plus souvent des universités et des
centres de recherche au début). L'innovation majeure a consisté à proposer des protocoles
standards pour réaliser un " réseau de réseaux " Mais avec l'augmentation exponentielle du nombre
d'utilisateurs, et tout particulièrement l'utilisation du réseau téléphonique préexistant comme
extension de l'Internet, des sociétés se sont montées avec comme seul but de servir d'intermédiaire
pour interconnecter les utilisateurs et interconnecter les réseaux.
1 - La hiérarchisation de l'architecture internet en trois niveaux
Aujourd'hui, l'architecture de l'internet a des niveaux hiérarchisés différents.
Au niveau le plus bas : l'utilisateur.
Puis un fournisseur d'accès internet (FAI ou ISP Internet Service Provider) qui offre un service
d'accès et dispose souvent de son propre réseau.
Puis pour pouvoir échanger entre ces réseaux, des fournisseurs de dorsales internet (IBP Internet
Backbone Provider).
Il faut des accords pour permettre d'interconnecter les réseaux des fournisseurs d'accès et ainsi
permettre à des utilisateurs étant sur différents ISP de communiquer entre eux.
Il y a trois manières d'interconnecter des réseaux.
Les fournisseurs d'accès s'interconnectent directement entre eux.
Les différents fournisseurs d'accès font arriver leur réseau jusque dans un lieu partagé - Internet
Exchange Point (IXP) - où tous les fournisseurs peuvent facilement s'interconnecter entre eux.
Si les FAI sont éloignés géographiquement, alors il est nécessaire de disposer d'un réseau qui relie
les réseaux de chacun des fournisseurs (par exemple entre deux fournisseurs de chaque coté de
l'Atlantique). Il existe des Internet Backbone Providers (IBP) qui fournissent ce service.
2 - Les accords de peering
Il ne suffit pas d'interconnecter techniquement les réseaux. Les FAI étant des sociétés
commerciales, il est nécessaire de décider qui paye lorsqu'un utilisateur d'un FAI envoie des
données vers un utilisateur d'un autre FAI. La question se pose également lorsqu'il faut passer " en
transit " par un autre réseau d'un FAI ou d'un IBP. Les réseaux passent entre eux des "accords de
peering" qui posent des problèmes de régulation.
Pour le téléphone, il existait un accord stipulant que le fournisseur du demandeur de communication
payait le réseau destinataire de la communication (demi-circuit téléphonique). Dans ce système,
c'est le client qui paye son fournisseur et celui-ci reverse une part aux autres réseaux qui acheminent
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la communication jusqu'au destinataire. Cela a été vrai principalement lorsque la téléphonie était
régulée.
Sur l'internet, il n'est pas facile de savoir quels réseaux payer car les données d'une même
communication sont découpées en paquets qui peuvent très bien passer par des réseaux différents.
De plus, dans les débuts du réseau, les spécialistes de l'internet se méfiaient énormément de ce qui
se passait en téléphonie.
Il y a trois manières de faire pour facturer ou non les échanges entre les réseaux :
Au début, l'idée était de ne pas facturer les échanges. Chaque fournisseur garde l'argent de ses
clients pour lui et l'on considère que les échanges s'équilibrent dans les deux sens (Sender Keep All
). Cette approche pose deux problèmes : cela ne marche que si les échanges sont suffisamment
symétriques et d'autre part, il peut exister des " passagers clandestins " qui profitent du réseau sans
jouer le jeu (ne pas fournir la qualité de service prévue, faire passer son trafic de transit sur les
autres réseaux...)
Tout cela n'est pas trop grave ; mais vers 1997, on en est arrivé à une facturation des accords de
peering quand il y avait une forte asymétrie. Avec cette organisation, c'est celui qui a le plus gros
trafic qui est en position de force. Ce qui pousse à la concentration des fournisseurs d'accès (celui
qui gagne est celui qui a le plus de trafic). Avec l'arrivée du haut débit, les asymétries deviennent
encore plus importantes. On assiste ainsi à une quasi disparition des petits fournisseurs d'accès.
Cette approche pose un problème lorsque l'interconnexion n'est pas directe et qu'il faut passer par
un réseau intermédiaire pour relier les réseaux de deux FAI. Les accords de peering ne prévoient
pas d'engagement à router le trafic en transit, ils ne concernent que les échanges entre les
utilisateurs directs des deux réseaux qui s'interconnectent. Lorsque les deux réseaux ne peuvent pas
se relier physiquement dans un même lieu, ils doivent alors payer un IBP (fournisseur de dorsale) qui
acheminera le trafic en transit entre les deux réseaux.
Cette évolution vers la facturation se passe par contrat entre les parties mais celle-ci est le plus
souvent très peu transparente et non régulée. L'avantage est passé au plus gros.
Les accords de peering régulés par contrat entre deux parties posent parfois des problèmes : il y a
quelques temps le trafic Wanadoo-Free a été interrompu pendant plusieurs heures... pour cause de
litige entre les deux fournisseurs.
3 - Les Points d'Interconnexion - IXP
Pour faciliter l'échange direct entre FAI lorsqu'ils sont sur un même territoire, des points
d'interconnexions ont été mis en place : les IXP (Internet Exchange Points).
Les IXP sont de deux types
Les Network Acces Point (NAP) qui sont publics
Les Commercial Internet eXchange (CIX) qui sont privés
Les points publics favorisent les petits réseaux. Ils offrent une réduction des coûts avec un lieu
partagé pour toutes les interconnexions. De plus, il existe la possibilité de mettre en place des points
d'interconnexion régionaux, voire locaux (Metropolitan Internet eXchange : MIX) qui conservent le
trafic au niveau local et évitent d'avoir à le réacheminer sur des points d'interconnexion nationaux
(GIX) lorsque des utilisateurs d'un même territoire mais disposant de FAI différents souhaitent
communiquer entre eux.
Mais lorsque les trafics sont très importants, alors au point d'interconnexion il risque de se créer un
engorgement. En fait, les limitations de l'internet tiennent peu aux " tuyaux " (les échanges
internationaux et la collecte se font en très large majorité par des fibres optiques qui permettent des
débits de plus en plus grands, souvent bien supérieurs au trafic réel, seuls les réseaux d'accès
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jusqu'aux utilisateurs proposent une majorité d'autres technologies de réseau). Les problèmes
d'engorgement se produisent plutôt aux noeuds, les " routeurs ", qui orientent les paquets sur les
bonnes routes (les IXP sont constitués de routeurs qui acheminent les paquets entre les
fournisseurs). Une des solutions serait de multiplier les points d'interconnexion au niveau local et
régional.
Les limitations de l'internet Les routeurs doivent traiter des tables de routage toujours plus grandes
au fur
et à mesure que le réseau des réseaux dispose de plus d'utilisateurs. Cela rend
plus sensible
les lieux d'interconnexion. Aujourd'hui, on sait bien faire des
routeurs électroniques mais ils ne
traitent plus le débit assez rapidement
(cela revient à avoir de grosses autoroutes avec des petits
ronds-points).
Par la suite, des routeurs tout optiques devraient permettre de mieux passer à
l'échelle. Pour éviter ces problèmes on fait du pré-routage des paquets. Chaque paquet
est marqué
avec un label qui indique le numéro de la route qu'il doit suivre
à l'intérieur d'un réseau donné. Entre
l'entrée et la sortie, il est orienté dans
des " commutateurs " qui n'ont à connaître qu'un nombre
limité de routes
dans le " coeur de réseau ", plutôt que l'ensemble des utilisateurs de l'internet.
Quoi
qu'il en soit, le problème de routage entre les réseaux des fournisseurs
reste aujourd'hui critique
avec la montée du trafic de l'internet et du nombre
des utilisateurs.
Au début, il n'y avait qu'un point d'interconnexion national à Paris. Mais désormais il en existe
plusieurs en France. Ce sont les FAI (comme Renater par exemple, principalement dédié à
l'enseignement supérieur et à la recherche) ou des sociétés spécialisées (comme Telehouse) qui
mettent en place des IXP.
4 - Les fournisseurs de dorsale - IBP
L'Internet Backbone Provider (IBP) fait seulement transiter du trafic entre les réseaux de deux FAI.
Ce sont les plus gros acteurs qui ont pu mettre en place des infrastructures internationales. Un petit
nombre de sociétés se retrouvent en situation de quasi-monopole (10 IBP principalement américains
ont en charge 90% du transit : par exemple MCI depuis sa fusion avec Worldcom, Sprint dont la
fusion avec MCI a été refusée pour éviter d'avoir un opérateur qui dispose de 50% du marché, Cable
& Wireless, GTE, etc.)
Cette situation apporte des dysfonctionnements qui renforcent encore le pouvoir des plus gros IBP :
Les IBP fixent les prix de façon unilatérale (les liaisons par fibre optique ou par satellite se facturent
au volume crête : le volume maximum que l'on peut envoyer) ;
Ils peuvent refuser d'acheminer le transit d'un FAI qui chercherait à les concurrencer en acceptant le
transit sur son propre réseau (les IBP s'assurent ainsi un monopole sur le transit) ;
Ils font également de la discrimination en réduisant la qualité de service pour les concurrents ;
etc.
Un IPB est avant tout un vendeur de bande passante. Il n'est pas nécessairement propriétaire de la
Fibre optique, qu'il peut louer aux grands opérateurs de télécommunication.
Le manque de transparence est tel qu'un opérateur de télécommunication peut très bien acheter de
la bande passante à un IBP et que celle-ci passe par son propre réseau loué à bas coût par l'IBP.
Les FAI doivent donc passer par les IBP pour leur trafic international (et parfois même dans certains
pays pour le trafic national entre les FAI). Cependant, ceux qui disposent de leur propre réseau
national disposent d'un avantage par rapport aux " pure players " qui ne maîtrisent pas leur propre
réseau dans un environnement peu transparent. En France, il existe quatre FAI disposant de
réseaux nationaux qui arrivent au moins jusqu'aux villes (ou aux répartiteurs téléphoniques, le
dernier kilomètre étant alors la ligne de l'abonné téléphonique en ADSL) : Wanadoo, Free, Alice et
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Neuf. Club-internet n'a pas de réseau.
5 - Que se passe-t-il dans les pays émergents ?
Ce qui a été expliqué plus haut a des conséquences qui rendent les communications nationales et
internationales bien plus chères pour les pays en développement et paradoxalement imposent au
Sud de financer le Nord...
Au début des télécommunications téléphoniques, l'approche par demi-circuit avait pour conséquence
que les pays qui appelaient le plus payaient le plus. Cela se traduisait par un flux financier Nord-Sud
dans le cas des télécommunications téléphoniques, jusqu'à ce que la dérégulation change la donne.
Dans le monde de l'internet, l'arrivée des IBP puis des accords de peering payant à partir de 1997,
ont conduit à une situation radicalement inverse où le Sud finance le Nord !
5.1 - Le trafic international - et même une partie du trafic national - est payé exclusivement au Nord
par le Sud
1-Les IBP étant principalement américains, le transit Nord-Sud, par exemple entre l'Afrique et les
Etats-Unis est payé par les pays africains, que ce soit dans un sens ou dans l'autre.
2-La plupart du temps, le trafic entre les différents pays africains, même voisins, passe par des IBP
qui le réacheminent par le Nord et font ainsi payer deux communications internationales.
3-Dans un certain nombre de cas, les réseaux des FAI sont reliés au reste du monde exclusivement
par satellite. Lorsque les réseaux des grandes viles ne sont pas reliés entre eux par des fibres
optiques, les FAI doivent alors utiliser leurs liaisons satellitaires achetées au Nord également pour
les liaisons nationales.
4-De même, lorsqu'il n'existe pas de point d'interconnexion, les échanges entre FAI du même pays
doivent utiliser un point d'interconnexion... du Nord. Chacun d'eux doit alors utiliser sa bande
passante internationale et payer très cher un IBP.
5.2 - Le coût de la bande passante internationale n'est pas le même lorsque l'on est au Nord ou au
Sud
La situation est aggravée par un autre problème : du fait de la position quasi monopolistique des IBP
et du rapport de force Nord-Sud dans les télécommunications, les tarifs sont non négociés. Les
trafics des pays en développement sont trop faibles pour que les acteurs aient une capacité de
négociation. Les prix pour les Africains sont plus élevés que ceux proposés pour le reste du monde.
La situation est particulièrement cruciale dans le domaine des satellites, seule solution le plus
souvent lorsqu'il n'existe pas d'infrastructure en fibre optique : ainsi, non seulement le matériel coûte
plus cher du fait des taxations et la mise en place d'une connexion satellite spécifique pour l'Afrique
est plus chère du fait du moindre trafic que sur des liaisons satellite au Nord ; mais de façon encore
plus incroyable, les réseaux satellitaires mondiaux constitués de flotte de satellites et dont la bande
passante devrait normalement coûter le même prix partout, reviennent environ quatre fois plus cher
lorsque l'on est en Afrique.
5.3 - La fibre optique existe en Afrique mais n'est pas moins chère que le satellite
Depuis avril 2002, une Fibre Optique a été posée autour de l'Afrique. Elle part du Portugal, fait le tour
du continent et rejoint ensuite l'Asie (Sat3 WASC Sake). Elle permet aux pays proches de l'océan qui
y sont connectés et à certains pays plus à l'intérieur (qui s'y sont reliés en posant une fibre optique
qui traverse les pays côtiers), de ne pas avoir à utiliser le satellite pour leur transit international.
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Cependant, suivant une estimation faite par Laurent Gilles de l'ENST, le coût n'a pas baissé pour
autant :
Le coût d'un Megabit/seconde pendant un mois sur cette Fibre Optique est 3000$ si l'on prend un
amortissement sur 5 ans des 300M$ investis
De plus la passerelle qui permet de relier les différents FAI à la fibre optique est le plus souvent un
monopole local.
Le prix du Megabit/seconde par satellite est sensiblement identique et même moins cher : entre 2000
$ à 3000 $ par Mbit/s
Cependant, une fois la fibre amortie (selon ce calcul : en 2007) le coût devrait théoriquement être
divisé par 3...
5.4 - Le coût pour l'Afrique
Une estimation réalisée en 2003 donne un coût pour l'Afrique de 400 millions $ par an ! Même si le
coût du transit baisse, les pays émergents doivent rationner leurs communications.
Il est instructif de comparer sur cette base les coûts des fournisseurs du Nord et du Sud pour un
service équivalent. Ceux-ci se répartissent en trois coûts : les opérations, les connexions nationales
et les connexions internationales. En donnant une base 100 pour les coûts d'opération, on obtient la
comparaison suivante :
Pays de l'OCDE : opérations = 100 + connexions nationales = 12,5 + connexions internationales =
12,5
Pays en voie de développement : opérations = 100 + connexions nationales = 100 + connexions
internationales = 200
Du fait des distorsions de concurrence entre le Nord et le Sud, il revient plus de trois fois plus cher
de se connecter à l'internet au Sud plutôt qu'au Nord...
5.5 - Mettre en place des points d'interconnexion pour faire baisser les coûts
S'il y avait plus de trafic, ou même une mutualisation des trafics, il y aurait plus de possibilités de
négociation. Le pouvoir des IBP est lié à la rareté des points d'interconnexion.
Comment baisser les coûts : l'exemple de la Mongolie En Mongolie, avant 2001, tous les FAI
devaient utiliser une connexion satellite
pour leur trafic international mais également pour échanger
du trafic entre eux
car il n'existait pas de point d'interconnexion. Outre le coût, le délai entre deux
utilisateurs disposant de FAI différents était de plus d'une seconde du fait des
deux " sauts " par
satellite nécessaires pour que les FAI s'interconnectent dans
un autre pays, empêchant certains
usages. En janvier 2001, une réunion entre FAI a eu lieu à Oulan-Bator. Trois
mois seulement
après, en avril 2001, est né le MIX (Mongolian Internet
eXchange). Trois premiers FAI ont
commencé à échanger leur trafic.
Les coûts d'interconnexion ont chuté et le délai a été ramené à 10
ms. En 2002, le MIX permettait l'échange des données entre les 6 principaux
FAI du pays.
En Asie, des points d'interconnexion existent à Séoul, Honk-Kong, Mongolie, Cambodge...
Depuis 2004, il existe 10 points d'interconnexion sur le continent africain, mais beaucoup de réseaux
sont reliés au reste de l'internet par satellite et donc pour l'instant passent par des IBP du Nord et
s'interconnectent dans les pays de l'OCDE.
Les prix baissent également lorsque le marché s'ouvre et que les opérateurs monopolistiques
doivent accepter la concurrence. En Ouganda, avant l'ouverture du marché en 1997, il existait 5000
utilisateurs de l'internet. En 2003, ce nombre est passé à 125000. Mais l'ouverture du marché
intérieur n'est pas suffisante et il est nécessaire que le marché du transit international s'ouvre plus
également.
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6 - Débats : agir sur l'architecture pour mutualiser et réguler
Trouver des solutions pour ramener le coût des télécommunications des pays émergents au niveau
des autres pays de la planète n'est pas tant un problème de financement qu'une question de diffuser
l'information qui permette de mettre en place les bonnes solutions.
Aujourd'hui, malgré une grande hétérogénéité d'acteurs, l'évolution des règles du jeu favorise très
fortement les plus gros. Des pistes commencent à apparaître sur la régulation comme la mise en
place d'une régulation sur les accords entre fournisseurs.
Une meilleure compréhension des questions d'architecture permet également de trouver des
solutions. Les échanges à la fin de la présentation entre les membres de Vox Internet ont permis
d'illustrer l'importance d'une bonne compréhension des aspects architecturaux dans des cas très
variés.
6.1 - Les réseaux neutres pour offrir plus pour moins cher : l'exemple de Tierp
Même dans les pays développés, le haut débit a parfois du mal à arriver partout. C'était le cas par
exemple de Tierp, une ville de 20000 habitants située à 150 Km au Nord de Stockholm, trop petite et
trop éloignée pour intéresser les fournisseurs d'accès.
A partir de 2000, la municipalité a construit un réseau haut débit reliant les différents établissements
publics. Ce premier réseau a été amorti en seulement quelques années grâce aux économies
réalisées sur les télécommunications locales entre les services.
Mais la ville a également étendu son réseau pour qu'il puisse couvrir l'ensemble de la population (la
moitié du coût était nécessaire car ce réseau se mutualisait avec celui des services publics) et a
également posé une fibre optique entre Tierp et Stockholm.
La ville a alors décidé que l'opérateur de son réseau devrait rester "neutre " et ne pas offrir de
services aux utilisateurs. Ainsi, il devenait possible de proposer aux FAI de bénéficier de clients à
Tierp simplement en s'interconnectant depuis Stockholm où ils disposent déjà d'infrastructures. Les
utilisateurs à Tierp bénéficient ainsi de services à très haut débit à un coût similaire à celui du simple
haut débit à Stockholm et peuvent même choisir leurs fournisseurs grâce à l'architecture de réseau
neutre décidée par la ville.
Il existe également des réseaux neutres en France pour des villes (Pau) mais également au niveau
de régions (le réseau Dorsal en Limousin qui relie les différentes communes de la région est mis à
disposition de tous les FAI au même prix pour qu'ils y proposent leurs services plutôt que de confier
son fonctionnement à un opérateur qui s'occuperait à la fois du réseau et des services)
6.2 - Mutualiser les réseaux des ministères en France
En France, les ministères ont mis en place des réseaux différents pour relier les différents services
qui dépendent d'eux sur le territoire : l'Intérieur ou la Défense par exemple ont leur propre réseau. La
gendarmerie n'a pas son propre réseau, mais a un contrat avec France Telecom. L'Education
nationale utilise le réseau Renater, etc.
Se pose le problème de l'interconnexion entre ces réseaux nationaux. Historiquement les différents
ministères ne s'en occupaient pas.
Un point d'interconnexion a été mis en place entre les réseaux des ministères : ADER
(ADministration En Réseau). Une douzaine de réseaux publics y sont interconnectés, mais le trafic
d'un ministère vers l'internet par exemple ne peut pas transiter par le réseau d'un autre ministère. Il
est donc nécessaire de payer 10 réseaux sur tout le territoire là où un seul pourrait suffire.
Ce choix a été fait pour des questions de sécurité. Pourtant, il est possible de séparer l'architecture
des réseaux physiques (qui nécessitent du génie civil pour la pose de câbles) des réseaux " logiques
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". Ainsi, il est possible de construire des " tunnels IP " qui permettent de transmettre des données
cryptées dans un réseau partagé.
Le Royaume-Uni a au contraire décidé de faire un contrat global pour les réseaux de l'Etat. Cela
permet non seulement de mutualiser les infrastructures physiques mais également d'optimiser en
permanence le trafic en fonction des besoins.
6.3 - Couverture du territoire en haut débit : symétrique ou asymétrique
Aujourd'hui, la France est en avance sur la couverture en haut débit grâce à l'ADSL. Mais il s'agit
d'une architecture asymétrique qui présuppose une logique de consommation (l'utilisateur envoie un
peu pour demander et reçoit beaucoup avec les informations demandées).
On observe depuis longtemps que dans les communications aussi bien téléphoniques et que de
données, les échanges entre personnes sont bien plus importants que la distribution de contenus
(voir Andrew Odlyko,
content is not king
:
http://www.dtc.umn.edu/ odlyzko/doc/history.communications2.pdf
)
L'ADSL va de pair avec une logique hiérarchisée comme celle du réseau téléphonique. Si une
solution plus symétrique avait été choisie (le SDSL par exemple), alors il aurait été plus naturel de
développer des points d'interconnexion locaux.
Il existe de nombreuses autres technologies (rassemblées sous le terme de « technologies
alternatives ») qui permettent d'apporter également le haut débit, en particulier dans les endroits où
l'ADSL n'arrive pas ou lorsque l'on souhaite des débits supérieurs à ceux permis par l'ADSL. La
plupart permettent des débits symétriques qui sont plus dans la logique de l'internet et des usages
autres que le Web (mail, visiophonie, messagerie instantanée, téléphonie IP...) : c'est le cas des
réseaux sans fils (WiMax.. .), de la fibre optique, etc.
L'appel d'offre sur les technologies alternatives de la Diact a permis à de nombreuses collectivités
territoriales de proposer des architectures intéressantes (Télémédecine sur l'Ile de Ré, Télévision
participative pour recréer du lien social à Evry...)
6.4 - Y a-t-il un débat sur les architectures ?
Quelle architecture ? comment a-t-on pensé le rapport au centralisme ?
Il s'agit d'un débat qui a eu lieu entre 1995 et 1998 et qui a disparu parce que le réseau en étoile a
gagné. Mais le sujet est en train de se rouvrir.
Il existe des réseaux qui proposent des approches alternatives comme Fon ou Ozone. Mais
l'interconnexion des différents réseaux (en Wi-Fi dans ces deux cas) utilise le plus souvent l'ADSL. Il
n'est pas toujours facile de coller du pair à pair dans un réseau en étoile
Finalement, le réseau des réseaux internet, qui a été conçu comme un véritable réseau décentralisé,
a annexé le réseau téléphonique physique mais au passage a vu une grande part de son
architecture passer en étoile hiérarchisée.
Comment refaire du réseau sur du réseau ? Cela bute assez vite sur le contrat que les individus ont
avec leur FAI et sur la concentration intervenue dans ce secteur ces dernières années. La logique de
dernier kilomètre des opérateurs peut faire place à une logique de " premier kilomètre " des
collectivités ou d'associations (voir Jacques François Marchandise,
libérer le premier kilomètre
:
http://www.internetactu.net/ ?p=3037
). Si la pose de câbles coûte cher en génie civil, les réseaux
sans fils permettent de trouver d'autres voies (y compris par l'interconnexion sans fil de réseaux sans
fils : les "réseaux mesh ").
7 - Ressources sur les architectures alternatives
Laurent Gille, ENST, voir en particulier sa présentation "
interconnexion internet
" (Powerpoint) :
http://www.fratel.org/espace_public/IMG/Laurent_Gille_ENST_Paris-3.ppt
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G. Dang Nguyen, T. Pénard,
les accords d'interconnexions dans les réseaux de télécommunication,
enjeux économiques et perspectives réglementaires
:
http://perso.univ-rennes1.fr:8080/thierry.penard/biblio/interc.pdf
Union Nationale des Télécommunications,
La connectivité internet internationale, les problèmes en
jeu
http://www.itu.int/itunews/manager/display.asp ?lang=fr&year=2005&issue=03&ipage=interconnectiv-
poor&ext=html
Valentin Lacambre qui met en place des points d'interconnexion en Afrique
Claude Combe à Castres qui a développé l'idée de Mix (Metropolitan Internet eXchange)
Les porteurs de projet des appels d'offres de la Diact (ex DATAR) sur les technologies
Le blog de la FING sur les technologies alternatives :
http://www.openfing.org/technosalternatives/
et
ses fiches d'expertise
http://www.fing.org/jsp/fiche_pagelibre.jsp ?CODE=41428517
Interviews d'architectes (voir par exemple celle de René Hatem, architecte du réseau Canarie au
Canada :
http://www.cornu.eu.org/texts/les-reseaux-de-recherche-et-d-education-au-canada
Lawrence Lessig,
The code is the Law
, Industry Standard
http://www.lessig.org/content/standard/0,1902,4165,00.html
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