La restructuration des grands établissements industriels
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En vingt ans, les restructurations des grands établissements industriels français ont permis d'importants gains de productivité, au détriment de l'emploi. Les effectifs salariés ont fortement diminué dans les unités pérennes des secteurs des biens intermédiaires et des biens d'équipement. Les houillères et le textile ont fermé plus de la moitié de leurs établissements. La construction électronique, la parachimie-pharmacie et l'agro-alimentaire se sont redéployés. Ces transformations ont affecté les régions différemment. L'Île-de-France a délocalisé ses activités directement liées à la production industrielle ; l'Ouest, Midi-Pyrénées et l'Alsace en ont bénéficié et sont restés dynamiques. C'est dans le Nord-Pas-de-Calais et en Lorraine que l'emploi industriel a le plus fortement diminué.

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Langue Français

Extrait

N°513 MARS 1997
PRIX : 15 F
La restructuration des grands
établissements industriels
Danielle Roualdes, Division synthèse des statistiques d’entreprises, Insee
l’emploi industriel. Comme l’information dis n vingt ans, les restructurations
ponible ne permettait pas d’interpréter la
des grands établissements indus- croissance de leurs effectifs, ils n’ont pasE triels français ont permis d’impor- été inclus dans le champ de l’étude
(Cf. Pour comprendre ces résultats ).tants gains de productivité, au détriment
Les progrès de la productivité résultant de
de l’emploi. Les effectifs salariés ont for-la modernisation des équipements et de
tement diminué dans les unités pérennesl’évolution de l’organisation de la production
ont concouru au recul de l’emploi industriel.des secteurs des biens intermédiaires et
Au cours de la période, les grands établis
des biens d’équipement. Les houillères etsements ont abandonné certaines de leurs
le textile ont fermé plus de la moitié deactivités au profit d’entreprises dont c’est
devenu le métier (gardiennage, nettoyage,leurs établissements. La construction
restauration, ...) ou les ont externalisées par
électronique, la parachimie-pharmacie et création de filiales (distribution, commercia
l’agro alimentaire se sont redéployés. lisation, études, maintenance, transports
logistique...). Ces entreprises relèventCes transformations ont affecté les
maintenant du secteur tertaire. Par ailleurs,
régions différemment. L’Ile-de-France a il convient de tenir compte du recours accru
délocalisé ses activités directement liées à l’intérim et aux formes particulières d’em
plois. Les salariés concernés ne sont pasà la production industrielle ; l’Ouest, Midi-
inclus dans l’effectif des grands établisse
Pyrénées et l’Alsace en ont bénéficié et ments industriels.
sont restés dynamiques. C’est dans le
L’Ile-de-France a délocalisé sesNord-Pas de-Calais et en Lorraine que
unités de productionl’emploi industriel a le plus fortement di-
minué. L’Ile de France, qui regroupait en 1975 le
tiers des emplois des grands établisse
ments dans l’industrie des biens d’équipe
ment, en a perdu plus de la moitié (plus de
Au cours des vingt dernières années (de 100 000 dans l’automobile). Dans tous les
1975 à 1994), les effectifs des établisse secteurs, les pertes d’emplois proviennent
ments industriels de plus de 100 salariés ont de fermetures d’établissements mais aussi
diminué dans tous les secteurs, expliquant de la compression des effectifs des unités
à eux seuls la quasi totalité des pertes dans pérennes ( graphique). Celles ci résultent de
l’ensemble de l’industrie. Le poids de ces la rationalisation de la production mise en
« grands établissements » dans l’emploi sa œuvre par les groupes et soutenue par les
larié industriel total est ainsi passé des deux politiques d’aménagement du territoire (ai
tiers à la moitié. Les fermetures d’établisse des à l’implantation : primes à la localisa
ments l’emportant sur les créations, une tion, aides au transfert de technologies). Il y
perte nette de 1 400 unités a entraîné le re a eu déconcentration des unités de produc
déploiement ou la suppression de 600 000 tion d’Ile de France, d’abord vers les autres
emplois. Les établissements pérennes, qui régions du bassin parisien, puis essentielle
comptaient au moins 100 salariés en 1975, ment vers l’Ouest, la région Midi Pyrénées
ont comprimé leurs effectifs d’un million de et, dans une moindre mesure, la Lorraine.
postes. Cependant, un millier d’établisse Ce mouvement a surtout concerné les sec
ments ont accru les leurs, franchissant le teurs les plus dynamiques : plastique, para
seuil des 100 salariés après 1975 ; mais, en chimie pharmacie, électronique.
1994, ils n’occupaient, ensemble, que En Ile-de-France, les cessations ont été
175 000 salariés. Ces établissements n’ont trois fois plus nombreuses que les créations
donc pas sensiblement freiné le recul de dans les biens intermédiaires, et deux fois
INSEE
PREMIEREsements pérennes. Pour la plupartPertes démographiques et compressions d’effectifs salariés des grands
très capitalistiques, ces industries ontétablissements i ndustriels, selon les régions
effectivement accru leur productivité
en réalisant des investissements im
portants dans des équipements auto
matisés et flexibles, et modifié
l’organisation du travail. Elles ont donc
réduit en priorité le personnel dans les
grands établissements qu’elles con
servaient.
Pour les secteurs les plus concentrés
(sidérurgie, automobile), les firmes ont
procédé à une réorganisation de leurs
unités de production. Elles ont fermé
de très grands établissements et en
ont ouvert un plus petit nombre de
taille inférieure. Sur les 459 grands
établissements qu’elle possédait, l’in
dustrie automobile en a fermé 136 et
créé 94, supprimant ainsi près de
68 000 emplois. La recomposition de
la sidérurgie s’est accompagnée de la
perte de 58 000 emplois et 26 établis
sements sur les 30 créés ont repris
des salariés venant d’autres unités.
La construction électronique,
la parachimie-pharmacie et
l’agro-alimentaire se sont
redéployés
Ces restructurations ont aussi concer
* En % de l’effectif salarié des grands établissements industriels de la région en 1975. né des activités relativement moins
Lecture : Entre 1975 et 1994, toutes les régions accusent une perte d’effectif salarié dans leurs grands établissements concentrées, mettant en jeu un plus
industriels. Ces pertes proviennent, d’une part, des compressions d’effectifs dans les établissements pérennes, d’autre part,
grand nombre d’établissements. Les
des variations d’effectifs liées à la démographie des grands établissements (créations et cessations). D’une région à une
industries de la mécanique et de laautre, ces deux composantes jouent plus ou moins fortement. En Ile de France (qui estsous située la diagonale OO’), ce sont
les pertes démographiques qui contribuent le plus à la diminution de l’effectif salarié, contrairement aux autres régions. Enfonderie ont perdu 188 000 emplois
Bretagne et Midi-Pyrénées, la perretel ative (rapportée à l’effectif de 1975) de l’emploi est faible : la contribution du mouvementdans leurs établissements pérennes.
démographique est positive, sans compenser les pertes dans les établissements pérennes. A l’opposé, le Nord-Pas de CalaisElles en ont redéployés ou supprimés
et la Lorraine ont enregistré les pertes relatives d’effectif salarié les plus élevées.
130 000 de plus en perdant 342 éta Source : Fichier BRIDGE, Insee
blissements. Plus de la moitié des uni
tés créées ont repris des personnels
plus dans les industries agro alimen première région industrielle pour les issus d’anciens établissements.
taires et les biens d’équipement. De fonctions à haute valeur ajoutée : elle En revanche la construction électrique
puis 1975, la région a ainsi perdu 76 se spécialise dans les activités con et électronique et l’industrie du caout
grands établissements dans l’industrie nexes à la production (recherche et chouc plastique ont ouvert davantage
mécanique et 55 dans la fonderie. prises de décisions) qui nécessitent de grands établissements qu’elles
Cette tendance est encore plus mar des qualifications élévées. n’en ont fermés. La construction élec
quée dans l’industrie automobile qui a trique et électronique a ainsi gagné 81
perdu 39 établissements pour un défi unités supplémentaires, tout en per-Compression des effectifs et
cit national de 42. L’Ile de France a dant 30 000 emplois. Une politiquerestructurations dans les biens
également perdu de grands établis comparable a été menée dans la para intermédiaires et les biens
sements dans ses autres pôles de chimie-pharmacie qui a supprimé
d’équipement
spécialisation : la construction électro moins d’emplois. S

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