Le progrès technique a-t-il ralenti depuis 1990 ?
20 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le progrès technique a-t-il ralenti depuis 1990 ?

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
20 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Le rythme du progrès technique est habituellement mesuré par celui de la productivité globale des facteurs (PGF). L'analyse de son évolution suggère un ralentissement entre les périodes 1975-1990 et 1990-1997. Cette rupture éventuelle semble essentiellement imputable aux branches tertiaires et résulte de mouvements divers. La productivité du capital s'est redressée dans les branches manufacturières. Dans les branches tertiaires, sa baisse s'accélère au contraire, du fait de la branche des services marchands aux entreprises. La productivité du travail, quant à elle, ralentit dans l'ensemble des branches et plus nettement dans le secteur tertiaire. Ce ralentissement est encore plus net si on prend en compte l'évolution de la structure de qualification des actifs. Finalement, le ralentissement de la productivité des facteurs, essentiellement dû aux branches de services, semble confirmé. Il convient toutefois de souligner les difficultés d'évaluation du capital et du produit, notamment dans les services. En outre, l'absence d'un taux d'utilisation des capacités spécifique au secteur tertiaire et les incertitudes sur le degré de correction des qualifications fragilisent ces résultats. Enfin le trend de productivité semble être mal corrigé du cycle économique, et son évaluation sur la période récente, correspondant à une phase basse du cycle, en est probablement affectée.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 35
Langue Français

Extrait

Le progrès technique a-t-il ralenti
depuis 1990 ?
Jérôme Accardo, Le rythme du progrès technique est habituellement mesuré par celui de la
Laurent productivité globale des facteurs (PGF). L’analyse de son évolution suggère un
Bouscharain, ralentissement entre les périodes 1975-1990 et 1990-1997. Cette rupture éventuelle
et Mahmoud semble essentiellement imputable aux branches tertiaires et résulte de
Jlassi * mouvements divers.
La productivité du capital s’est redressée dans les branches manufacturières.
Dans les branches tertiaires, sa baisse s’accélère au contraire, du fait de la branche
des services marchands aux entreprises. La productivité du travail, quant à elle,
ralentit dans l’ensemble des branches et plus nettement dans le secteur tertiaire.
Ce ralentissement est encore plus net si on prend en compte l’évolution de la
structure de qualification des actifs.
Finalement, le ralentissement de la productivité des facteurs, essentiellement dû
aux branches de services, semble confirmé. Il convient toutefois de souligner les
difficultés d’évaluation du capital et du produit, notamment dans les services. En
outre, l’absence d’un taux d’utilisation des capacités, spécifique au secteur
tertiaire, et les incertitudes sur le degré de correction des qualifications fragilisent
ces résultats. Enfin le trend de productivité semble être mal corrigé du cycle
économique, et son évaluation sur la période récente correspondant à une phase
basse du cycle, en est probablement affectée.
’activité a nettement ralenti dans la pé- la période 1991-1995, contre 2,9 % avant 1973* Jérôme Accardo, Lau-
rent Bouscharain et L riode récente (1990-1997), avec un taux et 1,1 % sur la période 1974-1990. Ces chiffres
Mahmoud Jlassi font de croissance annuel moyen de 1,0 % contre suggèrent une rupture dans le rythme du pro-
partie de la Direction des
2,6 % sur la période 1975-1990. À une explica- grès technique et donc une évolution durable-des études et synthèses
de l’Insee. Les auteurs tion en termes de chocs négatifs de demande on ment ralentie du produit potentiel.
remercient les rappor- peut opposer la thèse d’un ralentissement du
teurs anonymes pour
progrès technique ou productivité globale des Cette rupture n’est pas générale, puisque lesleur lecture attentive et
leurs conseils. facteurs (PGF). La PGF se définit comme la comparaisons internationales disponibles (Ber-
part de la croissance du produit qui n’est pas nard et Jones, 1996) montrent que la tendance
imputable à l’évolution des quantités de capital d’ensemble de la productivité des facteurs est
et de travail mis en œuvre. Celle-ci apparaît en orientée à la hausse. Toutefois, elle se caracté-
Les noms et dates entre effet croître à un rythme particulièrement fai- rise par une certaine hétérogénéité d’un pays à
parenthèses renvoient à
ble : ainsi Baudchon (1997) évalue à 0,4 % le l’autre, surtout pour le secteur manufacturier.la bibliographie en fin
d’article. taux de croissance annuel moyen de la PGF sur Le secteur tertiaire par contre, présente des
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 323, 1999 - 3 53Encadré 1
LE CHAMP DE L’ÉTUDE
Le champ de l’étude est celui des entreprises non Biens d’équipement,
financières non agricoles (ENFNA). Il est constitué Biens de consommation courante,
des branches 2 à 34 de la nomenclature NAP40, Bâtiment, génie civil et agricole,
autrement dit, du secteur marchand hors agricul- Commerce,
ture, immobilier et services financiers. On Transport et télécommunications,
distinguera, dans l’étude, quatre niveaux d’agréga- Services marchands ;
tion :
- le niveau formé du « secteur manufacturier »,re-
- le niveau T,leplusdésagrégé, avec 30 branches, groupement des branches à caractère industriel (U4
le commerce (branches T25 à T28) formant une à U6), et du « secteur tertiaire », regroupant pour
seule branche, de même que les matériels électri- l’essentiel les branches de services (U8 à U10). Le
ques professionnels (branche T15A) et les reste du champ ENFNA comporte les activités agro-
équipements des ménages (T15B), elles aussi réunies alimentaires, l’énergie et le bâtiment ;
en une seule branche ;
- enfin le niveau « ensemble », le plus agrégé.
- le niveau U, regroupement des branches en 9
« secteurs »(1) : 1. Dans toute cette étude, le terme « secteur » désigne simple-
Industrie agroalimentaire, ment un regroupement de branches. Il ne doit pas être entendu
Énergie, dans le sens que lui donne la Comptabilité nationale (regroupe-
ment d’activités).Biens intermédiaires,
Encadré 2
L’INFLUENCE DU DÉVELOPPEMENT RÉCENT DE L’INTÉRIM
Le développement récent de l’intérim est suscepti- L’influence sur le rythme de la PGF se fait confor-
ble d’affecter l’évaluation précédente des PGF mément à la formule suivante :
sectorielles, puisque les intérimaires sont comptabi-
lisés comme salariés des entreprises d’intérim
t t 1t t 1
(classées dans la branche T33 : services mar- . . . .
chands aux entreprises), tandis que leur production .
. L L
L L t t
t test affectée aux branches utilisatrices.
où l’astérisque désigne la prise en compte des inté-
L’intérim présente une nette tendance au dévelop- rimaires.
pement puisque son rythme annuel de progression
est de 6,1 % sur la période 1975-1997. Les don- Dans le secteur manufacturier, la baisse de l’emploi
nées rétrospectives sur la répartition des est réduite du fait de l’importance croissante des in-
intérimaires n’étant pas assez longues, c’est la ré- térimaires. Les rythmes annuels (négatifs) de
partition observée entre 1995 et 1997 qui a servi à croissance de l’emploi manufacturier pour 1977-
remonter la série (47 % des intérimaires dans le 1990 et 1990-1997 sont ainsi augmentésde0,15%
secteur manufacturier, 26 % dans le tertiaire et et 0,30 % respectivement. On peut en déduire,
27 % dans l’agro-alimentaire, l’énergie ou le bâti- grâce à la formule précédente, une accentuation de
ment). la baisse constatéedurythmedePGF entre les
deux périodes de 0,1 %. Elle s’établit finalement à
Or l’absence d’affectation des intérimaires aug- 0,5 % au lieu de 0,4 % trouvé précédemment pour
mente artificiellement la productivité du travail dans ce secteur.
les secteurs d’activité qui les utilisent et, récipro-
quement, réduit celle des services où ils sont La démarche est analogue pour le secteur tertiaire,
comptabilisés. Il convient donc de chiffrer l’impact pour lequel la prise en compte de l’effet des intéri-
de cette réallocation des intérimaires sur la PGF. maires réduit l’emploi total. Les rythmes annuels
de progression de l’emploi total sont ainsi réduits
La PGF n’est affectée par l’évolution de l’emploi to- pour chaque période de 0,07 % et 0,13 % respec-
tal que via le taux de croissance de ce volume tivement. Onendéduit ici une atténuation de la
d’emploi. Or le volume d’emploi de l’intérim (en baisse constatée du rythme de PGF entre les deux
équivalent emploi à plein-temps) ne peut que mar- périodes de 0,03 %. On diagnostique finalement
ginalement influer sur les résultats, malgré sa une baisse de 2,00 % du rythme de PGF au lieu
croissance soutenue : en effet, il représente au des 2,03 % trouvésprécédemment pour le secteur
mieux sur la période récente 400 000 emplois tertiaire.
(équivalent plein temps) alors que les secteurs
manufacturier et tertiaire représentent plutôt3,3 et Cette correction ne semble donc pas devoir remet-
7,6 millions de personnes respectivement. treencauseles résultats de l’étude.
54 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 323, 1999 - 3
phénomènes de rattrapage sur les pays les plus Cameron, Proudman et Redding, 1997 pour le
avancés et donc une certaine convergence. Royaume-Uni). L’intérêt d’une approche désagré-
gée ici est clair : elle permet de repérer si le flé-
On doit néanmoins considérer ces comparaisons chissement (éventuel) de la PGF d’ensemble est
avec prudence ; le progrès technique n’est pas un phénomène général ou bien s’il re

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents