L élargissement : vers un renforcement relations entre l Europe et les pays méditerranéens ?
36 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'élargissement : vers un renforcement relations entre l'Europe et les pays méditerranéens ?

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
36 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

L'effet à moyen terme des accords de libre-échange (accords d'association) entre l'Union européenne et les pays méditerranéens dans le contexte d'élargissement européen est étudié, à l'aide d'un modèle d'équilibre général calculable, au travers de trois scénarios de libéralisation commerciale : tout d'abord les effets de l'élargissement sont simulés à part, puis on simule les effets des accords d'association qui s'ajoutent à l'élargissement selon deux variantes suivant que le démantèlement des barrières douanières se limite à l'industrie, ou qu'il est étendu aux secteurs agro-alimentaires. Avec les hypothèses du modèle, l'élargissement n'aurait pas d'effet notable sur le bien-être des pays méditerranéens. En revanche, ses conséquences commerciales seraient significatives à travers le renforcement des échanges entre pays accédants et pays méditerranéens, en particulier la Turquie. Les accords d'association avec l'Union européenne entraîneraient une dégradation des termes de l'échange des pays d'Afrique du Nord. Cela est dû au caractère asymétrique de ces accords, une libéralisation complète impliquant des concessions de la part des pays d'Afrique du Nord plus que de l'Europe déjà ouverte. Il en irait autrement pour la Turquie qui est déjà en régime d'union douanière industrielle avec l'Union européenne. Par ailleurs, les liens régionaux se feraient plus intenses, au détriment des échanges avec le reste du monde (détournement de commerce).

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 19
Langue Français

Extrait

COMMERCE INTERNATIONAL
L’élargissement :
vers un renforcement
des relations entre l’Europe
et les pays méditerranéens ?
Mohamed Hedi Bchir, Yvan Decreux et Michel Fouquin*
L’effet à moyen terme des accords de libre-échange (accords d’association) entre l’Union
européenne et les pays méditerranéens dans le contexte d’élargissement européen est
étudié, à l’aide d’un modèle d’équilibre général calculable, au travers de trois scénarios de
libéralisation commerciale : tout d’abord les effets de l’élargissement sont simulés à part,
puis on simule les effets des accords d’association qui s’ajoutent à l’élargissement selon
deux variantes suivant que le démantèlement des barrières douanières se limite à
l’industrie, ou qu’il est étendu aux secteurs agro-alimentaires.
Avec les hypothèses du modèle, l’élargissement n’aurait pas d’effet notable sur le bien-être
des pays méditerranéens. En revanche, ses conséquences commerciales seraient
significatives à travers le renforcement des échanges entre pays accédants et pays
méditerranéens, en particulier la Turquie. Les accords d’association avec l’Union
européenne entraîneraient une dégradation des termes de l’échange des pays d’Afrique du
Nord. Cela est dû au caractère asymétrique de ces accords, une libéralisation complète
impliquant des concessions de la part des pays d’Afrique du Nord plus que de l’Europe
déjà ouverte. Il en irait autrement pour la Turquie qui est déjà en régime d’union douanière
industrielle avec l’Union européenne. Par ailleurs, les liens régionaux se feraient plus
intenses, au détriment des échanges avec le reste du monde (détournement de commerce).
En cas de libéralisation totale, les recettes douanières des pays méditerranéens baisseraient
significativement, avec des conséquences possibles pour leur équilibre budgétaire. Encore
non perceptible dans les pays qui appliquent déjà les accords, dans la mesure où les gains
sur les quantités compensent dans un premier temps les pertes sur les recettes douanières,
ce manque à gagner serait sensible lorsque les taux seront réduits à zéro.
Enfin, si les accords se traduisent également par un renforcement de l’union douanière qui
lie l’Europe et la Turquie, cela impliquerait une libéralisation substantielle du commerce
entre la Turquie et l’Afrique du Nord, et une augmentation significative du commerce entre
ces deux zones.
* Au moment de le rédaction de cet article, Mohamed Hedi Bchir était chercheur associé au Cepii, Yvan Decreux,
chargé de mission et Michel Fouquin, directeur adjoint.
Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 363-364-365, 2003 267e longue date, l’Union européenne a eu une rité à l’Union européenne, aux pays accédants et
« diplomatie » commerciale particulière- aux pays méditerranéens (divisés en deuxD
ment active, à travers notamment la négociation zones : la Turquie et les pays d’Afrique du
d’accords régionaux. Le résultat de cette politi- Nord), le reste du monde étant réparti entre trois
que est un système complexe de préférences groupes : Roumanie - Bulgarie, reste des pays
régionales (Bouët et al., 2002) qui a aussi été industrialisés et reste des pays en développe-
décrit comme une sorte de pyramide de préfé- ment (1).
rences (Fontagné et Péridy, 1997).
Dans un premier temps, les modalités et les
effets attendus de l’intégration des paysParmi ces préférences régionales, cet article
d’Europe de l’Est dans l’Union européenne sonts’intéresse spécialement à celles qui touchent
simulés par rapport à une situation fictive, diteles pays proches de l’Union européenne : les
de référence, où il n’y aurait pas d’élargisse-Dix qui vont intégrer prochainement l’Union
ment ni aucune autre mesure affectant les rela-d’une part, et les pays méditerranéens de
tions commerciales internationales. En revan-l’autre.
che l’intégration suppose un alignement des
relations des pays accédants avec les pays médi-Pour les premiers, l'intégration complète est
terranéens sur celles de l’Union à quinze avecdésormais proche ; elle devrait être réalisée au
les pays méditerranéens.premier mai 2004. Cet article présente une
simulation des conséquences de l’élargissement
Les effets des accords d’association sont ensuite
pour les nouveaux membres et pour les pays de
simulés au travers de deux scénarios : le premier
la rive Sud de la Méditerranée qui sont les pre-
limité à l’industrie, le second étendu aux pro-
miers intéressés. Vis-à-vis de ces derniers, le
duits agricoles et alimentaires, en supposant
processus d’intégration est limité à des accords
dans les deux cas que l’élargissement de
d’association sauf pour la Turquie qui se situe à
l’Europe a eu lieu.
la frontière des deux modes d’intégration,
jusqu’à ce que l’Union européenne fasse un Ce second scénario propose pour la première
choix définitif (qui concerne aussi la Roumanie fois dans le cadre de l’équilibre général une ana-
et la Bulgarie). Une seconde simulation con- lyse des effets conjoints de l’élargissement et
cerne les effets des accords d’association encore des accords d’association euro-méditerra-
en cours d’application. Il en ressort que tous les néens (2).
partenaires ne bénéficient pas également de ces
accords.
L’élargissement de l’Union
Les simulations sont réalisées à l’aide du
européenne à l’Estmodèle MIRAGE (Modeling International
Relationships in Applied General Equilibrium)
(cf. encadré 1) développé par le Cepii (Bchir et ’Europe a été coupée en deux pendant quel-
al., 2002). Elles s’appuient d’une part sur la que trente-cinq années au cours desquelles leL
base de données du Global Trade Analysis Pro- retard économique accumulé par la partie orien-
ject version 5 (par la suite désigné par GTAP5) tale a été considérable. Dès lors, l’intégration
développée par les membres d’un consortium rapide de ces pays dans l’Union n’allait pas de
du même nom (GTAP) dirigé par des membres soi. Pourtant, les progrès politiques, économi-
de l’Université de Purdue (Dimaranan et ques et institutionnels accomplis par les pays
Mc Dougall, 2000) pour l’activité économique candidats et la volonté politique révélée par les
interne des nations ou groupes de nations et les pays négociateurs ont permis d’aboutir à la ratifi-
échanges commerciaux, et, d’autre part, sur la cation du traité d’adhésion le 16 avril 2003 à
base de données MAcMaps (Market Access Athènes.
Maps, voir Bouët et al., 2002) développée con-
jointement par le Cepii et le CCI (Centre de
commerce international de Genève) pour la 1. La zone Afrique du Nord est constituée du Maroc, de l’Algérie,
de la Tunisie, de la Libye et de l’Égypte. Les autres pays méditer-mesure des obstacles aux échanges
ranéens concernés par les accords dits « Euromed » ont dû être
(cf. encadré 2 et annexe). exclus car ils n’étaient pas isolés dans la base GTAP5. La zone
des pays accédants correspond en revanche précisément aux
dix nouveaux entrants (Hongrie, Pologne, République tchèque,Le modèle MIRAGE est un modèle d’équilibre Slovaquie, Slovénie, pays Baltes, Malte et Chypre).
général mondial qui s’appuie sur une agrégation 2. Cet article se propose de combler certaines lacunes de la lit-
térature économique, dont le rapport du Forum Euro-Méditerra-géographique et sectorielle adaptée à chaque
néen des InstitutS Économiques (FEMISE) de 2001 s’était fait
étude. Dans le cas présent on s’intéresse en prio- l’écho.
268 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 363-364-365, 2003Sur un plan économique, le choc de l’intégra- et, dans la plupart des cas, ne prévoient pas de
tion dans l̵

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents