L évolution des voies de communication et des moyens de transport en Afrique Centrale - article ; n°227 ; vol.40, pg 544-558
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Description

Annales de Géographie - Année 1931 - Volume 40 - Numéro 227 - Pages 544-558
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1931
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacques Weulersse
L'évolution des voies de communication et des moyens de
transport en Afrique Centrale
In: Annales de Géographie. 1931, t. 40, n°227. pp. 544-558.
Citer ce document / Cite this document :
Weulersse Jacques. L'évolution des voies de communication et des moyens de transport en Afrique Centrale. In: Annales de
Géographie. 1931, t. 40, n°227. pp. 544-558.
doi : 10.3406/geo.1931.11160
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1931_num_40_227_11160544
L'ÉVOLUTION DES VOIES DE COMMUNICATION
ET DES MOYENS DE TRANSPORT
EN AFRIQUE CENTRALE
Jusqu'à ces dernières décades, peu de pays au monde étaient aussi
dépourvus de voies de communication, aussi pauvres en moyens de
transport que l'Afrique centrale. Sur la carte du globe, à la fin
même du xixe siècle, dans le réseau aux mailles toujours plus serrées
des relations mondiales, cette vaste et puissante masse continentale
n'apparaissait encore qu'en blanc : c'était une lacune vide dans l'o
rganisme mondial. Mais ce qui la caractérisait surtout, ce n'était pas
seulement sa résistance invincible aux moyens de pénétration mod
ernes, routes et voies ferrées. Bien d'autres pays alors en étaient
au même point. C'était surtout l'absence quasi totale de voies de
communication primitives, de moyens de transport indigènes. Les
déserts les plus hostiles, Sahara, Arabie, avaient toujours eu leurs
pistes de caravanes ; les solitudes glacées de la Haute Asie avaient
leurs routes millénaires. L'Afrique Centrale, au contraire, était encore
un monde fermé, et plus encore immobile, léthargique, en dehors de
l'histoire comme de la géographie. Sa vaste carte blanche était aussi
vide de routes réelles que de pistes imaginaires, de marchés actifs
que de cités de légende. Bien plus encore que d'autres contrées plus
lointaines et plus perdues, l'Afrique Centrale, à. proximité relative
pourtant des premiers grands foyers de civilisation et de commerce,
semblait avoir été comme oubliée de l'humanité.
Cet oubli tenait sans doute d'abord à sa position géographique,
au manque de routes d'accès. Au Nord, passé la charnière des bouches
du Cameroun, c'était le sauvage Soudan, doublé des solitudes du grand
Désert, ou bien les marais infranchissables du Pays des Rivières et
les montagnes d'Ethiopie. Au Sud, de vastes espaces inconnus de
steppes et de déserts, peuplés de tribus guerrières et puissantes, la
séparaient du foyer de civilisation, faible encore, de l'Afrique Australe
naissante. Les frontières océaniques étaient aussi hostiles que celles
de terre. Du pied du mont Cameroun jusqu'au Nord de l'estuaire du
Congo, l'immense forêt équatoriale, expirant au bord même de la
côte, rejetait l'étranger à la mer. Plus au Sud, c'était la barrière du
Mayombé coupant la grande voie du Congo, l'accueillant estuaire se
terminant en gorge sauvage et déserte. Plus au Sud encore, le long de
l'Angola, si la côte elle-même se faisait moins inhospitalière, en arrière
s'élevaient le rempart des hauts plateaux angolais et les vastes sol
itudes de steppes broussailleuses qui les couronnent. Seule la côte orien
tale, assez riche de. ports, s'ouvrait à la civilisation, mais à une civi- COMMUNICATIONS EN AFRIQUE CENTRALE 545 LES
lisation adverse de la nôtre : dès le vme siècle, les Arabes occupaient
Mombasa ; quelque temps après, Zanzibar devenait une de leurs for
teresses ; et, malgré leur longue occupation, les Portugais n'arrivèrent
jamais à prendre pied dans l'intérieur, qui resta presque jusqu'au début
du xxe siècle le domaine de choix des chasseurs d'esclaves.
Mais cette difficulté réelle d'accès, ce défaut de voies de péné
tration ne suffiraient point à expliquer l'extraordinaire retard de
l'Afrique Centrale. D'autres contrées, désavantagées par des obstacles
analogues ou même plus sérieux encore, avaient bien réussi à en
triompher. Ce qui isolait par-dessus tout l'Afrique Centrale, c'était
l'absence totale, irrémédiable de moyens de transport, c'est-à-dire,
à défaut de moyens mécaniques, d'animaux domestiques, de bêtes
de transport. Les déserts d'Afrique et ceux d'Asie possédaient le dro
madaire et le chameau, les Andes avaient le lama, et le Tibet, le
yak ; l'Afrique Centrale, par la faute de son climat, de la tsé-tsé et des
trypanosomes, n'avait rien. Incapables donc d'utiliser les facilités, si
restreintes fussent-elles, que leur offrait leur trop vaste pays, les popul
ations indigènes n'avaient pu triompher de leur fatal isolement.
La civilisation blanche, à ses débuts, se heurta au même redou
table obstacle, et faillit s'y briser. Pour ouvrir le pays, transporter
hommes et biens, alimenter le commerce, l'homme apparut comme le
seul animal de transport disponible : ce fut le « portage ». Mais c'était
une solution qui n'en était pas une. Vers 1880, sur la « route des cara
vanes » de Léopoldville à Matadi, la première brèche ouverte dans le
mur d'isolement de l'Afrique Centrale, le prix du transport d'une
tonne était évalué à 2 000 francs-or. La charge normale ne dépassait
pas 25 kg., et l'étape journalière, 25 km. Sur les 400 km. du parcours,
le transport d'une seule tonne représentait environ 640 journées de
portage ! Étant donné la faible densité de la population, on pouvait
donc raisonnablement affirmer que la capacité d'exportation de
l'immense Congo ne pourrait ainsi jamais dépasser 2 000 t. par an.
Fait plus grave encore, le portage se détruisait lui-même : l'effort
imposé à des populations faibles et débilitées par le climat et une sous-
alimentation chronique, la désorganisation brutale des vieilles et fra
giles civilisations villageoises entraînaient une diminution rapide de la
natalité, une menace imminente de dépopulation.
Enfin la terrible maladie du sommeil n'épargnait pas davantage
le nouveau bétail humain. Endémique jusqu'alors, elle devenait rap
idement épidémique ; les équipes de porteurs propageaient le fléau
avec une effrayante rapidité. Cet unique et désespéré moyen de trans
port semblait s'évanouir à peine utilisé. Les ravages de la trypanoso-
miase, transformant des régions entières en déserts, étaient tels que
certains prévoyaient le moment où l'homme blanc devrait abandonner
l'Afrique centrale à son isolement léthargique de toujours.
ANN. DE GÉOG. XLe ANNÉE. 35 ANNALES DE GÉOGRAPHIE 546
Quelques décades, même pas l'espace d'une courte vie d'homme,
ont suffi pour tout changer : percée de part en part de routes et de
■oies ferrées : ouverte à l'auto, aux chemins de fer, à l'avion : ses
fleuves et ses lacs sillonnés de navires, ceinte de ports puissants <Ч
riches de trafic, l'Afrique Centrale es! entrée dans le cercle de la vie
mondiale.
Quelles ont été les causes et les raisons d'une si rapide transfo
rmation ? Il faut noter d'abord que l'Afrique Centrale, si elle opposait
une résistance invincible aux anciens moyens de pénétration, pré
sentait, par contre, aux moyens modernes de très belles possibilités :
c'était, en premier lieu, une fois franchi le bourrelet côtier, l'existence
d'un immense et magnifique réseau navigable, fluvial et lacustre ; lo
Congo à lui seul, avec les innombrables et puissantes ramifications
de ses affluents, offrait plus de 10 000 km. de voies navigables, util
isables presque sans travaux d'aménagement.
Au delà, au cœur même de la masse continentale, c'était tout
l'ensemble des Grands Lacs africains, aux eaux profondes, aux côtes
riches et découpées, voies de communication faciles, centres de tra
fic, sur les rives desquels se concentrera peut-être dans l:avenir la
civilisation Centre-africaine. Puis, sur le pourtour et au-dessus de
l'impénétrable cuvette forestière, sillonnée des larges avenues navi
gables des rivières, tout autour des Grands Lacs, la brousse maigre
des plateaux, au sol dur de grès ou de latérite, aux vastes étendues
de pénéplaine, offrait des facilités inattendues à l'automobile, qui, en
quelques années,

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