La lecture à portée de main
Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
Je m'inscrisDécouvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
Je m'inscrisDescription
Sujets
Informations
Publié par | insee |
Nombre de lectures | 30 |
Langue | Français |
Extrait
N°1012 - AVRIL 2005
PRIX : 2,20€
La France et les nouveaux pays
de l’Union européenne
Ouverture rapide à l’Est, mais encore modeste
Claudie Louvot, Boris Le Bris, David Mombel, Véronique Tessier
division Échanges extérieurs, Insee
eres échanges commerciaux de la d’habitants (1 mai 2004). À la veille de leur
entrée dans l’Europe, les dix nouveaux adhé-France avec les dix nouveaux
rents commerçaient encore peu avec laLadhérents à l’Union européenne,
France : en 2003, 3,6 % seulement des expor-
infimes au début des années quatre-
tations françaises de biens leur étaient desti-
vingt-dix, se sont développés à un rythme nées, et 3,0 % des importations provenaient de
extrêmement rapide jusqu’en 2000, mais ces mêmes pays. Les exportations se mon-
ils ont ensuite ralenti. Ainsi, en 2003, taient à 11,1 milliards d’euros, les importations
à 8,7 milliards (tableau).3,6 % des exportations de biens françai-
Ces flux, minimes au début des annéesses étaient destinées à ces dix pays et
quatre-vingt-dix, ont progressé extrêmement
3,0 % des importations en provenaient.
vite, tout en se diversifiant : ils ont été multipliés
Les exportations dépassent les importa- par quatre entre 1993 et 2000. Dans le même
tions de plus de 2 milliards d’euros de- temps, l’ensemble des exportations de biens
puis plusieurs années. de la France n’augmentait que de + 8,8 % par
an, et les importations de + 9,4 %. Mais leLa France commerce surtout avec les
ralentissement du commerce mondial, qui aplus grands de ces pays : la Pologne, la
affecté toute la planète en 2001, n’a pas épar-
République tchèque et la Hongrie. Sur ces
gné les échanges avec les pays adhérents ; ils
marchés, elle est cependant distancée ont dès lors franchement ralenti. Après avoir
par l’Allemagne et la Russie, et, plus ré- progressé très modérément en 2003 (+ 1,4 %),
cemment,laChineyafaitsonentrée.Les les exportations vers ces pays se sont légère-
ment redressées en 2004 (+ 3,9 %), mais leséchanges de produits de l’industrie au-
importations ont quasiment marqué le pastomobile prédominent nettement. Ils ont
(+ 1,0 % en 2004, après + 6,2 %). La France exporte
été stimulés par l’implantation de firmes
plus qu’elle n’importe : le solde (CAF-FAB) de
françaises et par une forte augmentation ces flux dépasse les deux milliards d’euros
de la demande, locale et européenne. Le depuis 1997, ce qui n’est pas négligeable,
commerce des composants et produits comparé au solde commercial de la France :
+ 1,8 milliard en 2002, - 3,1 milliards en 2003.électroniques est également très dy-
namique, du fait de la spécialisation de
Des économies très ouvertescertains de ces pays. Les échanges de
biens d’équipement du foyer se sont en Les dix nouveaux adhérents offrent des débou-
revanche repliés depuis deux ans. chés importants à leurs voisins européens.
Après quarante-cinq ans de planification, les
pays de l’Est ont renoué progressivement avec
En mai 2004, dix nouveaux pays ont rejoint l’économie de marché. Leur croissance est, en
l’Union européenne : la Pologne, la Hongrie, la général, plus rapide que celle des pays de l’Eu-
République tchèque, la Slovaquie, la Slovénie, rope des Quinze, et elle s’accompagne d’une
la Lettonie, la Lituanie, l’Estonie, Chypre et Malte demande accrue et de plus en plus variée. En
(encadré). La suppression des barrières doua- outre, du fait de l’étroitesse des marchés inté-
nières est l’une des principales innovations de rieurs, cette expansion repose très largement
cet élargissement qui, par ailleurs, est remar- sur le commerce extérieur : le taux d’ouverture
quable par son étendue. Il porte en effet la popu- (définitions) de la République tchèque s’élève
lation européenne de 380,8 à 454,9 millions en 2002 à 56,4 % du PIB, celui de la Slovaquie
INSEE
PREMIEREà 63,2 %, celui de la Hongrie à 50,6 %, participation française au financement même une place étonnante, comparée à
alors que celui de la France n’est que de de l’économie polonaise : celle-ci bénéfi- celle de partenaires traditionnels et
21,7 %. La Pologne se suffit davantage à ciait, en 2002, de plus de 60 % du stock beaucoup plus proches : en Hongrie, elle
elle-même, avec un taux d’ouverture de d’investissements directs français, détient 5 % du marché, environ 4 % en
23,4 %, mais c’est aussi, il est vrai, le contre 12 % pour la République tchèque République tchèque et en Estonie, et
plus grand de ces pays. Tous importent et la Hongrie. 3,2 % en Pologne (chiffres 2002).
plus qu’ils n’exportent : le déficit com- Ces deux pays sont respectivement des-
mercial atteint 7 points de PIB en Répu- tinataires de 19,5 %, et 17,1 % du flux
blique tchèque et en Pologne, et 4,5 d’exportations destiné aux nouveaux L’automobile : des flux
points en Hongrie. Mais ces déficits ont adhérents, alors que 13,8 % seulement soutenus par l’implantation
trouvé leur contrepartie à travers des de la population de cette zone vit en d’une industrie mondialisée
apports de capitaux étrangers, attirés République tchèque, et autant en
par le fort potentiel de croissance de ces Hongrie (un peu plus de 10 millions d’ha-
Les produits de l’automobile se sontpays. Ces investissements directs ont bitants). En outre, la France a consolidé
imposés très précocement comme lebeaucoup contribué au financement de ses parts de marché dans ces deux der-
premier poste d’échanges entre laces économies. niers pays, un peu moins qu’en Pologne
France et les dix pays adhérents. Dèstoutefois.
1993, ils représentaient 20,9 % des
Trois pôles d’attraction : exportations vers la zone et 18,9 % des
L’Allemagne : toujours en importations. La part dans les exporta-la Pologne, la République
tions a atteint 21,8 % en 2003, mais lapremière ligne sur ces marchéstchèque et la Hongrie
part dans les importations a légèrement
régressé (15,4 %). Le solde de ces flux aLa France exporte principalement vers Relativement modeste au départ, la
toujours été excédentaire et se monte àla Pologne, qui accueille, en 2003, position française s’est affirmée malgré
1,1 milliard d’euros en 2003.35,4 % de ses exportations vers le le poids des partenaires historiques de
La suprématie de ce poste est d’a-groupe des dix nouveaux adhérents ces pays, l’Allemagne et la Russie. Bien
bord inscrite dans le tissu industriel(graphique 1). Cependant, plus de la que sa part de marché ait reculé en
de certains de ces pays, où l’industriemoitié de la population de l’élargisse- Pologne, l’Allemagne, qui a beaucoup
automobile avait trouvé sa place avantment vit en territoire polonais (38,2 mil- investi à l’Est, continue d’occuper une
le début de la transition. La marquelions d’habitants). Au regard de la taille position dominante. En 2002, 28,8 %
Skoda était fabriquée en Républiquedu marché, la Pologne commerce donc des importations de la Pologne, 29,3 %
tchèque et une filiale de Renault étaitun peu moins avec la France, mais c’est de celles de la Hongrie et 34,9 % de cel-
installée en Slovénie depuis 1972. Par laaussi le pays le moins ouvert, et l’un de les de la République tchèque venaient
suite, cette tradition s’est renforcée avecceux dont le niveau de vie, mesuré par d’Allemagne. La Russie a cédé du ter-
l’implantation de groupes allemandsl’indicateur du PIB par habitant, est le rain en Hongrie, en Slovaquie et en
(Volkswagen, Opel, Audi), japonaisplus bas. Toutefois, c’est en Pologne République tchèque, mais elle continue
(Toyota, Suzuki), coréens (Daewoo) etque la position commerciale de la à entretenir des relations commerciales
français. Peugeot dispose à l’heureFrance s’est le plus renforcée, sa part de relativement intenses avec les Républi-
actuelle de deux sites de production, l’unmarché passant de 4,7 % en 1995 à 7 % ques baltes. Par ailleurs, un nouvel
en République tchèque, l’autre en Slo-en 2002 (graphique 2). Cette évolution acteur a récemment fait son entrée sur
vaquie. Ces constructeurs ont été attirésest à rapprocher de l’importante ces marchés : la Chine. Elle occupe
Les échanges commerciaux de biens avec les d