L activité bancaire mesurée par les banques et la comptabilité nationale
4 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'activité bancaire mesurée par les banques et la comptabilité nationale

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
4 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Des différences riches d'enseignements La comptabilité privée et la comptabilité nationale retracent de manière assez différente l'évolution de l'activité bancaire : le produit net bancaire calculé par les établissements de crédit connaît une croissance soutenue entre 1995 et 2006, suivie d'un net fléchissement en 2007, puis d'une forte baisse en 2008 ; la comptabilité nationale retrace une progression nettement plus modérée de la valeur ajoutée du secteur bancaire jusqu'en 2006, mais qui se poursuit en 2007 et 2008. Cette différence de mesure de l'activité bancaire provient du fait que la comptabilité nationale retient, au sein de la valeur ajoutée, ce qui relève de la production de services bancaires stricto sensu, alors que la comptabilité privée prend aussi en compte les revenus financiers et les plus ou moins-values sur les actifs financiers. Or, ce sont précisément ces derniers éléments qui sont à l'origine aussi bien du dynamisme des résultats bancaires jusqu'en 2006 que de leur fort repli en 2008. Banques et comptabilité nationale, deux mesures de l'activité bancaire Le poids des banques dans le PIB est resté stable au cours du temps Les métiers bancaires se sont transformés avec le développement des marchés financiers Des revenus financiers et des plus-values très fluctuants Une vive progression des salaires directement liée aux revenus financiers et aux plus-values Encadré Faire le pont entre la valeur ajoutée des banques et leur produit net bancaire

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 85
Langue Français

Extrait

N° 1285 - FÉVRIER 2010
Prix : 2,30€
L'activité bancaire mesurée par les banques
et la comptabilité nationale
Des différences riches d'enseignements
Jean-Marie Fournier, département des Comptes nationaux, Insee
Denis Marionnet, direction des Statistiques monétaires et financières, Banque de France
a comptabilité privée et la comptabi- Après plusieurs années de forte progression,
les résultats des banques françaises, mesuréslité nationale retracent de manière
à l'aune de leur produit net bancaire, fléchis-Lassez différente l'évolution de
sent à partir de 2007, en raison principalement
l'activité bancaire : le produit net
des premières répercussions de la crise des
bancaire calculé par les établissements subprimes. Ce fléchissement laisse place à
de crédit connaît une croissance sou- une contraction en 2008, avec l'aggravation de
tenue entre 1995 et 2006, suivie d'un net la crise financière. La valeur ajoutée du secteur
bancaire, telle que mesurée par la comptabilitéfléchissement en 2007, puis d'une forte
nationale, reste plus inerte : à prix courants,baisse en 2008 ; la comptabilité nationale
elle continue de progresser en 2007, et même
retrace une progression nettement plus
en 2008.
modérée de la valeur ajoutée du secteur La divergence n'est pas nouvelle, mais elle
bancaire jusqu'en 2006, mais qui se pour- s'est inversée sur la période récente : de
suit en 2007 et 2008. 1995 à 2006, les banques faisaient au
contraire état d'une croissance de leur pro-Cette différence de mesure de l'activité
duit net bancaire beaucoup plus forte quebancaire provient du fait que la comptabi-
celle de la valeur ajoutée. Le paradoxe n'est
lité nationale retient, au sein de la valeur
toutefois qu'apparent : il résulte des cadres
ajoutée, ce qui relève de la production de d'analyse respectifs (encadré). La comptabi-
services bancaires stricto sensu, alors lité nationale retient au sein de la valeur
que la comptabilité privée prend aussi en ajoutée ce qui relève de la production de ser-
vices bancaires, qui seule contribue au PIB.compte les revenus financiers et les plus
Or, ce sont d'autres éléments qui expliquentou moins-values sur les actifs financiers.
la forte croissance des résultats bancaires
Or, ce sont précisément ces derniers élé-
jusqu'en 2006 et leur repli en 2008 : revenus
ments qui sont à l'origine aussi bien du financiers d'une part, plus ou moins-values
dynamisme des résultats bancaires jus- sur les actifs détenus ou échangés par les
qu'en 2006 que de leur fort repli en 2008. banques d'autre part (graphique 1).
De la valeur ajoutée des banques à leur produit net bancaire
en milliards d'euros
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
–10
–20
–30
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
Plus ou moins-values Revenusnetsdelapropriété Valeur ajoutée des banques
Produit net bancaire - charges extérieures nettes non bancaires Produit net bancaire
Sources : Insee, comptabilité nationale et Banque de France.
INSEE
PREMIERE Production de services bancairesLe poids des banques
en milliards d'eurosdans le PIB est resté stable
100
dont Sifim* Production des banquesau cours du temps 90
dont services facturés
80Selon les définitions de la comptabilité
70
nationale, les banques contribuaient à
60
hauteur de 2,7 % à la valeur ajoutée
50
française en 2008. Pour procéder à des
40
comparaisons internationales, il faut
30
considérer un niveau plus agrégé 20
incluant l'ensemble des sociétés 10
financières, y compris notamment les 0
1995 1996 19971998 1999 2000 200120022003 20042005 2006 20072008sociétés d'assurance, les entreprises
* Services d'intermédiation financière indirectement mesurés.
d'investissement et les organismes de Source : Insee, comptabilité nationale.
placement collectif en valeurs mobilières
(OPCVM). En moyenne sur 1995-2008,
les sociétés financières contribuent à
hauteur de 4,8 % à la valeur ajoutée
totale en France. Ce chiffre est assez Faire le pont entre la valeur ajoutée des banques
stable sur la période. Il est comparable à et leur produit net bancaire
celui observé pour l'ensemble de la zone
La valeur ajoutée selon la comptabilité (commissions versées, frais généraux
euro. Il est plus élevé qu'en Allemagne
nationale hors frais de personnels et impôts). En
(4,2 %), mais moindre qu'au Royaume-Uni
En comptabilité nationale, le PIB mesure outre, même si l'activité principale des
(6,6 %).
la production de biens et services sur le institutions financières est une activité
Comme le produit intérieur brut (PIB), la territoire. Il résulte de l'agrégation des bancaire stricto sensu, il faut également
production bancaire s'est accrue de valeurs ajoutées de chaque activité éco- prendre en compte les activités secondai-
façon régulière et modérée. Toutefois, nomique. Celles-ci sont définies comme res des banques françaises qui génèrent
cette évolution masque une déformation la différence entre la valeur de la production elles aussi de la valeur ajoutée (gestion
et celle des consommations intermédiaires de patrimoine immobilier, services infor-de la structure de cette production au
nécessaires à cette production. Pour la matiques …).cours du temps : la part des « services
plupart des activités économiques, la pro-d'intermédiation financière indirectement
duction se mesure aisément, par le biais La mesure de l'activité bancaire selonmesurés » (Sifim – définitions), autre-
du chiffre d'affaires du producteur. les banques
ment dit des marges d'intérêts perçues
Certains services bancaires, explicite- La comptabilité bancaire suit une autre
par les banques, a fortement décliné au
ment facturés, sous forme de commis- approche. En effet, le produit net ban-
profit de celle des services explicite-
sions au titre des services spécialisés caire, un des principaux soldes de gestion
ment facturés aux clients. De fait, si ces fournis par les banques, sont également utilisés par la profession, intègre tous les
derniers ont été multipliés par 2,5 entre dans ce cas. Il s'agit en effet d'une activité revenus nets que les établissements de
1995 et 2008, les Sifim ont eu tendance productive dont la mesure est proche crédit retirent de leurs seules activités
à stagner (graphique 2). De l'ordre de la conceptuellement de celle d'un chiffre bancaires, quelle que soit leur nature
d'affaires. (commissions, marges, dividendes, inté-moitié initialement, leur part dans la pro-
Mais pour le reste de l'activité bancaire, rêts, plus-values), tout en excluant duduction de services bancaires a été
cette production est plus délicate à appré- calcul les charges extérieures (frais géné-réduite à un tiers sur la période. Cette
hender. En effet, les banques gèrent les raux, etc.) et les produits des activitésstagnation des Sifim est d'autant plus
dépôts de leurs clients et leur distribuent secondaires des banques.
notable que la progression des encours
des crédits, sans que ces services ne fas-
de dépôts et de crédits bancaires est
sent l'objet d'une facturation explicite, car Conceptuellement, les intérêts et dividen-
demeurée soutenue (respectivement
elles se rémunèrent en appliquant une des sont considérés en comptabilité
+ 4 % et + 6 % par an en moyenne entre marge d'intérêt. Les marges ainsi déga- nationale comme des revenus de la pro-
2000 et 2007). Cette évolution s'explique gées correspondent en comptabilité priété liés à la détention d'actifs finan-
peut-être par une concurrence accrue nationale aux services d'intermédiation ciers, et les plus-values ou moins-values
entre banques. Elle s'explique aussi par financière indirectement mesurés (Sifim – comme des gains ou pertes retracés dans
définitions) et doivent aussi être prises en d'autres comptes (réévaluation desla baisse des taux d'intérêt qui a accom-
compte dans le calcul de la production actifs). En d'autres termes, les revenuspagné celle de l'inflation. La baisse des
des banques. financiers et les plus-values ou moins-taux d'intérêt à court terme a en effet
Pour obtenir la valeur ajoutée dégagée values sur titres constituent des flux demécaniquement diminué la marge que
par l'activit

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents