Depuis 2007, l'économie mondiale subit une crise d'une ampleur inédite depuis la grande crise des années 1930. Un an après le retour à une croissance positive dans la plupart des pays, les pays développés n'ont pas encore retrouvé le niveau d'activité d'avant crise. Conséquence de cet effondrement de l'activité, l'emploi marchand s'est retourné au cours du premier semestre 2008, dans des proportions diverses selon les pays. Au total, avec 15 millions de chômeurs supplémentaires en l'espace de deux ans, le rythme de hausse du chômage dans les pays de l'OCDE a été deux fois plus élevé au cours de cet épisode récessif que celui observé au cours des plus « petites » crises précédentes. Cette étude analyse les conséquences de la crise sur le marché du travail dans sept pays (France, Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni, États-Unis, Japon). La forte progression du chômage masque cependant une relative résistance face à un choc de production d'une telle ampleur ; la dégradation du marché du travail aurait pu être bien plus violente dans la plupart des pays. Cette résistance tient d'abord à l'impact encore faible et inachevé de la crise sur l'emploi marchand, souvent lié à un recours accru à la flexibilité interne au sein des entreprises. Elle s'explique aussi, dans certains pays, par les comportements d'activité qui amortissent traditionnellement les chocs d'emploi, du fait du découragement qu'ils créent chez une partie de la population active. S'il convient de garder à l'esprit que les chiffres disponibles sont encore provisoires, il ressort donc de cette étude que la crise est loin d'être terminée, et que dans cinq des pays étudiés, l'ajustement de l'emploi à venir peut encore être très important. La perspective de la persistance de ce haut niveau de chômage fait donc craindre la montée du chômage de longue durée, et la dégradation de la situation des jeunes.
Les marchés du traval dans la crseMaron Cochard*, Gérard Cornlleau* et Erc Heyer*
Depuis2007,léconomiemondialesubitunecriseduneampleurinéditedepuislagrandecrise des années 1930. Un an après le retour à une croissance positive dans la plupart despays, les pays développés nont pas encore retrouvé le niveau dactivité davant crise.Conséquencedeceteffondrementdelactivité,lemploimarchandsestretournéaucours du premier semestre 2008, dans des proportions diverses selon les pays. Au total,avec 15 millions de chômeurs supplémentaires en lespace de deux ans, le rythme dehausse du chômage dans les pays de lOCDE a été deux fois plus élevé au cours de cetépisode récessif que celui observé au cours des plus « petites » crises précédentes.Cette étude analyse les conséquences de la crise sur le marché du travail dans septpays (France, Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni, États-Unis, Japon). La forteprogression du chômage masque cependant une relative résistance face à un choc deproduction dune telle ampleur ; la dégradation du marché du travail aurait pu être bienplusviolentedanslaplupartdespays.Cetterésistancetientdabordàlimpactencorefaible et inachevé de la crise sur lemploi marchand, souvent lié à un recours accru à laflexibilité interne au sein des entreprises. Elle s’explique aussi, dans certains pays, parles comportements dactivité qui amortissent traditionnellement les chocs demploi, dufait du découragement quils créent chez une partie de la population active.Silconvientdegarderàlespritqueleschiffresdisponiblessontencoreprovisoires,ilressortdoncdecetteétudequelacriseestloindêtreterminée,etquedanscinqdespaysétudiés,lajustementdelemploiàvenirpeutencoreêtretrèsimportant.Laperspectivede la persistance de ce haut niveau de chômage fait donc craindre la montée du chômagede longue durée, et la dégradation de la situation des jeunes, principales victimes dunesituation économique qui laissera des traces durables sur leur trajectoire profession-nelle.
* OFCE, Centre de recherche en économie de Sciences Po
ÉCONOMIEETSTATISTIQUEN°438440,2010
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éco 07Lunencorimsieeémcoonnodimailqeuceoentnafiîtnadnecpièuries2d’0uneampleur inédite depuis la grande crise desannées1930.LespaysdelOCDEontenregis-tré un recul de 4,8 % de leur activité économiqueentre le premier trimestre 2008 et le deuxièmetrimestre 2009, entraînant la destruction de plusde 12 millions demplois dans la zone sur lamême période.Cette étude sintéresse à lévolution du marchédu travail dans sept pays (France, Allemagne,Italie, Espagne, Royaume-Uni, États-Unis,Japon) (1), qui ont connu des baisses de PIBdampleur inégale au cours de la crise. Entre lepremier trimestre 2008 et le pic de la crise, leschutesdactivitévontde3,9%pourlaFranceà 8,7 % pour le Japon et un an après le retourà une croissance positive dans la plupart despays étudiés, aucun dentre eux na encoreretrouvéleniveaudactivitédavantcrise(cf.tableau 1 et annexe 1 pour les sources utilisées).Conséquencedeceteffondrementdelactivité,lemploimarchandsestretournédanstouslespays dans le courant du premier semestre 2008.Lampleurdesdestructionsdemploisvariecependantfortementselonlespays:silAllema-gne ou le Japon sont parvenus à limiter la dégra-dation du marché du travail malgré une activitéparticulièrement touchée, aux États-Unis, et plusencoreenEspagnelesdestructionsdemploismarchands ont été dune extrême violence (res-pectivement 6,8 % et 14,9 % de lemploi mar -chand). De même, la nature des emplois détruitsdiffèreselonlespays:lacriseatouchélindus-trie dans tous les pays développés, mais certainsont cumulé une crise immobilière États-Unis,Espagne, Japon - et la chute de lemploi dansle bâtiment. Au total, avec 15 millions de chô-meurssupplémentairesenlespacededeuxans,le rythme de hausse du chômage dans les paysdelOCDEaétédeuxfoisplusélevéaucoursde cet épisode récessif que celui observé aucours des plus « petites » crises précédentes. Cefort impact sur le chômage masque pourtant une
relative résistance face à un choc de productiondunetelleampleur.Cetterésistancedumarchédutravaildanslaplupartdespaystientdabordàlimpactencorefaibleetinachevédelacrisesurlemploimarchand,souventliéàunrecoursaccru à la flexibilité interne au sein des entre-prises. Elle sexplique aussi, dans certains pays,pardescomportementsdactivité(décourage-ment induit dune partie de la population active)qui amortissent les chocs demploi.Ilconvienttoutefoisdegarderàlespritquelacriseestloindêtreterminée,etqueleschiffresdisponibles sont encore provisoires. Ce nestqu’à la fin du cycle que l’on saura si les mar-chésdutravailontréagitrèsdifféremmentquàlaccoutumée.1La luart des ays déveloésont connu un sous-ajustement delemlo dans la crseLlaemsplmeaurrchdéessdtuutrrbauvlaeinlcdesecoebssepravyésessigsunir-fie-t-elle que les entreprises ont d’ores et déjàajusté leurs effectifs au ralentissement de lademande, ou doit-on encore craindre des des-tructions demplois au cours des mois à venir ?Afin de faire le point sur l’état d’avancement delajustementdelemploietmieuxcomprendrelesdifférencesquelonobservepourlespaysconsidérés,nousavonsprocédéàlestimationdéquations demploi dans les sept pays (cf.encadré 1).Pour six pays sur les sept étudiés, le signe descoefficients estimés est conforme à l’intuition : àlong terme, une augmentation du coût du travailou de la durée se traduit par une baisse de lem -1. Pour une analyse détaillée de la situation française, voir Minniet Marchand (2010).