L Asie émergente a-t-elle tiré la reprise mondiale ?
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À partir du deuxième trimestre 2009, la stabilisation de l'activité dans les économies avancées a marqué la fin d'une récession d'ampleur inédite. Cette stabilisation a été concomitante avec un rebond de l'activité des pays émergents et asiatiques en particulier, dont la demande intérieure a été très dynamique. Dans quelle mesure la reprise en Asie émergente a-t-elle profité aux économies avancées et quelle a été sa contribution à la stabilisation de leur activité ? L'augmentation de la demande intérieure d'un pays, comme celle observée en Asie émergente, se répercute chez ses partenaires commerciaux directs par une augmentation de leur activité et de leurs exportations (effet « direct »). Mais à cet effet direct s'ajoute un effet « d'écho » : la hausse de l'activité chez les partenaires se traduit par une augmentation de leur demande intérieure. Ainsi, la reprise se transmet aux partenaires commerciaux des partenaires directs via une augmentation de leur activité et de leurs exportations, et ainsi de suite. La prise en compte des échos engendrés par la relance en Asie émergente est indispensable pour donner un ordre de grandeur de leur contribution au retour de la croissance dans les pays avancés aux deuxième et troisième trimestres 2009. Les effets d'écho de la reprise en Asie émergente auraient de la sorte contribué de façon significative à l'activité des économies avancées au sortir de la crise : en France, l'impulsion à la croissance en provenance des pays de l'Asie émergente serait de 0,35 point en moyenne par trimestre aux deuxième et troisième trimestres 2009. La seule prise en compte des effets d'entraînement direct donne une impulsion à la croissance française de 0,1 point sur cette période, le reste étant imputable aux effets indirects. Le Japon et, dans une moindre mesure, les États-Unis et l'Allemagne auraient davantage bénéficié de cette impulsion. A contrario, l'Espagne et le Royaume-Uni auraient été moins tirés par la demande intérieure asiatique.

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Nombre de lectures 7
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

ÉCONOMIE
L’Asie émergente a-t-elle tiré la reprise
mondiale ?
Guy Lalanne (*) et Léa Mauro (**)
À partir du deuxième trimestre 2009, la stabilisation de l’activité dans les économies
avancées a marqué la fn d’une récession d’ampleur inédite. Cette stabilisation a été
concomitante avec un rebond de l’activité des pays émergents et asiatiques en particu-
lier, dont la demande intérieure a été très dynamique. Dans quelle mesure la reprise en
Asie émergente a-t-elle profté aux économies avancées et quelle a été sa contribution à
la stabilisation de leur activité ?
L’augmentation de la demande intérieure d’un pays, comme celle observée en Asie
émergente, se répercute chez ses partenaires commerciaux directs par une augmenta-
tion de leur activité et de leurs exportations (effet « direct »). Mais à cet effet direct
s’ajoute un effet « d’écho » : la hausse de l’activité chez les partenaires se traduit par une
augmentation de leur demande intérieure. Ainsi, la reprise se transmet aux partenaires
commerciaux des partenaires directs via une augmentation de leur activité et de leurs
exportations, et ainsi de suite.
La prise en compte des échos engendrés par la relance en Asie émergente est indispen-
sable pour donner un ordre de grandeur de leur contribution au retour de la croissance
dans les pays avancés aux deuxième et troisième trimestres 2009. Les effets d’écho de la
reprise en Asie émergente auraient de la sorte contribué de façon signifcative à l’activité
des économies avancées au sortir de la crise : en France, l’impulsion à la croissance en
provenance des pays de l’Asie émergente serait de 0,35 point en moyenne par trimestre
aux deuxième et troisième trimestres 2009. La seule prise en compte des effets d’en-
traînement direct donne une impulsion à la croissance française de 0,1 point sur cette
période, le reste étant imputable aux effets indirects.
Le Japon et, dans une moindre mesure, les États-Unis et l’Allemagne auraient davan-
tage bénéfcié de cette impulsion. A contrario, l’Espagne et le Royaume-Uni auraient été
légèrement moins tirés par la demande intérieure asiatique.
Au total, la reprise de la demande dans les pays asiatiques a contribué à la sortie de réces-
sion des pays avancés à la mi-2009. Dans une optique de plus long terme, il conviendrait
de se demander si la demande de ces pays peut devenir un moteur pour la croissance des
économies avancées ou s’il s’agit seulement d’une impulsion ponctuelle, liée notam-
ment aux plans de relance qui y ont été mis en place.
* Au moment de la rédaction de cet article, Guy Lalanne appartenait à la division Croissance et Politiques Macroéconomiques de l’Insee
et au Crest.
** Division Synthèses Conjoncturelles de l’Insee.
Cet article reprend en partie et prolonge des résultats publiés dans la Note de Conjoncture de l’Insee de mars 2010. Les dernières mises
à jour des données et résultats datent de juin 2010. Les auteurs tiennent à remercier Sylvain Heck, Vincent Lapègue et Françoise Le
Gallo pour leur aide, ainsi que Didier Blanchet, Jean-Charles Bricongne, Éric Dubois, Sandrine Duchêne, Hélène Erkel-Rousse, Benoît
Heitz et Pierre Morin pour leurs commentaires.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 438–440, 2010 211ans la majorité des économies avancées, le relations estimées avant la crise pour la période D moteur de la croissance réside à court terme de reprise, sans pouvoir facilement modifer
dans la robustesse de la demande intérieure. certains paramètres structurels.
Celle-ci entraîne l’activité des pays émergents,
par le canal du commerce mondial. C’est le cas Pour ces raisons, nous choisissons plutôt de
notamment de la Chine, dont le solde des échan- construire une maquette simple des échanges
ges avec les économies avancées est largement bilatéraux entre 230 pays. Si une telle maquette
excédentaire. Habituellement, c’est donc plutôt considère aussi comme fxe la structure du com-
l’activité des pays avancés qui entraîne celle des merce international, elle permet de mieux mettre
pays émergents : la demande intérieure des pre- en évidence et de mieux contrôler l’origine des
miers stimule les exportations des seconds. chocs, ainsi que les hypothèses sous-jacentes.
Ainsi, il devient possible de chiffrer l’impact
du rebond en Asie émergente et d’évaluer la Au sortir de la récession (1) observée au
robustesse des résultats à différents calibrages deuxième trimestre 2009, il semble que cette
de la maquette. Une maquette alternative avec relation se soit inversée. En particulier, dans les
plusieurs biens et tenant compte des consom-économies avancées, la contribution du com-
mations intermédiaires sera enfn proposée : les merce extérieur à la croissance de l’activité a
résultats obtenus sont très proches de ceux issus alors été nettement positive. Les pays émer-
1de la maquette simple initiale. gents, et notamment l’Asie, sont-ils à l’origine
de ce retour de la croissance dans les économies
avancées ?
Une sortie de crise dans les pays Cet article évalue l’impact du rebond des pays
avancés concomitante avec le asiatiques à la mi-2009 sur l’activité des princi-
pales économies avancées. Il s’agit de détermi- rebond en Asie émergente
ner dans quelle mesure la reprise de la demande
intérieure dans ces pays a contribué à la crois-
l est nécessaire de revenir dans un premier sance des économies avancées. Les pays euro- I temps sur l’historique des faits, leur enchaî-péens échangent relativement peu avec l’Asie
nement et leur corrélation, la stabilisation de émergente. Les effets d’entraînement directs
l’activité des économies avancées au deuxième attendus sont donc faibles. Toutefois, le rebond
trimestre 2009 faisant suite à l’amélioration des pays asiatiques pourrait avoir des répercus-
de leurs échanges extérieurs. Il est également sions signifcatives par le biais d’effets d’en-
essentiel de prendre la mesure de l’impor-traînement indirects. Par exemple, la reprise
tance du rebond asiatique au cours de la même induite chez les principaux partenaires de l’Asie
période, qui a donné un coup d’arrêt à la chute émergente, parmi lesquels le Japon et les États-
du commerce mondial.Unis, a pu se répercuter en deuxième lieu sur
les pays européens. Évaluer dans quelle mesure
la reprise européenne a pu être en partie tirée
La stabilisation de l’activité des économies
par l’Asie émergente nécessite de modéliser ces
avancées au deuxième trimestre 2009...
effets d’entraînements indirects (de deuxième
tour, mais aussi d’ordres supérieurs) transitant
Après une récession d’ampleur historique, l’ac-par des pays tiers.
tivité des grands pays avancés s’est nettement
moins contractée à partir du deuxième trimes-
Un modèle macro-économétrique multinatio-
tre 2009. Le Japon, l’Allemagne et la France
nal traditionnel n’est pas forcément le meilleur
ont même enregistré une croissance de leur
outil pour répondre à la question posée. En
activité. Celle-ci s’est stabilisée en moyenne,
effet, ce type de modèle ne contient pas de
pour les quatre principales économies avancées
fux bilatéraux, mais uniquement des équations
(États-Unis, Japon, Royaume-Uni et zone euro)
d’importations et d’exportations agrégées. Par
(cf. graphique I). Ces premiers signaux positifs
conséquent, aucune déformation de la structure
se sont amplifés au troisième trimestre avec,
intrinsèque du commerce international n’est
notamment, le retour de la croissance aux États-
prise en compte. Par ailleurs, une modélisation
Unis et dans la zone euro.
économétrique reliant les échanges et l’activité
des principales économies poserait des problè-
mes complexes d’identifcation de la nature des
chocs issus de chaque économie. De plus, une
1. Suivant la convention usuelle, on entend par récession deux
telle modélisation conduira

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